LeeWeel

357 votes

  • L'Empire de Monsieur Joseph

    Fabien Nury, Sylvain Vallée

    9/10 Fabien Nury et Sylvain Vallée revisite l'histoire de Joseph Joanovici, juif d'origine roumaine, qui viendra vivre en France pour devenir un riche ferrailleur qui collaborera avec les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. Dans ce premier volume, Fabien Nury croise les époques pour brouiller les pistes tout en dessinant les premiers traits de son personnage principal, une figure que l'on apprend peu à peu à connaître. Et ce qui frappe rapidement, c'est l'incapacité à pouvoir classer Joanovici comme étant bon ou mauvais. Tout est en nuance, rien n'est tranché de manière manichéenne. La fiction rejoint la réalité historique de façon convaincante et le dessin de Sylvain Vallée colle bien au réalisme de l'ensemble, avec un attachement pour les gros plans sur les visages des personnages. Un premier tome de qualité qui met l'accent sur une part sombre et finalement assez peu connue de l'histoire française.

    03/12/2015 à 12:57 1

  • Le vol noir des corbeaux

    Fabien Nury, Sylvain Vallée

    9/10 Dans ce second tome, Fabien Nury s'attache davantage à la période de la guerre et évite, comme dans le volume précédent, les allers-retours temporels. On découvre davantage encore la personnalité de Joseph Joanovici, qui, comme beaucoup durant cette période, tente de s'en sortir du mieux qu'il peut. Le lecteur croise au passage le docteur Petiot et fait connaissance avec la bande de la rue Lauriston, notamment Lafont, chef de la Gestapo française. La vie parisienne de l'époque est très bien rendue et le personnage central sert tout autant de témoin que d'illustration au doute et à la volonté de s'en tirer de nombreuses personnes dans cette situation. Une série sous forme de saga qui ne manque aucunement de souffle.

    03/12/2015 à 12:56 3

  • Un certain goût pour la mort

    P. D. James

    8/10 Miss Emily Wharton est une vieille fille qui s'occupe régulièrement de l'entretien de l'église Saint-Matthew. Un jeune garçon de dix ans, Darren Wilkes, livré plus ou moins à lui-même, s'est attaché à Miss Wharton et l'accompagne dans ses balades. Jusqu'au jour où les deux amis vont découvrir dans la sacristie de l'église les cadavres égorgés de Sir Paul Berowne, aristocrate et ex-député, et de Harry Mack, clochard de son état. Adam Dalgliesh, commandant à Scotland Yard, et ses adjoints John Massingham et Kate Miskin vont être chargés de l'enquête qui va les mener aussi bien parmi l'aristocratie qu'au sein d'un groupuscule communiste révolutionnaire. Et le lecteur s'aperçoit rapidement que l'intrigue n'est qu'une excuse à P.D. James pour pouvoir au mieux cerner chacun de ses protagonistes auxquels elle s'attache longuement et dont elle nous livre des portraits parfaitement tracés et détaillés. Tous apparaissent meurtris de plusieurs failles, à commencer par Dalgliesh lui-même, héros récurrent de la romancière, qui se trouve de nombreux points communs avec Paul Berowne.

    03/12/2015 à 12:55

  • Maigret en meublé

    Georges Simenon

    7/10 Mme Maigret est partie pour l'Alsace veiller l'une de ses cousines qui doit être opérée. Notre commissaire tourne donc en rond dans les rues de Paris comme dans son appartement, traîne les pieds le soir avant de rentrer chez lui, ne sait pas où mettre sa carcasse. Et un soir, Torrence le joint au téléphone pour lui annoncer que Janvier s'est fait tirer dessus rue Lhomond alors qu'il surveillait un immeuble meublé, attendant de prendre au piège un petit malfrat responsable d'un braquage. Dans l'immeuble en question, tenu par Mlle Clément, la propriétaire, une femme tout en chair toujours joyeuse, Maigret va s'installer et tenter d'apprendre à connaître les locataires comme le voisinage... Dans ce roman, Maigret joue comme à son habitude les observateur de l'humanité et se prend à tourner en rond ne sachant trop dans quel sens diriger son enquête.

    03/12/2015 à 12:53

  • Aux armes, citoyens !

