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471 votes

  • Toucher le noir

    Ouvrage collectif

    8/10 Après "Écouter le noir" et "Regarder le noir", voici le troisième recueil de nouvelles dirigé par l'excellent Yvan Fauth, dans la très belle série consacrée aux cinq sens.
    Les dix nouvelles rassemblées ici forment un ensemble incroyablement homogène, tout en proposant chacune une vision singulière, à la fois différente des autres et représentative de l'univers de leurs auteurs.

    Ce qui est amusant de prime abord, c'est de chercher comment chaque écrivain a entrepris d'honorer le sujet du recueil. Certains se sont efforcés d'intégrer l'expression "toucher le noir" dans leur texte, d'autres ont pris le thème imposé au pied de la lettre, d'autres encore ont davantage travaillé de manière métaphorique.
    Aucune méthode n'est moins bonne que les autres, et au bout du compte, tous les textes ont leur propre intérêt, leur propre intelligence et leur propre force.

    Gros coup de cœur en ce qui me concerne pour la nouvelle de Michaël Mention, et gros bravo aussi à Maud Mayeras, ainsi qu'au duo Thilliez-Scalese pour leur texte en auto-reverse (les lecteurs comprendront). Mais tous les autres, chacun dans leur genre, sont à la hauteur du projet.

    Certains de ces textes me hanteront longtemps, preuve que quelques pages suffisent à marquer l'imaginaire. Une nouvelle réussie est un petit monde qui a autant de force et de légitimité littéraire (plus, parfois) qu'un long roman.
    Les auteurs de "Toucher le noir" l'ont bien compris et rendent, tous ensemble, un merveilleux hommage à la forme brève. Un formidable accomplissement, à partager sans réserve.

    03/06/2021 à 07:31 4

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Après son immersion bouleversante dans le monde des motards ("Nous rêvions tous de liberté"), Henri Loevenbruck change à nouveau radicalement de registre en abordant le genre du thriller géopolitique. Côté thriller pur, il sait faire, rien à redire. Dynamiques, proportionnés avec soin, les chapitres s'enchaînent avec énergie et fluidité, sans temps fort mais sans précipitation non plus.
    Côté géopolitique, Loevenbruck a puissamment travaillé son sujet - véridique, puisque son héros, renommé Marc Masson pour les besoins de la fiction et les obligations de la confidentialité, a véritablement existé. L'immersion dans les années 1985-88 est totale, détaillée, passionnante - les nombreux attentats en France, les otages au Liban, la cohabitation à partir de 1986... On découvre les dessous crasseux de la politique politicienne (ah, le personnage de Charles Pasqua, quel régal ! On le retrouve tel qu'il était, sans aucun doute, tout comme Mitterrand, Chirac, Roland Dumas, entre autres acteurs réels de cette époque qui jouent leur propre rôle dans le roman.) On en apprend aussi beaucoup sur le fonctionnement des services secrets, de la DGSE, avec un souci du détail qui évoque par exemple la série "Le Bureau des Légendes". On apprécie, enfin, l'éducation militaire, stratégique, mais aussi humaine d'un héros profondément attachant, jusque dans ses accès de violence incontrôlable.
    Bref, la sauce prend à la perfection, et Loevenbruck signe l'un de ses plus grands livres, minutieux, sensible, à l'écoute du monde. Une réussite d'une grande maturité, de la part d'un auteur qui n'a pas fini de nous étonner.

    27/11/2018 à 22:31 18

  • L'Homme craie

    C. J. Tudor

    9/10 L'une des plus belles révélations de 2018 pour moi, sans hésitation. D'autant plus que je ne m'y attendais pas, le pitch laissant attendre du déjà-lu, notamment chez Stephen King que la romancière cite en modèle. Et c'est vrai qu'on sent nettement cette influence au début du livre, dans la composition des personnages, dans la mise en place de l'intrigue, dans l'atmosphère singulière de la petite ville où se déroule l'histoire - on est obligé de penser à "Ça". Pour autant, on découvre rapidement que C.J. Tudor tient la comparaison ; et qu'elle a l'intelligence de s'éloigner de ses inspirations pour tracer sa propre voie, avec une superbe maîtrise, des personnages joliment caractérisés, et des rebondissements pas trop nombreux mais toujours bien placés, jusqu'aux révélations finales à la hauteur du reste.
    Une auteure que je suivrai sans hésitation !

