Bartle, 21 ans, est un Américain à peine sorti de l'adolescence et un peu perdu. Il ne sait pas trop quoi faire de sa vie et décide, presque sur un coup de tête, de s'engager dans l'armée, au grand dam de sa mère. Après un premier hiver passé à s'entraîner aux États-Unis durant lequel il s'est lié d'amitié avec Murph, il est mobilisé à Al Tafar, en Irak, avec des centaines d'autres jeunes GI venus de grandes villes ou, comme lui, de petits patelins. Face à la cruelle réalité de la guerre et à la mort de Murph – qu'il avait promis de ramener en vie à la mère de ce dernier – il va sévèrement déchanter.
Lui-même revenu vivant mais sans doute pas tout à fait indemne des conflits américains au Moyen-Orient, Kevin Powers n'a assurément pas choisi ce sujet par hasard. Au fil des pages, on n'a de cesse de se demander où se situe la frontière entre vécu et fiction tant l'ensemble semble criant de réalisme. Le récit se concentre sur le parcours de Bartle et fait alterner les épisodes passés et actuels de sa vie de soldat puis de vétéran. L'excitation de la nouvelle recrue laisse place à l'ennui des longues journées d'attente durant lesquelles il ne se passe rien puis, après avoir subi une première attaque, au stress d'une éventuelle récidive. La crainte perpétuelle de tomber dans une embuscade ou sur une mine, peur sourde virant à la paranoïa et faisant de chaque civil irakien un terroriste en puissance. À cette peur constante s'ajoute la chaleur, le mal du pays, le manque de la famille et des femmes, et cette terrible solitude que chacun tente d'oublier par une certaine camaraderie de façade. Le tout tape sérieusement sur le système, et ceux qui n'ont jamais essuyé une balle perdue ou un éclat d'obus sont touchés sans en être forcément conscients par autant de blessures psychologiques. Même ces fiers-à-bras feignant devant les autres de ne rien ressentir à la mort d'un collègue sont en vérité troublés. Kevin Powers s'intéresse aussi au délicat retour au pays de ces jeunes hommes partis la fleur au fusil et revenus détruits. Certains s'en sortent tant bien que mal ; pour d'autres, ce sont les nuits d'insomnie, la dépression, le recours à l'alcool et/ou à la drogue, pour oublier, à défaut de se reconstruire.
S'il n'a sans doute pas été conçu comme tel, Yellow Birds vaut bien des manifestes pacifistes par la force de son message. S'inspirant de son expérience traumatisante, Kevin Powers nous montre simplement, avec ses mots à lui, que la guerre quelle qu'elle soit, n'est décidément pas une belle chose. Un texte puissant – et espérons-le pour lui, cathartique – qui remuera les tripes de plus d'un lecteur.
Bartle, 21 ans, est un Américain à peine sorti de l'adolescence et un peu perdu. Il ne sait pas trop quoi faire de sa vie et décide, presque sur un coup de tête, de s'engager dans l'armée, au grand dam de sa mère. Après un premier hiver passé à s'entraîner aux États-Unis durant lequel il s'est lié d'amitié avec Murph, il est mobilisé à Al Tafar, en Irak, avec des centaines d'autres jeunes GI venus de grandes villes ou, comme lui, de petits patelins. Face à la cruelle réalité de la guerre et à la mort de Murph – qu'il avait promis de ramener en vie à la mère de ce dernier – il va sévèrement déchanter.
Lui-même revenu vivant mais sans doute pas tout à fait indemne des conflits américains au Moyen-Orient, Kevin Powers n'a assurément pas choisi ce sujet par hasard. Au fil des pages, on n'a de cesse de se demander où se situe la frontière entre vécu et fiction tant l'ensemble semble criant de réalisme. Le récit se concentre sur le parcours de Bartle et fait alterner les épisodes passés et actuels de sa vie de soldat puis de vétéran. L'excitation de la nouvelle recrue laisse place à l'ennui des longues journées d'attente durant lesquelles il ne se passe rien puis, après avoir subi une première attaque, au stress d'une éventuelle récidive. La crainte perpétuelle de tomber dans une embuscade ou sur une mine, peur sourde virant à la paranoïa et faisant de chaque civil irakien un terroriste en puissance. À cette peur constante s'ajoute la chaleur, le mal du pays, le manque de la famille et des femmes, et cette terrible solitude que chacun tente d'oublier par une certaine camaraderie de façade. Le tout tape sérieusement sur le système, et ceux qui n'ont jamais essuyé une balle perdue ou un éclat d'obus sont touchés sans en être forcément conscients par autant de blessures psychologiques. Même ces fiers-à-bras feignant devant les autres de ne rien ressentir à la mort d'un collègue sont en vérité troublés. Kevin Powers s'intéresse aussi au délicat retour au pays de ces jeunes hommes partis la fleur au fusil et revenus détruits. Certains s'en sortent tant bien que mal ; pour d'autres, ce sont les nuits d'insomnie, la dépression, le recours à l'alcool et/ou à la drogue, pour oublier, à défaut de se reconstruire.
S'il n'a sans doute pas été conçu comme tel, Yellow Birds vaut bien des manifestes pacifistes par la force de son message. S'inspirant de son expérience traumatisante, Kevin Powers nous montre simplement, avec ses mots à lui, que la guerre quelle qu'elle soit, n'est décidément pas une belle chose. Un texte puissant – et espérons-le pour lui, cathartique – qui remuera les tripes de plus d'un lecteur.