LeeWeel

357 votes

  • Pas à pas dans la brume électrique

    Bertrand Tavernier

    9/10 Ce livre est le récit d'un tournage, celui de Dans la brume électrique, récit tenu par Bertrand Tavernier, le réalisateur, et qui se déroule du 24 avril au 22 juin 2007.
    L'auteur revient en partie sur la genèse de ce film au début du livre et nous donne au passage ses impressions sur l'auteur du roman, James Lee Burke. Certains passages sont par ailleurs complétés de remarques qui datent du montage du film qui aura lieu en juin 2008.
    Cette histoire est passionnante: on se retrouve aux côtés de Tavernier qui souvent ne s'entendra pas avec les producteurs américains, ne comprenant pas certains choix artistiques. Mais c'est aussi les intempéries qui pourront gêner le tournage, certains techniciens pas toujours fiables... ou encore le réalisateur lui-même qui parfois doutera de ses choix ou sera sur le point de renoncer face aux problèmes.
    On se rend également compte de certaines différences entre les façons de faire françaises et américaines, du poids des acteurs, de leur entente avec le réalisateur... Tommy Lee Jones par exemple réécrit certains dialogues et se montre en parfait accord avec Bertrand Tavernier quant à la manière dont Dave Robicheaux doit être incarné.
    Un livre important tant il plonge le lecteur, chose rare, dans l'atmosphère d'un plateau de cinéma, du côté du réalisateur, et donne à lire tous les doutes qui peuvent marquer celui-ci mais également toutes les joies qu'il peut tirer de ce tournage. Bertrand Tavernier, ce qui est appréciable, sait écrire, et parvient à rendre au mieux ses impressions, tant ceux de l'artiste, que de l'homme qui goûte pleinement aux paysages comme à la cuisine de la Louisiane.
    Pour les amoureux de cinéma, de Tavernier, de Burke..., lecture qui viendra compléter ou que l'on complétera, comme il se doit, par celle de "Dans la brume électrique avec les morts confédérés" (quel magnifique titre) et par le visionnage du film.

    02/12/2015 à 15:00

  • L'Homme à l'envers

    Fred Vargas

    6/10 A la lecture de ce roman, je dois m'avouer déçu. Peut-être que j'en attendais "beaucoup" suite aux différentes critiques vues ici ou là, souvent élogieuses. D'une part, les ficelles de l'histoire se laisse deviner trop facilement. Dès le début, j'ai eu de forts soupçons envers le personnage à qui l'on doit cette série de meurtres, problème de taille lorsque l'auteur joue de cet aspect de l'intrigue comme d'une révélation finale. D'autre part, et cela découle certainement de mon premier reproche, le roman, même s'il est assez court, traîne trop à mon goût. J'avoue m'être trop souvent ennuyé, en raison notamment d'une absence générale de réelle tension. Et tout cela est bien dommage car l'ambiance n'est pas déplaisante et surtout les personnages sont intéressants, à commencer par Adamsberg, que Fred Vargas ne place pas forcément au coeur de l'action, un policier pour le moins atypique, véritable original qui alimente par son attitude la teinte fantastique, mystérieuse de l'ensemble.

    02/12/2015 à 14:44 2

  • Sous la lumière cruelle

    Daniel Woodrell

    7/10 Dans ce roman de 1986, Daniel Woodrell met pour la première fois en scène la fratrie Shade: François, du bureau du procureur; Tip, qui tient le Catfish bar; et René, le héros, policier qui va devoir s'atteler au meurtre d'Alvin Rankin, conseiller municipal noir, qui briguait le poste de maire. Crime raciste ? Méfait d'un cambrioleur ? Règlement de compte ? René Shade, enfant du quartier cajun appelé Frogtown, rencontrera sur sa route des mafieux noirs, des magouilleurs blancs et une petite frappe manipulée qui sera assez chanceux pour s'en tirer au milieu de ce panier de serpents. L'intrigue n'est pas bien épaisse mais le livre non plus, qui nous mène à l'essentiel sans pour autant délaisser la psychologie des personnages ou l'ambiance. On parle beaucoup dans ce polar, comme le souligne James Ellroy dans sa préface, et le résultat serait à mi-chemin entre un roman d'Elmore Leonard, pour la tchatche et l'humour, et les paysages de James Lee Burke, l'action se situant ici à Saint-Bruno, Louisiane.

