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Jusqu'au dernier
8/10 Russell, un vieux cow-boy proche de la sortie, s'est pris d'affection pour Benett, un jeune adulte orphelin simple d'esprit. Son emploi étant menacé par l'arrivée imminente du train dans le Montana, il décide que ce long voyage avec un troupeau de vaches sera son dernier, avant de s'installer en tant qu'éleveur, pourquoi pas... Seulement, à Sundance, où ils font hâlte, Benett est retrouvé mort, le crâne fracassé sur une pierre. A ses côtés, une flasque d'alcool fort. C'est le détail qui convainc Russell que le meurtre du jeune homme a été maquillé en accident, lui qui n'a jamais bu une goutte. Désormais, rien n'arrêtera Russell tant que sa vengeance n'aura pas été totale.
Le scénario n'est pas fou d'originalité mais il est efficace et tient le lecteur en haleine sans coup férir du début à la fin. Le dessin de Paul Gastine est d'une rare beauté et l'on prend un réel plaisir à arrêter son regard sur certaines cases, y compris muettes, pour observer de plus près tel visage, tel paysage, ou même tel pistolet. Une BD western de très bonne facture !04/06/2020 à 22:10 5
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Saint Rose, A la recherche du dessin ultime
7/10 Au cours d'une soirée arrosée commencée à jouer le rôle de Vincent Van Gogh peignant dans une boîte de nuit, Hugues Micol se fait voler son dessin ultime, celui qu'il a réalisé dans un moment d'épiphanie comme on n'en vit qu'un dans une vie. Avec une plume verte comme seul indice, il va trouver Santorin Saint Rose, le célèbre détective-aventurier, seul à pouvoir réaliser l'impossible.
Si vous êtes très terre-à-terre, passez votre chemin. Cette bande dessinée on ne peut plus originale est abracadabrantesque. Scarlett se fait enlever par les sosies de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir dotés de superpouvoirs, on y croise un homme cochon, un domestique papou (Comment ?!), des méchants en tous genres, Captain America, et les poules ont déjà des dents ! Et en guest star un brin pathétique, Hugues Micol himself, avec un running gag sur sa condition d'auteur de BD. C'est tout d'abord déconcertant, souvent absurde, parfois limite surréaliste mais assez plaisant une fois franchi le cap de lâcher-prise nécessaire pour passer un bon moment. Les dessins sont soignés et les couleurs d'Isabelle Merlet chatoyantes à souhait. Une BD truculente et on ne peut plus originale qui rappelle par certains aspects L'Île du Point Némo, ne serait-ce que par l'imagination débridée et les innombrables clins d’œil dont font preuve les deux auteurs.04/06/2020 à 21:55 1
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Homicide
6/10 J'ai apprécié cette déambulation noire dans les rues de Marseille. La BD s'ouvre sur un joli poème d'Amine Medjoub à propos d'un SDF marseillais. Les dessins de Kamel Khelif, tout en nuances de gris et proches de la peinture sont d'une beauté curieuse malgré les traits peu réalistes des personnages. Beaucoup de cases sont muettes, parfois des planches entières. Le scénario est étrange, presque absent, et bien des questions restent en suspens dont la principale...
Étonnante BD (sortie en 1995 et sans doute épuisée depuis longtemps).04/06/2020 à 13:39 2
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La petite écuyère a cafté
Jean-Bernard Pouy, Nikola Witko
6/10 D'après mes souvenirs (lointains) du roman, j'ai l'impression que l'adaptation est fidèle. En 64 planches peu bavardes, l'essentiel est condensé. Le Poulpe ne ressemble pas vraiment à l'idée que je m'en faisais, mais il a déjà revêtu plusieurs visages, notamment au cinéma. Le choix du noir et blanc ne m'a pas dérangé (ça s'y prête bien) mais je n'ai pas accroché au style du dessin choisi par Nikola Witko (gros traits noirs, un peu comme du Götting). Heureusement, l'intrigue est efficace, (sur fond de suicide maquillé et de cathos intégristes), et l'humour de Pouy est au rendez-vous.
04/06/2020 à 13:01 2
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Calme plat
8/10 Après Le Bikini de diamants (Fantasia chez les ploucs) et Hot Spot (précédemment Je t'attends au tournant), les éditions Gallmeister poursuivent de donner une seconde vie à l’œuvre de Charles Williams. Dead Calm, paru en 1963 était devenu Sang sur mer d'huile à la Série Noire en 1965 avant d’être réédité sous le titre Calme blanc en 1997. Il s’agit ici d’une nouvelle traduction signée Laura Derajinski.
