Hexagone

11 votes

  • Le Sang des Atrides

    Pierre Magnan

    8/10 Jeux de miroirs,
    L'envers du décor se révèle ici sournois et fatale. Comment expliquer les homicides dans cette bonne vieille ville de Digne? Laviolette mis au parfum se mêle de dénouer l'écheveau de ces mystèrieux crimes. Si vous appréciez Maigret et Giono il vous sera difficile de résister à Magnan. Son bonhomme de commissaire est aux antipodes des superflics, le voir tenir un flingue tient de l'incongruité la plus surprenante. Pas macho pour un sou, évitant délicatement les mises en avant, il laisse filer l'enquête par d'autres. Mais attention il n'avale pas son chapeau pour autant, et s'arme de réflexion pour trouver l'énigme. Le climat du livre n'est pas méridional, il pleut sur Digne, le vent glace les ruelles sombres, les notables sont confortablement installés dans leur quotidienneté, un vie de préfecture pépère. L'écriture de Magnan est suffisament fine et ciselée pour peindre des personnages attachants, des situations intriguantes et surtout une athmosphère particulière, Magnèsque. N'hésitez pas, vous m'en direz des nouvelles.

    13/05/2010 à 10:16

  • Fasciste

    Thierry Marignac

    7/10 Tout d'abord, permettez moi de relever que la couverture actuelle n'a rien à voir avec celle de l'édition de poche de 1988 qui est nettement moins politiquement correcte, enfin il faut bien arrondir les angles avec un titre pareil.
    Un livre déroutant qui traite de l'implication d'un jeune bourgeois du 16 ème arrondissement dans ce qu'il est convenu d'appeler un groupe de la droite extrême. Ici point de politique politicienne, notre jeune héros est plutôt en quête de vérité sur lui même et son environnement. Et il va la trouver au sein d'un groupe de gros bras. Après son passage chez les paras, Rémi va se joindre depuis sa fac à un groupe d'extrême droite via le GUD qui a défrayé les chroniques au milieu des années 80. Il ira ensuite en Irlande, voir la guerre de plus près, reviendra en France prendre la gestion des services d'ordre du parti. Le nom du parti est le FRONT et son leader se surnomme L'OGRE, toute ressemblance ...
    Le livre est très intéressant, il ne s'agit aucunement d'une infiltration dans les milieux nationalistes, cependant les références sont strictes et révèlent bien le climat des années 80. La banlieue et ses occupants immigrés, l'université et ses groupes politiques, les échauffourées avec les adversaires, la musique, l'alcool et la quête de soi par le sport de combat, l'autorité, le respect et la révélation de son destin par le courage et l'amour. Un titre polémique, car encore une fois rien de vraiment perturbant sur un plan politique, mais un livre d'homme qui au sein du groupe apprend à être ce qu'il est. Un ouvrage qui assure une réflexion à ceux qui passeront outre le titre un brin racoleur, même si le contenu ne convient pas à un lapin de trois semaines. Proposition d'accompagnement musical : Ramstein, d'une certaine manière Pigalle pour l'ambiance des arrière-salles de bistrots pas nets.

    21/02/2010 à 11:13 4

  • Et le verbe s'est fait chair

    Jack O'Connell

    5/10 Bizarre, étrange, à la limite du charabia amphigourique. Une athmosphère très particulière suffocante, éprouvante comme dans les bédés de Miller, le film Sin city, ou un roman de Lieberman ou de Poppy Z Brites ou Cosmos incorporated de Dantec. Le récit relate la quête d'un livre dans une ville démoniaque ou règne une forme de chaos. D'anciens exterminateurs de juifs de bohême ont trouvé refuge dans cette ville ou ils se sont appropriés des quartiers et tentent d'imposer leur façon de voir les choses. Certains d'entre eux sont à la recherche d'un livre très spécial. S' en mêle un flic vivant avec le fantçome de sa femme décédée. Ma critique est nulle, mais impossible de tirer au clair ce récit qui ne manque pas d'interêt, mais ne m'a pas enthousiasmé. Un frange de lecteurs branchés et underground y trouveront surement leur compte.

    27/01/2010 à 22:03 1

  • Le Couperet

    Donald Westlake

    4/10 Si l'idée de départ est assez bonne, le roman lui, est loin d'être aussi bon. Il est carrément moyen. Certes, la frénésie d'un homme prêt à beaucoup de choses pour ne pas être banni de la société à cause de la perte de l'emploi est un angle de vue intéressant. Cependant le déroulement du roman est sans intérêt aucun. La redondance des éliminations des concurrents, les relations intra familiales, les questionnements du héros sont loin d'être aussi pertinents. En fait un roman sans envergure, alors que le sujet offre des possibilités infinies. La psychologie est absente, et puis cette facilité dans la commission des meurtres et l'impuissance de la police m'a gêné. J'ai tellement été déçu par le livre qui je n'ai pas envie de voir le film, c'est dire. Je m'attendais à vraiment mieux de Westlake, il ne m'a pas convaincu avec ce livre.

