Jinwaki est un employé japonais tout ce qu'il y a de plus ordinaire : 45 ans, une bonne situation, une femme, des enfants. Mais un jour, sa vie explose. Convoqué par sa hiérarchie, il apprend son licenciement. Ses 25 ans d'ancienneté dans l'entreprise n'y font rien. Situation économique oblige, il fallait dégraisser, faire des choix, et donc laisser du monde sur le carreau.
Jinwaki est au fond du trou et n'accepte pas cet échec personnel qu'il vit comme une humiliation. Il décide de cacher la vérité à ses proches, et part tous les matins, faire comme s'il travaillait. Au lieu de ça, il erre, pensant au suicide, action qui lui semble être la seule solution à ses problèmes. Puis il rencontre Saya...
Soyons clairs : il n'y a pas d'enquête policière dans Saya. Néanmoins, le lecteur aurait tort de se priver de la lecture de ce texte fort pour cette raison. Ce roman ne manque pas de qualités, la principale étant l'empathie pour les personnages que Richard Collasse parvient à faire ressentir à ses lecteurs. Le choix de faire parler tous les protagonistes à la première personne n'y est sûrement pas étranger. Au fil des pages, on suivra Jinwaki dans sa chute, mais on fera aussi la connaissance de Kaori et de Saya.
La première n'est autre que la femme de Jinwaki. Elle nous fait découvrir la vacuité de sa vie de femme au foyer, ses journées passées à s'occuper de sa maison, de sa famille. Les heures passées au chevet de sa belle-mère grabataire et à faire en sorte que tout soit prêt pour son mari quand il rentre du travail. Sa seule distraction : son chihuahua, qui lui a coûté une fortune et dont elle est complètement gaga.
Saya, quant à elle, est une lycéenne qui a décidé de se faire de l'argent de poche en proposant un peu d'affection à des hommes qui en manquent cruellement (et qui ont souvent l'âge d'être son père ou son grand-père). Alors qu'elle lit une bande dessinée française dans son café préféré, elle se fait aborder par Jinwaki. Bien que tout les oppose a priori, ils vont se rendre compte qu'ils partagent en fait plusieurs points communs. Le début d'une histoire ?
Si les amateurs de polar ne trouveront peut-être pas ce qu'ils cherchent à la lecture de Saya, le roman n'en demeure pas moins de qualité. Les personnages sont très bien brossés, la tension est présente et les descriptions de la société japonaise sont criantes de réalisme – l'auteur vit dans l'archipel nippon depuis des années. Richard Collasse ne raconte pas seulement une histoire mais propose des pistes permettant au lecteur de s'interroger profondément sur de nombreux sujets sociétaux : la place du travail dans la vie, celle de la femme dans la société, etc. Après La trace, paru en 2007, il signe avec Saya un roman réussi et émouvant qui, espérons-le, en appellera d'autres.
Jinwaki est un employé japonais tout ce qu'il y a de plus ordinaire : 45 ans, une bonne situation, une femme, des enfants. Mais un jour, sa vie explose. Convoqué par sa hiérarchie, il apprend son licenciement. Ses 25 ans d'ancienneté dans l'entreprise n'y font rien. Situation économique oblige, il fallait dégraisser, faire des choix, et donc laisser du monde sur le carreau.
Jinwaki est au fond du trou et n'accepte pas cet échec personnel qu'il vit comme une humiliation. Il décide de cacher la vérité à ses proches, et part tous les matins, faire comme s'il travaillait. Au lieu de ça, il erre, pensant au suicide, action qui lui semble être la seule solution à ses problèmes. Puis il rencontre Saya...
Soyons clairs : il n'y a pas d'enquête policière dans Saya. Néanmoins, le lecteur aurait tort de se priver de la lecture de ce texte fort pour cette raison. Ce roman ne manque pas de qualités, la principale étant l'empathie pour les personnages que Richard Collasse parvient à faire ressentir à ses lecteurs. Le choix de faire parler tous les protagonistes à la première personne n'y est sûrement pas étranger. Au fil des pages, on suivra Jinwaki dans sa chute, mais on fera aussi la connaissance de Kaori et de Saya.
La première n'est autre que la femme de Jinwaki. Elle nous fait découvrir la vacuité de sa vie de femme au foyer, ses journées passées à s'occuper de sa maison, de sa famille. Les heures passées au chevet de sa belle-mère grabataire et à faire en sorte que tout soit prêt pour son mari quand il rentre du travail. Sa seule distraction : son chihuahua, qui lui a coûté une fortune et dont elle est complètement gaga.
Saya, quant à elle, est une lycéenne qui a décidé de se faire de l'argent de poche en proposant un peu d'affection à des hommes qui en manquent cruellement (et qui ont souvent l'âge d'être son père ou son grand-père). Alors qu'elle lit une bande dessinée française dans son café préféré, elle se fait aborder par Jinwaki. Bien que tout les oppose a priori, ils vont se rendre compte qu'ils partagent en fait plusieurs points communs. Le début d'une histoire ?
Si les amateurs de polar ne trouveront peut-être pas ce qu'ils cherchent à la lecture de Saya, le roman n'en demeure pas moins de qualité. Les personnages sont très bien brossés, la tension est présente et les descriptions de la société japonaise sont criantes de réalisme – l'auteur vit dans l'archipel nippon depuis des années. Richard Collasse ne raconte pas seulement une histoire mais propose des pistes permettant au lecteur de s'interroger profondément sur de nombreux sujets sociétaux : la place du travail dans la vie, celle de la femme dans la société, etc. Après La trace, paru en 2007, il signe avec Saya un roman réussi et émouvant qui, espérons-le, en appellera d'autres.