    25/11/2018 à 19:14 13

  • La République des faibles

    Gwenaël Bulteau

    9/10 Avec ce polar historique ancré à Lyon, dont la géographie et la sociologie de l’époque sont rendues avec précision et acuité, Gwenaël Bulteau frappe un grand coup pour son premier roman. Son suspense, il l’installe dans une ville nerveuse, sombre, déchirée, à l’image de la France de l’époque, tiraillée de violentes contradictions politiques, sociales, économiques. Le décor est saisissant, et pourtant, jamais déployé avec ostentation. Le tableau est toujours juste, et a le bon goût de ne pas prendre toute la place.
    Bulteau s'appuie aussi sur des personnages remarquables. Flics, voyous, témoins, simples passants, bourgeois, tous jouent des partitions subtiles et complexes, dont les variations ne cessent de surprendre, suivant les tours et détours d’une intrigue remarquablement dense et tourmentée, de bout en bout. Les zones d’ombre sont légion, les bonnes volontés se heurtent à la nécessité de faire parler la force, la menace et la brutalité pour obtenir des résultats.
    Et puis il y a la langue. Le style. Pas d’approximation chez Gwenaël Bulteau, on sent dès ce premier roman qu’il possède une véritable voix, et qu’il en use avec une belle maîtrise. Il tient son rythme sans jamais flancher, joue des registres de langue en évitant les clichés ; et si son roman laisse autant de traces en mémoire, la puissance des images suggérées par son écriture y est pour beaucoup.
    Un coup d'essai extrêmement brillant, qui ouvre la porte à une série dont j'ai hâte de découvrir les prochains épisodes.

    04/06/2021 à 09:37 13

  • Pension complète

    Jacky Schwartzmann

    8/10 La synthèse parfaite des deux précédents romans de Jacky Schwartzmann : de "Mauvais coûts", le romancier réitère l'acuité du regard social, son mordant, son ironie délicieuse, son sens des formules qui claquent, son humour bien sûr ; de "Demain c'est loin", il garde l'efficacité du récit, son énergie et son suspense. Toutes ces qualités mêlées donnent une comédie noire, hilarante et désenchantée, insolente et furieuse, joyeusement irrévérencieuse. Un régal de lecture qui se dévore en un rien de temps et réjouit durablement !

    26/11/2018 à 23:39 13

  • Territoires

    Olivier Norek

    9/10 Entièrement concentré sur son intrigue, évitant avec soin le piège de la psychologie de bazar tout en s'appuyant sur des personnages crédibles et réalistes, Olivier Norek poursuit le travail entamé avec Code 93, son premier roman : sonder les sombres arcanes des banlieues parisiennes, en particulier ce fameux 93 qu'il connaît bien pour y être flic depuis 15 ans.

    Au programme : organisation des trafics, lutte sauvage de territoires, embrasement orchestré des cités et sinistres magouilles municipales...le tout emballé dans une enquête impeccablement conduite et menée à un train d'enfer.

    Sidérant de justesse et d'énergie, ce polar tendu comme un arc est l'une des grosses claques de l'année !

    11/10/2014 à 00:25 13

  • L'Enfer de Church Street

    Jake Hinkson

    9/10 Drôle et noir, drôlement noir, noirement drôle, ce premier roman de Jake Hinkson est de ces petites merveilles qu'on ne peut reposer une fois qu'on a mis le nez dedans. C'est tout simplement irrésistible ! L'auteur pratique l’art du rebondissement inattendu avec une facilité d’autant plus réjouissante qu’il n’en rajoute jamais ; le récit prend des virages serrés sans jamais crisser des pneus, comme si tout y était parfaitement naturel (ce qui n’est pas souvent le cas).
    Un petit bijou (superbement traduit par Sophie Aslanides), cruel et réjouissant, qui se dévore sans trêve. A ne pas manquer !

