breizhailes

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  • Zaï zaï zaï zaï

    Fabrice Caro

    10/10 Je ne sais par quel miracle je suis un jour tombée sur cette courte BD-ovni, dissimulée dans un recoin d'un grand magasin culturel bien connu. Je repenserai toujours à cet heureux hasard qui m'a fait découvrir un excellent auteur, portant un regard cynique, drôle et lucide sur son époque. Et quelle joie d'apprendre qu'il est lauréat du Prix SNCF! Si Zaï Zaï... n'est pas à proprement parler un véritable polar, il mérite de figurer dans la bibliothèque du plus grand nombre. A chaque page, on s'étonne de l'absurdité et de la justesse avec laquelle il raconte l'épopée de ce père de famille (lui ressemblant trait pour trait), pour qui l'oubli de sa carte de fidélité à la caisse d'un supermarché est l'élément déclencheur d'une folle cavale dans laquelle les armes sont des poireaux, les directeurs de grande surface font des saltos-arrière et écouter - non pire que ça- à chanter au karaoké (je corrige l'inexactitude signalée par gamille67!) Joe Dassin est la punition suprême face à un tel délit.

    22/06/2016 à 19:31 4

  • Brigade criminelle : Immersion au coeur du 36, quai des Orfèvres

    Raynal Pellicer, Titwane

    9/10 Deuxième volet de l'immersion de Titwane et Pellicer au 36 quai des Orfèvres, au sein de la fameuse Brigade Criminelle de Paris.
    Si l'on y retrouve les caractères rugueux et les formules pragmatiques (du genre : "Vous connaissez la différence entre "concerné" et "impliqué" en matière judiciaire? Non? C'est comme pour l'oeuf-bacon. La poule est concernée et le cochon est impliqué"), les explications des équipes y évoluant ainsi que l'ambiance désuète de ces lieux historiques, ça "dérouille" un peu plus cette fois.
    Ceux qui veulent de l'hémoglobine et des suspects récalcitrants seront servis. Rien de romancé, on est dans le concret, le pratique, les rôles y sont bien définis et les procédures bien cadrées.
    On ressort de cette lecture avec la sensation d'avoir vraiment baigné dans le métier, au point que l'on s'attendrait presque à poursuivre les affaires en cours au bureau le lendemain! A quand un 3ème opus?

    23/05/2016 à 12:10 6

  • L'Île du serment

    Peter May

    9/10 Superbe roman, parlant d'héritage familial, de racines, de survie et de la complexité des relations sur fond de meurtre et de paysages rudes, où passé et présent se mêlent afin de faire revivre l'inachevé. Les aspects émotionnel et psychologique des personnages y sont finement décrits et le récit (malheureusement réaliste) d'une période sombre de l'histoire de l'Ecosse est particulièrement bouleversant.

    14/05/2016 à 14:43 6

  • Julius Winsome

    Gerard Donovan

    9/10 Donovan raconte l'histoire d'un être solitaire, ayant toujours vécu dans le chalet familial, au coeur de la forêt dense du Maine. Un jour, une femme apparaît et laisse de son bref passage dans la vie de Julius un chien, qu'elle a convaincu celui-ci d'adopter. Hobbes devient son ami le plus précieux, son unique lien vers le vivant. Car la vie de Julius est emplie de livres et de souvenirs hérités de son père. Sa propre existence se résume quasiment à se rappeler et à lire en attendant que les jours passent. Une nuit, il retrouve Hobbes mortellement blessé. Un coup de fusil a été tiré à bout portant. Le coupable a non seulement fait disparaître froidement son compagnon, mais il vient le provoquer en souillant de remarques moqueuses les affiches qu'il dépose afin d'en savoir plus.
    L'événement est l'étincelle qui réveille en Julius des instincts que lui même ignorait. Sa solitude lui est comme renvoyée en pleine face, faisant basculer son désir de rendre justice à Hobbes en une vengeance à la fois méticuleuse et hasardeuse, dirigée contre un ennemi qui finalement se révèle être plus lui-même que l'homme ayant abattu l'animal. Des chasseurs se mettent alors à disparaître un par un, au rythme shakespearien des mots scandés par Julius dans l'accomplissement de sa tache.
    Bizarrement, les crimes, tant qu'ils sont justifiés aux yeux de Julius, semblent presque tout autant justifiés pour le lecteur. On sent en même-temps que lui pointer la folie, faille creusée par cette solitude, ici mère des vices venant prendre le dessus sur un homme au tempérament initialement pacifique, plein de bon sens, d'intelligence et de bienveillance. Mais les dégâts causés par cet isolement du coeur ont commencé il y a trop longtemps pour lui permettre de retrouver cette raison qui semble lui échapper au fil des pages.
    L'écriture y est émouvante, belle et juste. A lire absolument!