    Fabien Nury, Sylvain Vallée

    9/10 Nous sommes en juillet 1944 et Joseph Joanovici continue ses manoeuvres pour tenter de ce tirer à bon compte de la guerre. Il ménage pour cela ses entrées à la Gestapo tout en aidant la Résistance. Et plus que jamais, ce personnage sous la plume et le pinceau de Fabien Nury et Sylvain Vallée apparaît tour à tour fragile et fort, comme le dernier des salauds ou tentant de sauver son prochain. Les événements le rattrapent mais il tente et parvient à chaque fois à y faire face. Une série historique d'un grand intérêt en ce qu'elle amène à réfléchir et souligne bien la difficulté de vivre et de s'engager durant cette guerre d'occupation.

    03/12/2015 à 12:52 1

  • Marie qui louche

    Georges Simenon

    7/10 Marie et Sylvie travaillent aux Ondines, pension de famille de vacances, durant l'été de 1922. Elles sont amis depuis leur enfance passée à Rochefort: Marie, qui louche, fille un peu gauche, au physique peu avenant et qui semble être l'ombre de Sylvie, joliment faite de sa personne, pleine d'ambition et découvrant, en cette fin d'adolescence, le pouvoir qu'elle peut exercer sur les hommes. Toutes deux ont pour projet de rejoindre Paris où l'une mènera la grande vie, avec l'autre pour dame de compagnie. Le roman se divise en deux parties: la première va permettre de cerner les personnages et les amener finalement à Paris où elles se sépareront; avant de se retrouver dans la seconde partie, bien plus tard, après guerre, pour parvenir à leur "rêve" de toujours. Simenon peint deux filles qui deviendront femmes et à côté desquelles on se rendra compte que quelque soit l'ambition de chacun, il est difficile de changer ce que nous sommes au départ de notre vie. Un roman qui met en avant avec beaucoup de talent le sentiment de solitude et l'impossibilité de s'en extraire.

    03/12/2015 à 12:50

  • La Rédemption du marchand de sable

    Tom Piccirilli

    9/10 Eddie Whitt, le héros de ce roman, recherche de manière désespérée depuis plusieurs années l'assassin de sa fille, un tueur en série, qu'il a nommé Killjoy, même si ce dernier essaie désormais de ce racheter de manière pour le peu douteuse... Eddie est véritablement hanté par cette quête qui doit l'amener à la mort, lui qui reçoit de temps à autre des lettres du tueur (d'où le titre original du roman, "The dead letters") et qui doit composer avec une police qui semble impuissante, un beau-père qui ne comprend pas ses réactions et une femme enfermée dans un centre psychiatrique pour patients fortunés. Tom Piccirilli parvient de façon troublante à marier le drame, l'horreur même, à un humour décalé, le tout saupoudré d'une légère touche de fantastique. L'ensemble ressemble véritablement à un cauchemar. Eddie est un personnage qui inspire la pitié et dont on se demande quel sera le destin. L'auteur met l'accent sur la question de la paternité et sur l'absence de l'être aimé de manière convaincante.

    03/12/2015 à 12:46 1

  • le Revenant

    René Belletto

    8/10 Tout au long de ce roman de René Belletto, le lecteur se situe directement aux côtés du narrateur, Marc, et plongera avec lui dans une aventure assez rocambolesque, qui finalement verra ce héros balloté revenir à la vie. Et pourtant il n'est pas gâté, lui qui au tout début tente de se remettre du suicide de sa femme, qui le laisse seul avec un jeune garçon de 7 ans. Un personnage chahuté par les événements qui va retrouver l'une de ses cousines, avec qui il avait vécu une vague histoire et qui le présentera à son malfrat de compagnon, malfrat rangé des voitures et qui le lancera sur la piste d'une jeune femme jusqu'en Italie. Une bien étrange histoire que Marc raconte à sa manière, dans un style très parlé, qui use souvent d'un humour fleurant le grotesque, alors que le drame est toujours latent. Lyon, d'où est natif Belletto, reçoit ici un bel hommage, qui marque bien l'amour de l'auteur pour sa ville.

