Huit crimes parfaits

(Eight Perfect Murders)

  1. Quand la réalité se nourrit de la fiction

    Malcolm Kershaw est un libraire spécialisé dans la littérature policière. Il reçoit la visite de l’agente du FBI Gwen Mulvey qui pense qu’un assassin s’est inspiré d’une liste publiée sur Internet où Malcolm a énuméré ses ouvrages préférés en matière de crimes parfaits. Un tueur en série se serait-il donc enflammé à la lecture de ces romans ? D’ailleurs, ce monstre ne s’est-il pas déjà beaucoup rapproché de Malcolm ?

    Peter Swanson, au-delà de son rang d’auteur, est un adepte de littérature policière, et cela se sent indéniablement à la lecture de cet opus. Connaissant sur le bout des doigts des ouvrages majeurs signés Agatha Christie, Patricia Highsmith, Michael Connelly, John D. MacDonald, Donna Tartt ou encore James M. Cain pour ne citer qu’eux. Il convoque ainsi à ce festin les plus habiles et émérites plumes dans ce domaine et nous offre le portrait d’un malheureux libraire indépendant qui se trouve bousculé puis happé par un piège qui semble dépasser son humble condition. L’histoire est intéressante, l’intrigue prenante et l’on se laisse entraîner par le récit qui retrouve d’ailleurs son second souffle passé le premier tiers du livre. En effet, l’auteur de La Fille au cœur mécanique et de Vis-à-vis a ménagé quelques rebondissements surprenants et louables, notamment concernant la personnalité de notre protagoniste qui n’est pas si héroïque et banal que cela. S’il y a tout de même quelques longueurs çà et là, le roman demeure efficace sans pour autant être émaillé de moments définitivement mémorables ou d’un twist révolutionnaire. A cet égard, le dénouement s’inscrit parfaitement dans cette volonté, voire cette cohérence, de Peter Swanson : simple, presque élémentaire, sans effet facile ni frisson véritable. Néanmoins, le trente-deuxième et ultime chapitre réserve quelques beaux moments, avec une mise en abyme bienvenue.

    Un livre qui rend habilement hommage à ses illustres prédécesseurs tout en proposant une histoire solide et fort agréable. Peter Swanson réveillera certainement l’envie de se (re)plonger dans les pépites littéraires mentionnées afin de prolonger notre plaisir de lecture.

    /5