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Quelques nuages
9/10 Paco Ignacio Taïbo II nous donne une fois encore à voir ce Mexique aux forces de police touchées par la corruption. Le ton est toujours plein d'humour et d'ironie, et les personnages traînent leur existence de manière plus ou moins nonchalante. Shayne va devoir, sur la demande de sa soeur, démêler une affaire qui touche la famille d'Anita, imbroglio dans lequel l'héritage est l'objet de bien des batailles. L'auteur va à l'essentiel et nous donne à lire une histoire qui tient sur à peine 150 pages dans lesquelles tout est dit de façon nette et concise.
08/12/2015 à 14:32 1
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Le Fauteuil hanté
7/10 La littérature populaire du début du XXème siècle dans toute sa splendeur. Leroux se moque bien de ces barbons de l'Académie française et n'hésite pas à les faire passer de vie à trépas dans cette histoire aux accents à la fois policiers, fantastiques et science-fictionnels. Du mystère, des enquêteurs risibles et poltrons, une invention folle et de multiples péripéties, le tout baignant dans un humour qui relève encore la saveur. Alors messieurs les Académiciens de l'époque, vos oeuvres sont-elles toutes passées à la postérité ? Car celles de M. Leroux, et notamment la présente, elles, se lisent encore aujourd'hui avec beaucoup de bonheur !
08/12/2015 à 14:27 1
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Ma Part d'Ombre
9/10 Certainement le livre le plus déroutant et le plus violent d'Ellroy selon moi. Dans cette autobiographie axée sur la figure de sa mère, morte assassinée de manière horrible en 1958, mort qui reste une énigme aujourd'hui encore quant à ses circonstances et à son responsable, Ellroy dévoile tout un pan de sa vie à Hollywood en même temps qu'il reconstruit son rapport à sa mère. On y découvre les personnalités que furent ses parents, une mère libérée, infirmière, qui avait tendance à délaisser son fils, et un père qui travaille pour l'industrie cinématographique, et qui lorsqu'il aura la charge de son fils ne s'en occupera pas davantage. Un récit âpre, dans lequel Ellroy se livre sans aucune pudeur, de façon très directe, nous dévoilant ce difficile passage qui le verra s'adonner à la drogue, à la violence, au voyeurisme... On s'aperçoit à quel point les démons qui le hantent ont nourri son écriture et les sujets même de certains de ses livres (on pense avant tout au "Dahlia noir"). Eprouvant certes, mais également plein d'espoir et d'une volonté, d'une force à renverser tous les obstacles. En plus de nous en apprendre sur l'auteur, ce livre recèle une formidable intrigue policière.
08/12/2015 à 14:20 2
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Service funèbre
7/10 Endeavour Morse est inspecteur au CID et le moins que l'on puisse dire c'est que le personnage n'est pas banal: grand amateur de musique, hautement cultivé et intelligent, buveur notoire, le policier créé par Colin Dexter n'est pas de prime abord très sympathique.
Faisant facilement preuve de condescendance, ne ménageant pas son adjoint le sergent Lewis, Morse avance dans ses enquêtes de manière assez intuitive.
Dans "Service funèbre", Morse va occuper ses vacances à enquêter sur une série de meurtres qui ont lieu dans l'enceinte de l'église de St Frideswide.08/12/2015 à 14:13
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La tribu des vieux enfants
6/10 G.-J. Arnaud nous plonge au coeur de la famille Vergèse, ces cinq frères et soeurs qui ne peuvent faire les uns sans les autres et que l'on va suivre sous les regards extérieurs de leurs maris et femmes. Du moins de ce qu'il en reste car deux des Vergèse sont veufs, ce qui ne semble pas réellement les affecter, tout occupés qu'ils sont de profiter des fortunes léguées, tentant de réaménager leur grande demeure familiale, La Vicontesse, telle qu'ils l'ont connue dans leur enfance.
Mais Flore, épouse de Louis, médecin et aîné des Vergèse, et Simone, sa belle-soeur, vont s'interroger sur les intentions de cette tribu aux membres indissociables (qu'on ne saurait mieux qualifier que par "liés comme les cinq doigts d'une main"). Mais pourquoi avoir épousé Flore justement, elle qui n'a absolument aucune fortune personnelle ?
Patience, Arnaud ne ménage pas son lecteur, et nous ficelle une intrigue qui ne révèle le fin mot de l'histoire, comme il se doit, qu'à la dernière page du roman.08/12/2015 à 14:12 1
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Monsieur Abel
7/10 Avec ce polar, Alain Demouzon joue à la fois avec son "héros" et le lecteur.
