Hoel Modérateur

1142 votes

  • Page noire

    Frank Giroud, Denis Lapière, Ralph Meyer

    8/10 Cette BD au scénario ambitieux m’a bien plu même si j’ai quelques (petites) réserves sur le dessin, très correct mais parfois un peu « vieillot » (mais le livre est sorti en 2010, déjà !). L’histoire est axée principalement autour de trois protagonistes : Carson Mc Neal, Kerry Stevens et Afia. Le premier est un écrivain mondialement connu sauf que personne ne sait de qui il s’agit en vérité, ni même s’il s’agit de son vrai nom. La seconde est une jeune et ambitieuse critique littéraire qui rêve de réaliser la première interview de McNeal pour lancer sa carrière. Enfin, Afia est une jeune Palestinienne qui cherche à se reconstruire et surtout à sortir du stress post-traumatique et des cauchemars liés à son passé (sa famille a été tuée devant elle, elle a connu la prostitution, la drogue).
    Le scénario, signé Giroud & Lapière, est efficace et retors à souhait : on ne voit pas les 104 pages défiler. Une bonne pioche !

    31/01/2024 à 10:38 3

  • Pension complète

    Jacky Schwartzmann

    8/10 Bien que ce ne soit pas le roman que j'ai préféré de l'auteur (quelques rebondissements sont un peu "gros" et je n'ai pas été tout à fait convaincu par le personnage de Charles Desservy), Jacky Shwartzmann manie toujours aussi bien les (bons) mots, avec ce juste dosage entre humour noir, critique sociale et suspense qui le caractérise. L'histoire est effectivement improbable, mais comme il le dit lui-même en interview, les faits divers qu'on garde en mémoire sont souvent ceux qui, s'ils étaient mis dans une fiction, ne convaincraient personne. Un roman noir grinçant et réussi à lire au camping... ou pas.

    03/10/2023 à 16:59 9

  • Power

    Michaël Mention

    8/10 Passionnant du début à la fin tout en étant extrêmement riche d’un point de vue historique, culturel et même musical – comme souvent chez l’auteur – Power, récent lauréat du Prix Polars Pourpres 2018, est sans doute à ce jour le livre le plus abouti de Michaël Mention.

    22/04/2019 à 13:52 9

  • Pukhtu Primo

    DOA

    8/10 Pas toujours digeste mais passionnant, cet énorme roman (800 pages en Folio) se lit paradoxalement très bien pour peu que l'on s'y consacre pleinement (ce n'est clairement pas un livre à picorer par-ci par-là). Très réaliste (sans aucun doute la somme d'un fastidieux travail de documentation), le premier tome de ce diptyque figure assurément parmi ce qui se fait de mieux au sujet de l'Afghanistan, en français au moins.
    DOA donne à voir toute une kyrielle de personnages mais ne juge pas. L'on se rend alors que tout le monde, du mercenaire européen au taliban le plus terrible en passant par le G.I., a ses contradictions et ses faiblesses, et que personne n'est ni tout blanc ni tout noir. Je lirai la suite à l'occasion.

    21/05/2018 à 15:13 9

  • Sale temps pour le pays

    Michaël Mention

    8/10 1) On oppose souvent roman noir et pageturner (plus souvent du thriller).
    2) Les tueurs en série, c'est vu et revu.
    Et pourtant, d'un coup d'un seul, BIM, Michaël Mention nous prouve qu'on peut écrire un roman noir fort documenté qui soit aussi une redoutable machine à faire tourner les pages, tout en abordant le thème du tueur en série sans que cela ne sente la soupe réchauffée.
    Et le tout, fluidement, sans avoir l'air d'y toucher. Au poil !

