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La nuit apache
7/10 Un univers, une trame pas naturellement en adéquation avec mes canons du genre mais, certainement mué par la patte stylistique de l'auteur, finalement un moment de lecture riche, enveloppant et enthousiasmant!
16/06/2015 à 00:12 2
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Louise Brooks est morte
8/10 Roman noir découvert de manière aléatoire au cours de pérégrinations littéraires. Une oeuvre qui m'a laissé une indélébile marque, au travers d'un style, un scénario captivant voire envoutant. Ce récit dépeint une violence de la passion dans cette veine pathologique mais affreusement humaine! Une écriture jubilatoire, si l'on peut dire, dans une dimension romanesque indéniable.
16/06/2015 à 00:04 2
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Matin brun
8/10 Une nouvelle concise mais délivrant un message fort et intemporel sur le concept de totalitarisme et la difficulté face à la lutte. Ouvrage essentiel dans sa dimension politique et littéraire.
10/06/2015 à 18:45 4
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Sinaloa Story
8/10 L'art de Barry Gifford donne sa pleine mesure dans la caractérisation des personnages. Avec un nom – toujours très imagé –, quelques éléments descriptifs, des dialogues incisifs, un embryon d'histoire personnelle, Gifford pose son bonhomme ou sa bonne femme. Des marginaux, des écorchés, souvent à la limite de la légalité, à l'image de bon nombre de laissés pour compte aux États-Unis. La prose très crue contribue à leur donner une patine, collant à la réalité.
Le synopsis du roman donne une image faussement classique. Un homme, une femme, un magot à récupérer avec vengeance à la clé. Le propos a fait les beaux jours de nombreux romans et scénarii. Pourtant Gifford tire son épingle du jeu avec une maîtrise impressionnante. De crainte de déflorer l'intrigue, on se contentera de dire que le roman commence avec un personnage et se termine avec un autre. Entre temps, on passe d'un protagoniste à un autre, croisant au passage quelques caractères secondaires08/06/2015 à 23:36 5
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Sylvia
8/10 Lecture beaucoup trop lointaine pour un commentaire avisé, le seul souvenir d'une écriture de qualité.
08/06/2015 à 23:34 3
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Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
9/10 Ce roman est un témoignage autant qu'un cri, une photographie envoyée aux acteurs qui en sont absents, rigoureusement absents : la classe politique, les décideurs de tous bords. Il leur montre où mènent leurs absences, leurs silences depuis tant d'années. Il leur montre un monde à l'écart, laissé pour compte, un monde où le djihad finit par représenter l'espoir d'un avenir meilleur, quelque chose en quoi croire enfin parce que porteur de "valeurs", d'une possibilité de s'investir. Un système économique et social qui n'est plus capable d'offrir ces ouvertures s'expose naturellement à ce qu'un autre système ou organisation prenne sa place. On ne gère pas les générations futures en bâillonnant leurs espoirs et l'auteur ne s'y trompe pas en choisissant son titre parmi les vers de Victor Hugo :
Étant les ignorants, ils sont les incléments ;
Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire
Á vous tous, que c'était à vous de les conduire,
Qu'il fallait leur donner leur part de la cité,
Que votre aveuglement produit leur cécité ;
D'une tutelle avare on recueille les suite,
Et le mal qu'ils vous font, c'est vous qui le leur fîtes.
Vous les avez guidés, pris par la main,
Et renseignés sur l'ombre et sur le vrai chemin ;
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ;
C'est qu'ils n'ont pas senti votre fraternité.
Ils errent ; l'instinct bon se nourrit de clarté (...)
Un roman, un récit, profondément pessimiste mais aussi d'une grande lucidité, pour un regard croisé sur l'état de délabrement des certains pans de notre société, laissés à l'abandon, et où fleurissent de bien vilaines fleurs. La mise en scène s'efface pour laisser place à un quasi documentaire. Remarquable !
