Charliebbtl

127 votes

  • Jeu de massacres

    James Patterson, Howard Roughan

    8/10 Encore une fois James Patterson a fait mouche, selon moi. Il reprend la même recette : des chapitres très courts, un rythme endiablé, des morts à la pelle et des enquêteurs un peu dépassés mais déterminés. Toujours pas de super flics, mais des êtres désireux de mettre un terme à une mise en scène morbide organisée par un meneur de jeu adepte des parties de cartes. Au final, une recette qui m’a, encore une fois, offert un chouette moment de lecture. D’aucuns diront que c’est du polar de gare. Eh bien, oui ! Mais de temps en temps, cela ne fait pas de mal et ça vide l’esprit pour quelques heures.

    05/04/2020 à 17:49 1

  • Les Chiens de Détroit

    Jérôme Loubry

    8/10 Je vais être très franc. Ce roman m’a fait très peur. Peur comme c’est le cas pour tous ces romans pour lesquels les critiques s’emballent au point d’en faire des œuvres inoubliables, créant alors chez les lecteurs des attentes trop souvent déçues. Peur ensuite parce que durant les 200 premières pages, j’ai passé mon temps à me dire « Mais j’ai déjà lu cela quelque part ». En gros, une impression de réchauffé. Après tout, on peut aussi se dire que pour un premier roman, on cherche à reproduire ses modèles et cela s’avère somme toute normal. Sauf que Jérôme Loubry ne s’arrête pas à ces 200 pages et passe la deuxième, puis la troisième avant de s’emballer pour un rodéo final de 100 pages parfaitement réussies voire inoubliables. Je confirme : ce roman est un petite bombe même si elle s’avère à retardement.
    Au final, un excellent polar à découvrir sans a priori tant le dénouement se révèle être une véritable réussite.

    05/04/2020 à 17:44 3

  • La Cité de feu

    Kate Mosse

    8/10 Je dois avouer que la lecture de ce roman bien épais (600 pages) s’est révélé être finalement une très agréable surprise. En effet, je n’avais pas lu la première trilogie de Kate Mosse mais la thématique de ce nouveau roman fait sans doute partie de mes périodes historiques de prédilection. Et je ne cache pas que le fait qu’une bonne partie de l’histoire se déroule à Toulouse a beaucoup aidé également à mon adhésion. En effet, les scènes toulousaines se déroulent à quelques centaines de mètres de chez moi. En somme, je me suis retrouvé ainsi plongé en plein cœur de l’intrigue malgré moi.
    Ce qui est intéressant dans ce roman, c’est que, dès le prologue, on constate que nous nous lançons dans une aventure au long cours, dans la mesure où l’on se retrouve au XIXe siècle en Afrique du Sud. On pourrait ainsi penser que l’on nous a vendu du rêve et, pourtant, tout s’explique très rapidement puisque cette scène se révèle être la conséquence de faits s’étant déroulés plus de 300 ans auparavant. Alors que le prologue s’achève sur un « drame », Kate Mosse entretient le suspense en nous ramenant en quelques secondes aux prémices des guerres de religion en plein Languedoc. On comprend alors que la résolution de l’énigme soulevée dans le prologue devra attendre le troisième tome, ou comment savoir mettre en place un teasing de malade.
    Pour ce premier tome, je dois reconnaître que l’intrigue est parfaitement maîtrisée, mêlant vérités historiques et fiction de qualité autour d’un secret de famille teinté de jalousie et de désir de vengeance. C’est passionnant et particulièrement addictif. Chaque personnage a un véritable rôle à jouer dans la résolution de l’énigme qui démarre avec un simple courrier anonyme remis à Minou (surnom de Marguerite Joubert) alors que la répression contre les huguenots commence à poindre dans le Languedoc : "Elle vous sait en vie".
    Qui est ce « elle » ? En quoi cette connaissance pourrait s’avérer dangereuse pour la jeune fille ? Voilà quelques questions auxquelles Minou va devoir répondre afin de comprendre quelle destinée lui est réservée dans un contexte historique plus que tumultueux. Kate Mosse, là encore, réussit à entretenir ce suspense tout en dévoilant peu à peu le mystère à travers des chapitres de monologue intérieur où ce fameux « elle » explique peu à peu ses motivations à vouloir impérativement retrouver Minou.
    Quant aux personnages, j’ai surtout apprécié le binôme Piet/Vlad, sorte de frères ennemis dont l’amitié est anéantie lorsque les rivalités religieuses entre catholiques et huguenots commencent à se matérialiser dans les faits. Les scènes de barricades et de démolition de certains quartiers toulousains sont à la hauteur de la rupture du lien qui les unissait adolescents. Chacun est dévoué à sa cause. Piet choisit le camp huguenot car il ne parvient pas à comprendre les valeurs chrétiennes fondées sur des superstitions, des mensonges et des ambitions finalement peu catholiques. Quant à Vlad, on peut lui trouver un petit côté Frollo par son incapacité à combattre ses pulsions amoureuses. Mais c’est surtout son ambition personnelle qui rend le personnage antipathique et si révélateur de l’aveuglement du clergé de l’époque pour qui tous les moyens étaient permis afin d’anéantir la « menace » protestante. On peut, toutefois, se poser la question à la fin du roman : qui, de Piet ou Vlad, mérite le Paradis ? La réponse est finalement assez vite trouvée.
    L’épilogue prépare enfin le lecteur à une attente presque fiévreuse du second tome qui s’annonce particulièrement sanglant. En effet, Kate Mosse a décidé de le placer sous le signe de l’épisode emblématique de cette période : le mariage entre Henri de Navarre et Marguerite de Valois et, bien entendu, la nuit de la Saint-Barthélemy. Réussira-t-elle à faire aussi bien que Dumas avec "La Reine Margot" ? On l’espère grandement.
    Au final, un roman que je vous encourage vraiment à découvrir, que vous soyez amateur de roman historique de bonne qualité ou simplement d’intrigue à suspense qui se lit sans fin. Pour ma part, je n’hésiterai pas à me lancer dans le second tome dès sa sortie.

