BMR

36 votes

  • Le Chinois

    Henning Mankell

    5/10 Le bouquin ne mérite guère l'étiquette de polar, l'intrigue policière n'est qu'un vague prétexte vite délaissé, le roman de Mankell est presqu'un essai de géopolitique (testament ou témoignage).
    Sa thèse nous montre les chinois d'aujourd'hui (ou de demain matin) prêts à néo-coloniser les terres d'Afrique pour y déporter leurs trop nombreux paysans pauvres que le modèle socio-économique chinois peine à satisfaire. L'Afrique personne n'en voulait plus, l'Empire du Milieu a des paysans à ne plus savoir qu'en faire, l'équation est simple.
    Bien sûr on comprend bien que Mankell cherche de bonne foi à défendre 'son' Afrique contre une troisième vague de colonisation mais malgré ses 500 pages, sa thèse a vraiment des relents nauséabonds de péril jaune et la démonstration est vraiment un peu courte.
    Dommage, car le sujet est vraiment passionnant et au cœur de l'actualité mondiale.

    18/03/2014 à 14:58 1

  • Le deuxième voeu

    Ramón Díaz-Eterovic

    9/10 Comme tout bon auteur de polar un peu désabusé, Ramòn Dìaz Eterovic a entrepris d'explorer les zones d'ombre de la société contemporaine : après le racisme chilien qui servait de décor à La couleur de la peau, cette double enquête du Deuxième vœu va nous mener sur les traces de ceux qui exploitent la misère du troisième âge, allant jusqu'à rançonner les petits vieux pour faire main basse sur leurs pensions.
    Comme d'habitude, les enquêtes policières ne sont ici qu'un prétexte à peine nécessaire : prétexte à côtoyer pendant quelques pages Heredia et ses amis, à découvrir quelque face cachée de notre société, à parcourir les rues de Santiago. En somme, un prétexte pour passer un agréable et intelligent moment.
    Ramòn Dìaz Eterovic est assurément la découverte polar de cette année 2013.

    17/03/2014 à 16:08 1

  • Requins d'eau douce

    Heinrich Steinfest

    8/10 Quel plaisir que cette lecture où la kulture est évidente sans se prendre au sérieux, portée par l'humour pince sans rire et les associations d'idées, où le sel de l'esprit est si savoureux et si impertinent qu'on se dépêche de passer les détails de l'intrigue policière dans la hâte de se perdre dans une nouvelle digression à demi philosophique.
    Une lecture où l'on retrouve un peu d'une ambiance entre l'inspecteur Derrick et Fred Vargas.
    L'inspecteur Lukastik est misanthrope, obsessionnel, impertinent, prétentieux et arrogant, un vrai parisien.

    18/03/2014 à 14:49 1

  • Un pied au paradis

    Ron Rash

    9/10 Certes il y a meurtre et assassin mais l'étiquette polar serait quelque peu réductrice pour ce roman remarquablement construit, avec une écriture forte et droite. Un très bon moment de lecture.
    Tout au long du récit, alors qu'on s'enfonce dans les mémoires, dans les vies et l'histoire de ces fermiers des terres du sud, la montée annoncée des eaux du barrage résonne comme le refrain d'un choeur antique.

    18/03/2014 à 14:42 1

  • Ce qui n'est pas écrit

    Rafael Reig

    5/10 Rafael Reig ne réussit malheureusement pas à tirer tout le parti de sa bonne idée et chacune des histoires imbriquées se terminera aussi laborieusement qu'elle a commencé.
    Les personnages sont à la limite de la caricature : un Carlos alcoolique et intransigeant, un fils faible et veule et une Carmen versatile et insignifiante.
    Finalement, on en vient à penser avec sévérité (sans doute trop de sévérité) que le bouquin de Rafael Reig ressemble au faux polar de son Carlos : pesant et glauque, maladroitement imbibé de whisky et inutilement épicé de sexe.

