Elle s’appelait Michèle Partenay, et un homme vient de découvrir son cadavre dans une carrière de tuf. Mains et pieds tranchés. Pour enquêter sur ce crime atroce, deux policiers : Bélony et Dalençon, des professionnels que tout oppose, ce qui n’empêche nullement une forme indéniable de camaraderie. Et il va leur en falloir, de l’affection, pour remonter la piste de ce tueur, puisque d’autres corps ne vont pas tarder à être retrouvés.
De Franck Bouysse, on connaît principalement, entre autres, Né d’aucune femme, Grossir le ciel, Glaise, ou encore son dernier ouvrage, Buveurs de vent, et c’est avec plaisir que l’on (re)découvre ce Orphelines, écrit en 2013. Le texte est très court (environ deux cents pages), et l’on retrouve l’écriture si magnifique de l’auteur, empreinte de poésie et de lyrisme, au point que l’on s’attarde à de nombreuses – et délicieuses – reprises pour lire et relire certains passages. Par exemple, le portrait qui est dressé de l’une des victimes de l’assassin, Eva Myskina, dont le père a été l’un des sacrifiés, pardon, l’un des « liquidateurs » après la catastrophe de Tchernobyl, est un pur festin de mots et de maux. Les deux protagonistes retiennent également l’attention. Bélon est un policier bourru dont l’épouse vient de décéder après un long coma, rejoignant dans le trépas leur fille unique Mathilde après un terrible accident de la route. Dalençon est également une enquêtrice fort sympathique, errant d’une liaison sans lendemain à une autre, et dont les parents coexistent de façon mémorable. Entre ces deux limiers, une puissante fraternité, une amitié forte, presque une relation de substitution père-fille, qui va être mise à l’épreuve par cette traque au prédateur. Le tueur en série détonne avec cette mise en scène de corps massacrés, cabossés, reproduisant un schéma peu conventionnel, et laissant sur ses proies des messages énigmatiques – une partition du Temps des cerises, un extrait d’une chanson de Christophe, des aliments bien particuliers dans le système digestif de ses victimes, etc. Les pages, peu nombreuses, défilent à toute allure et sans le moindre temps mort, et l’on ne finit par regretter qu’un léger manque d’originalité dans le profil psychologique du monstre.
Un roman prenant et efficace, où la forme – remarquable et enivrante – l’emporte, voire magnifie le fond, et où la plume de Franck Bouysse s’impose comme une poétesse de premier ordre.
Elle s’appelait Michèle Partenay, et un homme vient de découvrir son cadavre dans une carrière de tuf. Mains et pieds tranchés. Pour enquêter sur ce crime atroce, deux policiers : Bélony et Dalençon, des professionnels que tout oppose, ce qui n’empêche nullement une forme indéniable de camaraderie. Et il va leur en falloir, de l’affection, pour remonter la piste de ce tueur, puisque d’autres corps ne vont pas tarder à être retrouvés.
De Franck Bouysse, on connaît principalement, entre autres, Né d’aucune femme, Grossir le ciel, Glaise, ou encore son dernier ouvrage, Buveurs de vent, et c’est avec plaisir que l’on (re)découvre ce Orphelines, écrit en 2013. Le texte est très court (environ deux cents pages), et l’on retrouve l’écriture si magnifique de l’auteur, empreinte de poésie et de lyrisme, au point que l’on s’attarde à de nombreuses – et délicieuses – reprises pour lire et relire certains passages. Par exemple, le portrait qui est dressé de l’une des victimes de l’assassin, Eva Myskina, dont le père a été l’un des sacrifiés, pardon, l’un des « liquidateurs » après la catastrophe de Tchernobyl, est un pur festin de mots et de maux. Les deux protagonistes retiennent également l’attention. Bélon est un policier bourru dont l’épouse vient de décéder après un long coma, rejoignant dans le trépas leur fille unique Mathilde après un terrible accident de la route. Dalençon est également une enquêtrice fort sympathique, errant d’une liaison sans lendemain à une autre, et dont les parents coexistent de façon mémorable. Entre ces deux limiers, une puissante fraternité, une amitié forte, presque une relation de substitution père-fille, qui va être mise à l’épreuve par cette traque au prédateur. Le tueur en série détonne avec cette mise en scène de corps massacrés, cabossés, reproduisant un schéma peu conventionnel, et laissant sur ses proies des messages énigmatiques – une partition du Temps des cerises, un extrait d’une chanson de Christophe, des aliments bien particuliers dans le système digestif de ses victimes, etc. Les pages, peu nombreuses, défilent à toute allure et sans le moindre temps mort, et l’on ne finit par regretter qu’un léger manque d’originalité dans le profil psychologique du monstre.
Un roman prenant et efficace, où la forme – remarquable et enivrante – l’emporte, voire magnifie le fond, et où la plume de Franck Bouysse s’impose comme une poétesse de premier ordre.