Les vieux de la vieille du polar ne découvriront sans doute pas grand-chose ici tant Charles Williams, auteur à la quinzaine de romans pour la plupart adaptés au cinéma, fait figure de référence.
Pour ceux qui ne l’ont encore jamais lu, ce dépoussiérage par les éditions Gallmeister est une excellente idée. Les couvertures sont réussies et les traductions fort agréables. Calme plat est un roman à suspense bien construit, qui fait douter le lecteur quant aux véritables motivations des uns et des autres. Ils semblent tous avoir une part d’ombre et être moins francs qu’ils ne veulent s’en donner l’air. La psychologie des personnages est très travaillée. Le style est efficace, sans fioritures. Hormis quelques rares passages un brin bavards, le rythme est trépidant et l’on ne voit pas passer le temps à bord de ces deux voiliers, qui font de ce roman une espèce de huis clos malgré l’immensité de l’océan. Opérateur radio pour la marine marchande dans sa jeunesse, l’auteur a bourlingué sur toutes les mers du monde. On le sent particulièrement à l’aise à décrire les bateaux et à expliquer par ses personnages les rudiments de la navigation hauturière.
On prend du plaisir à voir ces personnages tenter de survivre malgré les conditions et leurs « compagnons » dont les intentions ne sont pas toujours des plus louables. Gageons que beaucoup de lecteurs n’ayant pas encore dévoré Charles Williams prendront plaisir à découvrir son œuvre par ces nouvelles traductions parues dans la collection Totem. Trois sont parues à ce jour. En attendant de prochaines ?30/05/2020 à 15:35 7
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Les Chasseurs
Charlie Adlard, Robert Kirkman
8/10 Convaincus par Eugene que rester au même endroit est dangereux, nos quelques survivants se déplacent en permanence, toujours sur le qui-vive, en direction de l'Est, avec dans l'idée de rejoindre Washington si possible.
Seulement, ils ne sont pas les seuls sur les routes, et les plus dangereux ne sont pas toujours les "rôdeurs". Un épisode horrible à souhait.28/05/2020 à 13:58 2
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Le sang ne suffit pas
8/10 Les lecteurs français avaient pu faire la découverte d’Alex Taylor en 2016, avec la parution dans feu la collection Néo Noir de Le Verger de marbre (Grand Prix du Roman noir étranger du Festival de Beaune en 2017). Il se déroulait plus près de nous et dans le Kentucky. Autre période, autre ambiance, pour ce western noir inédit en anglais pour l’heure, Gallmeister signant ici, grâce au remarquable travail d’Anatole Pons-Reumaux, la première publication mondiale de ce titre.
On peut qualifier le roman de choral puisque l’on suit tantôt Reathel, tantôt d’autres personnages, principalement des habitants de Bannock, à la merci de la rudesse de l’hiver et de la menace des Shawnees.
La langue, assez soutenue, est très belle et il n’est pas rare de découvrir un mot inconnu au détour d’une page. Les paysages des Crazy Jack Mountains sont aussi joliment donnés à voir.
C’est à peu près les seules traces de beauté dans ce roman où la noirceur est très présente, que ce soit dans les comportements des personnages – égoïstes et irrécupérables pour la plupart –, dans les conditions climatiques mortifères ou même dans les rencontres inopinées avec la faune locale, tout aussi affamée que les humains, lesquels présentent donc un fort potentiel de protéines.
Le sang ne suffit pas est en quelque sorte un roman où chacun essaie de survivre avant tout. Il est vrai que les conditions que traversent les protagonistes ne favorisent guère la confiance en l’autre et l’envie d'aider son prochain.
Le suspense est présent du début à la fin et l’on se demande à plusieurs reprises comment tout cela va bien pouvoir se terminer, quand bien même la réponse semble assez inéluctable. Comme cela a commencé : par de la neige rougie. Si l’action est présente, les personnages sont parfois confrontés à des dilemmes intéressants et certaines questions qu’ils se posent en cours de route amènent à quelques réflexions fertiles.
