– Écoute-moi bien, Antoine. Tu as eu de la chance que je sois là. Tu comprends ? Ne parle pas, fais-moi oui ou non de la tête.
Oui.
– Je t’ai sauvé la vie. Regarde-moi dans les yeux : je t’ai sauvé la vie, Antoine. Mais si tu veux te faire du mal, je peux te faire du mal. Je peux le faire à ta place. Tu comprends ?
Non.
– Tu as peur ?
Oui.
– Tu as peur de moi, mais tu n’as pas peur de plonger dans une rivière en crue ? T’es un drôle de numéro, toi. Tu vois la bouteille que j’ai dans la main ? C’est de l’alcool à 90°. Je vais en mettre sur tes blessures. Ça va faire très mal. Ça va te brûler et tu vas hurler. C’est moi qui vais te faire mal. N’oublie pas ça : moi je peux te faire du mal. Tu t'en souviendras la prochaine fois que tu voudras mourir.
Vingt-cinq ans plus tard, Antoine est veilleur de nuit dans un foyer à caractère social, près de Limoges.
Il revient sur son histoire.
Depuis cette cascade qui l'a emporté lorsqu'il était enfant, jusqu'à Ouria, cette adolescente à qui il montrera ses cicatrices, une nuit, et qui voudra les toucher.
Prix du Polar lycéen d'Aubusson (2011)
On en parle sur le forum : Retour à la nuit, d'Eric Maneval
Soumis le 20/01/2010 par Elo