    05/04/2020 à 12:40 2

  • L'Art du meurtre

    Chrystel Duchamp

    6/10 Ce que l’on peut reconnaître à Chrystel Duchamp, c’est d’avoir réussi à construire une intrigue qui se tient de bout en bout. On suit l’enquête à une vitesse folle, facilitée par le recours à des chapitres courts qui ne laissent la place à aucune digression. En cela, c’est efficace et addictif. On explore diverses pistes sans savoir que finalement tout est lié mais l’art de l’auteur réside dans le fait que ce lien, tel un fil d’Ariane, ne prend vie que deux ou trois chapitres avant la fin. Quant à l’épilogue, même si on s’y attend un peu (j’en reparlerai par la suite), il a quand même de quoi glacer le sang.
    La réussite du livre repose également sur les descriptions des scènes de crime qui parviennent littéralement à mettre mal à l’aise le lecteur. Et cela va crescendo. Autant le première scène par sa mise en scène nous semble presque relever de l’habituel, tant les films policiers et séries télés du même genre en regorgent, autant la deuxième scène dérange beaucoup plus par l’impression de normalité qu’elle dégage alors qu’elle dissimule une scène bien plus horrible que les scientifiques vont finir par révéler. Quant à la troisième scène, comment dire ? J’étais dans le métro quand je l’ai lue, je n’avais pas trop mangé ce jour-là et je me suis vraiment demandé si je n’allais pas fermé le livre, histoire de ne pas finir en vrac devant les autres usagers médusés. Pour vous donner une petite idée, imaginez un étal de boucherie et vous serez encore bien loin de ce à quoi vous allez assister. Et je ne vous parle pas de certaines performances artistiques en live décrites dans le roman qui relève plus du gore que de l’art selon moi. Mais je dois être un vieux conservateur !
    Malgré cela, je dois reconnaître que certains aspects de ce roman ne m’ont pas vraiment convaincu :
    - Je trouve, tout d’abord, dommage que tout le travail sur l’art mené par l’auteur soit un peu gâché ici par son accès rendu difficile pour la plupart des lecteurs (dont je fais partie). Je m’explique : chaque titre de chapitre renvoie à un titre d’oeuvre. Autant des titres comme La Nuit étoilée de Van Gogh, Les Demoiselles d’Avignon de Picasso, Le Retour du fils prodigue de Rembrandt, Les époux Arnolfini de Van Eyck ou Le Verrou de Fragonard me parlent, autant les autres titres d’œuvres plus contemporaines m’ont régulièrement rappelé mes lacunes dans ce domaine. Vous me direz qu’un livre est aussi l’occasion d’enrichir sa propre culture. Certes, j’ai parfois fait l’effort, quand j’en avais la possibilité, d’aller rechercher les œuvres citées sur Internet, mais lorsque l’on est dans les transports en commun, c’est difficilement faisable et cela a tendance à casser le rythme de la lecture. Et l’on n’a pas forcément envie de revenir en arrière dans sa lecture, une fois rentré chez soi. En raison de cela, je pense être passé à côté de pas mal d’intentions de l’auteur. Une solution aurait pu être, par exemple, de rajouter dans le roman un encart avec les différentes reproductions d’œuvres évoquées. Certes, cela a un certain coût en matière de droits d’emprunt mais il est clair que cela aurait permis aux lecteurs non spécialistes d’apprécier à sa juste valeur le travail de recherche de l’auteur et les échos des choix effectués au sein de l’intrigue ;
    - Deuxième point auquel je n’ai pas adhéré du tout, ce sont toutes les considérations amoureuses de l’héroïne, Audrey Durand. Certes, elles ont leur importance mais bon là, j’avoue, c’est mon incapacité à montrer de l’empathie en toutes circonstances qui s’exprime. Je suis inhumain, sans doute mais à mon âge on ne se refait pas. A plusieurs reprises, j’ai eu envie de secouer ce personnage afin de le faire réagir en lui criant : « Mais bon sang, tu n’es pas la première à être cocue. Alors bouge-toi et passe à autre chose ! ». Oui, je sais, désolé mais je parle également d’expérience. Donc en gros, voilà ça ne m’a pas plu !
    - Enfin, niveau intrigue, il faut avouer qu’on se doute assez rapidement de qui a fait le coup (même si, je dois le reconnaître, le motif n’apparaît qu’en fin de roman). L’auteur tente, pourtant, de nous envoyer à plusieurs reprises vers une mauvaise piste mais elle nous tire tellement vers cette voie qu’on finit par se dire : « Non, non, là, tu ne me feras pas croire que la solution est là ». C’est sans doute le plus gros reproche que je pourrai faire à ce roman, le suspense a été finalement éventé un peu trop vite. Mais là encore, je me dis que c’est un premier roman et donc quoi de plus normal. Le suivant sera sans doute meilleur, même si je peux comprendre que les lecteurs purs et durs de polars et thrillers en tous genres aient pu ne pas se laisser prendre au jeu. Mais de là à s’exciter, il ne faut pas exagérer non plus.
    Au final un premier polar qui, malgré quelques petites imperfections, remplit son rôle et offre un bon divertissement au travers d’une intrigue qui tient la route, malgré un suspense qui aurait pu être un peu plus soutenu.

