Années 1950. Le jeune David s’amuse à pêcher des écrevisses lorsqu’il fait la connaissance de Meg. Elle et sa sœur Susan, gravement blessée suite à un accident, vivent désormais chez Ruth et ses fils. Puisqu'ils s’entendent bien avec David, ce dernier y voit un agréable moyen de retrouver plus souvent cette belle jeune fille. Mais il ne se doute pas encore que, dans cette maison voisine de la sienne, l’horreur ne fait que commencer.
Il existe des romans qui révulsent, d’autres qui marquent. Celui-ci synthétise ces deux sentiments extrêmes. D’ailleurs, la préface de Stephen King est en cela d’une remarquable lucidité. Car, pour les deux sœurs comme pour le lecteur, aucune torture, physique ou morale, ne sera épargnée. Des simples vexations aux pires humiliations en passant par les perversités de la chair et le viol, c’est une incroyable plongée dans les ténèbres de l’âme humaine dans laquelle Jack Ketchum nous envoie. Pas de garde-fou, de détour ni de circonvolution : c’est du brutal, du barbare, de l’extrême. Pourtant, et c’est bien l’un des points les plus sidérants de l’ouvrage, cette sauvagerie n’éclate pas dès les premières pages. Elle s’installe, graduellement et sûrement, tel un venin, un parasite, un prédateur. Par paliers successifs où s’échelonnent lentement l’innommable et la terreur, les plus immondes dérèglements moraux apparaissent, un peu comme cette métaphore de la grenouille que l’on ébouillante progressivement jusqu’à lui faire atteindre une température mortelle. Il n’y a, dans l’écriture de Jack Ketchum, aucune forme d’artifice littéraire ou de fard : si sa plume est élégante, elle est surtout impressionnante de maîtrise lorsqu’il s’agit de décrire ce terrible maelstrom qui entraîne les individus loin des flots en apparence si calmes et anodins. D’ailleurs, David est en soi un personnage qui restera dans les esprits : quoique fort et bien éduqué, il sera entraîné dans les limbes, d’abord en tant que spectateur dépassé par sa propre épouvante puis comme individu à la lisière de l’âge adulte qui n’aura pas su à temps prendre les bonnes décisions.
Au-delà de la puissante force de percussion littéraire que représente ce brûlot, il faut aussi envisager ce roman d’une indicible noirceur comme une piqûre de rappel, puisque cette histoire s’inspire d’un fait divers. Pour que jamais ne se reproduisent, indépendamment des lieux et des époques, de telles tragédies. Pour savoir affronter le Mal lorsqu’il se présente à nous et nous oblige à prendre position. Parce que cette fille comme les autres pourrait, un jour ou l’autre, au même titre que chacun des protagonistes de cette histoire écrite de soufre, être l’un d’entre nous.
Années 1950. Le jeune David s’amuse à pêcher des écrevisses lorsqu’il fait la connaissance de Meg. Elle et sa sœur Susan, gravement blessée suite à un accident, vivent désormais chez Ruth et ses fils. Puisqu'ils s’entendent bien avec David, ce dernier y voit un agréable moyen de retrouver plus souvent cette belle jeune fille. Mais il ne se doute pas encore que, dans cette maison voisine de la sienne, l’horreur ne fait que commencer.
Il existe des romans qui révulsent, d’autres qui marquent. Celui-ci synthétise ces deux sentiments extrêmes. D’ailleurs, la préface de Stephen King est en cela d’une remarquable lucidité. Car, pour les deux sœurs comme pour le lecteur, aucune torture, physique ou morale, ne sera épargnée. Des simples vexations aux pires humiliations en passant par les perversités de la chair et le viol, c’est une incroyable plongée dans les ténèbres de l’âme humaine dans laquelle Jack Ketchum nous envoie. Pas de garde-fou, de détour ni de circonvolution : c’est du brutal, du barbare, de l’extrême. Pourtant, et c’est bien l’un des points les plus sidérants de l’ouvrage, cette sauvagerie n’éclate pas dès les premières pages. Elle s’installe, graduellement et sûrement, tel un venin, un parasite, un prédateur. Par paliers successifs où s’échelonnent lentement l’innommable et la terreur, les plus immondes dérèglements moraux apparaissent, un peu comme cette métaphore de la grenouille que l’on ébouillante progressivement jusqu’à lui faire atteindre une température mortelle. Il n’y a, dans l’écriture de Jack Ketchum, aucune forme d’artifice littéraire ou de fard : si sa plume est élégante, elle est surtout impressionnante de maîtrise lorsqu’il s’agit de décrire ce terrible maelstrom qui entraîne les individus loin des flots en apparence si calmes et anodins. D’ailleurs, David est en soi un personnage qui restera dans les esprits : quoique fort et bien éduqué, il sera entraîné dans les limbes, d’abord en tant que spectateur dépassé par sa propre épouvante puis comme individu à la lisière de l’âge adulte qui n’aura pas su à temps prendre les bonnes décisions.
Au-delà de la puissante force de percussion littéraire que représente ce brûlot, il faut aussi envisager ce roman d’une indicible noirceur comme une piqûre de rappel, puisque cette histoire s’inspire d’un fait divers. Pour que jamais ne se reproduisent, indépendamment des lieux et des époques, de telles tragédies. Pour savoir affronter le Mal lorsqu’il se présente à nous et nous oblige à prendre position. Parce que cette fille comme les autres pourrait, un jour ou l’autre, au même titre que chacun des protagonistes de cette histoire écrite de soufre, être l’un d’entre nous.