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La Patience du Diable
3/10 Ratage complet, dans la droite ligne de " La conjuration primitive", n'est pas Thomas Harris qui veut... Souffrant des mêmes aberrations au niveau cohérence et authenticité, mais surtout, pratiquant sur des territoires communs aux Jean-Christophe Grangé, Franck Thilliez et autres Patrick Sénécal, un vrai problème de renouvellement, de régénération chez Maxime Chattam, aussi bien au niveau de l'intrigue que de ses séquences-choc...
Contrairement à un Grangé qui, malgré l'énormité de certains de ses postulats, parvient quasiment à tous coups à m'embringuer dans son univers, Chattam peine à retrouver la verve et la flamme de ses débuts, et sa Trilogie du Mal... A l'image du passe-temps de son dépeceur, ses histoires s'apparentent à de belles façades, dépourvues d'énergie et d'originalité, privées de leur substrat...C'est vrai qu'il faut au moins avoir la patience du diable pour arriver au bout de ce roman...09/04/2016 à 23:29 6
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Dérapages
7/10 Un roman à côté duquel je serais très certainement passé, s'il n'y avait eu le Programme des Lecteurs Polars Pourpres, et qui s'est avéré au final particulièrement plaisant... Le plaisir de ces thrillers sériels, le plaisir de retrouver à intervalles plus ou moins réguliers les mêmes personnages, de savoir comment ils vont bien pouvoir évoluer, ce que l'auteur leur réserve,un attachement, une identification, qui tisse un lien tenace: c'est en ça que réside l'efficacité du style de Danielle Thiéry, à l'instar d'un Alexis Lecaye ou d'un Nicolas Lebel...
Bien que n'ayant lu aucune des aventures précédentes, elle réussit à nous intégrer rapidement à sa petite troupe, soudée autour de son alter égo, le commissaire divisionnaire Marion, et à rallier notre sympathie, sans pour cela négliger l'enrobage...Du suspense, de l'action, un "vécu" qui filtre à travers une narration cadencée; même si le final apparaît comme un peu trop escamoté, je ne vais pas tarder à me plonger dans les premières enquêtes de cette épatante femme flic...06/04/2016 à 10:00 3
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Les Fauves
6/10 Sur un sujet plein d'à-propos, surtout à l'heure actuelle, enrichi par un travail d'investigation conséquent, Ingrid Desjours compose une joute féroce qui confronte deux bêtes blessées, une espèce de Bodyguard post-7 janvier 2015, une étude de caractères trempés, mais dont la partition se joue sur un faux rythme...
Une cadence syncopée, un pas en avant, deux en arrière, un ballet désynchronisé, entre faux-semblants et coups d'éclats, manipulation et désinformation, qui fait piétiner l'intrigue; à ne pas savoir sur quel pied danser, on finit par trébucher... On attend impatiemment l'étincelle qui sortira le suspense de l'ornière de cette relation ambivalente, qui se consume jusqu'à l'embrasement, entre attachement et répulsion, stress post-traumatique et strass pas trop pudique, certes fort bien disséquée par l'auteure, mais pas suffisamment prégnante en ce qui me concerne, pas assez riche en péripéties, pour me prendre dans ses rets...01/04/2016 à 22:58 7
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Serre-moi fort
7/10 En rendant l'absente omniprésente, les parents du jeune Nick le condamnent à la peine de contrition à perpétuité; en charge d'une affaire délicate, après le décès tragique de sa femme, le lieutenant Adam troque un drame contre un cauchemar... Deux rescapés, deux manières différentes d'appréhender un deuil castrateur... Mais comme souvent chez Claire Favan, les convenances vont voler en éclats...
Elle a toujours le chic pour appuyer sa plume là où ça fait mal, à l'instar d'une Maud Mayeras, et le choc pour pousser son observation aux frontières de l'indécence et de l'angoissant; mais cette fois survient un rebondissement qui, en ce qui me concerne, m'a quelque peu dérouté et désarçonné, dans le sens où j'ai eu l'impression que l'auteure usait ici d'une ficelle scénaristique assez douteuse et fort peu crédible, voire invraisemblable, pour amener la confrontation finale...