Ce monsieur Abel, dont on ne sait s'il s'agit de son nom ou de son prénom, est un retraité qui vit une existence bien tranquille et routinière. Et ce jusqu'à ce qu'il soit témoin de l'enlèvement d'une femme qui lui crie avant de disparaître: "Prévenez Raguenaud... de la part de Lili !"
Commence alors pour cet homme morne une enquête assez tordue qui si elle peut paraître purement artificielle au bout du compte n'en procure pas moins un vrai plaisir tant elle mène le lecteur en bateau.
Un roman finalement bien sombre qui n'est pas sans rappeler un univers à la Simenon avec cette grisaille qui nimbe une vie de province parfaitement transcrite.08/12/2015 à 14:10
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La Puce de Beidenbauer
7/10 Le Masque a réuni une partie des nouvelles de Stanley Ellin en quatre livres dont on tient ici le second volume.
Dix nouvelles souvent assez courtes et dans lesquelles l'auteur tente de surprendre son lecteur avec une chute inattendue (effet pas toujours réussi selon moi).
Ces histoires sont l'occasion de peindre de multiples portraits d'hommes et de femmes dans lesquels prédominent souvent la cruauté.
D'un acteur talentueux qui tente de fuir la routine et son entourage étouffant et médiocre à un petit garçon reproduisant de manière troublante le modèle paternel, en passant par le cauchemar vécu par une femme suite à son viol, l'auteur égratigne avec talent l'humanité sans faire aucune concession (ou si peu). Et puis il y a cette histoire de puce au caractère si proche des hommes, régal de tragi-comédie et de justesse.08/12/2015 à 14:08
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Les nombreuses vies d'Arsène Lupin
9/10 Avec cette "bibliothèque rouge", "Les moutons électriques" constituent une riche collection dédiée aux personnages les plus célèbres de la littérature populaire. Le premier volume fut le présent ouvrage consacré au héros de Maurice Leblanc, le fameux Arsène Lupin, gentleman cambrioleur. L'ouvrage débute comme d'habitude par une biographie du personnage, donnée comme s'il avait réellement existé. Une vie déclinée suivant plusieurs des identités de Lupin. Puis suivent un grand nombre d'articles tous passionnants, écrits par des auteurs variés (Francis Valéry, Jacques Baudou...) et nous entretenant de la Belle Epoque, d'autres gentlemen cambrioleurs... Tout cela sans compter sur une agréable iconographie, une bibliographie exhaustive et quatre nouvelles signées Jean-Marc et Randy Lofficier, Anthony Boucher et Johan Heliot (toujours aussi talentueux). Un ouvrage à conseiller aux néophytes comme aux admirateurs convaincus du locataire de l'aiguille creuse, livre de référence indispensable (comme l'est l'ensemble de la collection).
07/12/2015 à 16:02 1
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Délivrez-moi !
7/10 On retrouve les mêmes à l'endroit où on les avait laissé à la fin du volume précédent. Thursday a beaucoup de mal à composer d'une part avec la célébrité et les médias qui lui courent après et d'autre part avec sa hiérarchie (mais là rien de nouveau). Au chapitre personnel, elle file le parfait amour avec son Landen Parke-Laine chéri, et le couple attend un "heureux événement"... Mais bientôt les affreux de chez Goliath pointent leurs nez et vont kidnapper et supprimer purement et simplement Landen de la réalité afin que Thursday réponde à leur souhait. Jasper Fforde développe un peu plus son univers déjanté et nous plonge une fois encore en totale immersion dans une loufoquerie bienvenue. Toutefois, j'avoue que l'intrigue m'a paru faire du surplace à certains moments, me décevant quelque peu. Le roman ne semble finalement être qu'un trait d'union entre le premier volume et le troisième, la fin arrivant de manière assez abrupte. A suivre donc avec "Le puits des histoires perdues".
07/12/2015 à 16:00
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L'Homme clandestin
8/10 Dans cette histoire, Lew Archer, détective californien, va enquêter à Los angeles et dans ses environs sur le meurtre d'un homme, Stanley Broadhurst et le kidnapping de son fils Ronny, le tout sur fond d'incendie de forêt. Archer, qui est également le narrateur, va se retrouver aux milieux de conflits familiaux, occasion pour Mac Donald d'épingler la société californienne, mais aussi d'évoquer les problèmes que sont la drogue ou l'alcool, ou encore la dérive des jeunes. La construction de ce roman est assez particulière, l'auteur faisant à plusieurs reprises bifurquer son intrigue d'une piste à l'autre. Au final, on obtient un très bon polar avec un détective attachant, dont on partage une partie des états d'âme, et une belle évocation de la Californie.