    02/12/2015 à 14:41 1

  • Jackpot

    Carl Hiaasen

    8/10 Avec "Jackpot", le lecteur navigue sur des mers proches de celles d'Elmore Leonard, versant Floride. Des protagonistes tous plus ou moins frappadingues, des dialogues ciselés, les paysages de Floride (donc), des figures féminines fortes au milieu d'hommes bien souvent couillons, une capacité à marier drôlerie et violence... JoLayne Chance, la jolie black de Grange travaillant comme assistante du vétérinaire, vient de gagner à la loterie qui valait vingt-huit millions de dollars. Elle décide de s'acheter un terrain laissé à l'abandon et au bon gré des bêtes sauvages du coin avant qu'il ne tombe entre les mains de promoteurs véreux. De leur côté, Bode Gazzer et Chub ont également gagnés: belle somme donc que quatorze millions mais l'idée de savoir qu'il existe deux billets gagnants (et que la cagnotte globale ne leur revient pas) les laisse rageurs; d'autant plus qu'ils sont persuadés, eux, les deux compères montant leur milice d'extrême-droite, que l'autre gagnant sera black ! Les deux larrons vont donc chercher à récupérer l'autre billet, histoire de s'en mettre un maximum dans les poches... Viendront se greffer dans cette histoire un journaliste, Tom Krome, qui ne parvient pas à obtenir le divorce de sa femme actrice, un juge sans scrupule et très jaloux, un agent de l'ATF, des arnaqueurs de croyants en mal de miracles et quelques mafieux pour saupoudrer le tout. Un roman très drôle sans aucun temps mort.

    02/12/2015 à 14:29 2

  • Un long silence

    Mikal Gilmore

    9/10 Shot in the heart: tel est le titre original de ce livre. Une fois encore, et même si la transcription française n'est pas dénuée de sens, on peut s'interroger: pourquoi ne pas avoir traduit littéralement; car aux yeux de l'auteur, ce titre, suggéré par l'une de ses amies, revêt une importance capitale, que l'on comprend aisément après avoir lu ce véritable coup de poing littéraire. Mikal Gilmore donne à lire la biographie de sa famille, et forcément son autobiographie, soit celle de Frank, le père, Bessie, la mère, et Frank Jr, Gary, Gaylen et lui-même Mikal, le dernier de la fratrie. Un texte et une vie chargés de douleurs. Rapidement, on comprend que cette famille est touchée par une malédiction, sans que l'on sache réellement dire de où elle peut finalement provenir. Tout débute avec des considérations sur les Mormons et leur histoire. Bessie est issue d'une famille de Mormons et son fils Gary terminera sa "carrière" de criminel en assassinant deux jeunes Mormons. Et le lecteur va suivre l'évolution de ces personnes qui auront toujours beaucoup de mal à vivre tous ensemble, en parfaite harmonie. Les trois frères aînés vont connaître la violence d'un père qui parvient avec difficulté à vivre très longtemps au même endroit et qui connaîtra la prison pour escroquerie. Chacun semble avoir d'énorme difficulté pour savoir composer avec l'amour, la tendresse, la relation avec autrui... et l'ambiance est très étrange, pleines de fantômes et de secrets. Un livre profondément troublant, d'autant qu'on ne peut mettre de mots très précisément sur les raisons qui ont amené cette famille à vivre cet enfer. A compléter avec la lecture du "Chant du bourreau" de Norman Mailer qui reprend l'histoire de Gary Gilmore.