Une erreur d'aiguillage d'autant plus dommageable que la constriction de l'intrigue, cette sensation d'étouffement permanent qui oppresse les différents protagonistes d'un bout à l'autre du roman, laissait augurer d'un traitement et d'un final différent...20/03/2016 à 15:10 5
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Les Innocents
7/10 Nouvelle plongée dans les eaux impétueuses de l'imaginaire de Robert Pobi, seconde incursion autrement plus convaincante que la précédente... Un thriller de facture classique, mais ponctué de suffisamment d'éléments singuliers pour accrocher le lectorat: un personnage de femme flic qui n'est pas sans rappeler celui de Smoky Barrett, l'héroïne récurrente de Cody Mc Fadyen, amazone à la vulnérabilité à fleur de peau, souvent sur le fil de la légalité, un tempo qui chasse l'ennui, des seconds rôles archétypaux, mais séduisants... Néanmoins, l'aberrante conclusion, contestable aussi bien moralement que sur le plan de la crédibilité, est venue saborder le frêle esquif, et galvauder la cohésion de l'ensemble...
16/03/2016 à 00:22 4
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Trois jours et une vie
7/10 Comme Antoine, prisonnier d'une vie à laquelle il rêvait d'échapper, j'ai été abusé à mon corps défendant... Mais cette fois-ci, à la différence des autres romans de Pierre Lemaitre, où la mystification valorisait et exaltait le ravissement du lecteur, le goût du plaisir m'a paru fade; assujetti à mon attachement indéfectible pour cet auteur, cette espèce de sollicitude fanatique, j'ai longtemps attendu l'étincelle qui aurait transformé ce récit en quelque chose de plus retentissant, de plus innovant...
Si l'indéniable talent de conteur de Lemaitre transfigure par instants ce banal fait divers provincial en chronique de l'enfance perdue, symbolisme de l'entrée délicate dans le monde adulte, ces " Trois jours et une vie " s'éternisent, principalement dans une première partie qui étire et use du sentiment de culpabilité d'Antoine comme d'un subterfuge maladroit pour étoffer un suspense qui tarde à prendre son essor...
Moins lyrique et baroque qu"Au revoir là-haut", moins palpitant que la trilogie Verhoeven, le nouvel opus du Goncourt 2013 n'est rattrapé que par son final très tarte à la crème, du " tel est pris qui croyait prendre "... Déroutant...11/03/2016 à 00:21 8
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Noir est mon double
8/10 Un thriller d'une singulière addiction : une intrigue qui s'exporte sur l'échiquier géopolitique, formidablement documentée, sur fond de trafic d'organes, traite des humains et mafias des pays de l'Est, des acteurs majeurs captivants et qui se démarquent de ce que l'on à l'habitude de voir d'ordinaire, un rythme soutenu et accrocheur insufflé par une succession de courts chapitres et de faits d'armes qui maintiennent constamment le lecteur sous pression...
07/03/2016 à 18:23 4
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Tu tueras le père
8/10 Après Donato Carrisi et Paola Barbato, Sandrone Dazieri entérine l'avènement au premier plan du thriller transalpin avec cette histoire diablement captivante menée par un duo d'enquêteurs hors normes, une équipée très borderline, alliage improbable entre une cartésienne convertie et un otage claustrophobe...
Même si son casting participe grandement à la réussite de l'entreprise, c'est principalement par son intrigue tortueuse et qui entre étonnamment en résonance avec celle du " Syndrome E ", que ce thriller carbure à autre chose qu'à l'ordinaire, jusqu'à ces toutes dernières lignes qui laissent peut-être augurer d'une suite...
Et Dazieri de poser la question : est-ce plus douloureux d'avoir tout oublié que de s'être souvenu ?..01/03/2016 à 16:50 10
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Les Sirènes noires
8/10 Jean-Marc Souvira connaît la musique et fait partie, avec Laurent Guillaume et Olivier Norek, de cette petite élite qui combine leur expérience de flic avec un discernement didactique propre à nous éclairer sur les multiples tenants et aboutissants des corps de métier de l'organe judiciaire...Sans épate, ni exagération...
Et ses " Sirènes Noires " nous sonnent comme un KO technique: ça va vite, ça tape fort, l'intrigue s'enroule autour de multiples axes d'enquête sans jamais perdre sa fluidité narrative...De plus, en intégrant à son récit un aspect occulte qui prédomine dans les traditions de certains pays d'Afrique noire, Souvira nous fait toucher du doigt la triste réalité du trafic d'individus qui sévit jusque sous nos latitudes...24/02/2016 à 22:04 3
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13 à table ! 2016
Ouvrage collectif
7/10 L'essence de la nouvelle, l'art du novelliste, ce funambule elliptique, c'est de révéler, de souligner ou d'infirmer le talent d'un écrivain qui doit, en quelques pages, donner le regret au lecteur que son texte ne soit pas plus long... Ici, à boire et à manger; deux, trois chefs étoilés qui nous régalent les pupilles, quelques bons marmitons efficaces, et une ou deux découvertes qui garantissent l'homogénéité du recueil...