Différent de son précédent roman, Le sang ne suffit pas est un superbe western crépusculaire qui devrait ravir les amateurs du genre. Une belle réussite qui, comme Les Frères Sisters, pourrait faire l’objet d’une adaptation cinématographique mémorable.28/05/2020 à 13:41 10
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Vers quel avenir ?
Charlie Adlard, Robert Kirkman
7/10 Au programme de cet opus, les retrouvailles entre quelques survivants et un rebondissement imprévisible bien flippant. Nos héros essaient de trouver un nouveau lieu pour s'installer, mais le pire est à l'horizon : une horde : un groupe de rôdeurs innombrable, sans commune mesure avec les autres.
Le second cycle continue de s'installer dans ce tome assez calme et parfois même introspectif.27/05/2020 à 23:32 2
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Ceux qui restent
Charlie Adlard, Robert Kirkman
7/10 Peu de survivants suite à la Bérézina de l'épisode précédent. Pour ceux ayant réussi à fuir la prison à peu près entier, il faut réapprendre à survivre à la dure. Être toujours sur ses gardes, manger des conserves, chercher de l'eau... Et faire avec ces vagues de tristesse et de remords qui vous submergent. Et si j'avais fait ci, et si je n'avais pas fait ça, est-ce qu'un.e.tel.le serait toujours vivant.e ?
Un épisode plus calme, pour soigner ses plaies, commencer à faire son deuil et repartir de l'avant.27/05/2020 à 23:12 1
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Une Vie de souffrance
Charlie Adlard, Robert Kirkman
8/10 Après le calme de l'opus précédent, la tempête s'abat sur nos survivants. Et quelle tempête ! Désertions, assaut en bonne et due forme de la base et morts en cascade. Personne ne sortira indemne de ce tome qui compte sans doute parmi les plus létaux de la série.
Le lecteur non plus ne ressortira pas tout à fait indemne de cette lecture (effectivement violente) qui secoue sacrément.
27/05/2020 à 22:23 1
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Dans l'oeil du cyclone
Charlie Adlard, Robert Kirkman
6/10 Nos survivants du camp sont presque certains d'une attaque imminente des habitants de Woodbury. Il se préparent donc à la défense de la base en allant faire tous les pleins possibles : essence, nourriture, véhicules, armes, bon temps...
Et pour le lecteur, une pause, ou presque, dans cet épisode de transition au rythme sensiblement moins trépidant qu'à l'accoutumée. Le calme avant la tempête.27/05/2020 à 22:18 1
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L'Ecrivain public
9/10 Paru outre-Atlantique en 2016, The Letter Writer a connu un beau succès d’estime et même été élu meilleur roman policier de l’année par le New York Times. Premier roman de Dan Fesperman a paraître au Cherche Midi, L’écrivain public devrait ravir les amateurs de polars historiques. À la lecture, on ne peut s’empêcher de penser assez vite aux romans de feu Philip Kerr. De par le contexte bien sûr : la Seconde Guerre mondiale bat son plein en Europe et on commence à trouver curieux que des familles entières soient envoyées voyager en train on ne sait où. Outre-Atlantique, certains « patriotes » n’hésitent pas à soutenir financièrement le régime nazi depuis les États-Unis. Mais aussi de par le caractère bien trempé de Woodrow Cain. Comme Bernie Gunther, il a quelques difficultés à obéir à sa hiérarchie, surtout quand celle-ci lui semble prendre des décisions quelque peu suspectes. Plus opiniâtre qu’une mule, rien ne peut l’empêcher de mener à bien une mission, surtout si on essaye de l’en dissuader.
L’intrigue, fortement inspirée par des faits réels, est passionnante du début à la fin et les rebondissements nous surprennent plus d’une fois. Les personnages sont bons. On pense à Cain bien sûr : charismatique, cynique parfois, à la fois rude et fragile – suite aux soucis de santé de son ex-femme, il prend son rôle de père très à cœur. Le personnage de Danziger, inspiré d’un personnage réel, est l’un des plus intéressants croisés dans un polar ces dernières années. Maîtrisant plusieurs langues à la perfection, il écrit des courriers pour des personnes fraîchement arrivées sur le sol américain et/ou illettrées. Confident d’une multitude de gens, de fait, il a accès à un nombre d’informations inestimables ce qui en font un allié de choc, mais aussi quelqu’un de dangereux pour des personnes qui ne voudraient pas que certaines choses s’ébruitent.
