Ironheart

821 votes

  • Écouter le noir

    Ouvrage collectif

    7/10 Un recueil de nouvelles inégales (mais c'est souvent le cas dans ce type d'ouvrage) sur le thème de l'audition. A ce petit "jeu", c'est le duo paradisiaque mais diabolique composé de Karine Giebel et Barbara Abel qui gagne haut la main avec un court récit au dénouement glaçant.
    Ensuite, j'ai beaucoup aimé la première incursion de François-Xavier Dillard dans le fantastique. C'est un genre qui convient à merveille à son talent de conteur. J'en veux encore !
    A égalité, les bonnes nouvelles de Romain Puértolas (très courte, fraîche et drôle), de Cédric Sire (efficace et redoutable, fidèle à lui même) et de Laurent Scalese (très noire).
    Viennent ensuite, sans pouvoir les départager, celles de Sonia Delzongle, pas mal du tout mais dont l'effet a été éventé pour moi car j'avais lu sa version longue dans son dernier roman "Le dernier chant", de Maud Mayeras (touchante), de Sophie Loubière (j'aime toujours autant son style).
    Loin derrière, celle de R.J Ellory (trop classique mais plaisante).
    Et dommage pour les récits de Nicolas Lebel et de Jérôme Camut/Nathalie Hug auxquels je n'ai malheureusement pas adhéré alors que j'adore ces auteurs habituellement.

    17/11/2022 à 20:13 6

  • Regarder le noir

    Ouvrage collectif

    8/10 Un recueil de nouvelles très réussi, au-dessus du précédent "Ecouter le noir" et il y en a pour tous les goûts. Mais contrairement au premier opus, ce n'est pas l'écrit du redoutable duo Giebel/Abel que j'ai préféré. Non, c'est celui de la douce et délicate Amélie Antoine, que décidemment, j'apprécie de plus en plus.
    Voici mon top :
    1-Transparente d'Amélie Antoine où comment une coloration pour cheveux peut virer au drame.
    2-Demain de René Manzor, un mini thriller dont j'ai adoré la chute.
    3-Le mur de Claire Favan. L'auteure sort de sa zone de confort : plus de serial killer mais une dystopie qui aurait fait un super roman. Allez Claire, c'est un appel là !
    4-Darkness de Karine Giebel et Barbara Abel : bien écrit, envoûtant, avec un final étonnant. Le duo de choc a encore frappé fort ! Et là aussi, c'est une coloration pour cheveux qui vire au drame. Décidemment !
    5-Regarder les voitures s'envoler d'Olivier Norek. Déjà le titre est top et ensuite, Olivier nous surprend avec une histoire sanglante et glaçante plutôt hors de son registre habituel. Bravo d'autant que la fin est géniale !
    6 Ex aequo-Tout contre moi de Johana Gustawsson (auteure que je découvre) : sensuel, racé, osé et avec une chute qui percute.
    The ox de Fred Mars. Pas franchement crédible mais belle idée que cette boîte échangiste 100% dans le noir.
    Nuit d'acide de Julie Ewa. Une nouvelle dure, triste et réaliste, bien écrite mais qui, compte tenu de son thème, ne surprend malheureusement pas.
    La tâche de Gaëlle Perrin-Guillet. Courte et originale.
    10-Private eye de R-J Ellory : agréable mais même constatation que pour sa nouvelle du recueil "écouter le noir", totalement prévisible.
    11-Anaïs de Fabrice Papillon. J'aime cet auteur mais là, désolée, je n'ai pas accroché à son titre.
    Bref, une bonne anthologie qui devrait donner aux non amateurs de nouvelles le goût du genre.