    04/03/2016 à 14:40 4

  • Steamboat

    Craig Johnson

    8/10 Steamboat nous parle d'un événement marquant du passé de Walt et Lucian qui ressurgit de leur mémoire suite à la visite impromptue d'une jeune femme partageant avec eux le même souvenir.
    Cette nouvelle de Noël nous plonge dans le récit d'un vol pour le moins chaotique, au coeur des entrailles de métal d'un zinc de collection abandonné, qui réapprend à voler en même-temps que Lucian. Sauver la vie d'une petite fille gravement blessée ou ne pas risquer la sienne dans une météo exécrable, dans un bouzin à peine capable de décoller, tel est le dilemme auquel se trouvent confrontés nos protagonistes.
    En tant que passionnée d'engins volants, j'ai grandement apprécié la précision des détails aéronautiques ainsi que leur exactitude. Craig Johnson nous montre une fois de plus son talent de narrateur au coeur d'une action intense et concentrée dans le temps qu'il nous fait vivre de l'intérieur. On devient le temps d'une lecture un passager du vieux Steamboat, seul espoir de survie pour cette petite fille, qui comme les nerfs de son équipage, doit tenir le coup afin d'accomplir sa périlleuse mission.

    31/01/2016 à 23:19 5

  • Enquêtes générales. Immersion au coeur de la Brigade de répression du banditisme

    Raynal Pellicer, Titwane

    8/10 Très éloignée des visions romancées du métier que l'on peut trouver dans les films ou séries, cette immersion au sein de la BRB reflète le travail quotidien des flics de la brigade, sans fioritures. On trouve réponse à bon nombre de questions que l'on peut se poser, tant sur les aspects procéduraux que les petits détails concrets. On y découvre au rythme variable des enquêtes et de l'humeur de chaque membre de l'équipe les différentes facettes qui les composent, entres recherches fastidieuses, interrogatoires tendus et brefs moments d'action. De quoi donner envie de se plonger dans le second volet de ce récit graphique consacré au 36, quai des Orfèvres.

    26/11/2015 à 21:43 3

  • L'Indien blanc

    Craig Johnson

    9/10 Après avoir enchaîné Little Bird et Le Camp des morts, j'ai entamé la lecture de l'Indien Blanc avec un petit a priori. J'imaginais le duo cowboy-indien paumé dans un environnement citadin, ne pouvant mettre en oeuvre ses techniques habituelles qui collent si bien à son Wyoming d'origine.
    Pourtant, j'ai rapidement été happée par l'intrigue, qui au-delà de revêtir un caractère plus que jamais personnel pour Longmire, ne fait pas perdre aux personnages leur humour et leurs caractéristiques, bien au contraire.
    On alterne entre enquête mouvementée et pesanteur de l'attente, entre rues agitées et ambiance d'hôpital figée. Et puis, il faut le dire, on est curieux de voir comment cet ours de Walt va s'en sortir face au clan Moretti et à une Vic qui se trouve ici dans son élément.

    30/09/2015 à 20:08 4

  • Tromper la mort

    Maryse Rivière

    6/10 Ayant échappé de peu à la mort et aux forces de police lancées à ses trousses à la suite du meurtre d'une éditrice, Yann Morlaix, un libraire parisien, décide de disparaître. Sur les conseils d'un ami d'enfance qu'il retrouve dans sa Bretagne d'origine, il part se fondre dans la lande irlandaise.
    Mais ses pulsions le rattrapent sans tarder. Les cadavres de jeunes femmes sont découverts dans la tourbe, de jolies blondes aux prénoms d'héroïnes légendaires, dont le point commun était de ne pas sembler heureuses.
    Damien Escoffier, flic à la Crim' encore marqué par sa dernière rencontre avec Morlaix, est chargé de collaborer avec la police irlandaise afin de mettre fin à la cavale du tueur. Commence alors une longue traque sur les terres d'Irlande, prenant une tournure de plus en plus personnelle.
    En tant que Prix des Orfèvres 2015, on ne peut en effet reprocher à l'auteur de ne pas maîtriser les rouages procéduraux, qui sont ici bien décrits et respectés. Si l'Irlande, en tant que terre marquée par son passé et ses conflits indépendantistes, semble être la toile de fond idéale pour une telle intrigue, j'ai regretté le côté un peu superficiel avec lequel sont traités les lieux et les personnages. Avec plus de profondeur, on pourrait beaucoup mieux se projeter dans l'histoire, alors qu'on se contente de la survoler sans trop se sentir impliqué. Une lecture qui reste agréable cependant.