    02/12/2015 à 14:26 2

  • Tous ne sont pas des monstres

    Maud Tabachnik

    7/10 Avec ce deuxième épisode du Club Van Helsing (si je ne me trompe pas), Maud Tabachnik va mettre en scène son monstre et son chasseur (principe de la série que cet affrontement) dans les banlieues françaises (celles de Paris supposons-nous), et l'on pense rapidement aux échauffourées de 2005 avec ces émeutes de rues peintes ici. La particularité de cet opus réside dans le fait qu'il s'agit du combat frontal entre deux monstres: d'un côté, celui des intégristes musulmans, un djinn et de l'autre, évoqué par de vieux sages juifs, un golem. Et on s'aperçoit alors que le sujet est bien délicat, d'autant plus que, c'est le moins que l'on puisse dire, Maud Tabachnik ne prend guère de gants et ne cherche pas à faire preuve de subtilité (ce n'est d'ailleurs pas là l'endroit, la série s'inscrivant d'emblée, dès l'épisode précédent, dans le purement divertissant, dans la série B assumée). Alors d'aucuns "vivront" mal ce volume qui semble si manichéen, les autres se contentant de profiter d'une histoire somme toute bien menée, dans laquelle par ailleurs notre Van Helsing n'apparaît que dans la marge.

    02/12/2015 à 14:22 1

  • John Silence

    Algernon Blackwood

    8/10 Dans la série des enquêteurs de l'étrange, j'ai demandé l'un des ancêtres, à savoir le docteur John Silence, appelé le "docteur psychique". Dans ce recueil sont regroupées trois de ses "aventures" surnaturelles: Algernon Blackwood met d'abord en scène son protagoniste, dans une enquête relatée par Hubbard, sorte de faire-valoir, dans la campagne anglaise sur le domaine du colonel Wragge, en proie à un élémentaire du feu provenant de l'Antiquité égyptienne. Vient ensuite un duel qui opposera notre héros à un esprit maléfique hantant une maison londonienne. Et nous finirons notre périple en Allemagne, dans les ruines d'un monastère hanté par une secte d'adorateurs sataniques. Avant d'aborder ces rivages occultes aux côtés de Silence, je m'attendais à un compromis entre Sherlock Holmes et Harry Dickson (avant l'heure, puisque ces histoires datent du début du XXème siècle) mais cela n'est pas vraiment le cas: il n'y a pas réellement ici d'enquêtes, de longue investigation. John Silence trouve dans les deux premiers récits assez rapidement les raisons véritables des phénomènes étranges. Quant à la dernière histoire, il n'y est pas question d'enquête. Algernon Blackwood inscrit ses péripéties dans le psychisme de manière convaincante et très originale, parvenant parfaitement à mettre en scène les effets fantastiques (dans "Une invasion psychique", le rôle du chat et du chien comme détecteurs de l'invisible est rendu d'admirable façon, les deux animaux faisant figures de personnages à part entière). Un recueil insolite d'histoires qui se lisent comme de vieux récits de fantômes qui recevraient en quelque sorte une "explication" par un savant (parapsychologue si l'on veut), histoires qui comme le souligne l'auteur en exergue ou Mike Ashley dans sa préface seraient basées sur des faits avérés.

    02/12/2015 à 14:20

  • Le successeur de Pierre

    Jean-Michel Truong

    8/10 Voilà un roman qui devrait réjouir à la fois les amateurs de thriller et de science-fiction. Mais gare à eux, il convient ici d'être très attentif, car si le livre de Jean-Michel Truong est tout à fait abordable, n'a rien d'abscons, il demande à son lecteur un effort conséquent pour suivre une intrigue montée de main de maître (l'ouvrage a gagné par ailleurs le Grand prix de l'imaginaire en 2000). Tout est construit autour de la Bulle de Pierre et l'on va passer d'une époque à l'autre, des environs de l'an 30 à 628, puis à 1927 pour se retrouver durant la majeure partie du roman en 2032, autrement dit dans un futur proche, qui a vu l'humanité en partie confinée dans d'immenses pyramides, appelées "unités de survie", à la suite de catastrophes écologiques. Dans cette société où les rapports des hommes et femmes enfermés dans ces unités ne se font plus que de manière virtuelle, un jeune homme, Calvin, va, à partir des relations qu'il entretien à distance avec un groupe d'amis, reconstituer son passé, retrouver ses origines et surtout découvrir un secret des plus fascinants puisqu'il annonce le destin de l'humanité. Jean-Michel Truong mêle théologie et intelligence artificielle au sein d'un canevas remarquable.