    19/12/2022 à 17:48 6

  • Alabama 1963

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    9/10 Une enquête sur les meurtres en série de petites filles noires qui sert en fait de prétexte à développer une histoire d'amitié, à l'origine improbable, entre un détective privé blanc alcoolique et "rebelle" et une femme de ménage noire "irréprochable" dans le sud profond de l'Amérique ségrégationniste des années 60.
    Un roman merveilleusement simple, facile, drôle et émouvant. Bud et Adela, nos deux inoubliables héros, sont accompagnés d'une belle brochette de personnages secondaires et tout ce petit monde va vous faire rire et pleurer. Les dialogues sont très réussis, les blagues également, certaines scènes sont hilarantes (la laverie, la lettre de recommandation) et d'autres, super poignantes. Et puis, cette infâme période, pas si lointaine, où noirs et blancs n'avaient pas les mêmes droits ne cesse de nous choquer et de nous interpeller. Elle est toujours pourvoyeuse de fortes émotions et notamment d'une sidération absolue face à des situations qui nous semblent désormais absurdes et injustes.
    Bref, Alabama 1963 est un gros gros kif de lecture que je me permets de vous conseiller. 350 pages de pur bonheur !!!

    29/08/2022 à 10:20 13

  • Toucher le noir

    Ouvrage collectif

    7/10 Un petit cran au-dessous des deux premiers opus : "regarder le noir" et "écouter le noir". J'ai trouvé que les auteurs n'avaient pas forcément tous joué le jeu du thème imposé.
    Mais celui qui l'emporte haut la main, à mon goût, c'est Valentin Musso, avec une nouvelle proche de nous, simple et efficace. Pour le coup, il a vraiment touché le noir en plein dans le mille.
    Seconde, Maud Mayeras qui m'a crevé le coeur avec son terrible récit, presque vrai, concernant le massacre des albinos dans certains pays d'Afrique.
    Troisième du podium, Benoît Philippon que je ne connaissais pas et dont j'ai apprécié l'humour noir sur le thème de l'art extrême et des tatouages.
    Le duo Thilliez/Scalèse qui nous offre une nouvelle à l'envers est également au top.
    J'ai découvert la merveilleuse plume de Solène Bakowski au travers de son mini conte cruel et poétique.
    Jacques Saussey, toujours impeccable, qui nous écrit une histoire à la Karine Giebel, celle d'un "ange" séquestré qui subit beaucoup de choses...
    De nombreux lecteurs ont préféré la nouvelle de Michaël Mention, la plus longue de l'ouvrage. J'ai eu plus de mal, de mon côté, n'accrochant toujours pas au style "stroboscopique" de cet écrivain et à la violence intense qui se dégage de ses lignes. On passe un moment difficile mais de ce côté là, c'est réussi, la tension est bien présente.
    Les dernières de mon classement sont celles de Ghislain Gilberti et d'Eric Cherrière auxquelles je n'ai pas adhéré.
    Un bon recueil qui passe crème dans sa version audio !

    20/05/2023 à 17:23 2

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 A priori, rien ne m'incitait à lire cet ouvrage : ni la couverture que je trouve plutôt ratée, ni le synopsis, pas vraiment accrocheur, ni les mots clefs, pas à mon goût.
    Alors je l'ai commencé à reculons, pour exercer mon devoir de « Polar Pourpienne » et voter dans le cadre du prix Polars Pourpres.
    Et pourtant, dès les premières pages, j'ai été captivée. Parce que Seules les bêtes est un roman sur l'amour. Les cinq personnages qui nous racontent une petite tranche de leur vie sont tous, sans exception, guidés par le sentiment amoureux. Toutes leurs décisions, toutes leurs souffrances et tous leurs drames résultent de ce manque et de cette quête désespérée d'amour et on se retrouve, un peu, quelque part, dans chacun d'eux.
    Ce livre, jusqu'à la dernière phrase, c'est du "100% love" comme dirait Armand, le quatrième narrateur du récit. 
    Je m'imaginais un polar rural un peu austère mais en fait, pas du tout. Oui, il est triste, oui il est noir mais sans pathos. Et puis il sait aussi être, tour à tour, drôle, poétique, touchant, malin, subtil...
    J'ai aimé la manière dont son style et son ton changent et s'adaptent à la personnalité de celui qui nous conte l'histoire.
    La construction du récit est épatante, le contenu atypique et la fin, absolument géniale. L'ultime ligne nous laisse pantois, entre sourire (amer) et pitié (amusée) et l'on se dit, une dernière fois, que décidément ce manque d'amour peut nous rendre dingue.
    Un texte pétri de qualités et une perle que j'aurais loupée sans le Prix Polars Pourpres (qu'il aura peut-être d'ailleurs. Enfin, je dis ça, je dis rien!)

