357 votes
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Le Dernier Baiser
8/10 Voici le premier volume de la (courte) série consacrée par James Crumley à son personnage C.W. Sughrue. Notre homme, vétéran du Viet Nam, est détective privé dans le Montana. Au début du roman, il attend nonchalamment le client lorsqu'il est contacté par Catherine Trahearne qui souhaite qu'il se lance à la poursuite de son ex-mari, Abraham Trahearne, poète et romancier, évaporé dans la nature pour une virée alcoolique de bar en bar d'une ville à l'autre, comme il en a l'habitude. Sughrue va finir par retrouver Trahearne mais sera mis sur la piste d'une femme disparue depuis dix ans, fille de la propriétaire du bouge dans lequel s'est arrêté notre écrivain en balade. Crumley campe une belle galerie de personnages, principaux comme secondaires, tous plus ou moins marqués par l'existence, et promène son héros sur les routes américaines dans une quête de vérité loin du voyage d'agrément. Trahearne a en commun avec Sughrue un besoin immodéré d'alcool, et tous deux ont de nombreux traits que l'on retrouvait chez l'auteur lui-même. Le détective est un personnage balloté par les événements et les gens qu'ils côtoient. Il mettra du temps avant de démêler l'affaire et de s'y retrouver dans cet imbroglio où chacun est perdu par ses sentiments.
03/12/2015 à 17:26 7
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Tout se paye
9/10 On retrouve ici les deux personnages de George Pelecanos, Derek Strange, le détective privé noir, et Terry Quinn, libraire et collègue à ses heures de Strange. Ce dernier vit une histoire d'amour avec sa secrétaire Janine tout en la trompant avec des prostituées, tandis que Quinn tombera dans les bras d'une femme elle-même ancien flic, qu'il va aider à retrouver une jeune fille qui fait désormais le trottoir dans les rues de Washington. Ce roman est aussi l'occasion pour Pelecanos de nous montrer la vie dans la capitale des Etats-Unis, notamment la violence quotidienne et les difficiles rapports entre les diverses communautés. Un excellent polar qui mêle plusieurs intrigues et s'intéresse avec précision à ses personnages, très attachants et émouvants, profondément humains, qui tentent de faire le bien à leur façon, sans qu'aucun "moralisme" ne soit de mise. L'amitié entre Quinn et Strange est, selon moi, parfaitement amenée par l'auteur, en grande partie non dite, simplement suggérée, de manière subtile et crédible.
03/12/2015 à 17:24
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La Frontière
8/10 Antonio Zambudio est envoyé par El Diario, le journal madrilène pour lequel il travaille, pour enquêter à Ciudad Juarez, ville mexicaine à la frontière avec les Etats-Unis, dans laquelle des femmes sont assassinées d'atroces façons sans que la police puisse trouver les meurtriers. Toutes les pistes semblent avancées, à commencer par celles d'un tueur en série et/ou d'un groupe sataniste. Patrick Bard, lui-même journaliste, brimbale et malmène son personnage sur les routes mexicaines et du sud des Etats-Unis, dans une quête de la vérité bien difficile, parsemée de cadavres. Zambudio aura bien du mal à s'y retrouver dans cet écheveau et à démêler le vrai sens de cet imbroglio empli de fausses pistes, et où le silence causé par la peur empêche ceux qui aurait des débuts de réponse de parler. Patrick Bard est allé sur place pour voir comment les Mexicains vivent dans cette ville que l'on dit la plus dangereuse du monde, et cela se ressent. L'auteur a en effet parfaitement fouillé son sujet et transcrit avec justesse, semble-t-il, la vie difficile dans cette ville frontière où les entreprises multinationales se sont exportées pour exploiter une main-d'oeuvre payée une misère, qui vit dans des conditions déplorables et travaille sans aucune protection au milieu de produits très dangereux, qui, comble de tout, polluent allègrement l'environnement. L'intrigue ne contient aucun temps mort, et si l'ensemble n'est pas d'une grande originalité, on suit cette enquête avec intérêt et révolte, Patrick Bard faisant se mêler fiction et réalité de manière convaincante, soulignant au passage les difficultés que peu rencontrer un journaliste d'investigation.
