Cartel 1011 : Les Bâtisseurs

Les Bâtisseurs

9 votes

  • 7/10 « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance. »
    J'ai lu ce Cartel 1011 : Les bâtisseurs il y a plusieurs mois (au printemps il me semble) et je suis partagé : d'un point de vue documentaire je le trouve absolument remarquable et même nécessaire (voire salutaire - c'est dire !), en revanche d'un point de vue romanesque je le trouve... raté.
    J'ose le mot car à la base je voulais adorer ce bouquin (je l'ai acheté en GF à sa sortie), mais à sa lecture j'ai été décontenancé par son manque d'intrigue. Ou plutôt par son intrigue qui ne démarre réellement qu'à partir du milieu, il m'a semblé. Et quand je parle d'intrigue, je parle de l'apparition des flics et du démarrage de leur enquête. Pour être tout à fait honnête, j'ai même eu l'impression que l'intrigue en elle-même ne commençait qu'à la fin du livre, et que ce 1er tome fonctionnait un peu comme une introduction à la suite. Le problème, c'est que sur plus de 500 pages, ça fait trop peu !

    Pendant au moins la première moitié, les chapitres se succèdent, mettant en scène différents personnages (qu'on finit par retrouver quelques chapitres plus loin), comme une succession de nouvelles sur un thème (vaguement) commun. Mais c'est le lecteur qui imagine ou subodore les liens qui vont se tisser entre ces scénettes - et je suppose qu'on aura la confirmation dans le tome suivant. Autant j'aime beaucoup quand un auteur ne mâche pas tout le travail du lecteur et laisse des zones de non-dits, autant j'ai trouvé dans ce 1er opus que l'auteur abusait un peu de ce principe.

    Et c'est là, je trouve, la grande différence avec un Don Winslow et sa trilogie Art Keller, même si évidemment on retrouve la même thématique du trafic de drogues internationalisé et mondialisé et ses liens avec les multinationales. Winslow n'oublie pas, lui, de créer une vraie intrigue dans La griffe du chien, à travers l'enquête que va mener Art Keller qui apparaît dès le 2e chapitre (si mes souvenirs sont bons). Avec Kopping, il faudra attendre plusieurs centaines de pages avant que l'enquête prenne forme.

    Toutefois, ce qui à mes yeux sauve ce livre, c'est son exceptionnelle valeur documentaire, sorte de mise à jour terrifiante de La griffe du chien 20 ans après. Avec une écriture sèche et directe, sans fioritures, il dépeint les rouages plus ou moins souterrains d'un monde gangréné jusqu'à la moelle, à faire perdre espoir au plus chevronné des coachs en zénitude et développement personnel et à rendre misanthrope l'humaniste le plus convaincu ! C'est vraiment la lie de l'humanité qu'on croise dans ce roman, et c'est particulièrement éprouvant à lire tant il ne semble pas y avoir la moindre lueur d'espoir.

    Bref, voilà pourquoi je ne peux pas mettre moins de 7 à ce roman, car il nous force à ouvrir les yeux sur les dérives insoutenables d'un système ultra-libéral qui considère le vivant - homme et animal - comme une matière première comme une autre, qui n'a aucune autre valeur que l'argent qu'elle peut potentiellement rapporter. Et quand ce sont de grandes entreprises multinationales qui, derrière leurs façades proprettes entretenues par leurs relations publiques et des médias corrompus, se comportent en sous-main comme les plus sauvages des criminels, c'est tout un système qui est pourri jusqu'à l'os et qu'il devient urgent d'abattre.
    Voilà ce qui sauve à mes yeux ce roman qui, en dépit d'un manque cruel d'intrigue et de moteur romanesque, reste une lecture marquante et salutaire.

    PS : Je l'ai lu avec intérêt pendant les vacances, donc avec des plages de lecture prolongées, mais pour celui qui ne lira par exemple qu'un chapitre par jour, je comprendrais qu'il s'agace et finisse peut-être même par laisser tomber. Non pas parce qu'il y a des longueurs, mais tout simplement par ce manque d'intrigue.
    Et avec 7, je me considère comme assez généreux, car je suis conscient qu'on n'est pas ici au rayon "documentaire / non-fiction"... Et ça ne m'étonnerait pas que d'autres lecteurs plus sévères ne lui mettent même pas la moyenne pour cette raison.

    17/12/2025 à 20:58 Norbert (323 votes, 7/10 de moyenne) 6

  • 8/10 On reconnaît bien là, l’art de M. Köping. Sous forme de fiction, il nous déverse dans ce premier volet une réalité infecte, remplie d’humains abjects. Une histoire tentaculaire, qui n’épargne rien ni personne, marché de la drogue toujours plus addictive, blanchiment d’argent, prostitution, trafic de sable, exploitations humaine et environnementale … tout est corrompu et gare à ceux qui voudraient s’y opposer. C’est dur à lire tant de violence et de perversion, j’ai lu presque tout le bouquin en apnée et en deux fois, seules quelques rares pages épargnent les bienveillants, mais maintenant que les bâtisseurs sont en marche j’attends la suite.

    29/09/2025 à 19:34 Emil (465 votes, 7.3/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Il est difficile de ne pas faire de comparaison avec la trilogie de Don Winslow, et notamment "La griffe du chien" qui figure dans mon top 3 de polars, rien que ça. Et là où on a vibré, en suivant les péripéties d'Art Keller, ici on est un peu livré à nous-mêmes, avec certes, des histoires sanglantes aux quatre coins du monde, on suit une multitude de criminels tous plus cruels et barrés les uns que les autres, mais sans personnage central qui ferait le lien entre ces histoires. La fin de cet entame de trilogie permet tout de même de donner un sens à l'ensemble, et je pense que je poursuivrai avec plaisir cette fresque d'une puissance évocatrice remarquable.