    17/03/2014 à 15:52

  • Comme dans un rêve

    Leif GW Persson

    7/10 Olof Palme c’est un peu le Mitterrand suédois et son assassinat mystérieux est un peu à l’Europe, ce que celui de JFK est aux US.
    Que ceux qui espéraient un polar à l’américaine, urbain et trépidant, passent leur chemin. La marque de fabrique de Leif GW Persson, c’est la procédure documentée, le dossier minutieux.
    Les amateurs de scoop fracassant ou de révélation croustillante en seront pour leurs frais.
    Il faut même un peu de courage pour rester accroché au copieux dossier durant ses 600 pages.
    Reste l'équipe d'enquête on l’a dit : quelques filles et garçons sympas (ouf !), ravis de travailler pour le grand patron qui dirige les investigations en douce et en marge de l'enquête officielle, sous prétexte de ré-indexation des archives du dossier Palme. Cela nous vaut quelques pages savoureuses.

    17/03/2014 à 15:54

  • Délivrance

    Jussi Adler-Olsen

    5/10 La recette est la même que pour les deux premiers épisodes et l'effet de découverte ne joue plus.
    J.A. Olsen reprend les mêmes ingrédients et nous ressert le même plat : une vieille histoire qui date de plusieurs années et qui ne semble toujours pas terminée, pendant que le tandem composé de Carl Mørck et de son assistant syrien traîne toujours dans les sous-sols de l'hôtel de police et tente de classer les vieux dossiers.
    J.A. Olsen en rajoute même encore une louche avec une punkette façon Lisbeth : ça avait super bien marché chez son voisin suédois, alors pourquoi ne pas reprendre le même ingrédient ?
    Bref, l'auteur a gentiment pris tout ce qui traînait dans son frigo et même dans celui du voisin pour faire sa tambouille.
    Mais le chef ne semble guère inspiré cette fois-ci

    18/03/2014 à 14:44

  • Des illusions

    Magnus Montelius

    8/10 Le bouquin est doublement passionnant : le contexte politique des années 60, la naissance des groupuscules gauchistes, l’isolement de l’Albanie, l’ouverture des pays de l’est vers 1990 (l’Albanie fut naturellement dans les bons derniers), …
    On pense au Mankell de L’homme inquiet ou encore à Leif GW Persson.
    Et puis il y a le travail journalistique des deux curieux, Meijtens et Natalie : le folklore habituel des salles de rédaction nous est épargné au profit d’un travail patient et minutieux d’enquête consistant à interroger systématiquement les anciens témoins et protagonistes de l’époque, à recouper les différentes sources avec méthode.
    Ni experts scientifiques, ni profileurs, ni même 007 suédois.
    Peu à peu, au fil des pages et des interrogatoires, tous ces petits à côtés qui émaillent les dialogues finissent par former une ambiance prenante et restituer le lent et délicat travail de l’interview.

    18/03/2014 à 10:52

  • Entre le désir de l'été et le froid de l'hiver

    Leif GW Persson

    7/10 Un pavé de 735 pages, une curiosité réservée aux fans d'Histoire, de Suède et d'Histoire de la Suède.
    On y croise toutes sortes de personnages aux noms indémêlables.
    Et notamment un clone nordique de John Edgard Hoover qui rêve de bâtir un FBI suédois sur le modèle de la Stasi.
    Un drôle de bouquin, peut-être le plus américain des polars nordiques, où le hareng aurait remplacé la saucisse sur le BBQ.
    Et puis une traversée éclair des années récentes de la Suède, pays trop méconnu, on ne le répètera jamais assez.
    Un peu longuet mais instructif.
    Avec en prime la solution (!) du mystère de la mort d'Olaf Palme, assassinat qui est à la Suède ce que celui de Kennedy est aux US.

    18/03/2014 à 14:53

  • Juste une ombre

    Karine Giebel

    4/10 Encore un polar tgv écrit et lu à vive allure. On se surprend même à lire en diagonale de nombreux passages : c’est dire que ces pages ne laissent pas un souvenir impérissable et qu’on se demande à quoi pensaient les jurés de Cognac en lui décernant le prix du meilleur polar français en 2012.
    Mais comme tous ces ‘page-turner’, une fois de temps à autre, ça permet de se relaxer les neurones et de se vider la tête.