03/12/2015 à 17:22 2
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La Proie et l'Ombre
9/10 Voilà un véritable petit bijou de perversion. Ce court roman date de 1928. Le narrateur, lui-même auteur de romans policiers, va rencontrer une jeune femme, Shizuko Oyamada, lors de la visite d'un musée. Les deux protagonistes vont très vite sympathiser et deviendront des amis inséparables. Mais un jour, Shizuko se confie à son ami et lui explique son inquiétude face à la persécution de son premier amour de jeunesse, toujours épris d'elle et qui ne cesse de la harceler, la menaçant ainsi que son mari. Il s'avère que ce persécuteur est également un auteur à succès de romans policiers, romans faisant la part belle au mal. Va alors commencer une enquête menée par le narrateur pour tenter de trouver ce mystérieux maître-chanteur et mettre fin à ses agissements. Edogawa Ranpo, un des pères du polar au Japon, cisèle avec subtilité son oeuvre, s'amusant avec le narrateur autant qu'avec le lecteur, réfléchit au passage sur le genre policier et joue avec un érotisme trouble et troublant, comme peignant une estampe, faisant intervenir sado-masochisme, voyeurisme... On trouvera également dans ce livre, une nouvelle, "Le test psychologique", mettant en scène Kogoro Akechi, détective récurrent de Ranpo, qui va devoir démasquer un étudiant coupable du meurtre d'une vieille dame.
03/12/2015 à 17:19 1
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La Filière émeraude
8/10 Liam est un jeune irlandais coureur de fond chevronné. Mais, parce qu'il a battu une vieille dame et fait un séjour en maison de correction, il doit dire adieu à ses rêves pour obtenir une bourses dans une université américaine. Il va malgré tout partir pour les Etats-Unis en tant que clandestin via "la filière émeraude". Commence alors pour lui un périple qui le conduira en divers endroits, et pendant lequel il rencontrera un certain nombre de marginaux, à commencer par Sandy, petite crapule complétement frappadingue, et son amie Angel, jeune prostituée enceinte. Il s'agit là du premier roman de Michael Collins et déjà d'un sacré bouquin qui laisse le souffle court face à cette galerie de naufragés de la vie, personnages qu'il rend attachant, y compris Sandy, qui semble pourtant sous de nombreux aspects d'un abord détestable. Liam va devoir littéralement se débarrasser de sa peau, achever une mue qui va durer tout le temps du livre, avant de pouvoir véritablement commencer une autre vie. L'histoire d'un exil difficile.
03/12/2015 à 17:17
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Blues Bar
7/10 Nick Travers est chercheur à l'université, spécialiste du blues et de son histoire. Mais il n'hésitera pas un seul instant à jouer les détectives lorsque sa mère adoptive, Loretta Jackson, lui demande de partir à la recherche de son frère, ancien chanteur de soul, disparu depuis quinze ans, et que jusque là beaucoup considéraient comme mort. Loretta a en effet reçu des menaces de mafieux du coin, ce qui fera voir rouge à Nick, qui se retrouvera impliqué dans une affaire aux portées politiques. Notre héros va rencontrer Abby, jeune fille en proie aux mêmes mafieux qui ont exécutés ses parents. Ace Atkins met en place une intrigue policière efficace, baignée par le blues, et sur laquelle plane l'ombre du King à travers le personnage de Jon, tueur complétement barjot pour qui Elvis est ni plus ni moins qu'un véritable dieu.
03/12/2015 à 17:15 2
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Losers nés
4/10 Elvin Post campe son intrigue dans les rues de New York, par une chaleur plombante, suivant tour-à-tour Roméo Easley, vendeur de livres et de revues dans la 6e avenue, son frère Russell, dealer pour le caïd Sean Withers, Vivian Franco, la poule de ce dernier, l'inspecteur Frank Murino et d'autres encore. Disons que tout tourne autour de Withers, qui va bientôt voir la fin de son pouvoir arriver. Un polar qui se lit très facilement, et c'est heureux car il ne faudra rien chercher ici de bien neuf. Post nous livre une sorte de mélange entre George Pelecanos (ou la série The Wire) pour ce qui est de la vie des trafiquants de drogue, et Elmore Leonard pour l'humour et les personnages de losers. Mais n'est pas "dieu" qui veut et l'ensemble est bien souvent plat. Tout ce passe sans aucune surprise et la fin se laisse facilement présager.