    17/11/2017 à 12:57 9

  • Serena

    Ron Rash

    10/10 Deuxième roman de Ron Rash à avoir traversé l’Atlantique (après Un pied au paradis), Serena est chronologiquement le quatrième qu’il a écrit, et sans aucun doute le plus abouti.
    On se méfie toujours des arguments de quatrième de couverture et des comparaisons flatteuses des éditeurs, souvent à raison. Ici, les allusions au drame élisabéthain et à Macbeth en particulier semblent assez justes, sans qu’il soit question de comparer l’auteur – par ailleurs féru de poésie et poète à ses heures – à Shakespeare. C’est plutôt qu’en termes d’ingrédients, le texte tient davantage du drame classique que du roman noir contemporain.
    Comme dans ses autres livres, la plume de Ron Rash fait des merveilles lorsqu’il s’agit de décrire la nature et les paysages sauvages de Caroline du Nord, sans que cela porte préjudice à l’intensité dramatique du texte. Les personnages et leurs tourments, à commencer par le couple autour duquel gravitent tous les autres, George et Serena Pemberton, sont excellemment décrits. Les conditions de travail des bûcherons d’alors sont aussi rudes que les hivers des Smoky Mountains, aussi les morts ne manquent pas dans Serena, qu’elles soient tout à fait accidentelles ou beaucoup moins fortuites. Voraces et sans scrupules, les Pemberton sont craints et prêts à tout pour déforester jusqu’au dernier arbre de la région, dussent-ils graisser quelques pattes ou neutraliser quelques importuns au passage. C’est ainsi qu’au nœud dramatique du récit, il faut ajouter, en toile de fond mais bien présentes, les conséquences du capitalisme et les premières préoccupations écologiques. Certaines scènes sont mémorables et magnifiquement écrites. Même sans avoir vu le film éponyme (sorti en 2014) ou l’adaptation en bande dessinée (2018), des images fortes nous restent en tête. On pense aux premières scènes où Serena dresse son aigle par exemple ou à d’autres moments dont il serait plus délicat de parler ici sans trop en dire.
    Sans doute le roman ne brille-t-il pas pour l’originalité de ses rebondissements, que l’on pressent en partie, mais là n’était sans doute pas le but de l’auteur. Le texte semble ne pas compter un mot de trop. Lorsque l’on sait que l’auteur l’a écrit et réécrit pas moins de douze fois avant d’en être satisfait, on comprend que le talent, seul, ne suffit pas à produire une telle prouesse.

    Serena est au final un roman noir époustouflant mettant en scène une héroïne aussi féroce qu’inoubliable dont on comprend bien, à l’aune de la lecture, pourquoi elle lui donne son nom.

    22/02/2021 à 20:00 9

  • Stasi Child

    David Young

    7/10 Malgré ces bémols, il n'en demeure pas moins que pour un primoromancier, David Young frappe fort avec ce polar historique aussi passionnant que sérieusement documenté. Salué par les lecteurs, l'auteur s'est vite mis à la rédaction d'une suite. Ce second opus, Stasi Block, toujours avec Karin Müller, est déjà disponible.

    17/03/2018 à 13:07 9

  • A Short Story

    Florent Maudoux, RUN

    9/10 « Encore un bouquin sur le Dahlia Noir ! Mouais, on va y jeter un œil. » C'est ce que je me suis dit en ouvrant, peu enthousiaste cet OLNI proposé par le Label 619 des éditions Rue de Sèvres. Assez vite, mes réticences se sont envolées. Le dessin de Florent Maudoux est exceptionnel. Les planches, truffées de références et de détails d'époque, conférent une ambiance plus vraie que nature aux décors dans lequel évolue les personnages. Les dossiers documentaires sont complets sans être indigestes. Ils sont richement illustrés par des photos d'époque, des cartes postales, des plans, des coupures de presse... Le travail de documentation des auteurs a été énorme. Surtout, on ne sent aucun voyeurisme malsain dans cet ouvrage qui est plutôt un hommage à Betty Short. RUN écrit d'ailleurs en fin d'ouvrage qu'il a été touché par le destin de cette jeune femme fragile qui symbolise à elle seule l'échec du rêve hollywoodien (dans sa version la plus violente). En fin d'ouvrage, les auteurs s'attardent sur les derniers jours du Dahlia Noir, sans pour autant se lancer dans des théories plus ou moins fumeuses. Tout au plus nous présentent-ils les principaux suspects et les grands traits de l'enquête de police. Un très bel ouvrage, entre BD, documentaire et beau livre.

    29/11/2023 à 11:58 4

  • Animaux solitaires

    Bruce Holbert

    8/10 Animaux solitaires, s'il est un roman fort réussi, vaut davantage pour cette fougue dans la narration et ses belles descriptions que pour l'intrigue à proprement parler, succession de meurtres et de courses-poursuites dans les grands espaces.