    13/01/2010 à 21:18

  • Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

    Thierry Jonquet

    8/10 Jonquet tire à boulets rouges sur les impérities de nos modèles sociaux qui ont dégénéré pour arriver au plus bas de l'abîme. Une société ou les élèves sont des apprenants, ou les profs deviennent des puériculteurs sur-diplômés, une insititution policière qui gère aux coups par coups les débordements d'une catégorie de personne qui ne s'intègre pas. Au final Jonquet ne donne pas de leçon, mais on resssent un certain dépit quant à l'analyse qu'il fait de cette société, de ce zoo humain ou évolue tant bien que mal, et plutôt mal une partie de la société française. Je dirai qu'il s'agit d'une bonne radioscopie de notre société actuelle. Le constat est froid et désempare, car Jonquet constate avec acuité l'évidence, mais nous laisse pantois car aucune solution ne se profile à l'horizon. Le salafisme et ses répercussions dans nos vies, la misère sociale et intellectuelle, la rigidité administrative et le dépit de ses populations qui, quoique qu'on pense ne font partie de la France qui avance. Combines, trafics, esclavage sexuel et surtout le pire l'impasse. Un brûlot formidable balancer à la face de nos têtes pensantes. Que ceux qui pensent que Jonquet en fait trop aillent vivre un mois de leur vie au sein d'une cité française de la banlieue. La fin laisse en suspension.
    - " Il faut dire m'dame si vous êtes Feuj."
    - " Oui, et alors."
    Et alors quoi ? on la trouve la solution, on s'extirpe de ce bourbier qui a donné les émeutes de 2005.
    Je voudrais dire tout mon admiration pour toutes les Anne d'ici bas.

    21/12/2009 à 21:45 5

  • Le Mystère de Séraphin Monge

    Pierre Magnan

    7/10 Aucun ange ne s'est penché sur le berceau de ce Séraphin, il semble que des êtres soient voués à subir les affres d'un destin auquel il ne peuvent échapper. C'est bien là le sort de Monge qui même isolé dans la montagne, tentant d'expier son héritage se voit périr, absorbé par la terre qui l'a vu naître. Quel dommage avec tant de possibilités de passer à côté d'une vie qui aurait pu être remplie de bonheurs simples, et pourtant rien ne sauvera Séraphin, même sa dépouille se verra être le coeur de luttes incessantes. Cette destinée malheureuse Magnan nous l'avait dévoilée dans le premier tome et nous la confirme ici. Etait-elle utile cette suite ? Pour les fans sans doute, elle permet de développer certains points de l'histoire, de confirmer des situations, de rendre justice. Et puis le charme de la Provence de Magnan est bien présent et donne un peu de douceur à la brutalité du récit.

    06/12/2009 à 09:40 1

  • La folie Forcalquier

    Pierre Magnan

    7/10 Bredannes, herboriste de son état vient de faire l'acquisition d'un corbillard au nez et à la barbe d'un maquignon de Céreste. Corbillard destiné à être repeint et à sillonner les routes des basses alpes pour courir les foires achalandées. Bredannes se trouve être témoin de l'assassinat de cinq hommes dont deux gendarmes et de l'autodafé des bois de justice, la guillotine. Tout cela au temps de Badinguet et de la déconfiture de Sedan. Avec sa langue inimitable, Magnan nous convie à un voyage au coeur de ses très chères basses alpes. De la petite bourgeoisie locale et ses affres, aux notables du village, il coule au milieu de ces gens un secret qui se déliera au fil des pages. Le talent de Magnan est de mettre en relief sa poésie, sa grande maîtrise des mots et de nous conter une histoire qui tient en haleine jusqu'au bout. Il y a du Giono dans ce livre, auteur que Magnan a très bien connu. On est loin de la Provence de Pagnol exubérante et parfois outrancière. On évolue dans des villages bas alpins où la vie est difficile, sans artifice. Lors d'une rencontre, Magnan m'a dit qu'il s'agissait de son roman préféré et sans doute y-a-t-il mis beaucoup de lui-même et de son enfance. A l'instar de ce Bredannes qui a existé, puisque le petit Magnan, lové au coeur d'une mastre observait par les fentes du bois vieilli, ce grand homme herboriste de son état et qui portait une ficelle de cuir autour du cou, conversait avec son père. Tout comme le héros de son roman. Attention, la folie Forcalquier est sans doute moins accessible que la série des laviolette.