    03/12/2017 à 19:46 17

  • Au revoir là-haut

    Pierre Lemaitre

    9/10 Un merveilleux moment de lecture, totalement hors du temps. Une écriture formidable, juste et sensible. Ah, il n'a pas volé son Goncourt, Pierre !
    Cette histoire d'amitié sur fond de première guerre mondiale est pleine d'émotion, de poésie, d'humanité mais aussi, d'humour.
    Les personnages sont hauts en couleur : Albert, si touchant de naïveté, qui se met en quatre pour venir en aide à Edouard, le fantasque, l'artiste à la gueule désormais cassée, qui l'a sauvé d'une mort certaine.
    Et puis ce capitaine D’Aulnay-Pradelle qu'on prend un vrai plaisir à détester...
    Que de jolies trouvailles dans ce roman original qui, malgré la gravité du propos, ne tombe jamais dans le pathos : les fabuleux masques d'Edouard, les billets de banque collés ou la tête de cheval resteront gravés dans votre mémoire.
    Ah là là, ce catalogue du "Souvenir patriotique", c'est quelque chose quand même !!
    Une seule petite critique : j'ai vu le film avant de lire le livre et j'avoue que j'ai préféré le final du premier. Je l'ai trouvé
    plus romanesque et lyrique.

    29/04/2019 à 18:52 16

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    9/10 Un beau pavé qui mêle habilement plusieurs storylines toutes aussi captivantes les unes que les autres. On ne voit pas le temps passer lors de la lecture de ce cheptel, riche de thèmes variés traités avec talent et sens du rythme par Céline Denjean qui maîtrise toutes les ficelles de son récit et distille à merveille suspense et mystères.
    Je regrette juste que la vie du cheptel (absolument passionnante !) n'ait pas été plus détaillée et que les enquêteurs soient passés au second plan.
    Mais, indéniablement, une belle réussite de 2018 qui a tout pour plaire au plus grand nombre. Gros gros plaisir de lecture !

    16/01/2019 à 09:14 16

  • Mygale

    Thierry Jonquet

    8/10 Ecrit en 1984, ce roman est pourtant très moderne dans le fond et surtout dans la structure narrative. Les lecteurs qui ont eu la chance de le découvrir l'année de sa sortie ont dû le trouver très novateur pour l'époque.
    Mygale est assez perturbant au début tant certains passages et réactions de personnages nous semblent étranges. Puis, petit à petit, la lumière se fait, le puzzle se reconstitue et les scènes violentes et érotiques du récit trouvent leur légitimité à la fin, surprenante, quand on comprend les liens qui unissent les divers protagonistes (pour lesquels on oscille entre haine et empathie) de cette histoire dérangeante.
    Mygale, c'est une vengeance sordide dans laquelle bourreau et victime changent tour à tour de rôle et jouent au jeu de "tel est pris qui croyait prendre". Un scénario de "malade" au profit d'un roman court, diabolique, terriblement efficace et crédible malgré sa démesure.
    L'adaptation d'Almodovar est très réussie et complète à merveille la lecture du roman de Thierry Jonquet.

