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Les Mauvaises
7/10 Ce roman est un poème. En conjuguant les émotions, les expressions viscérales, les horizons qui cherchent à s’éclaircir on nous donne un écrit bouffé de lyrisme et de beauté textuelle brute. Dans ces Causses du Massif Central, l’existence se délie, s’assouplit par l’amitié et par ses liens imputrescibles. L’aridité et la rudesse de cette contrée sont contrebalancées par les mots justes de Séverine Chevalier et ce théâtre propice à l’abandon de consciences formatées par la société.
09/02/2018 à 10:52 3
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Plus jamais seul
7/10 Caryl Férey aime à nous adresser des cartes postales de ses multiples pérégrinations sur ce globe terrestre où l’on gravite. Elles ne sont que rarement idylliques et enchanteresses mais nous délivrent son message culturel, historique, géopolitique avec une ligne noire appuyée récurrente. Là il semble présenter le désir de revenir vers des sources baptismales surplombées de croix nimbées. S’inscrivant dans une trame, puisant un classicisme de par son contexte géographique, où il affirme des personnages puissants, symbolisés en son mille par un ex-flic revêche, au péricarde rocailleux mais révélant des anfractuosités insoupçonnées, l’ouvrage plongera la tête la première dans un océan Bakélite teinté de nostalgie, fidélité, inflexibilité contre ces forces obscures d’une humanité cupide.
06/02/2018 à 16:40 6
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Boccanera
7/10 Nice, la déclinaison de contrastes entre son vieux port et les collines, est le théâtre d’une enquête suite aux meurtres consécutifs d’un couple homo. Sa direction en sera assurée par une Niçoise aux racines corses, dont l’existence, rythmée par celui de sa ville, se joue des codes, de la bienséance et du conformisme. En puisant sa force motrice dans des personnages, qui eux mêmes sortent des rangs, structurant son quotidien et sa capacité à rebondir, elle plonge sans retenue dans ce périlleux cluedo!
05/02/2018 à 10:56 3
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Les Nuits indomptables
7/10 On est dans les chocs d’illusions perdues où les souffrances frontales cinglent des êtres à la dérive. Ils cherchent un chemin, un trajet, sans but, sans orientation afin de se défaire d’un guide qui n’a pas été là quand il devait l’être.
26/01/2018 à 13:22 1
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Juste après la vague
6/10 Ce pourrait être nulle part, ce pourrait être partout. Ça semblerait être maintenant ou bien dans un autre temps. Le unités de lieu et de temps sont subalternes dans la narration de cette tragédie, où se mêleront des oppositions issues de forces naturelles et des cas de conscience lacérant des âmes meurtries, ce qui incline le récit à un dénuement, rattaché tel le muscle à son os. La force, le poids de l’histoire contée se logeront, donc, dans l’affrontement de destins infléchis par la colère de la terre, et où ambivalence, nuance, révolte sont bannis des mots clefs du roman.
17/01/2018 à 11:30 8
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Simple mortelle
8/10 Simple Mortelle c’est le récit d’une passion foudroyante, d’une passion pyrogène. C’est l’accord et l’assemblage de deux êtres qui, outre à conquérir leur reconstruction, cherchent à évacuer leur passé. Leurs passés dans les non-dits, dans les souvenirs enfouis dans les limbes de leur inconscient, sur des cicatrices profondes inflammatoires se révèleront des ponts, des jonctions à leur amour inconditionnel. Or comme souvent dans l’état passionnel flirte la tragédie, telle Pyrame et Thisbé, noircissant une fresque initialement multicolore.
15/01/2018 à 10:55 6
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Ma ZAD
7/10 Lieu et contexte du récit sont dans une ZAD…La ZAD, un lieu communautaire, d’échanges et d’affrontements drainant une population hétéroclite reste, de la même, l’épicentre d’un discours politique marqué. Fusions et antagonismes coexistent. Camille, la figure centrale du roman, se retrouve dans une période d’existence où les éléments contraires se mutualisent à son encontre. Professionnelle, personnelle, philosophique, sa destinée est plongée dans des incertitudes menaçantes et ses roubignoles auront tout de même voix au chapitre. (…!)
11/01/2018 à 10:54 5
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Pour donner la mort, tapez 1
6/10 Ahmed Tiab nous propose un polar marseillais, un polar marseillais avec tout ce qui est charrié par la cité phocéenne. De la Canebière aux quartiers nord, des forces s’opposent entre services de police de l’évêché et jeunesse en recherche chimérique d’une identité, d’une voie, d’un idéal de vie. C’est un polar d’aujourd’hui balisé par les scories, les déviances de notre société déliquescente qui renvoie des images froides par instant et fébriles à d’autres.
02/01/2018 à 10:55 2
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Cardiff Dead
8/10 On sent indéniablement l'empreinte de l'auteur et son histoire propre.
De la fureur, de la colère, de la musique éprise de révolte forment un cocktail tout à la fois décalaminant et suave laissant un goût qui frappe nos sens.
De la littérature britannique noire de haut vol, galloise pour être précis qui n'a rien à voir avec l'anglaise.30/12/2017 à 23:37 5
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Vernon Subutex 1
8/10 Vernon Subutex c'est le récit d'une auteure qui a pris de la maturité tant dans son écriture que dans sa vie de femmes. Et cet opus, initiateur d'un triptyque, suinte, comme à son habitude, la sincérité, le désir de diriger la lumière sur des vérités d'un quotidien tristement réel. Elle sait poser des fondations solides sur une romance noir jonchés de personnages plus vrais que nature, symbole (aussi) de notre époque.