03/12/2015 à 17:13
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Gomorra
9/10 On comprend rapidement pourquoi la tête de Roberto Saviano est mise à pris par les parrains de la camorra, car, même si finalement tout ce qu'il dévoile est déjà connu des autorités, il n'hésite pas à citer directement des noms, à dire les implications de chacun, à décrire toutes les ficelles de l'organisation et à critiquer l'ensemble. La camorra, c'est la mafia de la région napolitaine, région d'où l'auteur est originaire, c'est dire s'il a baigné dans cette atmosphère trouble depuis son enfance. Roberto Saviano nous livre tout autant un reportage qu'un témoignage: il décrit l'état de sa terre natale, parfois de façon lyrique, nous expliquant qu'il s'agit pour lui d'un savoir dont il rend compte. En effet, il sait que les choses sont telles qu'il les décrit, une intime conviction qui le bouleverse et l'amène à tout nous dévoiler. Il aborde la question sous tous les angles possibles: sociologiques, politiques, culturels... La mafia ne se résume pas au seul trafic de drogue, tous les domaines de l'économie semblent être gangrénés: dès qu'il y a de l'argent à prendre, le système place ses billes pour en tirer un maximum. Ainsi les hommes comme la terre sont saignés à blanc pour obtenir le plus de profit. Et tout cela est bien en place et la guerre d'usure que livre la police ne mène pas très loin: lorsqu'une tête tombe, elle est aussitôt et facilement remplacée.
03/12/2015 à 17:12 3
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Les Leçons du Mal
7/10 Rien là de très passionnant. Thomas H. Cook nous propose une histoire banale, heureusement bien racontée, ce qui évite l'ennui. Narrée par Jack Branch, professeur dans un lycée d'une bourgade du sud des Etats-Unis, ce récit d'un drame à venir, sorte de suspens à la fin fade, manque d'envergure. En effet, avec ce personnage de Branch donnant à l'une de ses classes un cours sur le mal, l'auteur aurait pu développer une réflexion sur le sujet, le Mal dans ce qu'il a de fascinant, dans ce qui le caractérise..., mais l'ensemble au contraire reste à plat. Il faut dire que le titre français, une fois encore, n'est là, selon moi, que pour faire vendre, et n'a absolument rien à voir avec le titre original, à savoir: "Master of the Delta". Car Thomas H. Cook propose avant tout dans cette histoire, qui se déroule au milieu du XXème siècle, un semblant de réflexion sur la société sudiste, sur la place de chacun au milieu de sa condition sociale et les difficiles liens qui peuvent se tisser entre personnes de différentes origines. Mais là encore, les choses ne sont qu'évoquées, esquissées, et le propos ne mène nulle part. Une déception donc que ce roman d'un auteur qui est loin, du moins ici, de réinventer "brillamment le genre policier" comme l'affirme Joyce Carol Oates sur la quatrième de couverture.
03/12/2015 à 17:10 1
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Fakirs
7/10 On suit tout d'abord Richard Guérin et son adjoint Lambert, tous deux flics chargés de s'occuper des suicides. Un boulot qui n'est certes pas très réjouissant mais qui convient parfaitement à Guérin, policier quelque peu névrotique qui s'obstine à chercher des liens entre les faits, aussi ténus soient-ils. Rapidement, arrive une seconde intrigue qui met en scène un américain, John Nichols, vivant dans un tipi non loin de Saint-Céré dans le Lot. Les différents protagonistes vont finalement se retrouver autour du cadavre d'Alan Mustgrave, fakir de son état, mort d'une hémorragie sur scène au milieu de son numéro. Antonin Varenne nous peint des personnages qui sont autant de fakirs à leur manière: écorchés par la vie, ils sont tous marqués de cicatrices, d'écorchures qui les minent. Cette galerie est un des points forts de ce roman, même si certains portraits flirtent avec la caricature. Côté dénouement par contre rien de très original. Un livre noir, guère optimiste sur la nature humaine.