Les lecteurs les plus férus d’histoire américaine ou connaisseurs de l’âge d’or du gangstérisme américain reconnaîtront sans peine quelques noms. En effet, une grande partie des bandits croisés dans ce récit ont vraiment existé, et il en va de même des personnalités politiques ou de la police. Même certains événements décrits au cours de l’histoire ont eu lieu en réalité.
Journaliste de métier – il a longtemps été reporter de guerre – Dan Fesperman signe avec L’écrivain public un passionnant polar historique, solidement documenté sans jamais être rasoir. Ses 450 pages sont un régal et si l’auteur a d’autres romans de cette qualité sous la pédale, on ne peut que les attendre avec une certaine impatience.25/05/2020 à 22:43 6
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Vengeance
Charlie Adlard, Robert Kirkman
7/10 Toujours centré sur les trois personnages partis en mission dans le tome précédent et désormais retenus captifs par le Gouverneur, cet opus a un rythme différent des précédents et les "voraces" (comme les habitants de Woodbury les appellent) y apparaissent presque à la marge.
Extrêmement violent – une scène est très difficilement soutenable – ne laissez pas cette série ,et cet opus tout particulièrement, traîner à portée d'enfant...
Comme souvent, ce sixième tome se termine par un cliffangher qui annonce la suite. Rick et ses compagnons ne sont pas sortis de l'auberge !25/05/2020 à 12:24 2
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Monstrueux
Charlie Adlard, Robert Kirkman
8/10 En mission à l'extérieure du camp pour récupérer de l'essence, Rick, Glenn et Michonne voient un hélicoptère voler non loin d'eux puis... s'écraser ! Trop intrigués, ils décident d'aller voir de quoi il en retourne et s'il y a des survivants. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises.
Un tome centré sur trois des personnages, qui vont clairement en prendre plein la tronche. Et ça ne fait que commencer, Kirkman n'est décidément pas du genre à être Bisounours avec ses héros. Difficile de ne pas se ruer sur le tome 6 pour savoir ce qu'ils vont devenir.23/05/2020 à 23:43 2
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Jacqui
8/10 Original, surtout pour l’époque – la première version du texte, intitulée Dearest, est parue en 1983 – Jacqui est un roman à la fois étonnant et sans surprises. Sans surprises – ou très peu – parce qu’on connaît dès le départ le sort funeste de Jacqui et que les raisons ayant poussé la narrateur à commettre l’irréparable ne sont pas d’une originalité folle. Étonnant, car peu de livres, surtout alors, nous ont immergés à ce point dans la psyché d’un homme devenu assassin. Un homme plutôt ordinaire d’ailleurs, malgré une misogynie prononcée et une inclination à la misanthropie. Son témoignage – qui s’approche parfois de la confession – courant sur près de 250 pages, lassera peut-être certains lecteurs. Pendant deux tiers du roman, le narrateur s’épanche sur sa vie, sa rencontre avec Jacqui, leur histoire commune et assure sa défense à force d’arguments plus ou moins discutables. Dans un second temps, il nous explique par le menu comment il a procédé pour cacher sa mort et s’éviter les ennuis. Aucune autre voix ne nous donne des informations sur cette histoire, entièrement racontée par l’assassin à la première personne. Ce qui fait qu’on en vient peu à peu à le comprendre. À lire toutes ces justifications livrées avec aplomb, pour un peu, on l’excuserait presque, ce qui est assez troublant (et sans doute tout à fait voulu). La conclusion est à l’image du récit, originale et non dénuée d’un certain humour noir très british.
S’il n’est pas le seul roman mettant en scène un assassin dans une narration à la première personne, loin de là, Jacqui, dérangeant et habilement amené, est l’un des plus captivants du genre et on comprend pourquoi les éditions Tusitala l’ont sorti de l’oubli.21/05/2020 à 18:09 3
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Ça
4/10 Sans être un grand fan de Stephen King, j’en ai lu quelques uns. J’en ai appréciés certains, aimés d’autres, La ligne verte et 22/11/63 notamment. Plus rarement, j’ai été déçu (Cellulaire), et je suis passé à côté de Dreamcatcher, que j’avais trouvé excessivement long pour pas grand-chose au final.