17/02/2016 à 08:29 4
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Le Vide
10/10 Extrêmement déstabilisant, le thriller de Patrick Sénécal exerce le même type d'attraction que ces réality-show qu'il brocarde, provoquant fascination, répulsion, incrédulité... On fait face, subjugué, à la mise en abyme d'une société en déliquescence, dans laquelle le désir aliène l'individu, et où le média télévisuel fait office de boîte de Pandore...
Avec ce manifeste désillusionné du dérèglement moral de la société et à travers le parcours des trois personnages principaux, par le biais d'une construction audacieuse, l'auteur met en place une mécanique complexe pour dégager toute la substance de son intrigue; vide existentiel, vide moral, vide affectif: trois facettes du même mal-être qui ronge ces anti-héros... Récit au pessimisme revendiqué, pouvant s'apparenter à l'apologie de la négation, d'un voyeurisme parfois volontairement putassier, Sénécal s'ingénie à nous plonger dans l'embarras pour mieux souligner la vacuité de ce grand Barnum...
Expérience littéraire intense et ardue, en plongeant dans cette fange émotionnelle, on accepte d'être le témoin de nos propres turpitudes, mais aussi, et surtout, de faire le deuil d'une certaine conception de la quête du mieux-être... Et de voir que près de dix ans plus tard, pas grand chose n'a changé... Saisissant...13/02/2016 à 00:08 12
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Les Loups à leur porte
4/10 Des tranches de vies qui sortent du cadre, des saynètes d'un quotidien légèrement de guingois, comme si le simple fait de tourner une page mettait en branle un mécanisme catastrophiste susceptible d'anéantir chacun des personnages...Le problème ici, dans ce cas de figure, de ces petites histoires collationnées en récit polymorphe, c'est que l'auteur échoue à nous impliquer, soit parce qu'il passe d'une histoire à l'autre trop brusquement, sans nous laisser le temps d'entrer en empathie avec ses personnages, soit parce que son intrigue manque de force et de nerf, soit parce que le fil conducteur sensé relier ces micros récits, pour en faire autre chose qu'un simple recueil de nouvelles, demeure abscons...
L'ambition était louable, l'aboutissement pas complètement réussi... Pour ma part, je suis resté sur le pas de la porte...05/02/2016 à 22:33 5
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Les Lumineuses
8/10 Lauren Beukes accommode le ballet des époques et la confrontation de destins, dont la quête morale, qu'elle soit psychotique, douloureuse ou rédemptrice, prend le pas sur une existence dont ils cherchent à s'extirper...Qu'il soit marginal sociopathe qui, au milieu d'une constellation de proies, cherche son étoile la plus scintillante, ou victime tourmentée se substituant à la justice pour guérir ses plaies, ou bien encore journaliste placardisé, les aspirations contrariées, déçues ou brisées de chacun tiennent lieu de moteur et consument leur existence de manière brutale et inexorable, pour les précipiter vers l'abîme...
Un style plaisant, une histoire ensorcelante, un ensemble de personnages chatoyant et bigarré, malgré la noirceur de son intrigue; plus qu'un simple succès d'estime, une réussite brillante...31/01/2016 à 14:01 7
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L'Ombre
5/10 Le mythe du loup-garou revisité à la sauce magyare, par Stephen Lloyd Jones, un peu à la façon d'un " Jeepers Creepers"... Trois époques, trois moments clés dans la chronologie d'une légende qui pèse comme une malédiction sur la famille du personnage principal...
Une fable gothique, dans laquelle le personnage de Jakab et son ombre portée, la paranoïa, s'affirment comme l'intérêt majeur d'une histoire dont le découpage, même s'il permet de faire monter doucement la tension, nuit au rythme, du fait de certains passages obligés, et inintéressants, qui cassent la dynamique du récit... Et finit par galvauder l'ensemble...25/01/2016 à 19:43 3
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Vengeances
8/10 Découvert dans le cadre du Programme des Lecteurs Polars Pourpres, une petite pépite sombre, pleine d'amertume et glacée, voire glaçante...