01/06/2015 à 23:17 13
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La Théorie du panda
8/10 Avec Gabriel qui tente d’apporter la douceur dans les vies qu’il côtoie, les instants partagés sont puissants, mais le bien-être est trompeur. Ici ce n’est pas le monde d’Amélie Poulain. Derrière les bons petits plats, la noirceur pèse, la noirceur gagne. Aussi entouré soit-il, le solitaire explose sous la douleur. Mais ça, c’est à vous de le découvrir maintenant, tout comme l’histoire de ce panda, et tout ce qu’il représente.
Malgré un final un peu déconcertant, ce roman atypique me donne immédiatement envie de lire tout ce que cet auteur attachant a écrit d’autre.
30/05/2015 à 23:33 5
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Comment va la douleur ?
8/10 Voilà bien le genre de roman qu'on aime à garder en tête très longtemps. Et quand bien même on ne le souhaite pas, sa petite musique s'accroche à notre sensibilité irrémédiablement. Pas tant à cause de l'histoire, somme toute assez banale, mais plutôt grâce à l'humanité des personnages qui nous les rend tous si attachants. Qu'il s'agisse du vieux tueur malade et revenu de tout (surtout de sa vie), du jeune homme naïf limite crétin, de sa mère à la vie ratée, de Fiona, mère larguée, Rose la taxidermiste retraitée… On les aime tous car tous sont traités avec une humaine indulgence par l'auteur. Les vieux ne se font guère d'illusions mais aimeraient tant en avoir encore, les jeunes espèrent de la vie mais avec circonspection.
Pascal Garnier, grâce à son sens du détail, à son humour distancié, traque des moments de vie inoubliables. Un grand roman, assurément le meilleur de Pascal Garnier à qui l'on doit déjà les très bons Flux et autre Nul n'est à l'Abri du Succès.
30/05/2015 à 23:30 5
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L'Aliéniste
7/10 L'évocation de New York à la veille du XXe siècle est extraordinaire et l'intrigue passionnante. L'Aliéniste est en fait le chaînon manquant, brillamment reconstitué entre les romans d'Eugène Sue ou de Conan Doyle et les polars modernes où les profilers traquent les serial killers. 7,5
30/05/2015 à 23:08 3
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Sur les traces de Chet Baker
7/10 On pourrait presque présenter le livre comme un essai sur Chet Baker qui selon l'auteur "savait exprimer ce qui est poignant et mélancolique...extirpant sans effort jusqu'à la dernière goutte d'émotion..." Il faut dire que Bill Moody est musicien autant qu'écrivain. Le livre comporte même en annexe une discographie sélective du Trompettiste Jazz.
30/05/2015 à 23:03 2
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Cul-de-sac
8/10 Avec un sens magistral du suspense et du romanesque , Douglas Kennedy tisse pour son premier roman une incroyable toile machiavélique sur un registre noir-décalé.
30/05/2015 à 22:48 4
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Un Employé modèle
8/10 Entrée en matière réussie! Un cadre, un fil directeur qui entreprend de plonger le lecteur dans une ambiance noir à souhait. Le style direct permet une percussion des esprits et met en exergue les déviances du personnage central.
27/05/2015 à 11:32 1
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Là où dansent les morts
7/10 Ce style propre à Hillerman avec ces longues phrases et ces descriptions des paysages, qui donne un rythme si particulier et transporte le lecteur dans cet "autre monde" ou plutôt cet autre vision du monde.