    14/09/2025 à 17:57 Polarbear (980 votes, 7.7/10 de moyenne) 9

  • 7/10 Un livre très dur, très violent et qui a l'originalité de prendre pour moteur de l'intrigue le trafic de sable impliquant notamment des organisations criminelles et mets en lumière un fléau peu présent dans les médias.
    J'ai été un peu déçu par ce roman, trop de violence brute, pas d'attachement aux personnages. Ma lecture a également souffert de la comparaison avec la trilogie "Art Keller" de Don Winslow.

    09/07/2025 à 06:02 Grolandrouge (1736 votes, 6.6/10 de moyenne) 6

  • 9/10 Voici certainement le roman que j'attendais énormément en fin d'année dernière. Après avoir pris un aller-retour choc avec Le Manufacturieur et Les démoniaques, je guettais impatiemment l'arrivée du nouveau roman de Mattias Köping.

    Le moins que je puisse dire c'est que je n'ai pas été déçu puisqu'à mon avis on détient là un des meilleurs romans noirs de 2024.

    Certes le roman met quelques temps à se lancer, mais il faut bien reconnaître que l'auteur prend le temps de poser tous les personnages, toutes les parties-prenantes dans cette organisation et de marché de la drogue. Si le nom du roman tend à faire penser que l'action se déroule en centre Amérique, Mattias Köping n'oublie pas la partie finale, les pays consommateurs. Il entreprends également d'aborder les nouveaux moyens de transit des drogues ou d'évoquer les nouvelles "méthodes" de production toujours de plus en plus près du client final. je n'en dirais pas plus car cela viendrait à dévoiler des éléments importants du roman qui montrent que l'auteur s'est fortement documenté sur le sujet, veut le faire savoir mais sans en faire une encyclopédie de la schnouffe.

    Les personnages sont bien évidemment pléthoriques mais ils restent cependant clairement identifiables pour sauter de l'un à l'autre au grès des chapitres.

    Comme dans ces précédents romans, le style est direct, sans emphase, d'une redoutable efficacité sans pour autant en oublier un phrasé parfait (et j'avoue avoir découvert quelques mots). 

    Bref un roman qui fait froid dans le dos tant on devine qu'il est encore en-dessous de la réalité.

    23/06/2025 à 20:57 QuoiLire (391 votes, 6.7/10 de moyenne) 3

  • 8/10 A mi-chemin entre le roman et le documentaire, tant l'auteur semble connaitre son sujet.
    C'est passionnant, mais ça fout la trouille et ferait vomir d'épouvante.
    En parallèle à l'arrivée de ce nouveau cartel, on suit l'ascension d'un puissant conglomérat, qui cherche à mettre la main sur les richesses Mexicaines.
    8.5

    04/05/2025 à 12:03 charlice (443 votes, 7.6/10 de moyenne) 5

  • 9/10 Après Le Manufacturier, M Köping revient avec un roman dans la même veine, noir, violent, très bien documenté, et donc très réaliste. Le style est très fluide, ça bouge et ça secoue. La fin est un peu abrupte, et on attend avec hâte la suite. Une histoire sans vrai héros principal, mais avec une galerie hétéroclite de personnages, certains héroïques, d'autres de vraies raclures, des épaves laminées par la drogue, la prostitution, l'exploitation et la corruption. Superbe récit.

    16/02/2025 à 17:11 gamille67 (2569 votes, 7.3/10 de moyenne) 9

  • 10/10 La claque! Roman monstrueux dans tous les sens du terme. Monstrueux par l’histoire et les atrocités décrites, monstrueux par la taille car ce n’est que le premier volume, monstrueux par la qualité de l’écriture et de recherche de l’auteur. Le livre se lit d’une traite tellement c’est passionnant. Peu d’optimisme sur le genre humain. Bravo au padre Jacinto et à Maribel et au courage de Lucia et aux quelques enquêteurs non corrompus. On peut faire un parallèle avec l’œuvre monumentale de Don Winslow et ses narcos trafiquants.
    Vous l’aurez compris c’est clairement ma lecture de ce début 2025.
    Merci Mattias Köping dont j’avais lu les deux précédents ouvrages tout aussi excellents.

    19/01/2025 à 13:21 boumkoeur (278 votes, 8.5/10 de moyenne) 10

  • 10/10 Si vous avez envie d’un livre marquant pour cette fin d’année, vous avez la possibilité de lire ce roman de Mattias Koping , je serais prêt à parier que sa lecture en marqueras pas mal au fer rouge . Surtout si vous découvrez l’auteur, faites gaffes quand même, c’est pour adultes avertis et consentants et n’est pas approprié aux personnes fragiles ou puritaines sous peine de lésion neuronale irréversible au meilleur des cas.
    Mais c’est aussi et surtout un bouquin ludique où vous apprendrez le fonctionnement complet des cartels et la mexicanisation mondiale. Une lecture ludique que tu prends en pleine figure , pas besoin de tendre l’autre joue, tu es déjà KO.
    C’est le début d’une trilogie renversante sur les cartels, étonnement complète et approfondie, furieusement détaillée et immorale, finement romancée sans aucun tabou, n’oubliant aucun détail des multiples perversions que vous ne pouviez pas imaginer, tout çà flirtant dangereusement avec les réalités de notre monde actuel enfin bref ça fout les trouilles.
    Une énorme claque ce bouquin parce que bien diffèrent de tout ce que j’ai lu cette année, et puis tout cela semble tellement vrai ….les mots me manquent .

    28/12/2024 à 15:57 patoche77 (379 votes, 7.7/10 de moyenne) 10