    06/12/2009 à 09:38

  • La Maison assassinée

    Pierre Magnan

    8/10 Imperméable aux pluies de bombes de la grande guerre, impertubable face aux affres de la destinée, Séraphin Monge est un être ténébreux comme la vie en crée parfois. Sombre comme les combes de haute provence, solitaire commes les iscles de la durance, tortueux et torturé comme les yeuses de son pays natal. Qui est ce robuste survivant, frappé par le sceau de la souffrance et des calamités, de cette vie rude des villages de haute provence que dépeint avec brio Pierre Magnan. Renfermé, taciturne, désirant rejeter le lourd fardeau qu'il porte telle une croix, et qu'il désire balancer le plus loin possible. Essayant de remonter, son destin emberfilicoté, Monge séme le trouble, la crainte à Luyr. Il arrivera au prix de la souffrance, de la résignation, à soulager quelque peu son âme noire comme le fond du puits où sommeille de bien étranges révélations. Magnan en maître du récit nous balade, fait valser avec vraisemblance nos sentiments envers Monge. On voudrait pouvoir l'aider, l'épauler, mais inexorablement on sait par avance que nous ne pourrons rien pour lui. Défaussant les sentiments d'amour qui l'entourent, se jetant comme un forcené contre les remparts qui le ceinturent, Monge est perdu. Perdu par le sort des rancunes, prédestiné à la souffrance et l'errance. Puisse-t-il avoir trouvé la quiétude au coeur de cette fôret, qu'on imagine sombre et touffue, où il s'est retiré jusqu'à la délivrance.
    Un récit noir, sans possible imagineable, fatalement.
    J'ai eu l'immense privilège de recontrer Pierre Magnan, et lui ai demandé ce qu'il pensait de l'adaptation cinématographique de son livre. Il me confia que Lautner lui avait demandé qui il verrait dans le rôle de Monge. Il repondit : personne.
    Il trouvait que Bruel était trop angélique, pas assez torturé pour incarner Monge. De plus il me confia que les dialogues avaient été confiés à Daeninck et que cela l'avait chagriné tant leurs univers sont distincts. Pour ma part, je trouve que le film est plutôt réussi et donne l'envie de lire le livre.Bonne lecture.

    06/12/2009 à 09:36

  • Le commissaire dans la truffière

    Pierre Magnan

    7/10 Une truie à la recherche de truffes dans un village des basses alpes, sacré départ pour un polar du terroir. Des hippies junkies, des villageois qui roulent en 4 CV, les froidures du mois de décembre en pleine Provence. Et Laviollette qui débarque pour mener l'enquête sur la disparition de ces fameux hippies. Un commissaire aux antipodes des super flics. Un brin insignifiant, passe partout, mais pugnace, plein de poésie et qui sait mieux que quiconque, en douceur, démêler l'écheveau de ces disparitions. Un roman policier qui fait de Laviollette un investigateur que l'on a envie de suivre dans d'autres aventures, un hybride de Maigret et Colombo, de ces hommes qui avancent en plein jour sans en avoir l'air. Observateur, fin limier des âmes tordues poussées au crimes par l'amour, la jalousie et la convoitise. En tout cas une échappée belle au pays de Giono, menée de main de maître par un écrivain qui se dit lui même " Ecrivain des pauvres" , militant de première édition directement en format poche ( pour sauver les arbres). Un homme que l'on peut rencontrer au bistrot de Forcalquier où il a ses habitudes. Il semble y avoir du Pierre Magnan dans ce commissaire Laviolette.

    06/12/2009 à 09:33

  • Les Bêtes

    Serge Brussolo

    7/10 La photo de la couverture de très mauvais goût ne doit pas être prise pour argent comptant, elle n'a aucun rapport avec le contenu. D'ailleurs qui est responsable d'un tel résultat ? Passons outre et contentons de nous de l'essentiel, le récit. Il s'agit du deuxième Brussolo ( le stephen King français) que je lis. Un départ captivant, une baisse de régime et deux belles envolées. Une fin qui justifie les moyens. Il y a un peu de Manimal dans ce livre, la série télé d' il y a vingt ans. Les scènes de bestialité sont très bien rendues, on ressent l'état qui régit les actes du héros. Un bémol, les protagonistes manquent un peu de psychologie. Une question centrale, que faisons nous de notre animalité, l'assumerions nous sous tous ses aspects ? La dérive de la manipulation des aliments est à la source de ce chamboulement de comportements chez les acteurs du livre, et résonne à merveille avec notre grippe porcine actuelle. Brussolo revisite avec talent les légendes de lycanthropie et parvient à captiver son lecteur. Une réussite dans le genre.

    06/12/2009 à 09:21 1

  • La Forêt des Mânes

    Jean-Christophe Grangé

    2/10 Franchement déçu par ce livre. Grangé ne serait-il pas épuisé ? Je n'y ai vraiment pas trouvé mon compte.

    03/12/2009 à 21:09 1