Avec le seul Joe Leaphorn comme personnage principal, Hillerman sort complètement l'homme blanc de la narration et nous permet d'approcher au plus près de la philosophie Navajo. L'intrigue y gagne aussi en clarté et simplicité. Le caractère ethnologique est, lui, toujours présent avec la confrontation de trois cultures (Navajo, Zuñi et Belacani) car si pour nous (belacani) les amérindiens sont des indiens, l'auteur confronte Leaphorn le Navajo aux coutumes Zuñi pour mieux nous montrer que chaque tribu est aussi différente culturellement et religieusement que peut l'être un français d'un chinois. Cette confrontation donne aussi à Leaphorn un aspect plus humain ou moins "parfait", dans son agacement vis à vis des Zuñis par rapport auxquels il a ce sentiment d'infériorité. Un sentiment qui ne cadre pas avec la pensée Navajo.24/05/2015 à 00:32 2
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Au revoir là-haut
8/10 Lu dès sa sortie, la thématique m'attirait autant que le "virage" adopté par l'auteur. Jouissance de lecture sur une construction limpide et maîtrisée, le fond historique et l'angle tracé confère à l'ouvrage une richesse humaniste paradoxale. La faculté de Lemaitre de porter, de croire en ses protagonistes démontre des qualités d'écriture certaines mais surtout une capacité de créer un univers captant son lectorat. Ouvrage de haute tenue donc qui révèle les failles sociétales post conflit et les affres d'êtres confinés à des expédients immoraux mais vitaux, au vu du contexte.
22/05/2015 à 23:11 13
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Jeudi Noir
8/10 Quoi dire? La déception n'est aucunement de mise sur ce pari "burné"! L'auteur fidèle à ses qualités et à ses mentors contemple cet événement d'une singulière, mais néanmoins paradoxalement délectable, dramaturgie sous cet angle original et de l'analyse des personnalités concernées. Un livre, donc, essentiel au profane et aux dilettantes du suspense et de la tension psycho-dramatique.
12/05/2015 à 23:10 3
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Le Lac des singes
8/10 Un style direct qui tranche avec les circonvolutions des schémas du jazz...Polar efficace qui donc, marie dans un mid-tempo Be-Bop une enquête tendue comme une corde de contrebasse de Scott LaFaro et chaloupe entre les onomatopées d'un Thelonious Monk, nous présentant une face sombre de l'univers des casinos.
12/05/2015 à 00:47 1
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La Mémoire courte
8/10 J’aime beaucoup Deon Meyer, mais j’ai adoré Louis-Ferdinand Despreez et son inspecteur Zondi – que l’on retrouve dans le roman suivant de l’auteur, Le noir qui marche à pied. L’économie de moyens, le style direct et sans atermoiements, sans illusions non plus sur l’état de la société sud-africaine en pleine transition démocratique, permet à Despreez de hisser son récit au-delà d’un simple roman. C’est tout simplement un grand livre.
11/05/2015 à 19:26 1
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Crime
10/10 Oeuvre magistrale injustement méconnue, qui relate un véritable fait divers dont l'auteur est le témoin, n'est pas sans rappeler de Sang Froid de Truman Capote. La qualité littéraire sort des cadres et la trame captivante font de ce joyau une lecture essentielle et intemporelle qui ne laissera pas de marbre, tant par sa dramaturgie que par la leçon stylistique. Je précise que je l'ai lu en 1999.
11/05/2015 à 18:46 4
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Moscow
8/10 Un roman-nouvelle incisif, mordant et direct qui évoque un désoeuvrement délétère et empreint de violences, de vices mais qui fournit des évocations psychologiques sur le personnage central perdu dans son monde délesté de repères. Uppercut déroutant mais d'une valeur littéraire proche de l'élégie!
10/05/2015 à 00:44 5
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Blue Jay Way
7/10 Ecrit dans un style pur et réaliste, parfois trash, Blue Jay Way met en scène une Los Angeles maléfique, à l'atmosphère lourde, une ville diabolique qui semble irréductiblement attirer ses habitants vers le vice. Les scènes de sexe violent, de soirées dissolues et l'oisiveté de la jeunesse dorée d'Hollywood constituent un clin d’œil insistant à l'œuvre de Bret Easton Ellis, la provocation en moins.
S'il ne plaira certainement pas à tout le monde, Blue Jay Way est un excellent roman ultra contemporain dont le final vous mettra une claque en pleine figure.
10/05/2015 à 00:38 2