En toute honnêteté, si je n’avais pas acheté la version audio de celui-ci, je ne serai sans doute pas allé au bout. Je me suis forcé à le terminer pour voir si la fin était bonne. J’ai trouvé ça encore pire que le reste. Je ne peux pas trop en dévoiler mais disons que j’ai trouvé une certaine scène où la plupart des protagonistes se trouvent dans les égouts particulièrement grotesque et douteuse.
Si ce titre est aussi connu, j’imagine que c’est avant tout pour la figure du clown maléfique et la mise en scène des peurs de l’enfance plutôt que pour la qualité du scénario (très inégale) ou la profondeur des personnages (souvent assez caricaturaux).
Beaucoup d’aller-retour dans le temps et même des historiettes parallèles – on pense à l’histoire du Black Spot par exemple – qui allongent d’autant le roman mais qui sont parfois, paradoxalement, plus intéressantes que l’intrigue principale, laquelle ne va pas assez droit au but à mon goût (comme si Stephen King avait voulu faire durer le plaisir).
Les scènes d’épouvante, qui devraient être la base de ce type de roman, ne sont pas toujours bien écrites (ou traduites ?). Certaines m’ont plus fait rire de par le style et les mots utilisés qu’effrayé et j’ai eu assez vite l’impression que tout cela tournait en rond.
À choisir, j’ai préféré les scènes de robinsonnades du Club des ratés dans les « Friches mortes ».
En bref, un pensum les deux tiers du temps. Je ne comprends pas l’engouement qu’a pu avoir ce livre, à mon avis très loin en qualité des meilleurs romans écrits par Stephen King. À réserver aux aficionados du « maître de l’horreur ».17/05/2020 à 13:33 3
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La Crête des damnés
8/10 Si les deux premiers romans de Joe Meno parus chez Agullo (Le Blues de la harpie & Prodiges et miracles) pouvaient s’apparenter à du « noir », il n’en est rien de celui-ci. Il est le roman d’une époque, les USA des 90’s, et d’un milieu social, populaire, pour ne pas dire pauvre. Il est aussi, sinon un roman « musical » tout au moins un roman qui fait la part (très) belle à la musique. Les références sont innombrables, si bien qu’une playlist consacrée au roman disponible sur Spotify fait quasiment cinq heures. Pour ceux qui ne connaissent pas, ou très peu, les genres évoqués (punk et metal principalement) et qui sont curieux, cet ouvrage est d’ailleurs une porte d’entrée sympathique vers cet univers. Il m’a vite semblé impossible de passer ces 350 pages avec Brian, Gretchen, Kim et les autres sans écouter ce qu’ils écoutent : des noms qui me parlent vaguement mais très loin de ce que j’écoute : Misfits, Guns N’ Roses, Black Sabbath, Mötley Crüe, Dead Kennedy, Ramones…
L’invitation de Gretchen au bal de Homecoming, rassurez-vous, ce n’est pas ce qui importe vraiment dans cette histoire. C’est un espèce de fil rouge qui devient rapidement humoristique, un peu comme le M. De Mesmaeker dans Gaston avec la signature de ses fameux contrats. Et comme dans cet exemple, inviter Gretchen au bal, et bien c’est pas simple, RROGNTUDJÛ !
En ouvrant La Crête des damnés, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais car le sujet était loin de mes lectures habituelles et j’ai craint qu’il puisse ne pas me plaire.