    05/05/2016 à 07:32 16

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Un roman dépaysant (mais déprimant !) qui se déroule dans une zone géographique rarement choisie par les auteurs de polars. On apprend une foultitude de choses sur les relations compliquées entre la Russie et l'Ukraine ainsi que sur la vie, infiniment triste, même trois décennies après, des Ukrainiens après la catastrophe de Tchernobyl.
    "De bonnes raisons de mourir" est un livre complet et équilibré qui mêle habilement la petite histoire à la grande. Dans les villes abandonnées suite à l'explosion de la centrale, deux flics courageux et attachants, un Russe et un Ukrainien, mènent séparément leur enquête sur un tueur en série adepte de taxidermie.
    Si la traque est passionnante, le contexte l'est tout autant et file quand même une grosse baffe. Un roman efficace et pédagogique, qu'il faut absolument lire pour ne pas oublier la tragédie qui s'est déroulée il y a trente ans et dont les séquelles perdureront des siècles et des siècles.
    La fin est soignée et pince un petit peu le coeur quand même...

    24/01/2020 à 19:36 15

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    9/10 Tout a été dit sur cet excellent thriller parfaitement conçu et écrit. Son imbrication avec le précédent roman "Le manuscrit inachevé" est géniale et donc, la lecture de ce dernier est impérative avant d'attaquer "Il était deux fois" sous peine de passer à côté d'un procédé littéraire novateur.
    L'enquête est passionnante et j'ai été très touchée par le personnage de Gabriel et son histoire dramatique. Pour une fois que je trouve un personnage de Thilliez sympathique !
    A noter que, que contrairement aux autres titres de l'auteur, celui-ci comporte peu de scènes insoutenables. Si les derniers chapitres sont difficiles et serrent le coeur, l'ensemble reste supportable malgré les thèmes traités.

    26/09/2020 à 10:17 15

  • Grossir le ciel

    Franck Bouysse

    8/10 Un roman qui peut rebuter de prime abord : austère, dépouillée, l'histoire de deux fermiers perdus au fin fond du Gévaudan et menant une vie ascétique peut éloigner le lecteur. Et pourtant, c'est tout le contraire ! Dès les premières pages, on est happé par cette nature sauvage, par la relation étrange entre ces deux hommes, par les secrets et les non-dits. On ne peut qu'être touché par le passé et le présent d'Abel, par sa vie si infiniment triste.
    Voilà un très beau livre, ni roman noir, ni littérature blanche. Juste beau tout court.

    13/06/2015 à 10:58 14

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Les histoires d'espionnage et de politique, très peu pour moi. Je déteste ça, je n'y comprends rien et n'en lis jamais. Mais que ne ferais-je pas pour un de mes auteurs préférés, Henri Loevenbruck ? Je ne pouvais pas faire l'impasse sur un roman de lui, couvert de louanges de surcroît et j'ai bien fait. Ce récit est stupéfiant et époustouflant.
    L'auteur, avec son talent et son intelligence habituels, nous raconte avec force détails la genèse d'un agent secret. Et de son enrôlement à sa "retraite" en passant par sa formation, il nous dévoile tous les rouages et les arcanes des services mystérieux de l'Etat français et c'est absolument passionnant.
    "La petite histoire" de Marc Masson, jeune agent externe, profondément attachant et complètement dévoué à sa mission, se mêle à la grande histoire. Et là, une fois de plus (cf. Le mystère Fulcanelli et L'apothicaire), on voit le monstrueux travail de recherche d'Henri Loevenbruck qui nous plonge totalement dans l'ambiance de ces années 1985-1987. Et que dire des dialogues savoureux entre Charles Pasqua et Jacques Chirac ou même entre François Mitterrand et Serge Gainsbourg ?
    Malgré la gravité du propos, l'humour et l'amour donnent des bouffées d'air frais entre deux chapitres consacrés aux attentats ou aux otages du Liban. Le dosage entre sérieux et légèreté est parfait et permet de donner du rythme à ce roman, à la croisée des chemins entre documentaire, biographie et thriller palpitant.
    Encore une merveilleuse réussite de ce formidable écrivain, un peu touche- à- tout mais toujours constant dans sa minutie, sa sensibilité, son humanité et sa passion pour les livres qui se retrouvent dans chacun de ses textes.
    Bravo et merci pour m'avoir fait adorer l'impensable ! Et mention spéciale pour le titre, tellement bien trouvé et représentatif du contenu qui se cache derrière.
    "J'irai tuer pour vous" est mon 500 ème vote sur Polars Pourpres. Ravie d'atteindre ce nombre symbolique avec ce remarquable ouvrage.

