Les Incurables

(The Incurables)

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  • 7/10 Le Dr Freeman est licencié manu militari de l’hôpital où il exerce. Imminent neurologue, ses pratiques de la lobotomie transorbitale sont jugées archaïques et sans résultats concluants. Convaincu de l’efficacité de cette technique qu’il a développée et qu’il maitrise admirablement, Freeman parcourt la route accompagné de son dernier patient, Edgar, qu’il considère comme son fils perdu. Ainsi, il va prêcher la lobotomie comme la seule solution face à la violence de la société, et ces êtres incurables, ces fous, ces pervers et criminels.

    C’est muni de son pic à glace, son instrument chirurgical de prédilection, et d’Edgar, la preuve « vivante » de la réussite de sa théorie, qu’il souhaite convaincre la populace sur les estrades des foires et pousser à se faire pratiquer une lobotomie, comme solution à son problème. Et des incurables, le Dr Freeman va en rencontrer : Stanton qui est persuadé que son fils est le nouveau messie ; Scent, persuadée que sa mère folle a caché l’argent de son père en détention…

    Les incurables offre une panoplie de personnages des plus délurés les uns que les autres. Une histoire qui fait froid dans le dos, magnifiquement écrite par un auteur que je découvre. Il me manquait toutefois un poil d’originalité ou plus de folie pour en faire un roman marquant.

    20/02/2023 à 17:24 JohnSteed (552 votes, 7.7/10 de moyenne) 3

  • 8/10 Des personnages déjantés, une bonne histoire, du rythme ... ce roman de Jon Bassof est tout aussi réussi que Corrosion, qui nous avait permis de découvrir ce très bon écrivain. Pour ma part, c'est le premier roman que je lis qui a pour un des thèmes la lobotomie. C'est fascinant et cela l'est d'autant plus quand on sait que le roman est inspiré par un personnage réel.

    26/07/2022 à 14:17 ericdesh (933 votes, 7.4/10 de moyenne) 7

  • 9/10 Walter Freeman vit de sombres jours : on lui refuse de pratiquer la psychiatrie comme il l’entend, sa femme lui tourne le dos et son fils, décédé, lui manque énormément. Cet homme, qui s’estime visionnaire, utilise la lobotomie transorbitale : pour soigner les fous et leurs maux, enfonce la pointe d’un pic à glace sous l’œil en s’aidant d’un marteau. Freeman emmène avec lui Edgar Ruiz, le dernier patient qu’il a soigné, et commence à écumer les routes américaines. Jusqu’à arriver à Burnwood, Oklahoma. Pour le plus grand malheur de tous.

    Après Corrosion, c’est ici le deuxième roman de Jon Bassoff à être traduit en France, et ce n’est rien de dire que c’est un régal. Si Walter Freeman a réellement existé, cet ouvrage ne constitue nullement sa biographie. En fait, l’auteur va exploiter ce personnage et en faire sa marionnette littéraire. Particulièrement opiniâtre, homme de science persuadé de détenir au bout de son pic la panacée pour guérir bien des confusions mentales, le bon docteur anime des sentiments contraires chez le lecteur, entre volonté d’empathie pour cet homme brisé et écœurement par rapport à la technique médicale employée. Lui et son collaborateur vont alors arriver à Burnwood et découvrir quelques individus inquiétants et croustillants. Scent, jeune prostituée qui tient à tout prix à quitter sa position, souvent horizontale. Sa mère, vêtue d’une robe de mariée en attendant le retour de son époux, ce dernier ayant participé à un braquage et connaissant l’emplacement du butin. Grady, Vlad et Kaz, trois terribles frères prompts à jouer de la lame et décidés à se venger. Durango, un garçon que son père, Douglas Stanton, considère comme le Messie… Une magnifique brochette de créatures singulières, et qui vont se montrer mortelles. Jon Bassoff a composé une intrigue riche, gravitant autour de personnages atypiques et fracturés, et ce n’est pas un secret de révéler que ces êtres vont se croiser, se télescoper et se désintégrer au gré du récit. De véritables instants de grâce baroque côtoient des moments de violence et de cruauté, et jamais le soufflet ne retombe, la tension allant même crescendo dans les ultimes chapitres où s’enchâssent rédemption, religion, quête mystique, ferveur collective, et expérience barbare de la lobotomie.

    Sur la quatrième de couverture, Ken Bruen qualifie ce livre de Vol au-dessus d’un nid de coucou réécrit par Elmore Leonard, et l’on ne peut qu’approuver une telle appréciation. Un incontestable festin de maux et de mots, pour une balade déjantée et bouleversante dans un patelin de l’Oklahoma que l’on n’est pas près d’oublier.

    19/11/2018 à 18:06 El Marco (3221 votes, 7.2/10 de moyenne) 11

  • 8/10 J. Bassof choisi comme pilier de son récit Walter J. Freeman, médecin neurologue ayant pratiqué la lobotomie transorbitale à travers tous les Etats-Unis. Sa methode controversée mais largement employée jusqu'au début des années 50, laissera sa place aux premiers médicaments comme traitement des maladies mentales. Remercié par l'hôpital qui l'emploie, Freeman décide de partir sur les routes pour opérer des malades volontaires qui se présenteraient à lui lors de sa campagne nationale. Divers personnages font leur entrée dans l'histoire, et la folie suinte à chaque page jusqu'à la fin.
    Si vous avez lu Corrossion, vous ne serez pas surpris par l'écriture virulente de l'auteur, par la noirceur du texte et la perfidie des personnages. J'ai trouvé ce roman très bon malgré la cruauté et la monstruosité qui s'en dégage.

    01/05/2018 à 18:11 Emil (455 votes, 7.3/10 de moyenne) 9