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7/10 L'auteur fait partie de mes favoris, et je pense avoir lu toutes ses œuvres. Ce nouveau roman m'a cependant paru être un peu moins bon que les précédents. L'intrigue reste un peu simpliste et superficielle, malgré certaines longueurs, ce qui est presque paradoxal. Les motivations des "méchants" manquent de crédibilité, peut-être justement à cause de ce manque d'explications sur les personnages : ou alors les habitants de ces montagnes du Sud Est sont tellement névrosés et sensibles par rapport à tout ce qui touche leur passé, l'esclavagisme, le racisme, que leurs actes décrits dans ce roman semblent tout simplement plausibles et naturels à l'auteur qui est du cru, mais inimaginable pour nous ?
22/12/2024 à 18:36 gamille67 (2450 votes, 7.3/10 de moyenne) 6
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9/10 Toya, une jeune artiste afro-américaine, est venue passer l’été chez Vess, sa grand-mère maternelle, à Sylva, Etat de Caroline du Nord. Toya est aussi une activiste militantiste et aime, par ses actions, dénoncer l’histoire ségrégationniste de l’Etat.
L'adjoint du shérif Ernie Allison arrête un vagabond armé, endormi dans sa voiture. Sa carte d’identité est au nom de Willy Dean Cawthorn, originaire du Mississipi. Ernie constate, au regard des vêtements présents dans le véhicule qu’il est devant un suprémaciste blanc, membre apparent du KKK. Le lendemain de cette interpellation, Ernie qui voulait récupérer dans la voiture de cet inquiétant individu, l’étrange carnet d’adresses de notables locaux, constate qu’il a disparu. Et sa libération prématurée, ne comporte aucune justification.
Après avoir souillé de peinture rouge sang la statue d’un guerrier confédéré, Toya se voit arrêter par le shérif John Coggins. Ancien ami du défunt mari de Vess, il somme la grand-mère de surveiller sa petite fille. La population locale aspire à vivre en toute sérénité. Mais la tension est là. Toya est sommée d’assumer ses actes, et activistes blancs souhaitent aussi faire entendre leur voix. Willy Dean Cawthorn va tout faire pour que la situation explose. Et les drames arrivent… Un meurtre terrible et le corps violenté d’Ernie, laissé pour mort.
David Joy, auteur que je suis indéfectiblement depuis son premier livre, m’a, avec Les Deux Visages du monde, pris aux tripes. Ce roman noir est son meilleur à son jour. Le ton est juste, posé, même s’il est sensible, pour évoquer (sans vraiment prendre parti) le racisme, un passé esclavagiste enraciné culturellement, une histoire locale dépassée… Une société qui a évolué, dont le racisme ne se montre plus avec des cagoules blanches, mais qui se montre plus insidieuse, plus dangereuse car moins visible. David Joy se veut ici montreur en image arrêtée d’une société non pas archaïque, mais qui doit avancer avec toutes les composantes de cette société qui, de nos jours, montrent ses deux visages : belle quand elle est unie, et dévastatrice quand elle se divise.03/12/2024 à 16:12 JohnSteed (642 votes, 7.8/10 de moyenne) 6