    02/12/2015 à 14:18

  • Un dernier verre avant la Guerre

    Dennis Lehane

    7/10 C'est dans ce roman qu'apparaissent pour la première fois Angela Gennaro et Patrick Kenzie. Ils sont amis depuis l'enfance et associés en tant que détectives privés. Ils pourraient d'ailleurs être amants si Angela voulait bien répondre aux avances de Patrick et oublier son mari, le "****", qui prend trop souvent son joli visage pour un punching ball. Lorsque les deux partenaires accepteront, pour le compte d'un sénateur, de retrouver une femme de ménage qui a disparue avec des documents importants, ils vont se retrouver impliqués dans une guerre qui opposent deux gangs ennemis dirigés par un père, Socia, et son fils, Roland, sur fond de scandale politique. L'histoire se suit avec plaisir même si Dennis Lehane ne fait pas preuve d'une très grande originalité. Le conflit entre le père et le fils au sein de deux groupes rivaux est intéressants mais les scènes de fusillades sont peu convaincantes à mon sens, trop "cinématographiques". Les deux héros sont très attachants dans leur sorte de jeu de séduction, par leur côté paumé mais pas trop et leur volonté d'en découdre jusqu'au bout. Une "affaire" à suivre avec "Ténèbres, prenez-moi la main". A noter également la place centrale de la ville de Boston, dont on découvre de nombreux quartiers.

    02/12/2015 à 14:16 3

  • Coyote attend

    Tony Hillerman

    8/10 Tout débute le soir où Jim Chee va perdre l'un de ses collègues, Delbert Nez, alors que le policier aurait dû être à ses côtés. Très vite, il arrête un vieillard, Ashie Pinto, sous l'emprise de l'alcool, en possession d'un pistolet. Le jeune homme, qui s'est blessé aux mains lors de l'arrestation, enquêtera sur l'affaire durant son congés de convalescence. En parallèle, on retrouve l'autre héros récurrent de Tony Hillerman, à savoir Joe Leaphorn, qui va se retrouver impliqué dans l'enquête, cherchant à innocenter Pinto pour aider une femme à laquelle il est apparenté. Avec cette histoire, l'auteur nous plonge une fois encore au coeur du territoire navajo et gratifie son lecteur de nombreuses considérations sur l'histoire, la mythologie... des peuples indiens qui habitent le Nouveau Mexique (on a d'ailleurs droit à l'habituelle carte du territoire en début d'ouvrage et au lexique, bien utile, à la fin du livre). On comprend bien toute la complexité de ces croyances mêlées ici de manière convaincante à l'histoire de l'Ouest américain, et notamment une de ses figures mythiques, Butch Cassidy lors de son dernier baroud.