07/12/2015 à 15:55
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La Lionne Blanche
9/10 Kurt Wallander #3. Et l'un des meilleurs romans de la série à mon avis. Si dans "Les chiens de Riga", notre commissaire avait fait le voyage jusqu'en Lettonie, ici l'intrigue suédoise va se dérouler en parallèle à des faits qui ont lieu en Afrique du Sud. Mankell connaît bien le pays, et plus encore le Mozambique voisin où il vivait en partie. Son roman se passe avant la fin de l'Apartheid, alors que Mandela n'avait pas encore était élu président. Un groupe de nationaliste boers vont vouloir mettre le pays à feu et à sang en assassinant le dirigeant de l'ANC. Pour cela, ils engageront un tueur à gages noir, et ce afin d'envenimer les conséquences du meurtre. Ce tueur doit s'entraîner loin du pays pour ne pas être repéré et c'est ainsi qu'il se retrouvera en Suède. Son instructeur, ancien du KGB, homme sans foi, tuera une femme sans réelle raison, crime qui déclenchera une série d'événements au coeur desquels se placera Wallander. Mankell parvient à merveille à lier la petite et la grande histoire, portant sa réflexion sur le pouvoir et la folie des hommes. Notre policier est plus que jamais perturbé par son existence, essayant de maintenir les liens qui l'attachent à son père et à sa fille, ayant sans cesse à l'esprit Baiba Liepa, cette femme rencontrée dans le roman précédent en Lettonie, et dont il est tombé amoureux. Henning Mankell développe magistralement son intrigue, plaçant son lecteur un cran au dessus des personnages, puisqu'il en connaît davantage que ceux-ci, ce qui nous amène constamment à nous demander comment tout cela pourra être débrouillé. La fin est volontairement ouverte en ce qui concerne la situation politique sud-africaine. Il est également intéressant de voir combien cette libération du pays ne fut pas sans difficultés, y compris du côté des noirs dont certains voyaient d'un mauvais oeil une future cohabitation.
07/12/2015 à 15:53 3
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Le train des oubliés
7/10 Daeninckx est à la plume certes mais n'oublions pas Mako aux pinceaux. Et le dessinateur transcrit très bien l'univers de l'auteur de polars, nous plongeant dans une peinture sociale des plus réalistes. Cette BD se lit très vite, l'histoire allant à l'essentiel, sans s'appesantir, mais de manière très juste, c'est-à-dire que même si le scénario aurait pu développer davantage la psychologie des personnages, cela ne manque pas vraiment et n'enlève rien au plaisir. On retrouve une fois de plus le caractère engagé de Daeninckx, toujours prêt à dénoncer injustices et autres mensonges des "puissants".
07/12/2015 à 15:50
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Nevermore
8/10 Une enquête agréable à suivre, dont l'intérêt principal repose sur le tandem Houdini-Conan Doyle, détectives improvisés qui vont conjuguer leurs talents et surtout confronter leurs idées quant au spiritisme. En effet, on connaît la ferveur du père de Sherlock Holmes en matière de contact avec l'au-delà, alors qu'Houdini, en illusionniste talentueux, s'est toujours montré un ardent dénonciateur des ficelles "attrapes-crédules" du spiritisme. William Hjortsberg crée une ambiance des plus plaisantes, transcrivant au mieux la société de l'époque, donnant notamment un bon aperçu des moeurs d'alors. Il parvient de plus à rendre crédibles ses deux héros, vite attachants et n'hésitant pas à user d'humour. L'idée des meurtres mettant en scène des nouvelles de Poe est par ailleurs assez originale. On pourra, dans la même veine mais se déroulant à une époque différente, lire avec autant de plaisir "Les nuits blanches du Chat botté" de Jean-Christophe Duchon-Doris (c'est ici les "Contes de ma mère l'Oye" qui servent de cadre au meurtrier).
07/12/2015 à 15:47 1
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La Main de Dante
4/10 De cette histoire qui mêle les écrits de Dante et des mafiosi prêts à tout à une mise en scène du poète lui-même, je n'ai apprécié que les passages relevant uniquement du polar. Tosches se montre effectivement très ambitieux et érudit, mais cela rend son roman trop ennuyeux et parfois même pompeux, l'ensemble étant selon moi mal construit. Tous les passages accès sur Dante sont difficiles à suivre et manquent de saveur et de réel attrait. Un roman décevant donc qui n'a absolument rien ni du "Parrain" ni du "Nom de la rose" tant à aucun moment l'auteur ne parvient à accrocher le lecteur à son histoire, ce qui est dommage lorsque l'on sait à quelle point peuvent être passionnantes les oeuvres qui mêlent fiction et érudition.