    11/08/2019 à 13:33 14

  • L'Année du lion

    Deon Meyer

    9/10 C'est un crève-coeur de refermer ce roman dont les personnages, les animaux et les paysages Sud-africains m'ont accompagnée pendant de longues heures. Ils me manquent déjà...Que vais-je pouvoir lire après un tel dépaysement, un tel moment hors du temps ?
    Les récits post-apocalyptiques sont souvent de gros pourvoyeurs d'émotion et L'Année du Lion ne déroge pas à la règle. Cependant, il dénote par son optimiste, son espoir et sa lumière. Oui, la population humaine est décimée à 95% mais Deon Meyer fait le choix d'évoquer la reconstruction et l'avenir. Plus pudique, moins violente et déprimante que les autres oeuvres du même genre, elle est aussi plus philosophique.
    L'auteur a travaillé cinq ans sur son histoire et le résultat est là. C'est parfait ! J'ai adoré les alternances narratives entre les scènes d'action, celles plus intimistes et les "interviews" des personnages (super idée rencontrée dans des films mais rarement dans des livres). Et que dire de ce rebondissement final stupéfiant ? Bravo !
    J'ai dévoré ce pavé de 640 pages et pourtant, je n'ai pas été rassasiée, la fin est arrivée trop vite, a été trop brutalement expédiée. J'ai l'impression qu'il manque un bout à cette histoire. Je veux plus d'Amanzi, je veux savoir ce que sont devenus Nico, Sofia et tous les autres. Vite, vite, monsieur Meyer, une suite !

    10/08/2018 à 12:54 14

  • La cellule de Zarkane

    Patrick Sebastien

    10/10 Ce n'est pas un coup de coeur, c'est un coup de foudre.
    Envoûtée, charmée, captivée par l'intensité poétique des mots de l'auteur, par ses remarquables jeux de langage et ses métaphores qui frappent presque à chaque phrase, sans lourdeur, tout en délicatesse et pudeur. Dieu que ce livre est beau !
    Beau par les sentiments et la sensibilité qu'il dégage, beau par l'intensité de son histoire, beau par la puissance romanesque de la destinée de Zarkane. Même la genèse de ce prénom, Zarkane, est sublime.
    Rien que pour son écriture et ses personnages forts, le livre méritait la note maximale. Mais si on y ajoute, en plus, une jolie construction et un scénario incroyable avec deux rebondissements finaux totalement inattendus, alors on a entre les mains un roman exceptionnel, un bout de sombre paradis.

    03/06/2018 à 15:36 14

  • Toutes blessent, la dernière tue

    Karine Giebel

    9/10 Un livre vraiment exceptionnel, dans la même veine que Meurtres pour Rédemption. Il y a toujours ce côté romanesque, cette intensité de folie et les qualités indéniables de conteuse de Karine Giebel qui nous hypnotisent de bout en bout. J'ai été captivée et j'ai englouti les pages les unes après les autres, presque d'une traite. Toutes blessent, la dernière tue est désormais gravé dans ma mémoire à tout jamais.
    Oui mais...C'est le plus dur des titres de l'auteure (et pourtant elle avait déjà placé la barre haute de ce côté là). Si les scènes violentes étaient peut-être légitimes dans Meurtres pour rédemption, compte tenu du contexte et de la personnalité de l'héroïne, là, c'est totalement injustifié. Le personnage principal est une petite fille, pure et innocente, qui ne tombe que sur des pourritures dans un cadre banal et quotidien où la violence extrême n'a, logiquement, pas sa place.
    Sans le sadisme et les scènes de torture, nombreuses, qui émaillent le roman, j'aurais mis 10/10. Mais là, j'ai vraiment trouvé que Karine dépassait les limites. Elle n'avait pas besoin de ça pour écrire une grande histoire.