03/12/2015 à 17:07 1
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Beyrouth - Miami
8/10 La recette Leonard fonctionne à tout les coups: une bande d'escrocs dont l'entourloupe qui doit leur rapporter un gros paquet d'argent foire de manière assurée, des gâchettes faciles, des héroïnes fortes qui savent manipuler les hommes, des dialogues toujours très bien écrits, percutants et plein d'humour... Ici, on a donc droit à une histoire d'enlèvement calqué sur les manières dont ont été traité les otages à Beyrouth. L'intrigue et les situations si elles amènent souvent à rire n'en sont pas moins empruntes de violence, l'auteur montrant bien que tout peut très rapidement basculer et s'achever par la mort des protagonistes. A noter que le marshal Raylan Givens est le héros de la très bonne série télévisée "Justified", inspirée-adaptée de certains polars de Leonard, et qui transcrit à l'écran d'excellente manière l'univers de l'auteur, jouant notamment sur les codes propres au western (je conseille par ailleurs la lecture des oeuvres du genre écrites par Leonard).
03/12/2015 à 14:42 4
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Une Vie d'espion
8/10 Le lecteur se retrouve d'emblée plongé dans l'action alors que Harland, le héros, se réveille accroché à son fauteuil d'avion baignant dans les eaux glaciales de l'East River, à deux pas de LaGuardia, après le crash de l'appareil qui le transportait en même temps qu'une délégation de l'ONU. Et l'auteur ne lâche pas un seul instant la tension qu'il instaure, parvenant à tenir en haleine jusqu'à la dernière page. Harland est un ancien espion britannique, travaillant désormais à l'ONU, et que son passé va rattraper sans qu'il se doute un seul instant de comment, en quelques jours, sa vie va basculer. Henry Porter mêle efficacement à son roman d'espionnage l'actualité d'alors, à savoir la traque des criminels de guerre qui ont semé la mort durant les conflits en Bosnie. Tous les ingrédients du genre sont ici présents, de manière parfaitement agencée: action, romance, technologie, faits politiques, complots...
03/12/2015 à 14:37
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Les neuf dragons
6/10 Cette enquête de Bosch débute par le meurtre d'un vieil épicier chinois, assassiné de trois balles dans sa boutique. Très vite, notre policier va se retrouver à enquêter sur les triades, arrêtant l'homme qui rackettait régulièrement la victime. Une affaire assez routinière pour notre agent du LAPD, jusqu'à ce qu'il reçoive un message sur son portable en provenance de sa fille qui vit à Hong-Kong et qui vient d'être enlevée par les membres d'un groupe mafieux local. Rien de très original dans cette aventure d'Harry Bosch: un plat réchauffé ou autrement dit des ficelles connues pour quiconque côtoie le polar. Connelly étoffe l'histoire personnelle de son personnage avec cette fille qu'il va finir par avoir avec lui à temps plein, mais les péripéties sont, il me semble, soit trop prévisibles, soit quelque peu forcées. Et côté psychologie, surtout celle de notre cher et attachant Bosch, cela ne vole pas très haut et manque sérieusement d'épaisseur. Bref, on ne tient pas ici un roman indispensable de Connelly.
