Prenez le misérable Plonque, homme las et grotesque. Adjoignez-lui Camina, son épouse, immonde mégère qui lui refuse tout devoir conjugal. Observez que Camina est une Rachot, dynastie de neurasthéniques tous plus dégénérés les uns que les autres. Additionnez la brave Quillard, voisine du couple, également surnommé « Lamoule », pour laquelle Plonque nourrit des désirs charnels forcenés. Pour corser un peu ce cocktail qui n’en avait guère besoin, associez un amant particulièrement vindicatif, un croquemort qui voue une passion dévorante pour les femmes à grosse bouche, quelques enterrements où tout dérape, et vous n’obtiendrez qu’une fraction de l’épais délire qui s’amorce.
Car, oui, ce roman est délirant. Franz Bartelt n’a pas son pareil pour prendre des personnages complètement barrés, au comportement extravagant, et dont la moindre action ou attitude va engendrer une vague de délicieux désordres. On navigue souvent dans les univers joints de Frédéric Dard pour la gaudriole, de Michel Audiard pour les mots savoureux et colorés, ou encore des Monty Python. Inutile de dire que l’on rigole. Franchement. Que certaines scènes, comme ce penchant mortel du brave Pitaine pour Solange et sa majestueuse et énorme bouche débouchant sur le chaos, ou cet enterrement où les fossoyeurs déclenchent la colère de la famille de la défunte lorsqu’ils écoutent de la musique dans leur voiture, sont mémorables. Il y a des passages si croustillants que l’on ne se lasse pas de les relire. En cela, Franz Bartelt est un illusionniste ; car si l’intrigue en soi est faible, son sens incroyable de la narration rend son roman diablement percutant. L’écrivain, avec sa gouaille et son ironie, rendrait passionnante la lecture du mode d’emploi d’un aspirateur.
Un pur ouvrage humoristique ? Non, assurément pas. Car, de ces pages si brillamment écrites, suinte dans le même temps une incroyable noirceur. L’existence insipide et ratée de Plonque a beau être narrée sur le ton délassant, elle n’en demeure pas moins misérable. Et pour se convaincre de cette noirceur persistante, les deux derniers chapitres viennent confirmer cet état de fait. Faire rire et distraire avec un tel sujet, voilà une réelle gageure. Au final, Franz Bartelt livre un opus comme il n’en existe que très peu, ou plus exactement, d’une couleur infiniment précieuse : celle du noir qui soulage.
Prenez le misérable Plonque, homme las et grotesque. Adjoignez-lui Camina, son épouse, immonde mégère qui lui refuse tout devoir conjugal. Observez que Camina est une Rachot, dynastie de neurasthéniques tous plus dégénérés les uns que les autres. Additionnez la brave Quillard, voisine du couple, également surnommé « Lamoule », pour laquelle Plonque nourrit des désirs charnels forcenés. Pour corser un peu ce cocktail qui n’en avait guère besoin, associez un amant particulièrement vindicatif, un croquemort qui voue une passion dévorante pour les femmes à grosse bouche, quelques enterrements où tout dérape, et vous n’obtiendrez qu’une fraction de l’épais délire qui s’amorce.
Car, oui, ce roman est délirant. Franz Bartelt n’a pas son pareil pour prendre des personnages complètement barrés, au comportement extravagant, et dont la moindre action ou attitude va engendrer une vague de délicieux désordres. On navigue souvent dans les univers joints de Frédéric Dard pour la gaudriole, de Michel Audiard pour les mots savoureux et colorés, ou encore des Monty Python. Inutile de dire que l’on rigole. Franchement. Que certaines scènes, comme ce penchant mortel du brave Pitaine pour Solange et sa majestueuse et énorme bouche débouchant sur le chaos, ou cet enterrement où les fossoyeurs déclenchent la colère de la famille de la défunte lorsqu’ils écoutent de la musique dans leur voiture, sont mémorables. Il y a des passages si croustillants que l’on ne se lasse pas de les relire. En cela, Franz Bartelt est un illusionniste ; car si l’intrigue en soi est faible, son sens incroyable de la narration rend son roman diablement percutant. L’écrivain, avec sa gouaille et son ironie, rendrait passionnante la lecture du mode d’emploi d’un aspirateur.
Un pur ouvrage humoristique ? Non, assurément pas. Car, de ces pages si brillamment écrites, suinte dans le même temps une incroyable noirceur. L’existence insipide et ratée de Plonque a beau être narrée sur le ton délassant, elle n’en demeure pas moins misérable. Et pour se convaincre de cette noirceur persistante, les deux derniers chapitres viennent confirmer cet état de fait. Faire rire et distraire avec un tel sujet, voilà une réelle gageure. Au final, Franz Bartelt livre un opus comme il n’en existe que très peu, ou plus exactement, d’une couleur infiniment précieuse : celle du noir qui soulage.