    17/09/2015 à 14:33 2

  • Quatre couleurs

    Blaise Guinin

    8/10 Comme à chaque fois que je rends visite à mon libraire préféré, n'étant pas une grande connaisseuse côté BD, je me laisse souvent guider par lui. Une belle découverte que ce Quatre couleurs, dont l'originalité est d'être entièrement réalisé...au Bic quatre couleurs, dans un format de poche.
    Un étudiant feignant dont le père menace de lui couper les vivres parvient à convaincre un ami d'échanger leur identité afin de réussir des examens. Au gré des chapitres déclinés en noir, bleu, rouge et vert, la tension monte, des histoires de filles s'en mêlent et la vérité est de plus en plus difficile à cacher.
    Sous une apparence simpliste, cette BD révèle une intrigue complexe et efficace.

    17/09/2015 à 10:41 2

  • L'histoire de Samuel Beauclair

    Romain Renard

    8/10 En feuilletant cette BD au hasard, j'ai vraiment été frappée par la beauté des graphismes (tons sépia, jeux d'ombre et lumière incroyables). En bonus, il suffit de télécharger l'application pour découvrir la BD sous un autre aspect, celui de la réalité augmentée (BO à écouter au fil de sa lecture, animations et dessins bruts). De quoi rendre l'atmosphère encore plus lourde et mystérieuse. Si le fond n'a rien d'exceptionnel, elle mérite largement le détour côté visuel.

    17/09/2015 à 10:22 2

  • Le bizarre incident du chien pendant la nuit

    Mark Haddon

    10/10 Avant-même de l'entamer, prenez 5 minutes pour feuilleter ce livre. Les numéros des chapitres ne se suivent pas (pour une raison bien précise), on y aperçoit des dessins, des plans, des smileys, des équations et même des problèmes de maths. On est alors plongé dans l'univers de ce curieux garçon qui vit seul avec son père, pour qui tout contact physique est douloureux, qui cogne les policiers, résout des équations de tête, ne ment jamais (ou seulement par omission) et dit "je t'aime" à distance avec les mains.
    La grande particularité de Christopher est de percevoir le monde avec des sens décuplés, à tel point que cela vient le placer en marge de la "normalité". Pourtant, plus on progresse dans la lecture, moins on se sent différent de lui. Il vient réveiller ce bout d'enfance qui subsiste en chacun de nous, où tout était important, effrayant et attirant à la fois. Avec sa logique et son hypersensibilité qui lui sont propres, il se met en tête de retrouver l'assassin du chien de sa voisine. L'histoire se poursuit par le récit qu'il fait lui-même de sa quête, qui en plus de l'amener à vaincre ses peurs, va changer le cours de son existence et celui de sa famille.
    On en ressort ému, avec l'impression d'avoir croisé en chemin un être de ceux qui nous font voir les choses autrement, sous un angle nouveau et finalement plus juste. On est également impressionné par Mark Haddon, qui parvient à si bien retranscrire le monde intérieur dans lequel évoluent les personnes comme Christopher, à nous faire voir qu'au-delà du fossé apparent, des nerfs à bout et de l'impuissance ressentie par l'entourage, les meilleurs remèdes à la fragilité des liens entre les êtres seront toujours faits d'amour et de patience.

    15/09/2015 à 16:02 7

  • Étranges rivages

    Arnaldur Indridason

    9/10 Un livre qu'on referme avec un sentiment de grande tristesse, de celle qui va avec ces fins où toute la lumière est faite et où rien ne reste. Dans ce drôle de pays, les tempêtes semblent emporter bien des choses avec elles et tout le monde se contente de cette explication pour continuer à vivre.
    Mais c'était sans compter sur l'habituelle ténacité passive d'Erlendur, qui parvient à faire se délier les langues et revivre ceux qui sont partis le temps de quelques jours passés officieusement dans les fjords. On se laisse une fois de plus guider par lui, on cogite en croyant presque le devancer par moments, mais l'issue est toujours bien loin de celle que l'on pouvait imaginer.
    Ici, Indridason nous parle d'amour. L'amour qui unit deux frères, celui qui peut conduire à des actes irréversibles, celui qui va au-delà des convenances, de l'amitié et même de la mort. Erlendur parvient à boucler la boucle en faisant ressurgir les fantômes qui le hantent pour aller à leur rencontre.