    20/04/2015 à 20:15 12

  • Les Fils de la poussière

    Arnaldur Indridason

    8/10 Oh bah tiens, voilà une bonne surprise. De la part d'Indridason, en 2018 ? Avec son premier roman qui n'avait jamais été traduit en français ? Ben oui, justement, à cause de ça. Pourquoi ne pas avoir fait paraître ce livre plus tôt ? J'avoue, c'est un peu un mystère pour moi, car ce premier livre de la superstar islandaise tient carrément la route, sans déparer avec le reste des enquêtes d'Erlendur, qui fait donc ici une première apparition convaincante. L'histoire est émouvante, les personnages sont déjà bien campés, le récit est mené avec maîtrise. Loin d'être un fond de tiroir insignifiant, "Les Fils de la poussière" mérite largement le coup d'oeil, que vous soyez fan ou pas d'Indridason.

    27/11/2018 à 22:40 12

  • Nous rêvions juste de liberté

    Henri Loevenbruck

    9/10 De prime abord, c'est un Loevenbruck très surprenant. D'abord parce que ce n'est pas un thriller, ensuite et surtout par son style, volontairement naïf, approximatif, à l'image de son héros narrateur, très éloigné en tout cas de la fluidité habituelle du romancier. Puis, passées ces premières pages déconcertantes, on tombe peu à peu amoureux : de ces personnages écorchés vifs, de cette quête furieuse de liberté, de cette ode flamboyante (et parfois cruelle) à l'amitié, et de la manière dont Henri raconte la route, une forme d'Amérique fantasmée, et bien sûr la moto, au cœur de ce périple.
    Et vient le final, déjà, qui m'a mis par terre d'émotion, et qui plante ce bouquin et ses héros pour un bon bout de temps dans la mémoire. Une belle réussite, fragile et inattendue, d'autant plus précieuse.

    30/04/2015 à 08:50 12

  • Le Deuxième homme

    Hervé Commère

    8/10 Non, cent fois non, Hervé Commère ne nous ressert pas la même chose que dans ses précédents romans ! Rien que son écriture évolue, plus lyrique, plus tourmentée, à l'image de la psychologie tortueuse du narrateur. Il noue ensuite avec méticulosité un roman noir sur le couple, dont les secrets et les mensonges, parfois anodins, ou plus inattendus, peuvent conduire aux plus terribles extrémités. Beaucoup plus sombre que les précédents opus de l'auteur, ce Deuxième homme est un roman d'amour désenchanté, qui n'oublie pas de jouer la carte de la surprise et de la manipulation avec une révélation finale qui ne manque ni d'impact, ni de cruauté. Commère confirme, et avec la manière.

    17/10/2012 à 21:54 11

  • L'Essence du Mal

    Luca D'Andrea

    8/10 Lu à retardement, à l'occasion de sa sortie en poche, ce premier roman de Luca D'Andrea m'a agréablement surpris. Le décor montagnard est exploité avec beaucoup de brio, aussi bien ses paysages sauvages et mortels que ses habitants rugueux, recroquevillés sur leurs secrets. L'écrivain italien prend son temps, nous confronte à l'obsession de son héros - un personnage d'une profonde humanité en dépit de ses idées fixes, dont j'ai aimé les relations avec sa fille, sa femme ou son beau-père. D'Andrea prend le risque vers la fin d'ouvrir la porte à l'irrationnel, mais en laissant au lecteur le choix de l'inviter franchement ou non - un choix aussi risqué que malin et, à mon avis, parfaitement maîtrisé. Vraiment une belle découverte pour moi.

