Colloque entre Monos et Una

(The Colloquy of Monos and Una)

Un mot d'abord, mon Una, relativement à la condition générale de l'homme à cette époque. Tu te rappelles qu'un ou deux sages parmi nos ancêtres, sages en fait, quoique non pas dans l'estime du monde, avaient osé douter de la propriété du mot Progrès, appliqué à la marche de notre civilisation. Chacun des cinq ou six siècles qui précédèrent notre mort vit, à un certain moment, s'élever quelque vigoureuse intelligence luttant bravement pour ces principes dont l'évidence illumine maintenant notre raison, insolente affranchie remise à son rang, principes qui auraient dû apprendre à notre race à se laisser guider par les lois naturelles plutôt qu'à les vouloir contrôler. A de longs intervalles apparaissaient quelques esprits souverains, pour qui tout progrès dans les sciences pratiques n'était qu'un recul dans l'ordre de la véritable utilité. Parfois l'esprit poétique, cette faculté, la plus sublime de toutes, nous savons cela maintenant, puisque des vérités de la plus haute importance ne pouvaient nous être révélées que par cette Analogie, dont l'éloquence, irrécusable pour l?imagination, ne dit rien à la raison infirme et solitaire, parfois, dis-je, cet esprit poétique prit les devants sur une philosophie tâtonnière et entendit dans la parabole mystique de l'arbre de la science et de son fruit défendu, qui engendre la mort, un avertissement clair, à savoir que la science n'était pas bonne pour l'homme pendant la minorité de son âme.

Non polar

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Soumis le 06/05/2020 par LeJugeW

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