    11/09/2015 à 16:16 7

  • Little Bird

    Craig Johnson

    9/10 Ce livre m'a été offert. Je m'attendais donc à devoir répondre au redouté: "Alors, ça t'a plu?". Pourtant je n'ai pas eu à me forcer, la réponse me parut évidente.
    Si les personnages peuvent sembler un brin caricaturaux (notamment Henry et Vic), on peut très bien imaginer en croiser de tels, bien réels, dans ce genre de contrée malmenée par le climat.
    Le contraste entre grands espaces et petits esprits y est bien présent. On se trouve immergé dans une petite ville où règne une ambiance de saloon, nous faisant parfois douter de l'époque à laquelle se déroulent les événements (chapeaux de cow-boy et pick-up boueux, plumes et revolvers, chemisiers à carreaux et santiags), où les femmes y sont enjôleuses et parfumées, les indiens sages et chevelus.
    Le shérif Walt Longmire ne porte pas l'étoile pour rien, il est autant l'âme du comté que celle du roman. A la fois rustre et élégant, cet ermite en manque d'affection traîne le deuil de sa femme comme un lourd fardeau mais n'est jamais avare d'une remarque drôle et cinglante. Une histoire que l'on savoure avec un diaporama de paysages qui défile dans la tête, à la fois inhospitaliers et empreints de liberté.

    11/09/2015 à 00:28 7

  • Le Duel

    Arnaldur Indridason

    7/10 J'avoue ne pas avoir été envoûtée par le Duel autant que par les autres Indridason que j'ai pu lire. Simple question de sensibilité à l'intrigue, probablement.
    J'ai néanmoins aimé le contraste entre le crime et son mobile: l'assassinat d'un jeune garçon inoffensif face à la réaction brutale d'hommes trop préoccupés par leurs manigances politiques.
    On retrouve avec plaisir l'empreinte habituelle de l'auteur à travers l'histoire de Marion Briem, son enfance, sa maladie et ce qui se cache derrière sa solitude et ses manières viriles.

    10/09/2015 à 23:53 2

  • La Femme en vert

    Arnaldur Indridason

    9/10 Comment aborder un sujet aussi sensible sans tomber dans la caricature ou le mélodramatique? En étant juste, comme l'est ici Indridason dans sa façon de nous faire vivre le quotidien insoutenable d'une mère et ses enfants, prisonniers d'un bourreau comme on n'ose imaginer qu'il puisse en exister.
    J'ai été partagée pendant ma lecture entre plusieurs sentiments contradictoires. L'envie irrépressible de continuer à lire et celle de reposer rapidement le livre afin de reprendre mon souffle.
    Les premières fois où sont décrites les horreurs subies par cette femme sont à peine supportables. Il ne s'agit pas ici uniquement d'atteintes physiques mais psychologiques. On se trouve spectacteur impuissant de la lente et violente destruction d'un être et de ce qui lui est cher. On développe alors une haine pour ce père qui s'octroie le droit de dissimuler sans l'once d'un remord ses pires faiblesses et sa lâcheté sous les coups, menaces et humiliations.
    Le rôle d'Erlendur est ici de faire parler des os humains, de remonter le cours du temps pour en déterminer l'identité et l'histoire, tout en faisant face à son propre drame, celui du coma dans lequel se trouve plongée sa fille.

    10/09/2015 à 23:34 7

  • Les Nuits de Reykjavík

    Arnaldur Indridason

    9/10 Première expérience Indridasonesque, qui m'a fait comprendre que ce ne serait pas la dernière.
    Découverte du personnage d'Erlendur à ses débuts, avec déjà son obsession pour les disparitions, son incapacité à s'investir dans la "vie normale", cette passivité dans l'action, ce don pour faire parler ses interlocuteurs grâce à son opiniâtreté et ses silences.
    L'histoire pouvant paraître quelque peu banale révèle une profondeur triste et envoûtante au fil de cette errance dans les rues d'une ville étrange, que l'on voit à travers les yeux à la fois de ce jeune agent et de ses sans-abri au quotidien fait d'alcool et de souvenirs douloureux.

    10/09/2015 à 23:13 4