03/12/2015 à 14:33
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Hotel Brasil
9/10 Tout débute comme un bon vieux whodunit: la découverte d'un cadavre décapité dans la chambre d'une pension de famille (et on pense bien sûr à "L'assassin habite au 21" de Steeman), cadavre à qui on a volé les yeux. Mais très vite, on comprend, lorsque le commissaire Del Bosco commence à interroger chaque pensionnaire, que cette histoire policière n'est qu'un prétexte pour Frei Betto, celui de dresser le portrait d'un Brésil aux multiples visages. Rio est la ville qui concentre ces personnages venus de différentes contrées du pays, un Rio plein de violence, notamment celle mise en place par la police et ses escadrons de la mort, une police qui n'hésite pas à torturer pour arracher des aveux à de faux suspects. Candido, le héros central, ancien religieux, est aux premières loges de cette vie difficile faite d'un combat au jour-le-jour pour beaucoup de gens, lui qui aide les jeunes délinquants à se tirer des mains des policiers. L'auteur, lui-même frère dominicain, militant de gauche et qui fut conseiller de l'ex-président Lula, livre avec ce roman une radioscopie du Brésil des années 90 doublée d'une histoire d'amour emplie d'humanisme. Une histoire qui laisse de côté tout manichéisme et souligne l'importance du regard: celui notamment qui permet à chacun de voir le monde à sa manière.
03/12/2015 à 14:31
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La Nuit la plus longue
9/10 Une fois encore, on retrouve l'écriture si forte de Burke et ce regard pointé sur l'âme humaine. Dave Robicheaux et ses collègues vont être envoyés à la Nouvelle-Orléans pour apporter leur soutien aux flics locaux suite à l'ouragan Katrina. D'emblée, oubliez la mention de "thriller" de la couverture (réductrice selon moi), les citations du New York Times et de The Independent figurants en quatrième de couverture et pendant que l'on y est le titre lui-même qui n'a rien à voir avec l'original (et ne sert qu'à l'accroche). Pour le reste, c'est du tout bon. Robicheaux est toujours habité par ses démons et son entourage s'avère d'une présence primordiale, indispensable. L'échange avec les autres construit de toute façon et vont s'opposer tout au long du livre amour et haine marqués à l'égard d'autrui. Robicheaux tente de comprendre le monde et surtout les hommes: il est face à la nature dans son sens le plus large, et tout est souvent éclairé d'une lueur métaphysique et religieuse à la fois. James Lee Burke donne à voir sa Louisiane si belle et émouvante, ici ravagée par les forces naturelles, aidées par les malfaçons humaines. Mais surtout ne vous attendez pas à une description "live" du passage de Katrina et Rita. On a droit ici aux conséquences, à des paysages apocalyptiques dans lesquels vont se battre et se débattre les rescapés. Dave Robicheaux va en se lançant à la recherche du père Jude LeBlanc se retrouver pris dans une histoire de diamants volés, de maffieux... et de tueur en série inattaquable qui prendra pour cible la famille de notre héros. Il sera secondé par Clete Purcell, son ami, buveur invétéré, belle figure d'âme damnée. Goûtez donc à la beauté des romans de James Lee Burke (je conseille toutefois de lire les différents romans dans l'ordre d'écriture).
03/12/2015 à 14:30 6
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Cripple Creek
8/10 Avant tout, il me semble plus judicieux d'avoir lu "Bois mort", roman précédent celui-ci et premier d'une trilogie mettant en scène John Turner. En effet, les trois livres développe ce personnage et élabore avant tout le portrait d'un homme. Il est bien question d'enquête policière, de meurtre... mais Sallis décrit d'abord un homme et son destin. Un homme meurtri par une vie difficile, ancien psychologue ayant vécu plusieurs années en prison, un être solitaire magnifiquement rendu par l'auteur, et qui n'est pas sans faire penser à la fois au Raylan Givens d'Elmore Leonard et au Dave Robicheaux de James Lee Burke, auteurs évoqués ici le temps d'un clin d'oeil. C'est d'ailleurs également la Louisiane chère à Burke qui sert de cadre à l'intrigue, une région parfaitement évoquée, de manière tellement lyrique. Sallis adopte une manière d'écrire particulière, mêlant les flash-back et le présent de l'intrigue, n'hésitant pas à casser celle-ci par des rebondissements que l'on ne voit absolument pas arriver. Un roman policier à part, intéressant en premier lieu pour le portrait de John Turner.