    07/12/2017 à 00:50 8

  • Ce que savait la nuit

    Arnaldur Indridason

    8/10 L'inspecteur Erlendur n'est pas là ? Qu'à cela ne tienne, avec cette première enquête de Konrad, le plaisir de lire un nouveau roman d'Arnaldur est toujours le même. Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas éprouvé, je vais y remédier. L'enquête est excellente et les personnages ma foi très intéressants. J'ai été happé du début à la fin par cette histoire.

    25/11/2022 à 18:07 8

  • Couleur pivoine

    Christian Schünemann, Jelena Volić

    7/10 Au final, Couleur pivoine est un roman à suspense plaisant et intelligent de surcroît qui apprendra sans doute quelques rudiments de géopolitique balkanique à la majorité de ses lecteurs, et même, pourquoi pas, leur donnera envie de se rendre à Belgrade, joliment donnée à voir au détour de ces pages.

    06/01/2019 à 12:59 4

  • Coup de vent

    Mark Haskell Smith

    8/10 Sans être un chef-d’œuvre, n’exagérons rien, Coup de vent est un roman noir à l’humour grinçant de très bonne facture qui fera passer un très agréable moment, parsemé d’éclats de rire à plus d’un lecteur. Certains retrouveront là Mark Haskell Smith avec plaisir. D’autres, en attendant le prochain opus, auront sans doute envie de se plonger dans les cinq romans de l’auteur déjà traduits.

    08/10/2019 à 18:37 8

  • Darwyne

    Colin Niel

    9/10 D'accord avec JohnSteed sur le côté "pas vraiment polar". C'est clairement le moins policier des romans de Colin Niel. D'ailleurs, il n'y a pas de policier, gendarme ou autre détective, ce qui n'est pas anodin. Pourtant, c'est celui que j'ai préféré (avec Seules les bêtes). D'un côté, il y a Darwyne, enfant « différent » aux pieds malformés vivant dans un bidonville avec sa mère, Yolanda, et son copain du moment (ils défilent et la moitié sont plus ou moins violents avec Yolanda et/ou Darwyne). De l'autre côté, Mathurine, assistante sociale travaillant pour le service de protection de l'enfance et chargée de vérifier les conditions de vie des enfants ayant fait l'objet d'une information préoccupante (tout en souhaitant ardemment avoir elle-même un enfant que son corps lui refuse). Les protagonistes sont très travaillés, mais surtout, j'ai beaucoup aimé la forêt amazonienne, qui est un personnage à part entière, forêt « vivante », quasi mystique par moments, qui fascine le petit Darwyne. Contrairement à gamille67, j'ai beaucoup aimé la fin mais je regrette juste de l'avoir vue venir (j'aurai préféré être surpris, mais ce sera sans doute le cas d'autres lecteurs).

    10/01/2024 à 18:50 8

  • Delirium Tremens

    Ken Bruen

    8/10 Comme Patoche, cela faisait une éternité que je voulais découvrir Jack Taylor avec ce Delirium Tremens. Bien que le style soit effectivement assez original et que l'intrigue ne soit pas le point fort de ce roman (elle est minimaliste), j'ai beaucoup apprécié ces divagations éthyliques avec cet ancien garda reconverti en (mauvais) détective privé. C'est noir, cynique, un brin désabusé mais pas trop plombant car l'Irlandais est taquin et l'humour est assez présent au fil des pages. Les dernières lignes sont vraiment réussies offrant une scène de fin particulièrement marquante.

    26/10/2023 à 16:03 8

  • Derrière les portes

    B. A. Paris

    4/10 Le potentiel était là, assurément, mais la sauce ne prend jamais vraiment, la faute à des protagonistes trop lambdas sans doute. Efficace dans sa mécanique, Derrière les portes se lit facilement. Mais il peine à convaincre et au bout du compte, c'est bien la déception qui l'emporte.

    08/04/2018 à 12:20 8

  • Discount

    Laurent Bonzon, Denis Bretin

    9/10 Un roman très rock'n'roll qui balance à tout va contre la société de consommation et nos petites vies minables avec un cynisme jubilatoire. Tout est fait avec beaucoup d'humour, parfois grinçant, parfois potache, mais toujours drôle. L'intrigue n'est pas pour autant laissée pour compte et ça dépote, y compris niveau morts. A découvrir absolument, coupe de cœur !