    04/04/2020 à 18:51 1

  • Alerte rouge

    Marshall Karp, James Patterson

    6/10 Alors, la sortie d’un nouveau Patterson, c’est toujours pour moi la promesse d’une chouette après-midi de lecture. Le bonhomme connaît son métier et la manière de visser un lecteur dans son fauteuil jusqu’à ce que la dernière page soit tournée. Pour cela, rien de plus simple que de reprendre la recette habituelle :
    Deux flics bien connus de son lectorat : Zach Jordan et Kylie MacDonald, anciens amants (avec un Zach qui n’a toujours pas digéré la rupture malgré sa nouvelle compagne chaude comme la braise en plus d’être psy, Cheryl). On pourra découvrir la chronique de leur précédente enquête ici ;
    De multiples enquêtes qui se croisent sans cesse afin de rendre le lecteur encore plus acco. Enquêtes qui, comme d’habitude, nous entraînent dans le milieu privilégié de la High-society américaine avec son lot d’aigreur, de coups bas et de perversité. A cela, s’ajoute une troisième enquête « sous le manteau » concernant des joueurs de pokers rançonnés par deux gugusses frôlant le ridicule par leur amateurisme.
    Alors comme d’habitude, ça bouge, ça explose, ça provoque des courses-poursuites en plein cœur de Manhattan. On nous emmène même faire un petit tour en jet privé en Thaïlande pour les besoins de l’enquête. On tape sur les riches en les rendant toujours aussi peu empathiques face au sort des pauvres, on en profite pour égratigner la justice et ses représentants aux mœurs pas très catholiques, on cause pratiques sexuelles débridées, dressant ainsi le portrait d’une Amérique (voire d’une humanité) guère reluisante. Mais voilà, il m’a manqué ce petit quelque chose. J’aurais tendance même à dire que trop d’enquêtes tue l’enquête car on se disperse et on se demande si c’est bien au profit de l’intrigue ou simplement pour atteindre le quota de pages attendus.
    Alors oui, j’ai passé un bon moment de détente en lisant ce roman mais il faut l’avouer, l’intrigue est un peu trop facile. On aurait aimé des situations un petit peu plus tordues, des personnages plus machiavéliques que pervers ou blasés. Un peu plus de suspense également. En gros, c’est un roman qui se lit mais qui nous laisse un peu sur notre faim.
    Et puis le côté romance loupée avec un Zach toujours autant obsédé par son ex qui s’en fiche comme de l’an 40, je pense qu’il faudrait passer à autre chose pour le prochain volet de leurs aventures parce qu’en toute honnêteté, le Zach en devient un peu ridicule et la Cheryl va finir par se lasser à mon avis.
    Au final, un polar qui vous permettra d’occuper une après-midi détente même si on espère retrouver un peu l’élan d’avant de Patterson dans ses prochains romans.