    27/04/2018 à 16:55 14

  • L'Affaire Alaska Sanders

    Joël Dicker

    8/10 Que rajouter à la superbe et longue critique d'Athanagor ? Pas grand chose si ce n'est qu'il me semble impératif de lire La vérité sur l'affaire Harry Quebert et le Livre des Baltimore avant l'Affaire Alaska Sanders au risque de perdre en charme et en émotion.
    Son dernier gros bébé c'est vraiment du Joël Dicker à 2000 % et ce, pour notre plus grand bonheur (ou carrément l'inverse si on n'est pas fan de l'auteur).
    Une régalade de suspense, un tourbillon de rebondissements, un saucissonnage vicieux, euh non, je veux dire "expert" qui fait frétiller tous les neurones. Qu'est ce qu'il est doué le bougre ! Il nous pond 700 pages d'enfer comme ça, fingers in the nose. Cela parait si facile, c'en est presque écoeurant, tiens ! o)
    Par contre, je trouve que Marcus Goldman se fait voler le trophée du personnage le plus attachant par Perry Gahalowood que l'on prend un vrai plaisir à retrouver.
    Des enquêtes policières comme ça, savoureuses, torturées et pleines d'allant, on en redemande encore et encore !
    Joël, je t'aime !

    03/04/2022 à 14:00 13

  • Le Livre des Baltimore

    Joël Dicker

    9/10 Une délicieuse saga douce-amère avec son lot de tragédies, de trahisons et d'amours contrariées , une histoire toute simple mais merveilleusement bien racontée par Joël Dicker qui fait couler les mots avec une facilité déconcertante.
    J'ai rigolé, j'ai pleuré, j'ai été touchée par tous ces Goldman, qu'ils soient de Baltimore ou de Montclair, avec un gros coup de coeur pour Woody et oncle Saul.
    J'ai été bouleversée par les drames et les saletés dont le destin est capable mais j'ai aussi beaucoup souri face aux péripéties de cette joyeuse bande d'adolescents.
    Cette lecture, ce fut un pur moment de bonheur.

    29/07/2018 à 11:01 13

  • Le Loup des Cordeliers

    Henri Loevenbruck

    8/10 Du pur Henri Loevenbruck avec son travail de recherche historique épatant, sa majestueuse écriture qui colle à l'époque, ses dialogues, toujours de petits bijoux de finesse et d'humour et ses personnages pleins d'allant et de verve.
    Le point fort du Loup des Cordeliers est d'avoir donné corps et vie à des personnages bien connus de la Révolution française comme Danton ou Camille Desmoulins et d'avoir mélangé leur histoire réelle à celle totalement fictive du Loup des Cordeliers. L'association est très sympa et fonctionne bien. Henri nous conte avec talent les événements les plus marquants de la Révolution française et nous gratifie, en plus, d'une intrigue mystérieuse sur fond de justicier masqué et de trésor caché, deux ingrédients qui ferrent bien les lecteurs, en général.
    Un livre qui ravira les amateurs de romans historiques et qui donnera peut-être aux autres l'envie de se mettre à l'histoire de France.
    Vivement le deuxième tome !

    03/08/2020 à 19:32 13

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    10/10 J'ai dévoré ce roman ou plutôt c'est lui qui m'a dévorée. Moi qui fonctionne à l'émotion, je ne pouvais qu'être retournée par cette histoire hors normes, par cette espèce de dystopie presque crédible et si proche de nous.
    J'ai mis du temps pour écrire ma critique, ne trouvant pas de mots assez justes pour exprimer mon ressenti et pour rendre hommage à Sandrine et à ce livre qui est, pour moi, son chef d'oeuvre.

