Tout juste divorcé, Theodore Szacki compte refaire sa vie loin de Varsovie. Mais à Sandomierz, paisible ville de 20 000 habitants située au sud de la Pologne, il ne se passe pas grand chose, surtout lorsqu'on est procureur.
Theodore Szacki commence à se désespérer lorsqu'on retrouve devant l'ancienne synagogue le corps d'une femme, égorgée à la manière d'une bête qu'on voudrait manger casher, dans la plus pure tradition juïve. La victime, épouse d'un conseiller municipal et engagée elle-même auprès des enfants, est connue de toute la ville et l'on peine à voir qui aurait pu avoir un quelconque intérêt à l'occire.
Enfin quelque chose d'intéressant à se mettre sous la dent pour le procureur !
On avait quitté Theodore Szacki résolvant un curieux meurtre survenu dans un monastère où se tenait une thérapie de groupe à la fin de Les Impliqués. Exit la capitale, sa femme et sa fille. Le voici donc se morfondant à Sandomierz, plus seul que jamais. Un brin arrogant, le procureur pourra horripiler certaines personnes. Mais son regard désabusé sur le monde qui l'entoure et son ton mordant, qui le rapproche d'un Bernie Gunther par exemple, raviront sans doute les amateurs de cynisme.
L'intrigue est passionnante et parfaitement maîtrisée et permet à Zygmunt Miloszewski de nous plonger dans certains pans de l'Histoire polonaise qui posent encore problème aujourd'hui. L'assassin est-il un Juif extrémiste, souhaitant se venger de certains catholiques, ou bien au contraire un antisémite voulant ressusciter la haine du Juif, qui a depuis longtemps un bon terreau en Pologne. Des premiers pogroms à ces jeunes polonais fêtant dans un cimetière juif l'anniversaire du Führer, l'auteur nous montre que l'antisémitisme est encore loin d'être un détail de l'Histoire dans son pays.
Pour autant, si cette thématique est abordée, et qu'on devine à travers les pensées du procureur Szacki celles de l'auteur, ce texte n'est ni lourd ni donneur de leçons à ce niveau-là, pas plus que les descriptions de ces tensions sociales ne ralentissent l'intrigue. Elles en sont parties prenantes, comme les personnages et les rebondissements, nombreux dans le dernier tiers du livre où tout s'accélère après un début il est vrai un peu lent, le temps de planter le décor. C'est un petit régal de voir le procureur se dépêtrer tant bien que mal dans cette petite ville où tout le monde semble vouloir, sinon lui cacher des choses, ne pas lui faciliter la vie.
Un fond de vérité confirme tout le bien qu'on avait pensé de Zygmunt Miloszewski à la lecture son roman Les Impliqués. C'est sans doute avec le même plaisir qu'on lira La Rage, la troisième enquête du procureur Theodore Szacki.
Tout juste divorcé, Theodore Szacki compte refaire sa vie loin de Varsovie. Mais à Sandomierz, paisible ville de 20 000 habitants située au sud de la Pologne, il ne se passe pas grand chose, surtout lorsqu'on est procureur.
Theodore Szacki commence à se désespérer lorsqu'on retrouve devant l'ancienne synagogue le corps d'une femme, égorgée à la manière d'une bête qu'on voudrait manger casher, dans la plus pure tradition juïve. La victime, épouse d'un conseiller municipal et engagée elle-même auprès des enfants, est connue de toute la ville et l'on peine à voir qui aurait pu avoir un quelconque intérêt à l'occire.
Enfin quelque chose d'intéressant à se mettre sous la dent pour le procureur !
On avait quitté Theodore Szacki résolvant un curieux meurtre survenu dans un monastère où se tenait une thérapie de groupe à la fin de Les Impliqués. Exit la capitale, sa femme et sa fille. Le voici donc se morfondant à Sandomierz, plus seul que jamais. Un brin arrogant, le procureur pourra horripiler certaines personnes. Mais son regard désabusé sur le monde qui l'entoure et son ton mordant, qui le rapproche d'un Bernie Gunther par exemple, raviront sans doute les amateurs de cynisme.
L'intrigue est passionnante et parfaitement maîtrisée et permet à Zygmunt Miloszewski de nous plonger dans certains pans de l'Histoire polonaise qui posent encore problème aujourd'hui. L'assassin est-il un Juif extrémiste, souhaitant se venger de certains catholiques, ou bien au contraire un antisémite voulant ressusciter la haine du Juif, qui a depuis longtemps un bon terreau en Pologne. Des premiers pogroms à ces jeunes polonais fêtant dans un cimetière juif l'anniversaire du Führer, l'auteur nous montre que l'antisémitisme est encore loin d'être un détail de l'Histoire dans son pays.
Pour autant, si cette thématique est abordée, et qu'on devine à travers les pensées du procureur Szacki celles de l'auteur, ce texte n'est ni lourd ni donneur de leçons à ce niveau-là, pas plus que les descriptions de ces tensions sociales ne ralentissent l'intrigue. Elles en sont parties prenantes, comme les personnages et les rebondissements, nombreux dans le dernier tiers du livre où tout s'accélère après un début il est vrai un peu lent, le temps de planter le décor. C'est un petit régal de voir le procureur se dépêtrer tant bien que mal dans cette petite ville où tout le monde semble vouloir, sinon lui cacher des choses, ne pas lui faciliter la vie.
Un fond de vérité confirme tout le bien qu'on avait pensé de Zygmunt Miloszewski à la lecture son roman Les Impliqués. C'est sans doute avec le même plaisir qu'on lira La Rage, la troisième enquête du procureur Theodore Szacki.