10 septembre 1944. Georges Duroy, « officier traitant et commissaire de police près le délégué général à l’épuration », se rend dans le Vercors, sous une chaleur accablante, afin de récupérer Sarah Ehrlich, accusée d’intelligence avec l’ennemi nazi. C’est aussi ce jour-là que l’on découvre le corps de la jeune Marie Valette. Tondue, violée, assassinée. Parce que l’acte est ignoble, Duroy décide d’enquêter, avec la journaliste américaine Judith Ashton à ses côtés. Il semblerait, ici comme ailleurs, que nul n’en ait vraiment fini avec la guerre.
François Médéline signe ici un roman d’une rare noirceur. Court (quelque cent-quatre-vingts pages), il n’en est pas moins d’une rare densité humaine. Le style de l’auteur de Tuer Jupiter saisit aussitôt : phrases sombres, écriture poétique, stylé haché. Le lecteur ne pourra se réjouir que de cette plume enténébrée, faisant écho à une intrigue à la fois sulfureuse et désenchantée. Georges Duroy, en enquêteur, séduit sur-le-champ : patient, soumis au vertige, sensible au charme sauvage de la reporter, il doit ménager les consciences locales et, tout à la fois, châtier les collabos tout en évitant les lynchages injustes. Marie Valette est d’ailleurs une victime bien symbolique : en ces temps troublés, où la légitime envie de revanche sur l’occupant côtoie une violence animale et, parfois, le besoin de se recoudre une virginité, on n’apprendra que dans les ultimes pages les raisons qui ont entraîné son supplice. Solidement documenté, ce roman de François Médéline – dont on apprend dans les explications de l’auteur qu’il est inspiré par la propre histoire de sa famille – est un pur bijou qui trouve son intérêt encore davantage dans la peinture des psychologies et de l’ambiance délétère de l’époque que dans l’intrigue, finalement assez simple. Et c’est d’ailleurs toute la maestria de l’écrivain de pouvoir proposer un récit d’une telle force autour d’un scénario au dénouement si aisément devinable. On se souviendra longtemps, très longtemps même, de cette histoire se mêlant à celle qui s’écrit avec une majuscule, où déambulent des protagonistes torturés par les contradictions de cette période traversée de conflits politiques, des boucs émissaires si évidents (ici, les Italiens et la famille Fucilla ainsi que Marie Valette), avec une scène de quasi exécution publique qui marquera durablement les esprits.
10 septembre 1944. Georges Duroy, « officier traitant et commissaire de police près le délégué général à l’épuration », se rend dans le Vercors, sous une chaleur accablante, afin de récupérer Sarah Ehrlich, accusée d’intelligence avec l’ennemi nazi. C’est aussi ce jour-là que l’on découvre le corps de la jeune Marie Valette. Tondue, violée, assassinée. Parce que l’acte est ignoble, Duroy décide d’enquêter, avec la journaliste américaine Judith Ashton à ses côtés. Il semblerait, ici comme ailleurs, que nul n’en ait vraiment fini avec la guerre.
François Médéline signe ici un roman d’une rare noirceur. Court (quelque cent-quatre-vingts pages), il n’en est pas moins d’une rare densité humaine. Le style de l’auteur de Tuer Jupiter saisit aussitôt : phrases sombres, écriture poétique, stylé haché. Le lecteur ne pourra se réjouir que de cette plume enténébrée, faisant écho à une intrigue à la fois sulfureuse et désenchantée. Georges Duroy, en enquêteur, séduit sur-le-champ : patient, soumis au vertige, sensible au charme sauvage de la reporter, il doit ménager les consciences locales et, tout à la fois, châtier les collabos tout en évitant les lynchages injustes. Marie Valette est d’ailleurs une victime bien symbolique : en ces temps troublés, où la légitime envie de revanche sur l’occupant côtoie une violence animale et, parfois, le besoin de se recoudre une virginité, on n’apprendra que dans les ultimes pages les raisons qui ont entraîné son supplice. Solidement documenté, ce roman de François Médéline – dont on apprend dans les explications de l’auteur qu’il est inspiré par la propre histoire de sa famille – est un pur bijou qui trouve son intérêt encore davantage dans la peinture des psychologies et de l’ambiance délétère de l’époque que dans l’intrigue, finalement assez simple. Et c’est d’ailleurs toute la maestria de l’écrivain de pouvoir proposer un récit d’une telle force autour d’un scénario au dénouement si aisément devinable. On se souviendra longtemps, très longtemps même, de cette histoire se mêlant à celle qui s’écrit avec une majuscule, où déambulent des protagonistes torturés par les contradictions de cette période traversée de conflits politiques, des boucs émissaires si évidents (ici, les Italiens et la famille Fucilla ainsi que Marie Valette), avec une scène de quasi exécution publique qui marquera durablement les esprits.