    27/11/2018 à 22:19 10

  • Battues

    Antonin Varenne

    9/10 Entre les mains d’un autre, "Battues" n’aurait pu être qu’un médiocre roman de terroir. Mais avec Varenne à la manœuvre, cette histoire prend des proportions dantesques, servie par son extraordinaire finesse psychologique et surtout son art de la construction romanesque. Petit à petit, au fil d'un récit non linéaire maîtrisé à la perfection, le romancier révèle ainsi la vaste trame d’un suspense courant sur plusieurs décennies, puzzle aussi délicat que diabolique dont il faut attendre de poser la dernière pièce pour saisir le tableau dans toute sa complexité. Ce garçon a décidément tous les talents !

    25/04/2016 à 20:26 9

  • Ce qu'il nous faut c'est un mort

    Hervé Commère

    8/10 Hervé Commère pousse pour la première fois son travail vers le roman noir social, engagé (à sa façon), délaissant les chers vieux truands et bandits d’honneur qui hantaient ses livres précédents pour se confronter aux voyous contemporains : les patrons amoraux, les fonds d’investissement cupides, les hommes de l’ombre dont le portefeuille a définitivement remplacé le cœur dans la poitrine. Il aborde le sujet sans naïveté ni angélisme, mais avec l’envie toutefois d'en découdre avec le réel et de rendre le monde meilleur, au moins en littérature.
    Et ça marche : ce "faux polar" rayonne d'humanité - une humanité malmenée, niée, atteinte dans son intégrité, mais plus que jamais rayonnante, insistante, résistante -, comme jamais dans l’œuvre d'Hervé qui n'en manquait pourtant déjà pas. C'est ce qui nous le rend si précieux, comme un baume qui apaise la brûlure du monde tel qu’il est. Magnifique !

    26/03/2016 à 07:49 9

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    9/10 Avec la trilogie Coste ancrée dans le 93, où il a longuement fait ses armes de policier, Olivier Norek a su imposer un univers et un style, tout en s'entourant d'une zone de confort familière. Avec ce quatrième roman, il prend le risque d'en sortir, et son pari est largement payant.
    Il s’impose clairement comme un auteur incontournable, créateur de suspense virtuose qu’il met au service d’un regard plein d’acuité sur la frénésie, la violence et la cruauté de notre monde, tout en se défendant de ces dernières par une empathie dingue pour des personnages profondément attachants. Un alliage imparable qui tout à la fois cogne et enthousiasme le lecteur, pour le laisser K.O. de bonheur polardesque, et peut-être un peu plus concerné par ce qui l’entoure.

    04/06/2021 à 11:14 9

  • Évasion

    Benjamin Whitmer

    6/10 Bon sang que c'est noir, noir, noir... Je ne peux pas être surpris, j'avais lu "Pike", le premier roman de Whitmer, qui frappait déjà fort dans ce registre. Crasseux, désespéré, moche : les ingrédients sont à nouveau réunis dans cette histoire d'évasion de prison qui tourne mal, forcément. Le suspense à ce sujet n'est pas forcément ce qui préoccupe le plus le lecteur, l'intérêt réside dans les personnages, dans le portrait de leurs âmes perdues, et dans le style sans concession du romancier. C'est brut, direct comme un uppercut en pleine gueule, du genre qui t'enfonce le nez jusqu'au cerveau.
    Alors, oui, je reconnais que c'est réussi, mais je ne peux pas pour autant noter haut ce roman qui m'a épuisé, assommé, presque dégoûté par tant de noirceur. Il y a quelques années, je supportais volontiers ce genre d'expérience extrême. Plus maintenant. Conséquence de l'âge ou du fait d'être papa, allez savoir...
    Donc, objectivement, c'est bien fait, bien mené, assumé. Subjectivement, il faut aimer se faire mal et se confronter à ce que l'humain peut produire de pire. Pas pour tout le monde, quoi.

