Le Festin du serpent

  1. Mais qui est ce serpent...

    Ange-Marie Barthélemy, policier spécialisé dans la lutte contre le terrorisme, est sur les traces des membres d'An-Naziate, un groupuscule islamiste aux actions particulièrement meurtrières.
    Cécile Sanchez a su gravir les échelons malgré le handicap que peut constituer dans la police le fait d'être une femme. Dirigeant désormais une brigade ayant pour but l'arrestation des criminels les plus retors, elle travaille sur un cas délicat. On retrouve dans des chambres d'hôtel des jeunes femmes d'origine asiatique éventrées avec soin. Bien que le modus operandi laisse peu de place au doute, le caractère de l'assassin ne semble pas cadrer avec le portrait-type du serial killer.

    Ghislain Gilberti signe avec ce Festin du serpent son premier roman édité (Dynamique du chaos, refusé par les maisons d'édition, a été publié par l'auteur sur la toile). Pourtant, l'impression donnée est globalement très positive. On pourra éventuellement reprocher au jeune Belfortain (né en 1977) d'être un peu bavard dans l'aspect procédural (fonctionnement des différents services de police, acronymes à gogo, etc.). Incontestablement, il s'est documenté. Mais la qualité de l'intrigue et le rythme insufflé au récit font qu'on oublie assez vite ce bémol. Les deux intrigues, on s'en doute, vont être amenées à se croiser. Cela est bien fait et la rencontre des deux protagonistes donne une nouvelle dimension au récit. A défaut d'être vraiment attachants les personnages des deux policiers sont plutôt réussis même si le côté « parfait » de Cécile Sanchez pourra déplaire à certains lecteurs. « Synergologue » et psychologue, elle sait interpréter le moindre mouvement de cil de ses interlocuteurs, à tel point que ça confine quasiment au super-pouvoir. Un peu too much peut-être ?
    La plongée dans le groupuscule terroriste islamiste est particulièrement intéressante – on suit un membre d'An-Naziate en parallèle à l'enquête de Barthélémy – et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'entre ça et le serial killer, on est servis en matière d'action et de suspense. Déjà plutôt rapide, le rythme s'accélère encore dans le derniers tiers du roman, que l'on referme surpris d'avoir avalé si vite ce pavé – plus de 550 pages tout de même.

    On oublierait presque en terminant ce thriller costaud qu'il s'agissait là d'un galop d'essai. Le festin du serpent connaît semble-t-il un certain succès, encourageant pour Ghislain Gilberti, que l'on relira sans doute avec plaisir.

    /5