03/12/2015 à 14:23
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Détonations rapprochées
7/10 Premier volume des romans mettant en scène Joe Pickett, garde-chasse de son état. Joe est chargé de parcourir les forêts de son secteur du Wyoming et de contrecarrer tout acte malveillant à l'égard de la nature. Ce travail au grand air, Joe l'a voulu depuis longtemps, il ne se voit pas exercer d'autres fonctions, même si la paie est bien maigre et le logement de fonctions n'a pas les dimensions idéales pour accueillir toute sa famille, à savoir sa femme, ses deux filles et le bébé à venir. Durant le prologue, Joe va se retrouver en fâcheuse situation face à Ote Keeley, un braconnier qui va le menacer avec sa propre arme de service. Les deux hommes seront quelques temps plus tard de nouveau en présence l'un de l'autre pour le début d'une affaire qui bouleversera la vie de Joe et de sa famille. Un polar sans grande surprise quant à l'enquête en elle-même, puisque rapidement le pourquoi de l'affaire semble évident et les coupables tout désignés, mais C. J. Box rend son héros très crédible, attachant et profondément humain par ses nombreuses faiblesses; et le cadre des forêts du Wyoming est original et permet au lecteur de prendre un bol d'air loin des polars urbains.
03/12/2015 à 14:20 1
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Ambernave
8/10 Dans le port d'Ambernave, qui pourrait se situer sur le littoral du Nord ou de la Normandie, un croque-mitaine insaisissable fait des siennes, laissant dans son sillage des victimes démantibulées. C'est également dans une ruelle quasi abandonnée du port, où ne vit plus qu'un seul homme, à savoir Emile dit "Patte-folle", l'ancien docker, que va se nouer une amitié particulière, entre le vieil homme et un type comme tombé du ciel, personnage au comportement autistique et à la force herculéenne, amouraché d'un chiot abandonné. Emile voit dans cette relation une retranscription du livre de Steinbeck, "Des souris et des hommes". Il s'agit bien dans le roman de Jean-Hugues Oppel de la rencontre entre plusieurs êtres esseulés mais aussi de magouille politique, de paysages gris et glauques, chargés d'embruns, et de rêves d'ailleurs... Jusqu'au bout l'auteur ne dévoile rien du mystère qui recouvre son "monstre", sorte d'âme damnée, personnage effrayant capable de tendresse. Un polar noir, qui contient beaucoup d'humour, et à la langue en adéquation avec l'atmosphère et les protagonistes.
03/12/2015 à 14:19 2
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Entrée du diable à Barbèsville
8/10 Recueil de 11 nouvelles assez courtes et souvent très noires, pour une compilation qui met en scène des personnages variés: journaliste poursuivi par des tueurs, groupe de variétoche pour maison de retraite, espions en mal d'amour, employés d'une multi nationale... Et ce qui étonne à chaque fois, c'est l'extrême concision de ces histoires, qui en une poignée de mots font mouche à coup sûr: les personnages sont parfaitement crédibles et l'intrigue tient la route, ce résumant parfois à une sorte de tableau, d'instantané, le tout étant servi par une écriture personnelle, véritable petite musique qui s'accorde au mieux avec chaque destin ici décrit.
03/12/2015 à 14:17
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Le Pic du diable
9/10 Le lecteur suit en parallèle les destins de trois personnages: Christine Van Rooyen, prostituée de luxe, qui raconte à un pasteur sa vie et le plan machiavélique qu'elle a monté; Thobela Mpayipheli, ancien tueur à gages, formé par le KGB, et qui va devenir justicier meurtrier; Benny Griessel, flic alcoolique mis à la porte de chez lui par sa femme qui n'accepte plus ses crises de violence. Et ces trois destins vont dans la dernière partie du roman se fondre le long d'une seule ligne de vie. Deon Meyer construit une intrigue parfaite et originale, donnant à voir au passage une Afrique du Sud en proie à de nombreux démons, où les traces de l'Apartheid ne sont pas près de s'estomper. Chaque personnage est empli à la fois de forces et de faiblesses, avançant tout autant par décision personnelle que par fatalité.
03/12/2015 à 14:15 3