Djebel

  1. Des plaies mal cicatrisées

    En 1960, Antoine Berthier, jeune appelé du contingent, se suicide sur le bateau qui le ramène d'Algérie en France. Officiellement, il est déclaré mort au combat. Quarante-et-un ans plus tard, Viviane Dimasco, la sœur d'Antoine, contacte le détective privé marseillais Sébastien Touraine pour rouvrir l'enquête. Elle dispose en effet d'éléments nouveaux qui tendent à prouver qu'Antoine s'est suicidé. Pourquoi un tel geste de sa part ? Touraine commence alors une quête qui va ensanglanter la région.

    Opus amorçant la trilogie consacrée au flic Sébastien Touraine, avant Sad Sunday et Peine maximum qui sort le 18 mars, Gilles Vincent signe en 2008 ce premier roman d'une grande efficacité. Ayant trait à la Guerre d'Algérie, thème encore peu évoqué dans la littérature policière, le roman, assez concis, est brillamment écrit, tant au niveau des descriptions que des sentiments humains. Faisant la rencontre de la commissaire Aïcha Sadia, le détective privé devient rapidement attachant, avec son caractère bien trempé et son acharnement à découvrir le mensonge dans chacune de ses enquêtes. L'intrigue est bien menée, avec un lot appréciable de retournements de situation, jusqu'au coup de théâtre, assez inattendu. Gilles Vincent déploie toute l'étendue de son talent sur un sujet qui reste encore brûlant et se paie le luxe d'éviter les poncifs, rendant compte avec beaucoup de finesse et d'humanité d'un drame qui continue d'embraser âmes et cœurs des deux côtés de la Méditerranée.

    Djebel est donc un thriller de haute tenue, à la fois sombre et dépouillé. Au-delà de la pure lecture distractive qu'il pourra offrir, il propose en toute modestie de bien belles réflexions sur la Guerre d'Algérie, achevant de classer Gilles Vincent parmi les auteurs français à suivre de près.

    /5