    03/12/2015 à 12:44

  • Intrusion

    Natsuo Kirino

    4/10 Tout d'abord, il convient de dire que ce roman n'a que peu, très peu, à voir avec le genre "policier". Ensuite, je le dis sans détour, il m'a paru bien ennuyeux ! Et pourtant, l'exercice au départ me semblait plein de promesse, à moi qui aime les jeux littéraires et la mise en abyme. Tamaki Suzuki est écrivain. Le roman sur lequel elle travaille porte sur un de ses confrères, le célèbre Mikio Midorikawa, et essentiellement son récit en grande part autobiographique, "Innocent". A l'intérieur de ce récit apparaît O., maîtresse de Midorikawa à propos de laquelle le mystère reste entier. C'est ce voile que Tamaki va tenter de lever en se lançant dans un jeu de piste qui mettra en parallèle le vécu de Midorikawa et la relation de Tamaki avec Seiji Abé, son propre amant. Ainsi, tout au long du roman, fiction et "réalité" vont se mêler et s'embrouiller, et les destins de chacun seront en quelque sorte mis dos à dos dans de curieux jeux de miroirs. Cette étrange construction, cette réflexion sur la littérature..., ce sont certainement les aspects les plus intéressants de ce roman. Malgré tout, l'ensemble prend très mal selon moi et se révèle long à suivre pour si peu de pages pourtant.

    03/12/2015 à 12:42

  • Les Ogres du Gange

    Philippe Cavalier

    7/10 Premier tome d'une série qui en compte quatre, "Les ogres du Gange" nous plonge dans le Calcutta de 1936, alors que l'Inde aspire à l'indépendance. David Tewp, récente recrue du MI6, débarque dans cette atmosphère coloniale et va se retrouver rapidement pris dans une aventure troublante, au cours de laquelle il frôlera à plusieurs reprises la mort, sur la piste des Galjero, un couple de mystérieux personnages, les "ogres" en question, et jouera au chat et à la souris avec Ostara Keller, une autrichienne à la solde des nazis, aux pouvoirs qui semblent sans bornes. Philippe Cavalier mène son récit de main de maître et parvient avec succès à tenir son lecteur en halène, rappelant, comme il le voulait, les romans feuilletons d'antan, mettant en scène un héros qui sera toujours plus ou moins porté par les événements sans parvenir à guider comme il l'entend le chemin de son destin.

    03/12/2015 à 12:40 2

  • Cul-de-sac

    Douglas Kennedy

    8/10 Nick, journaliste sans envergure qui a pour terrain de prospection le nord-est des Etats-Unis, décide un beau jour de tout plaquer, c'est-à-dire pas grand chose, pour un périple en Australie, autrement dit à l'autre bout du monde. Et notre héros en matière de dépaysement va être drôlement bien servi. En effet, après avoir tâté des joies des espaces immenses et désertiques, brûlés par le soleil, et avoir fait la connaissance de Angie, Nick va se retrouver coincé contre son gré à Wollanup, bourgade qui n'existe plus sur les cartes, au milieu d'une population de dégénérés marchandant de la viande de kangourous. Douglas Kennedy n'hésite pas à tourmenter son héros, dont on se demande s'il parviendra à s'extirper de ce véritable cauchemar. Le style est excellent et, l'histoire étant raconté à la première personne, le lecteur se trouve au coeur de l'action, aux côtés de ce malheureux Nick. On pense tour à tour à la famille de "Massacre à la tronçonneuse", exception faite du côté cannibale, et au film de John Boorman, "Délivrance". Une manière comme une autre de ternir les jolis cartes postales d'Australie.

    03/12/2015 à 12:38 4

  • Le Testament de Sherlock Holmes

    Bob Garcia

    7/10 Tout débute alors que Watson broie du noir dans son appartement de Baker Street: partout on ne parle que de la mort de Sherlock Holmes le célèbre détective, survenue lors d'une ultime expérience. Mais le docteur n'aura pas l'occasion de se lamenter durablement sur son sort car il va recevoir une convocation de maître Holborne, le notaire chargé du testament de son ami. Sur place, il retrouvera l'inspecteur Lestrade ainsi que Mycroft Holmes. Débutera alors la lecture du testament mais également d'une vieille enquête de Holmes au sujet de crimes horribles et sanglants qui occupa celui-ci plusieurs années. Bob Garcia reprend les aventures du célèbre détective de manière plus ou moins convaincante: au fur et à mesure que l'histoire avance et que s'accumule les meurtres sordides, on a l'impression de basculer dans le Grand-Guignol. L'ensemble est teinté d'un humour surtout centré sur le personnage de Lestrade. Mais j'avoue avoir éprouvé à plusieurs reprises le sentiment que l'ensemble avançait difficilement, et avait finalement un goût artificiel trop prononcé. Et on se demande comment Holmes, ce si fin limier, a mis autant de temps à résoudre cette affaire dont certaines ficelles paraissent pourtant si claires (et les arguments avancés à la fin du roman ne m'ont pas parus très convaincants). Une lecture agréable, aux nombreux clins d'oeil, mais qui n'arrive pas à la cheville des enquêtes originales.