    04/04/2020 à 18:48 1

  • Présumée disparue

    Susie Steiner

    4/10 "Tout cela pour ça", c’est sans doute la formule qui convient le mieux pour décrire l’intrigue de ce roman et l’expérience que vit le lecteur en tournant ses pages.
    Concernant l’intrigue, elle est anéantie dès le titre. Mais pourquoi tant de haine ? Et le comble, c’est que pour arriver à son dénouement (plus de 500 pages quand même!), on nous fait subir une pseudo-enquête qui n’avance pas. Même un paresseux aurait été flashé pour excès de vitesse en comparaison de la manière dont est menée cette investigation qui laisse penser que nous avons affaire à une équipe de bras cassés. On a même l’impression parfois que, consciente du peu de substance de son intrigue et du manque de charisme de ses personnages, Susie Steiner a préféré privilégier des chemins détournés qui, au lieu de laisser son lecteur dans le doute, se transforment en des digressions totalement hors-sujet. Manon Bradshaw devient alors une nouvelle Bridget Jones, en version tête à claques (Je me suis même demandé s’il n’y avait pas une référence à "Sex in the City", mais à ce niveau j’ai préféré éviter d’approfondir la question). Certains compatiront sans doute sur ses déboires amoureux. Pour ma part, au bout de 400 pages, je me suis dit qu’il n’était pas étonnant qu’elle soit seule, tant elle est exaspérante. Un passé douloureux n’explique pas tout ! Et le comble, c’est que tous les personnages sont du même acabit : entre le Stuart, dragueur et Casanova de pacotille, et le Davy à l’optimisme quasi sans failles… Tous à baffer ! On fera, peut-être, une petite exception pour le personnage de Lady Hind qui gagne un peu en prestance à la fin du roman en assumant sa position sans pleurnicher.
    En ce qui concerne l’expérience du lecteur, ben, on s’ennuie, on s’ennuie, on s’ennuie, aurait pu dire Danton. On a l’impression d’être au volant d’un diesel qui n’arrive pas à passer la seconde. C’est absolument terrible ! Et la faute à tout cela, c’est cette incapacité de l’auteur à suivre une ligne de conduite. On nous perd constamment au point que l’on se demande parfois dans quel type de roman on s’est engagé. Roman policier ? Roman sentimental ? Young Adult (si, si pour certains passages, on en est là) ? Roman noir ? Enfin, pour résumer, le lecteur est lui aussi « présumé disparu » avant la fin. Et je ne vous parle pas du dénouement : plus tiré par les cheveux, tu meurs ! C’en est presque pitoyable mais c’est aussi très révélateur de l’impression d’enfant gâté qui caractérise nombre de personnages de ce roman (et le comble, c’est que la plupart ont très largement dépassé la trentaine…).
    Je ne m’étendrai donc pas plus longtemps sur le sujet car, vous l’aurez compris, je n’ai pas du tout aimé. Tentez votre chance, cela vous plaira peut-être. On ne sait jamais. Si vous cherchez, cependant, un roman (bien que lent au départ) mettant en scène les interrogations d’une famille sur la disparition de leur fille mais se terminant en feu d’artifice, je vous conseille plutôt "La Descente" de Tim Johnston.

    04/04/2020 à 18:45 3

  • Hors limites

    Val McDermid

    6/10 Ni déçu ni emballé, tel pourrait être mon état d’esprit à la fin de la lecture de mon premier Val McDermid. On peut dire que nous sommes dans une intrigue somme toute extrêmement classique avec des poncifs traditionnels :
    - une enquêtrice meurtrie par la vie, essayant d’être à la hauteur de l’héritage paternel et qui a quelques soucis avec ses collègues et l’autorité hiérarchique ;
    - un assistant un peu « benêt » qui gagne en efficacité tout au long de l’enquête ;
    - deux enquêtes qui se croisent pour finalement n’en faire plus qu’une.
    Spécialisés dans les cold cases, nos deux enquêteurs que sont Karen Pirie et Jason Murray font obligatoirement penser au duo que forment Carl Mørck et Hafez el Hassad du Département V de Jussi Adler Olsen. Mais on doit tout de même reconnaître que le danois surpasse l’écossaise sur ce coup-là.
    Donc, en gros, rien de très original mais on doit avouer que c’est plutôt bien mené même si c’est quand même cousu de fil blanc car l’on voit rapidement poindre la solution de l’énigme. C’est sans doute cela que je reprocherai à l’auteur : le lecteur s’avère à plusieurs moments plus perspicace que l’enquêtrice, ce qui est un peu dommage. Même moi qui, habituellement, ne pressent pas grand-chose, j’ai eu plusieurs fois envie de crier à cette chère Karen : « Non ! Mais tu es aveugle ou quoi ? ».
    Ce que l’on peut en conclure, c’est que c’est le genre d’ouvrages qui vous fait passer un bon moment de lecture mais qui ne révolutionnera pas le genre. C’est une certitude !
    A recommander aux adeptes des polars mais pas forcément aux accros.

    04/04/2020 à 01:07 1