Le froid justement, comme partie prenante du récit, s'incorporant et gangrénant toutes les strates de l'histoire: froideur des lieux, froideur clinique de l'action, d'une violence brute et sauvage parfois, froideur des sentiments...C'est un livre qui vous prend à rebrousse-poil, sans jamais tomber dans la facilité, la caricature ou le trash...Une quête de la vérité comme antidote à la douleur, ce besoin de racheter une vie, des vies, sa vie, par une autre, puis une autre, puis une autre...
Au-delà d'une intrigue dure et sans aucune concession, ce sont surtout les personnages qui nous bouleversent: celui de Blum, véritable oxymore vivant, en lutte perpétuelle; Réza, Massimo, et les autres... Une prometteuse découverte...20/01/2016 à 10:00 10
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Les Fantômes de Belfast
7/10 Gerry Fegan, le héros de Stuart Neville, traîne sa souffrance dans un Belfast félon, exécutant d'un contrat moral passé avec lui-même, pour expier ses fautes et se racheter sa conscience... L'auteur ose un parallèle entre son personnage principal et le pays qui l'a vu naître, tous deux dans le repentir d'une époque douloureuse et révolue, entre doutes et désenchantement...Un entre-deux mondes encore rempli de violences et de coups bas, dans lequel errent encore toutes sortes de chimères, anciens combattants mis au rencart et victimes d'une guerre qui ne dit pas son nom...
18/01/2016 à 22:09 6
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Le Fil rouge
9/10 Le tourment d'un homme qui, pour combler le grand trou au sein de son existence, remplit les petits avec du vide, au lieu d'une vie... Un homme de la renonciation, comme soufflé par la déflagration de la perte, et qui, instrument d'une justice du talion, va s'improviser assassin par procuration, pour se rendre finalement compte qu'on est tous le bourreau de quelqu'un...
Paola Barbato dévide la bobine de son histoire patiemment, sobrement, déroulant le fil rouge de l'affliction partagée, en nous prenant à témoin, nous défiant de juger ces martyrs collatéraux, pris entre le marteau et l'enclume; c'est là sa très grande force, cette neutralité romanesque qui confine au pudique...
Elle déploie avec vigueur, dans un même temps, tout un panel d'émotions exacerbées, exaltées, s'incarnant dans chacun des personnages croisés au fil des pages, pour finir par nous délivrer une subtile réflexion sur la culpabilité du survivant et l'appréhension du deuil... Poignant.11/01/2016 à 20:21 9
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Criminal loft
7/10 Dix petits nègres version réality-show...
Armelle Carbonel organise la rencontre paroxystique, mâtinée d'horreur gothique, entre deux des maux les plus symptomatiques et les plus fascinants ( bien que tout un chacun s'en défende ) de notre époque; quand huit sociopathes jouent leur liberté à pile ou face sous les projecteurs de la télé-réalité...
Un récit sous pression, qui diffuse un étrange malaise, une perturbante inversion des rôles, à partir de laquelle le lecteur devient obscurément coupable d'un voyeurisme pervers, comme si la scrutation de ces monstres finalement si pathétiquement humains faisait écho aux exactions qu'ils ont commises...
L'auteure pousse à bout cette expérience de Milgram, qui laisse à penser que la vraie nature du genre humain réside quelque part au milieu de cette folie, où le libre arbitre n'est pas forcément la clé vers la liberté...Il est néanmoins regrettable que le suspense, présent durant la majeure partie de l'ouvrage, ne trouve pas un climax à la hauteur de l'analyse psychologique des ses personnages...07/01/2016 à 20:50 6
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Delta Charlie Delta
7/10 Laurent Guillaume nous administre la preuve, une fois encore, à l'instar d'un Olivier Norek, que son expérience de flic confère à ses polars une empreinte aisément identifiable, marquée du sceau de la réalité, loin de toute fictionnalité et autres exagérations...Et même si son intrigue n'a pas le cachet d'une folle originalité innovante, le fait de retrouver son personnage de Mako, l'incarnation vivante de Ste Rita en saint patron des causes désespérées, nous permet de passer un agréable moment...
31/12/2015 à 08:31 2
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Le Roi des crânes
7/10 Le second volet des aventures de Mako à l'image du personnage: solide, carré, tendu... Une valeur sûre...
28/12/2015 à 18:35 2