    03/12/2015 à 12:35 1

  • Une Heure de Silence

    Michael Koryta

    7/10 Michael Koryta avec Lincoln Perry met en scène un privé sympathique, qui se demande s'il ne doit pas la jouer pépère côté boulot afin de protéger sa vie et surtout son entourage, et qui va se lancer à la recherche d'une femme disparue de la circulation depuis douze ans sur la demande d'un ancien meurtrier, Parker Harrison, qui souhaite revoir la dame qui l'a aidé à sa sortie de prison. Perry va remuer le passé de chacun pour tenter d'y voir plus clair dans cette histoire dont on lui cache nombre d'éléments. L'ensemble n'est pas sans faire penser aux romans de Pelecanos qui ont pour héros Derek Strange et Terry Quinn, rapprochement notamment dans cette manière de voir la vie sous un angle moral particulier.

    03/12/2015 à 12:31

  • Soul Circus

    George P. Pelecanos

    9/10 Du très grand Pelecanos qui signe ici le troisième roman mettant en scène Derek Strange, le privé black, et Terry Quinn, le blanc colérique, son ami et associé. Strange est chargé d'enquêter dans l'entourage de Granville Oliver, un truand en attente de jugement, qui risque la peine de mort pour meurtre; cette enquête, financée par la défense, consiste à collecter des preuves visant à innocenter Oliver. Très vite, l'auteur étoffe son intrigue grâce à la mise en place d'histoires plus ou moins parallèles et à l'apparition de multiples personnages. Le tout est très subtilement agencé et la vie privée des deux héros ne se détache que difficilement de leur vie professionnelle. On retrouve par ailleurs un autre personnage récurrent de Pelecanos, le détective privé Nick Stefanos. L'un des intérêts des romans de Pelecanos réside, selon moi, dans la présence d'une morale très particulière, exposée notamment lors des discussions entre Derek et Terry, et qui concerne entre autres sujets la justice, la vérité, la condition humaine... Rien n'est jamais noir ou blanc, et les héros en sont parfaitement conscients, eux qui tentent de "corriger" le monde suivant ce qu'ils jugent "bon". Un excellent roman couronné par le prix du polar de Cognac en 2005. Une lecture incontournable pour qui a apprécié ce chef-d'oeuvre de la télévision qu'est "The Wire".

    02/12/2015 à 16:26

  • Garden Of Love

    Marcus Malte

    7/10 Je pense que l'on tient là le genre de roman qui peut facilement énerver: une histoire de manipulation double dans le sens où le personnage central est mené en bateau par une sorte d'ange du mal et où le lecteur se retrouve pris dans les mailles de l'intrigue montée par l'auteur. Marcus Malte multiplie les nombreux jeux de miroirs en croisant notamment les récits des différents protagonistes, dont certains relèves du pur fantasme, de la vie "rêvée", empruntée à un autre. Le personnage de flic est lui aussi quelque peu irritant: une énième figure d'homme écorché, alcoolique repenti, à la famille décimée. Malgré tout, et si le lecteur veut bien entrer dans ce jeu de dupes et suivre les circonvolutions du récit, il faut bien reconnaître que Marcus Malte construit son intrigue avec talent et agrémente l'ensemble d'un style personnel. Autrement dit, du déjà vu mais avec savoir-faire, ce qui n'a rien de déplaisant.

    02/12/2015 à 16:24 3

  • 1983

    David Peace

    9/10 Voici le dernier volet de la tétralogie nommée "Quartuor du Yorkshire", et, comme pour les autres volumes, David Peace livre une oeuvre d'une violence incroyable. Souvent comparé au cycle d'Ellroy consacré à Los Angeles, ce qui se justifie, je pense toutefois, comme il est d'ailleurs dit en quatrième de couverture, que l'oeuvre de David Peace lorgne également du côté d'un autre auteur à la noirceur parfois insoutenable, l'anglais Robin Cook (on pourra notamment se référer à des romans comme "Cauchemar dans la rue" ou "On ne meurt que deux fois" pour s'en convaincre). Le lecteur suit ici les faits et gestes de trois protagonistes principaux: le superintendant Maurice Jobson, dit "La chouette"; l'avocat John Piggott; BJ le paumé. Et l'auteur de multiplier les personnages et les flash-backs. La lecture n'est pas toujours évidente, en partie en raison du style "haché", des nombreuses références aux autres volumes de la série, de décalages temporels... A l'instar des autres tomes, la région du Yorkshire est le véritable personnage central, avec sa grisaille qui semble perpétuelle et sa population frappée par la fatalité, région que David Peace célèbre à merveille avec cette litanie. Un sommet de la littérature contemporaine.