07/12/2015 à 15:45
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Le Mannequin assassiné
6/10 Le commissaire Malaise, l'un des personnages récurrents de Steeman, va se retrouver coincé dans une bourgade inhospitalière après avoir pris un mauvais train. Et ce n'est pas le lendemain qu'il quittera l'endroit, un meurtre ayant été commis durant la nuit. Soit, ce crime n'est pas bien grave: il s'agit d'un mannequin retrouvé au milieu de la voie ferrée, le visage mutilé. Mais l'affaire n'en est pas moins dérangeante et assez intrigante pour que notre commissaire mène l'enquête. Steeman signe une fois encore un bon polar, qui lorgne ici du côté des ambiances "à la Simenon", et se montre moins facétieux qu'avec les aventures de Wens.
07/12/2015 à 15:39
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La loi de la cité
8/10 Un polar efficace de plus à verser sur le compte d'Elmore Leonard. L'intrigue se déroule à Detroit où l'on suit l'enquête d'un groupe de policiers, en tête duquel figure Raymond Cruz, qui tenteront de coincer Clement Mansell, tête brûlée qui se moque de la police et compte se tirer sans problème des meurtres et arnaques dont il est coupable. Avec ce roman, Leonard fait un clin d'oeil au western et met en scène en quelque sorte le duel entre deux hommes, la cité étant désormais le lieu d'affrontement des shérifs et hors-la-loi d'autrefois. L'auteur comme à son habitude campe des personnages attachants et montre une fois encore son talent dans l'art du dialogue qui fait mouche (on comprend pourquoi Tarentino apprécie les romans de Leonard). On retrouve également un attachement à décrire des héroïnes fortes, au caractère bien trempé et qui tente de s'en sortir dans un monde machiste.
07/12/2015 à 15:29 1
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Bloody Mary
8/10 Fin des années 70, banlieue parisienne. Jean Vautrin construit son intrigue au milieu d'une cité HLM en nous confiant des tranches de vies, celles de personnages hauts en couleurs et tous plus ou moins dérangés. On retrouve comme dans "Billy-Ze-Kick", le langage gouailleur de Vautrin, qui n'est pas sans rappeler un Queneau ou un Audiard. L'auteur fait preuve tout autant de violence et de tendresse, écorchant au passage l'autorité, et notamment la police et l'armée, capables de détruire une identité. Un roman qui allie avec justesse humour et gravité. Il est à noter que Jean Teulé a adapté ce texte en bande dessinée.
07/12/2015 à 15:27
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Les Racines du Mal
9/10 Le roman débute en mettant en scène Andreas Schaltzmann, tueur fou persuadé d'être la proie d'extra-terrestres. Véritable plongée au coeur de la logique détraquée de Schaltzmann, cette partie n'est que le préambule à une enquête qui mènera Antoine Darquandier sur les traces d'une organisation pour le moins terrifiante, aidé en cela par une neuromatrice, intelligence artificielle aux allures de super-profiler. Amateurs d'intrigues complexes, de polars comme de science-fiction, de livres palpitants, ce roman vous ravira à coup sûr. Dantec tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre, mariant les genres de manière réussie et livrant au passage une peinture guère réjouissante de notre société et de ses dérives, tableau proposant une anticipation proche que la réalité semble bien rejoindre un peu plus chaque jour.
07/12/2015 à 15:26 2
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La Brava
9/10 A mon avis l'un des meilleurs romans de Leonard, mais j'avoue que le monsieur est un abonné des réussites. Tous les ingrédients qui composent ce que l'on pourrait appeler la "Leonard's touch" sont présents ici: des dialogues parfaitement mis en place, une galerie de personnages tous très bien définis et originaux, une intrigue simple mais qui n'en est pas moins passionnante à suivre et ne laisse aucun temps mort. Et on trouve une fois de plus une figure féminine forte, qui parvient à merveille à tirer son épingle d'un jeu qui se voudrait machiste et dans lequel finalement la femme, en l'occurrence Jean Shaw, sort avec les honneurs. Leonard n'a pas son pareil pour naviguer sans cesse entre humour et gravité et peindre des portraits de branquignols (entre autres, notre auteur étant de toute façon un grand portraitiste). Assurément du grand polar par un des maîtres du genre.
07/12/2015 à 15:23 2
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L'Escalier de fer
7/10 Etienne Lomel se fait-il des idées ? Il est depuis peu pris de douleurs à l'estomac sans que le médecin puisse lui diagnostiquer le moindre disfonctionnement. Alors, rapidement, il va se demander si sa femme, Louise, n'est pas pour quelque chose derrière ce mal. D'autant plus qu'elle a déjà perdu un premier mari, alors qu'Etienne était son amant... "Du déjà vu mille fois !" me direz-vous. Oui, bien sûr, mais Simenon parvient à installer un climat de suspens très efficace et peint comme d'habitude la psychologie de ses personnages avec un talent incontestable.
07/12/2015 à 15:21 1