J’ai passé un bon moment avec Brian – auquel on s’identifie assez facilement lorsqu’on est un gars hétéro timide – et ses copains, dans cet univers musical que j’ai pris plaisir à découvrir. Un roman qui sort de ce que je lis d’ordinaire mais un vrai plaisir de lecture.14/05/2020 à 14:20 4
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Mictlan
8/10 À partir de ce sinistre fait divers, Sébastien Rutès, grand connaisseur de l’Amérique latine et de sa littérature – qu’il a enseignée pendant quinze ans à l’université – a imaginé ce court roman noir désespéré qui se lit d’une traite. De par sa noirceur et sa violence, il n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il pourrait également déplaire de par certains partis pris stylistiques qui font pourtant la force de ce texte. En effet, la plupart des parties, mettant en scène les deux conducteurs du semi-remorque, Gros et Vieux, sont écrites d’un seul tenant, sans interruption. Chaque paragraphe – ils peuvent courir sur quelques pages comme sur une dizaine d’entre elles – est une seule et interminable phrase, entrecoupée de virgules et de quelques autres signes de ponctuation. On a l’impression d’être en apnée, de ne pas pouvoir respirer. C’est au départ très perturbant, et puis l’on se dit que c’est sans doute exactement ce que voulait faire l’auteur. C’est donc réussi. Car comme Vieux et Gros, qui n’ont pas le droit d’arrêter leur camion sauf pour faire le plein – ils font leurs besoins par la fenêtre –, on ne peut s’arrêter de lire Mictlán. Certaines scènes oniriques, fantasmées, nous font comprendre qu’avec ces 157 cadavres dans la remorque, la fatigue accumulée, leur sombre passé, les produits pour rester éveillé… nos deux hommes sont aux limites de la folie. Les élections arrivent et le Gouverneur a promis pour se faire réélire une baisse de la criminalité. Ces cadavres ne doivent pas réapparaître, le Commandant a été clair. Il faut rouler sans cesse, sans se faire contrôler par la police ou l’armée. En cas d’arrêt prolongé du véhicule, c’est la mort qui attend Gros et Vieux, rien d’autre. L’alternative est on ne peut plus claire. Ils sont donc prêts à tout pour mener leur mission à son terme.
Éreintante, la lecture de Mictlán est une curieuse expérience littéraire que l’on ne saurait conseiller qu’aux lecteurs aguerris et pas trop sensibles. Un véritable travail de styliste de la part d’un auteur dont on a désormais envie de poursuivre la découverte de l’œuvre (cinq romans parus chez trois éditeurs entre 2008 et 2018).12/05/2020 à 00:29 8
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Mille Miglia
Michel Constant, Denis Lapière
6/10 Une BD gentillette mais agréable à lire dans laquelle un jeune garagiste qui se rêve pilote de course va être amené à faire la course dont il rêve, les Mille Miglia, à la demande d'un mafioso. Un scénario simple, quelques rebondissements, de l'action et un dessin assez naïf pour une BD divertissante mais sans plus.
10/05/2020 à 17:33 1
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J'irai tuer pour vous
8/10 Vous n’aimez pas trop les romans d’espionnage ? Vous n’êtes pas contre un peu d’aventure mais la taille des romans de DOA vous fait aussi froid dans le dos que des listes d’acronymes qui sont presque du chinois pour vous : DGSE, DST, DGSI… ? La politique-fiction ne vous rebute pas mais vous peinez à vous attacher aux personnages de Thomas Bronnec ou Dominique Manotti ? Ce roman d’Henri Loevenbruck est peut-être fait pour vous.
Largement inspiré de la carrière hors du commun d’une personne que l’auteur connaît bien, J’irai tuer pour vous allie rigueur documentaire et souffle romanesque. On sent que l’auteur, qui a longuement interrogé « Marc », s’est intéressé de très près à toutes ces questions de renseignements sensibles et au traitement de ceux-ci jusqu’aux plus hauts sommets de l’État, notamment en temps de crise ou d’élections. Ici, la gestion des otages au Liban tout particulièrement, avec ce que les calculs politiciens peuvent avoir d’abjects quand des vies sont en jeu, et pas seulement celles des journalistes capturés. Pour autant, Henri Loevenbruck ne nous donne pas à voir de manière trop froide ces évènements. Marc a de sacrées fêlures dans la carapace et sa rencontre avec Pauline après des années de beuveries et d’histoires d’un soir est une révélation. Certains passages avec son grand-père, à qui la famille allait rendre visite en Bolivie depuis Lorient, sont assez émouvants. La figure de Papi José a beaucoup compté pour Marc et a sans doute largement contribué à développer son côté intrépide et rebelle.
S’il nous apprend parfois des choses, sur les services secrets notamment, l’auteur fait la part belle à l’action et au suspense. Certains lecteurs trouveront peut-être, comme souvent dans ce genre littéraire, que le protagoniste, sans être un James Bond non plus, se sort parfois très bien de situations pourtant mal embarquées.
Rappelant par moment Je suis Pilgrim, le côté américanophile un peu pénible en moins, J’irai tuer pour vous est un récit d’espionnage d’excellente facture. Après avoir abordé le Moyen Âge, les sectes, l’alchimie ou encore avoir écrit plusieurs romans de fantasy, Henri Loevenbruck démontre une fois de plus, s’il en était encore besoin, qu’il a plus d’une corde à son arc.10/05/2020 à 14:40 13