    02/12/2015 à 16:22 2

  • Cold Gotha

    Guillaume Lebeau

    6/10 "Cold Gotha" est le premier volume de la collection Club Van Helsing, qui a pour principe dans chaque "épisode" d'opposer un chasseur et un monstre différents. On trouve ici Hugo Van Helsing qui va devoir affronter, comme ses ancêtres, le célèbre Dracula, ou Vlad Tepes si l'on préfère. Et, époque oblige, on a droit à un outillage technologique des plus pointus, Guillaume Lebeau alliant au fantastique les caractéristiques du techno-thriller. Tout le roman se déroule sur 24 h (à la manière de la série du même nom), du 10 au 11 septembre 2001. Aux côtés de Van Helsing, entre autres complices, on trouve une chasseuse de primes, Samsonite, qui n'est pas sans rappeler Domino Harvey. Une histoire sans réelle prétention sinon celle de divertir, pari tenu notamment grâce au rythme soutenu. Je ne reprocherai à l'ensemble qu'un abus dans les descriptions d'armes ou de véhicules qui donne parfois à ce roman des allures de catalogue.

    02/12/2015 à 16:19 3

  • La Reine d'Amérique

    Russell H. Greenan

    8/10 Un polar peu commun qui met en scène Ig (Ignacio), adolescent féru d'électronique, qui a notamment placé des micros dans un immeuble voisin pour écouter les occupants, geste qu'il appréhende sous un angle artistique. Le personnage traîne son existence entre un père qui vit enfermé dans sa chambre refusant tout lien avec le monde extérieur, son chien et confident Eventreur, et quelques amis tels Knoxy, le génie des mathématiques ou Buddy, qui vit de la manche dans la rue. Ce petit monde va doucement s'effriter lorsque débarquera un jour de blizzard une rouquine qui taille la route en moto et dit s'appeler Betsy March. Greenan décrit des personnages attachants et atypiques, à commencer par Ig, ado perdu dans l'existence, amené à se débrouiller seul et à s'occuper d'un père névrotique. Il est rare de trouver par ailleurs un personnage de tueur en série qui soit une femme, cette "reine d'Amérique" qui durant une bonne part du roman n'est présente qu'en filigrane mais qui amènera bel et bien l'existence de Ig en plein enfer.

    02/12/2015 à 16:18 2

  • Le Condor

    Stig Holmås

    7/10 C'est par hasard, au gré d'une rencontre, que William Openshaw se retrouvera braqueur de banque, commençant par n'être que chauffeur avant d'entrer lui-même avec ses complices dans les banques et de finalement être amené à tuer. Le récit qu'Openshaw nous livre mêle différents moments de sa vie, et on le retrouve en divers endroits du monde, de sa ville natale de Birmingham aux côtés de ses parents alcooliques jusqu'au Lisbonne des années 90, alors qu'il vit plus ou moins avec Ana Maria Lisbela et ses enfants, en passant par la Russie ou la Californie. Openshaw est un grand poète, de renom, mais il traîne son existence de manière misérable avec en tête le souvenir constant de Monica, son amour perdu suite à ses méfaits. Le portrait d'un homme empêtré dans une existence qu'il ne parvient pas à maîtriser, bercée par le parfum des coquelicots ibériques.

    02/12/2015 à 16:16 2

  • L'Instinct de l'équarrisseur

    Thomas Day

    8/10 Révélation: Sherlock Holmes a bien existé et Conan Doyle l'a connu; non je ne délire pas, tout est dit dans ce livre mettant en scène ce dernier, parti aider le célèbre détective et son docteur d'acolyte sur une Terre parallèle, à la poursuite d'un terrible monstre et du pire ennemi d'Holmes. Cascades d'aventures dans un roman loin des enquêtes habituellement plutôt feutrées du locataire de Baker Street. Complétement délirant, plein d'humour et d'action, "L'instinct de l'équarrisseur" met en scène un Sherlock Holmes enragé, véritable aventurier qui ne fait pas dans la dentelle, finalement assez différent du détective que l'on connaît. Un très bon divertissement dans lequel on ne s'ennuie à aucun moment.

    02/12/2015 à 16:15