    02/12/2015 à 14:13

  • Ville noire, ville blanche

    Richard Price

    10/10 La scène d'ouverture rive le lecteur aux pas d'une jeune femme, dont on apprendra par la suite qu'elle se nomme Brenda Martin, l'air hagard et les bras meurtris, qui traverse la cité Armstrong, dans la banlieue de New York (lieux fictifs mais parfaitement crédibles) et se dirige vers les urgences de l'hôpital local. On fera, suite à ce prologue, la connaissance de l'inspecteur Lorenzo Council, flic natif de la-dite cité, respecté de tous, et de Jesse Haus, journaliste toujours en quête d'informations valables pour le journal local, son frère sur les talons, lui servant à la fois de chauffeur et de protecteur. Ainsi tout au long du roman allons nous suivre de manière alternée, d'un chapitre à l'autre, chacun de ces deux personnages, désireux de dévoiler à leur manière et d'après leurs propres vues la vérité sur une affaire de disparition d'enfant qui embrasera Armstrong mettant dos à dos les communautés noires et blanches. Richard Price met parfaitement en scène son polar, plongeant au coeur de la ville, soulignant les problèmes racistes, sociaux... et oubliant au passage toute conception manichéenne. Lorenzo et Jesse sont deux personnages attachants qui tenteront de démêler les écheveaux de l'affaire, et d'atténuer selon leurs maigres pouvoirs les tensions qui menacent la ville. Un roman subtil, au titre original, "Freedomland", au combien symbolique.

    02/12/2015 à 14:10 4

  • Colère du présent

    Jean-Bernard Pouy

    7/10 L'association Colères du présent, je cite la page de présentation de leur site web, "a pour but de promouvoir l’écriture et la littérature d’expression populaire et de critique sociale par l’organisation de manifestations culturelles et ainsi de contribuer à la lutte contre l’exclusion sociale et culturelle." Et organise notamment, chaque 1er mai, un salon du livre d'expression populaire et de critique sociale au coeur d'Arras. Ainsi Jean-Bernard Pouy avec sa verve habituelle rend hommage à la fois à l'association et à la manifestation en question dans ce roman où il imagine une édition du salon qui se termine par une insurrection de certains participants qui vont occuper le centre ville et notamment tout le quartier historique, barricadant les rues et réclamant de pouvoir mettre en place une commune libre (rien que ça). Le lecteur suit essentiellement d'un côté le général Marc de La Villardeuse, chargé de gérer cette crise et de négocier avec les "rebelles" et de l'autre côté Henry Fonda (c'est un pseudo nous dit-on), Amila (le livre est dédié à Jean Meckert) ou encore Zo, insurgés aux idées qui leurs sont propres, pas toujours d'accord entre eux. En plus de cette espèce de rêve utopiste, sorte de coup de pied à l'état social, politique... actuels, Pouy réussit à mettre deux camps en conflit sans aucun raccourci qui verrait d'un côté les bons et de l'autre les méchants. Les militaires font leur boulot (et je dirais que les partisans gauchistes de tout poil ne font pas autre chose), obéissent à la hiérarchie et sont gentiment égratignés par l'auteur mais au même titre que chaque personnage. Un roman très drôle, au bon goût de révolution en marche, avec des citations à chaque début de chapitre savoureuses. Le genre de livres qui donnent à rêver, en un mot: salutaires. Rendez-vous est pris pour le 1er mai !

    02/12/2015 à 14:05 2

  • 5 octobre, 23h33

    Donald Harstad

    7/10 Où l'on retrouve notre shérif Carl Houseman, cette fois-ci sur les traces d'un vampire qui fascine une riche propriétaire du coin et les quelques jeunes gens qu'elle héberge dans son immense maison. Tout part d'un appel passé à la police par une jeune femme paniquée qui s'est réfugiée sur le toit de son immeuble après avoir aperçu un homme aux allures cauchemardesques par sa fenêtre. S'ensuivra des meurtres plus ou moins bien déguisés en suicides et rapidement mis sur le compte d'un buveur de sang qui terrorise son entourage, pris dans un engrenage de jeux pour le moins particuliers... Un procedural construit sur le même modèle que les autres volumes de la série, dans lequel on suit sur quelques jours, presque heure par heure les avancées de l'enquête. Avec en annexe, un topo ainsi qu'une liste sur les codes radio utilisés par la police (ce qui permet de ne pas couper le texte de notes). Une enquête intéressante même si l'ensemble n'est pas d'une grande originalité (le côté fantastique de cette histoire au parfum gothique est un point assez original toutefois). Le rythme et la construction du roman permettent peu me semble-t-il d'approfondir les portraits des personnages (ce qui est dommage car la figure du flic en fin de carrière en la personne de Carl Houseman est plaisante à suivre).