27/12/2017 à 22:59 7
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Les Chiennes savantes
8/10 Virgine Despentes avait continué après "Baise Moi" son entreprise d'écriture sans obstacles ni garde fous dans cette farouche volonté de décrire son époque et ses expériences. Seconde baffe de l'auteur lu dès. sa sortie!
27/12/2017 à 22:53 3
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Baise-moi
8/10 Lu à sa sortie donc le souvenir précis reste flou. Mais il me reste un sentiment de lecture ébouriffante qui créait comme une révolution stylistique dans un cadre où les maitres mots étaient Liberté, Sincérité. Livre coup de poing littéraire et reflet d'une époque!
27/12/2017 à 22:50 5
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Le Shamisen en peau de serpent
6/10 Los Angeles sa grandeur, son aura internationale, rythmée par ses poncifs, ses images d’Epinal. Los Angeles c’est aussi une communauté nippone soudée (ou presque) dans un entrelacs d’autres disparates. De nouveau le personnage de Mas Arai enfanté par Noami Hirahara gravite dans cet univers malmené par le meurtre de l’un des leurs. C’est entre compromission, compréhension d’une culture annexe et sens naturel de la recherche de la vérité que notre jardinier-détective entre en scène tout en s’attachant les services de partenaires complémentaires.
04/12/2017 à 22:54 3
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La Reine noire
7/10 Le tableau initial dressé est pragmatique, précis, sans ambiguïté. Les personnages qui jalonneront ce récit sont d’une implacable limpidité dans ce décorum désolé aux confins de ce village en décrépitude de la Meuse. Les rôles sont attribués avec manichéisme conférant des dualités naturelles et irrémédiables. Les affrontements basés sur des rancœurs, des haines, dont l’origine unique, centrale symbolisée par la fermeture de cette raffinerie de sucre, semblent être voués à des évidences tant par leur histoire que par les profils de chacun.
28/11/2017 à 10:43 4
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La disparue du Vénézuela
7/10 Les éditions de l’Aube, et l’Aube Noire en particulier, nous offrent l’habitude de nous proposer des écrits doués d’une sensibilité particulière. Cet ouvrage en est une des illustrations. L’Amérique du sud, dans sa partie nordiste du Venezuela, est le siège de ce roman psychologique où les lignes de tension s’incarnent principalement dans le personnage de Philippe Larcoeur, flic dont les missions sont extra-territoriales, qui voit ses plans personnels contrariés par le rapt d’une ressortissante française dans cet état chaos.
22/11/2017 à 12:30 5
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Du Sang sur le sable
6/10 Le sable brûlant tâché de zébrures rouge sang dans cette partie orientales de la corne africaine sera le théâtre de deux drames parallèles initialement. Djibouti, ses forces internationales campées dans cette zone, proposent un épicentre propice à des dérives bien trop souvent motivées par un mercantile esprit. Et Grip l’homme qui devra faire face, qui devra gérer un embrouillamini à plusieurs bandes, révèlera des facettes polychromatiques. C’est ces ambivalences, la description de deux faces d’une pièce qui fera le sel du propos.
14/11/2017 à 12:40 7
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Gueule de Fer
7/10 Chronique d’un boxeur gueule cassée ! La légende méconnue d’Eugène Criqui, fier empereur du noble art, avec à son actif plus de cent victoires pour 132 combats dont 59 acquises avant la limite, nous dépeint un parcours passé par les tranchées de Verdun qui occasionnera son surnom. C’est aussi et surtout l’histoire d’une vie de prolétaire qui s’ émancipera par ses facultés innées pugilistiques. Une tranche de vie qui nous porte de Belleville, au champ métallique de la Marne, à la découverte du pays-continent et la marche vers le titre suprême vers le nouveau monde.
07/11/2017 à 23:19 6
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L'Essence du Mal
9/10 C’est le livre d’une obsession qui convoque et réveille le passé enfoui sous un manteau de neige et de glace au travers une région tout à la fois accueillante mais néanmoins hostile… Cette recherche effrénée telle une compulsion amènera les protagonistes à des sentiments paradoxaux, violents, paroxystiques, dérélictifs. On entre dans ce canyon sans aucune certitude mais on y pénètre avec ce besoin d’étancher une soif de vérité.
31/10/2017 à 13:02 10
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Ils ont voulu nous civiliser
8/10 Au décours d’une nuit, où les éléments naturels se déchaînent et que le dieu Eole trace son impitoyable sarabande, les existences de cinq hommes se trouveront mêlées dans des affrontement sans retour. La côte landaise en est le décor, les pinèdes formant un paysage reproductible à l’infini, et les haines, les colères couplées à cette apocalypse nous décriront un bal bien macabre.
26/10/2017 à 11:57 9
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Entre deux mondes
8/10 Olivier Norek c’est un ADN de vie professionnelle et de vie d’homme et ses écrits à l’image de CODE 93 et TERRITOIRES, lus précédemment, sont accolés à celui-ci. Il m’a prouvé qu’il possédait la faculté de poser des mots sur le papier, pas dans un cadre froid d’une instruction judiciaire mais bien pour exprimer des problématiques sociétales de son sérail avec l’envergure littéraire. Les deux premiers ouvrages avaient cette acuité, cette précision d’une vie passé et décrivaient donc sans détour le quotidien délictuel de nos banlieues sous-tendu par des enjeux ou, a contrario, un abandon politique au gré des urnes.
Dans cet opus, il délaisse Coste et son équipe, en s’attaquant à une thématique médiatisée, instrumentalisée, politisée sur les migrants et plus particulièrement sur le nœud gordien calaisien.22/10/2017 à 18:18 13