    19/11/2013 à 16:52 4

  • Fondu au noir

    Ed Brubaker, Sean Phillips

    9/10 Hollywood, fin des années 1940. Le McCarthysme bat son plein. Certains scénaristes et autres réalisateurs, jugés trop proches des idées communistes, sont mis à l'index. L'un d'eux, sur la fameuse liste noire, continue néanmoins d'écrire en cachette pour un scénariste en panne d'inspiration depuis sa participation au bombardement de Pearl Harbor qui l'a laissé traumatisé. Charlie (qui signe donc pour son binôme blacklisté) se réveille après une biture monumentale auprès de la vedette du film sur lequel il travaille actuellement. Enfin, auprès de son corps sans vie pour être exact. Qui l'a étranglée ? Charlie n'en a aucune idée, il ne se souvient de rien. En revanche, lorsqu'il apprend qu'elle s'est "suicidée", il comprend vite qu'Hollywood n'est qu'un panier de crabes impitoyable et que son implication dans cette sombre histoire est sans doute le début des emmerdes pour lui et ses proches. Parallèlement à son enquête officieuse, le réalisateur tient à tout prix à terminer le film, malgré la mort de l'actrice. Les affaires sont les affaires.
    Le scénario de Brubaker, sordide à souhait et faisant voir tous les mauvais côtés d'Hollywood (on pourra éventuellement trouver cela un chouïa too much par moment) est servi par les magnifiques dessins de Sean Philipps, qu'on ne présente plus dans le monde des comics. Une superbe BD noire à l'univers proche de celui d'Ellroy période quatuor de Los Angeles.

    29/10/2018 à 12:17 4

  • Ils ont voulu nous civiliser

    Marin Ledun

    8/10 Thomas Ferrer vit dans les Landes de petits boulots et de trafics à la petite semaine. A sa sortie de prison, il se voit confier des petites missions par Baxter mi shaper (façonneur de planches de surf) mi trafiquant. Puis tout dérape quand Ferrer, qui a l'impression que Baxter essaie de la lui faire à l'envers, part avec son fric. S'ensuit une traque, sans retour en arrière possible.
    Court mais très bon roman de Marin Ledun se déroulant pendant la tempête Klaus (qui a dévasté la côte Atlantique à l'hiver 2009). Le scénario est classique pour ne pas dire simple mais l'auteur parvient à faire de ce quasi huis-clos pendant la tempête un roman mémorable qui pourrait faire un excellent film. La tempête, tout comme Alezan, le vétéran de la guerre d'Algérie chez qui Ferrer trouve refuge, sont de véritables personnages hauts en couleur ayant le point commun d'être totalement imprévisibles. Lu avec plaisir et avec les oreilles dans la version audio (chez Sixtrid), joliment interprétée par Bernard Malaka.

    17/01/2022 à 18:23 8

  • Je suis Pilgrim

    Terry Hayes

    7/10 Si l'on peut trouver un certain nombre de défauts à Je suis Pilgrim, non rédhibitoires pour l'essentiel – le choix de narration étant de loin le plus gênant – il n'en demeure pas moins un thriller globalement efficace. S'agissant d'un premier roman, il laisse à penser que Terry Hayes pourra nous proposer à l'avenir d'autres opus plus aboutis.

    28/04/2015 à 11:39 8

  • Kasso

    Jacky Schwartzmann

    9/10 Après des années d'absence, Jacky Toudic est de retour à Besançon pour s'occuper de sa mère malade d'Alzheimer. Les vieux souvenirs et copains resurgissent. Les vieux travers aussi. En effet, Jacky ne gagne pas sa vie comme les honnêtes gens. Son métier : faire Mathieu Kassovitz. Car Jacky est son sosie parfait, et vu que Jacky est escroc, ça fait un bon combo.

    Une idée de départ originale et marrante qui aurait pu faire pschitt assez vite. C'est mal connaître Jacky Schwartzmann, conteur hors-pair et dialoguiste de talent qui excelle dans l'art de critiquer nos petits travers sans en avoir l'air en nous faisant côtoyer des personnages lambda... ou presque.
    Ses vrais-faux polars sont la garantie de passer un agréable moment de lecture, le sourire au coin des lèvres. Et celui-ci ne déroge pas à la règle.

    03/10/2023 à 10:51 8