    27/11/2018 à 22:55 9

  • Les Impliqués

    Zygmunt Miloszewski

    7/10 Un polar polonais est déjà en soi une curiosité. Celui-ci permet en outre de plonger dans les zones d'ombre de l'histoire de la Pologne, tout en s'intéressant à un modèle de psychothérapie de groupe, la constellation familiale, qui donne quelques scènes fortes au roman. Un petit côté Mankell dans le rythme, la banalité des personnages et la caractérisation du héros, englué dans une quarantaine qu'il a du mal à passer. Un bon polar, dépaysant et plutôt malin dans sa construction.

    20/04/2015 à 19:59 9

  • Ragdoll

    Daniel Cole

    8/10 Je ne lis plus beaucoup de thrillers dans les règles de l'art. J'en ai trop lu pour ne pas être dérangé par les grosses ficelles trop souvent employées par des auteurs en panne d'innovation, ni par les excès de violence (trop souvent gratuite) gorgeant de sang des pages vite tournées, et aussi vite oubliées.
    Alors, pourquoi "Ragdoll" a-t-il fait la différence ? Les ingrédients sont pourtant là : ambiance crépusculaire, tueur en série totalement dingue, meurtres sordides, rebondissements hallucinants... mais j'ai trouvé que Daniel Cole tenait le tout avec une maîtrise impressionnante, et que ses personnages - taillés à l'anglaise, en profondeur et en contournant les stéréotypes avec intelligence - contribuaient largement à la puissance et à l'intérêt du roman.
    Une excellente surprise pour moi, donc, en attendant une éventuelle confirmation avec "L'Appât", suite annoncée de ces débuts réussis.

    26/11/2018 à 10:24 9

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    8/10 Un livre superbement construit, avec une audace dans l’élaboration de l’histoire qui a emporté mon adhésion. Je n’aime rien tant qu’être étonné, surtout en polar, et là Colin Niel m’a parfaitement cueilli, aussi bien par les ramifications du récit que par son écriture, dont les changements de registre sont remarquables et permettent de faire exister avec force les cinq narrateurs successifs. Une superbe réussite à tous points de vue.

    04/06/2021 à 11:21 9

  • Trois jours et une vie

    Pierre Lemaitre

    6/10 J'ajoute ma voix au clan des (relativement) déçus par ce nouveau roman de Pierre Lemaitre, le premier depuis son Goncourt. Ereinté par le tourbillon médiatique causé par son prix littéraire, le Pierre ? C'est possible et on ne saurait lui en vouloir. En attendant, si ce livre compte de belles pages sur la culpabilité, le climat pesant des petites villes où tout le monde se connaît, et un passage de description de tempête étourdissant (de loin le moment le plus digne de ce dont il est capable), Lemaitre vaut beaucoup mieux à mon avis que cette histoire poussive, sorte de roman noir au parfum pesant de terroir mal digéré, guère plus intéressant qu’un scénario de téléfilm pour France 3. Et je ne parle pas de la fin, tentative de twist capillotracté qui débouche sur le genre de pschiiit amer que dégagerait une bouteille de Coca ouverte depuis trop longtemps.
    Bref, un avis sévère, à la hauteur de la déception ressentie lorsqu'un auteur fortement estimé n'atteint pas les sommets auxquels il nous a habitués... mais ça reviendra !

    21/03/2016 à 09:02 9

  • Une plaie ouverte

    Patrick Pécherot

    9/10 Œuvre magistrale, "Une plaie ouverte" fait partie de ces romans qui exigent beaucoup des lecteurs, pour mieux les servir en belle littérature, puissante et intelligente. S'appuyant sur une construction très élaborée, dans laquelle il faut accepter de suivre l'auteur en lui accordant toute confiance (encore plus que dans "Tranchecaille", pour ceux qui auront lu cet autre monument signé Pécherot), l'intrigue nous entraîne au coeur de l'Histoire, de la Commune de Paris à la Conquête de l'Ouest américain, pour une réflexion minutieuse sur la frontière entre le mythe et la réalité, ce que reconstitue la mémoire et ce qu’affirment les faits historiques. Pas facile, mais époustouflant pour peu qu'on se donne le temps et la patience de mériter ce grand livre.

    30/10/2015 à 11:18 9