    02/12/2015 à 13:58

  • L'Ombre du tueur

    Ian Rankin

    7/10 Rebus se retrouve dans ce roman avec le meurtre d'un employé d'une plateforme pétrolière sur les bras. La victime a été retrouvé empalé sur une grille, attachée sur une chaise, le tout visiblement tombé d'une fenêtre d'un immeuble désaffecté. En parallèle et de manière personnelle, notre inspecteur va enquêter sur Bible John, serial killer qui oeuvra à la fin des années soixante et qui visiblement à un émule, un copycat dit-on dans les milieux autorisés, en la personne de Johnny Bible. Comme d'habitude, Rebus avance dans cette histoire de manière frondeuse, n'en faisant qu'à sa façon, selon son bon vouloir, se mettant à dos un certain nombre de collègues (dont certains sont corrompus). J'avoue que ce côté tête-de-lard du monsieur m'agace chaque fois. Mais l'ensemble se lit avec intérêt, Rankin dépeignant de manière très juste (pour ce que j'en sais) son Ecosse, et invitant son lecteur à parcourir les rues d'Edimbourg, entre autres lieux. Et on en apprend par ailleurs au passage sur les plateformes pétrolières... On se situe ici loin des clichés d'une Ecosse se résumant à une nature sauvage et autres fantaisies folkloriques.

    02/12/2015 à 13:56 1

  • Mortelle randonnée

    Marc Behm

    8/10 L'Oeil travaille dans une grande agence de détectives privés. Il est chargé de surveiller l'héritier d'une riche famille de fabricant de chaussures qui est parti avec une mystérieuse jeune femme. Commence alors une histoire bien étrange dans laquelle l'Oeil, véritablement obsédé par la disparition de sa propre fille plusieurs années auparavant, va projeter cette obsession sur cette femme qui tue la plupart des hommes qui en tombent amoureux pour leur voler leur argent. Le personnage du détective n'est quasiment qu'un fantôme qui passe son temps à protéger la jeune femme sans qu'elle n'en sache jamais rien; il est son ombre, un ange gardien voyeur, un père protecteur. Le livre développe une étrange atmosphère parfois proche du fantastique et promène le lecteur d'un bout à l'autre des Etats-Unis à la suite des personnages, toujours sur le qui-vive. Un polar très particulier, dans lequel apparaît parfois un humour en demi-teinte.

    02/12/2015 à 13:47 1

  • Le Monte-charge

    Frédéric Dard

    8/10 Albert Herbin vient de sortir de prison. Il retrouve après une nuit de train, en cette veille de Noël, le petit appartement d'un quartier populaire parisien qu'il habitait avec sa mère, aujourd'hui décédée. La nostalgie le prend et il repense à ses années d'enfance. Il flâne ensuite dans les rues illuminées par les fêtes et finit par entrer dans un restaurant pour passer la soirée. C'est là qu'il va rencontrer une jeune femme accompagnée de sa petite fille et que, de nouveau, sa vie va basculer... Frédéric Dard, à mille lieues des facéties langagières san-antoniesques, nous donne ici à lire un suspens parfaitement cadencé, qui va droit à l'essentiel et s'avère au bout du compte être un roman bien noir, dans lequel le destin joue des tours à un malheureux complètement dépassé par ce qu'il vit.

    02/12/2015 à 13:46

  • La vie de ma mère ! Face B

    Jean-Christophe Chauzy, Thierry Jonquet

    7/10 On retrouve dans ce deuxième volume (la face B, titre pour lequel on obtient une explication à la fin de l'histoire) notre jeune héros Kévin, toujours entre les plans louches de Djamel et ses amours avec Clarisse. Entre émeutes banlieusardes et vols de plus en plus risqués, la vie de Kévin est sans cesse sur le point de basculer totalement. Heureusement pour lui, le jeune garçon peut se raccrocher à sa relation avec M. Hardouin, le voisin, qui s'occupe de lui le soir, à son assiduité au collège, au modèle que représente la vie heureuse de Clarisse. Mais il n'est pas si aisé de s'en sortir... Une histoire émouvante, qui nous montre une réalité éprouvante, et le fossé qui existe entre les différents milieux sociaux. L'éducation y pourrait beaucoup mais il faudrait pouvoir davantage se consacrer à chaque individu. Les choses semblent inextricables...