    15/03/2014 à 11:17

  • Justice dans un paysage de rêve

    Malla Nunn

    8/10 On découvrira au fil de l'enquête que tout n'est pas noir ou blanc. Qu'il y a beaucoup, beaucoup de gris, de quelque côté que l'on se tourne : la place faite aux métis dans cette histoire est très instructive et dévoile tout un pan méconnu de cette Afrique du Sud dont avait une photo uniquement en noir et blanc.
    Nous voici donc au début des années 50 dans un trou perdu du veldt, tout près de la frontière avec le Mozambique. À cette époque la doctrine de l'apartheid est en plein essor et fleurit sur les cendres du nazisme. Le Nasionale Party (tiens, y'a encore de l'écho ?) et les Afrikaaners sont au mieux de leur forme. Sur fond de guerre froide, la Security Branch fait régner la terreur blanche, pourchassant tout ce qui est rouge ou noir.
    Et puis ce jour-là ... dans ce trou perdu de la brousse, on découvre un cadavre au bord du fleuve.
    Un cadavre de blanc. Un cadavre de flic. Un flic blanc qui descendait d'une noble lignée de Boers purs et durs.
    Alors la Security Branch dépêche sa meilleure escouade de gros bras, avides d'épingler, que dis-je, de pendre un pauvre black à tendance rouge.
    On trouvera sûrement tout ce qu'il faut sur place : le bonhomme, les aveux et la corde.

    18/03/2014 à 15:09

  • L'île des hommes déchus

    Guillaume Audru

    8/10 Le huis-clos est ouvert à tous les vents mais l’atmosphère insulaire est étouffante, alourdie de secrets et de non-dits. Et c’est pas le vieux squelette remonté à la surface qui va dire le contraire.
    On regrette juste encore quelques maladresses (de premier roman) dans les dialogues qui semblent parfois un peu décalés en regard de la violence des sentiments exposés.
    Un auteur à faire connaître avec cette lecture bien agréable.

    17/03/2014 à 21:11

  • La nuit divisée

    Wessel Ebersohn

    7/10 En état de légitime défense, Votre Honneur.
    L'Afrique du Sud à cette époque (on est à la toute fin des années 70, dans les dernières années de l'apartheid) est encore un pays où l'on ne condamne pas un blanc qui défend son bien (et même sa vie, Votre Honneur) contre d'affreux bantous.
    Original et plutôt bien écrit.
    Original parce que, entre autres choses, le personnage principal, le 'héros' est un psychologue juif qui travaille occasionnellement avec la police.

    18/03/2014 à 14:55

  • La plage des noyés

    Domingo Villar

    9/10 Au fil des chapitres et des rencontres, le lecteur attentif devient peu à peu expert en parler-galicien, ce langage étrange où l'on répond à une question par une autre. Le plus curieux étant que visiblement ces gens-là se comprennent et que peu à peu l'enquête avance, mais si.
    Entre les petits restos du port et le marché à la criée, l'enquête avance à pas comptés, qu'on voudrait bien ralentir encore, peu pressés que nous sommes de quitter la compagnie de Leo Caldas.
    Voilà donc quelques heures assurées de belle lecture, assis sur les galets de la plage, sous la pluie, où Domingo Villar fait la preuve que Montalban n'est pas le seul auteur de polars espagnols !

    18/03/2014 à 14:41

  • La Vérité sur l'affaire Harry Quebert

    Joël Dicker

    8/10 Inclassable ce roman qui parle de littérature, d’écriture et d’écrivain, qui s’étend sur les affres des auteurs devant leur page blanche. C’est plein d’humour et d’autodérision, une histoire comme seuls les américains juifs new-yorkais savent les écrire. On connait bien. Sauf que ?
    Sauf que Joël Dicker est … suisse !
    Ce n’est certainement pas le roman du siècle (l’écriture reste simple, l’histoire superficielle, les rebondissements divertissants et certaines figures un peu convenues) et l’engouement dont ce bouquin a été l’objet est certainement disproportionné, ok, mais voilà quand même un bon gros moment de plaisir. À ne pas bouder, même si le tapage fut assourdissant.

    17/03/2014 à 15:56

  • Les talons hauts rapprochent les filles du ciel

    Olivier Gay

    2/10 Quel livre décevant ! Quelle écriture bâclée !
    Un soi-disant polar dans le milieu branché (pardon : hype) des soirées parisiennes.
    Intrigue nullissime, ambiance hype mais sans aucun intérêt.
    Quel dommage de voir ainsi gâché un aussi joli titre …
    Et de plus, c’est plutôt mal écrit et l’humour promis n’est que trop rarement au rendez-vous.

    17/03/2014 à 16:10