    Il reste la poussière bien que froid et aride, m'avait convaincue que l'auteure était très douée pour nous décrire à la perfection les sons, les goûts ou les odeurs.
    Et là, avec  Les larmes noires sur la Terre , on atteint le summum de la sensorialité. Quand Moe évoque la douceur et le parfum de la peau de son bébé, l'odeur du café fraîchement moulu le matin ou les sensations extrêmement détaillées des souffrances de son corps et de son âme, j'avais l'impression de ressentir les mêmes choses qu'elle.
    Durant ma lecture, j'ai vécu pendant deux jours avec ces six femmes (leurs histoires sont extraordinaires !), les six héroïnes courageuses et pugnaces de cette odieuse casse. J'étais en totale communion avec elles et j'ai eu la sensation de partager leur enfer. Une expérience éprouvante qui m'a laissée complètement K.O.

    A chaque page, la sensation de tristesse infinie, l'absence d'espoir et la malchance m'ont serré le cœur et la gorge. Et les yeux ont piqué de nombreuses fois.
    Les larmes ont commencé à couler lors du dernier chapitre mais l'épilogue m'a achevée et les vannes ont lâché lorsque la pression constante maintenue par l'auteur s'est dégonflée d'un coup : j'ai pleuré à gros sanglots.
    Je ne m'attendais pas à une telle fin. Je ne l'ai pas vue venir, surtout connaissant les autres oeuvres de Sandrine Collette. Elle m'a bluffée.
    J'ai passé la journée à me remettre de ma lecture : je ne vous félicite pas d'autant de talent, madame Collette !
    On s'en doutait mais maintenant, on en a la certitude, vous êtes géniale !

    27/04/2018 à 17:25 13

  • Les Promises

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 Après le décevant "Le jour des Cendres", court et relativement simple dans sa construction, le très trash "La terre des morts", Jean-Christophe Grangé nous offre un livre qui dénote dans sa bibliographie.
    Les promises se déroule en 1939 dans l'Allemagne d'Hitler et il me semble que c'est la première fois que J.C. Grangé nous propose du 100% historique. Il a particulièrement soigné son contexte et ses descriptions (par exemple un travail minutieux sur les vêtements), nous immergeant totalement dans ce Berlin nazi de la fin des années 30.
    Je trouve le roman élégant, loin des univers sanglants et sordides auxquels il nous avait habitués. Même si il y a des passages difficiles inhérents à cette horrible période de l'histoire. Et d'ailleurs, à ce sujet, les derniers chapitres qui se déroulent en 1942 sont particulièrement durs mais la fin est lumineuse.
    Par contre, on retrouve la patte de l'auteur dans son scénario alambiqué aux multiples ramifications et dans ses personnages non manichéens qui possèdent autant de vices que de vertus. Le trio qu'il met en scène, à savoir un psychanalyste gigolo maître chanteur, une psychiatre alcoolique directrice d'asile et un implacable officier de la Gestapo, semble improbable de prime abord mais qu'est-ce qu'il fonctionne bien ! Et J. C Grangé transforme ces trois héros "défroqués" et parfois peu recommandables en une bande bien attachante finalement.
    Les promises a des traits communs et le même état d'esprit que l'excellent "Enfant 44" de Tom Rob Smith. A savoir la traque d'un tueur en série dans l'URSS Stalinienne pour l'un et celle dans l'Allemagne Nazie pour l'autre. Et dans ces sociétés "parfaites" et extrêmes, le crime ne peut pas exister, c'est inenvisageable...
    Je me suis régalée avec ce dernier roman de Jean-Christophe, pour moi un des tout meilleurs de sa carrière.

    04/12/2021 à 12:08 13