    02/12/2015 à 13:44

  • Sombre sentier

    Dominique Manotti

    8/10 Premier roman de Dominique Manotti, sorti en 1995, et première apparition du commissaire Daquin. La romancière tisse une intrigue située essentiellement au coeur du Sentier parisien, sur fond de lutte de travailleurs clandestins pour que les autorités leur reconnaissent des droits. L'action se déroule du 3 mars au 4 avril 1980, ne se relâchant à aucun moment: on suit avant tout l'action des flics, au méthode parfois musclées et non orthodoxes, qui vont tenter de mettre fin à un trafic de drogue complété d'un réseau de prostitution. Dominique Manotti campe à merveille ses personnages et Daquin est un "héros" atypique. Un polar qui par ailleurs restitue bien l'atmosphère des années 80 et souligne l'action politique d'une minorité déterminée à mener sa lutte jusqu'au bout.

    02/12/2015 à 13:38 5

  • Bone

    George C. Chesbro

    8/10 Bone: c'est le nom attribué à cet homme qui erre dans Manhattan depuis un an, sans-abri qui tient toujours à la main un fémur humain, arme précieuse autant que trait d'union avec son passé, puisque Bone a perdu la mémoire et que cet os est le témoin de cette perte. Il se "réveille" un jour, pris en charge par une équipe de la Human Resources Administration, formée de Anne Winchell, du Dr Ali Hakim et de Barry Prindle, qui le font hospitaliser. Très vite, Bone, ne sachant qui il est, d'où il vient, se sentant étranger dans son propre corps, est suspecté par la police, en la personne du lieutenant Perry Lightning, d'être un tueur en série qui sévit dans les rues de New York, décapitant des clochards dont les têtes disparaissent. Bone lui-même ne sait où est la vérité et doutera de sa santé mentale. Georges Chesbro souligne avec ce héros amnésique en quête de son passé la douleur et le désespoir des sans-abris new yorkais, perdus au milieu de cette jungle de béton qu'est la mégalopole, incapable de pitié pour les plus démunis, les plus faibles. On parcourt les rues de la Grosse Pomme mais aussi ses sous-sols, méandres insoupçonnés, qui verront nos héros connaître une véritable descente aux enfers. Un polar original, qui évite les ficelles éculées, et dépeint l'homme comme un animal en puissance.

    02/12/2015 à 13:36

  • La Bête de miséricorde

    Fredric Brown

    7/10 L'histoire débute avec John Medley, vieux célibataire à la vie bien réglée, qui par un matin comme les autres, après avoir débuté sa journée comme une journée banale de plus va découvrir le corps d'un homme mort dans son jardin. Une fois la police prévenue et après un premier examen de ce corps, il s'avère que cette personne, dont rien ne permet de dire de qui il s'agit, a été tué par balle... L'enquête débute alors, menée par les inspecteurs Cahan et Ramos, qui devront rendre compte de leurs avancées à leur supérieur direct, le capitaine Pettijohn. Et le lecteur de suivre à la fois cette enquête et les vies privées et états d'âme de chacun de ces protagonistes, ainsi que ceux d'Alice Ramos, femme de l'inspecteur. L'intrigue n'est pas très originale, mais Brown cimente son roman en alternant les points de vue, chaque chapitre développant l'histoire suivant le regard de l'un des cinq personnages principaux. Et finalement, il est plaisant de suivre ce petit monde dans ses bouleversements.

    02/12/2015 à 13:34 3