Linus a seize ans quand il se retrouve dans un bunker souterrain. Il se souvient être tombé dans un piège. Un soi-disant aveugle, un chiffon plaqué sur son visage, et le trou noir. Pas de contact avec son ravisseur, pas de règles établies. Qui est son geôlier et que veut-il en échange d’une éventuelle libération ? Le mystère demeure tandis que l’abri voit arriver d’autres détenus : une gamine, un physicien-philosophe, une jeune bobo, un mastard assez virulent et un vaniteux. Quel lien existe entre ces six êtres ? Et que leur réserve leur cerbère ?
Dès la première page, dès les premières lignes, on est happé par ce roman. Le style de Kevin Brooks saisit. Il est vif, sec, presque décharné. Pas de temps mort, d’atermoiement en formules ampoulées, en vaines descriptions. Les personnages sont alertes, et l’on est traversé de sentiments – parfois contradictoires – quant aux protagonistes : de l’empathie pour ces individus harponnés dans leur quotidien et plongés sans coup de semonce dans cet univers concentrationnaire miniature. Mais aussi de l’agacement face à certaines attitudes, voire du dégoût ou de la rage. Il faut dire que cette énigmatique sentinelle – que Linus et ses camarades de fortune vont se contenter d’appeler Il leur réserve de sales tours : des caméras, des gaz, des mets empoisonnés, et même un doberman. Face à cette solitude, cette claustration imposée, le sextuor va devoir réfléchir, analyser, agir de concert, tenter de comprendre les motivations de leur bourreau et mettre en œuvre des stratégies de survie. A cet égard, Kevin Brooks réussit son pari : avec une immense économie de moyens, il met en scène cette détention et fait frémir son lectorat. Mais il y a la suite et la fin. Si les deux premiers tiers du récit sont intéressants, prenants et efficaces, on finit par nourrir de grands espoirs pour les événements à venir. Des rebondissements ? Un retournement final ? Non. L’épilogue – ou plus exactement les épilogues – sont à l’image du roman : glauque, sinistre, sans espoir. Mais également exempt d’explications ou de twists. On se plaisait à imaginer une intrigue, peut-être, à la Dix petits nègres d’Agatha Christie. Ce côté émacié, presque famélique, de l’histoire, et son absence de soubresauts décevra probablement certaines personnes. En revanche, le désespoir terminal, achevant cet opus sur ce sombre tocsin, réjouira probablement une autre frange du lectorat. Indéniablement, un ouvrage qui marque et divise, à défaut d’être consensuel et immédiatement séduisant.
Linus a seize ans quand il se retrouve dans un bunker souterrain. Il se souvient être tombé dans un piège. Un soi-disant aveugle, un chiffon plaqué sur son visage, et le trou noir. Pas de contact avec son ravisseur, pas de règles établies. Qui est son geôlier et que veut-il en échange d’une éventuelle libération ? Le mystère demeure tandis que l’abri voit arriver d’autres détenus : une gamine, un physicien-philosophe, une jeune bobo, un mastard assez virulent et un vaniteux. Quel lien existe entre ces six êtres ? Et que leur réserve leur cerbère ?
Dès la première page, dès les premières lignes, on est happé par ce roman. Le style de Kevin Brooks saisit. Il est vif, sec, presque décharné. Pas de temps mort, d’atermoiement en formules ampoulées, en vaines descriptions. Les personnages sont alertes, et l’on est traversé de sentiments – parfois contradictoires – quant aux protagonistes : de l’empathie pour ces individus harponnés dans leur quotidien et plongés sans coup de semonce dans cet univers concentrationnaire miniature. Mais aussi de l’agacement face à certaines attitudes, voire du dégoût ou de la rage. Il faut dire que cette énigmatique sentinelle – que Linus et ses camarades de fortune vont se contenter d’appeler Il leur réserve de sales tours : des caméras, des gaz, des mets empoisonnés, et même un doberman. Face à cette solitude, cette claustration imposée, le sextuor va devoir réfléchir, analyser, agir de concert, tenter de comprendre les motivations de leur bourreau et mettre en œuvre des stratégies de survie. A cet égard, Kevin Brooks réussit son pari : avec une immense économie de moyens, il met en scène cette détention et fait frémir son lectorat. Mais il y a la suite et la fin. Si les deux premiers tiers du récit sont intéressants, prenants et efficaces, on finit par nourrir de grands espoirs pour les événements à venir. Des rebondissements ? Un retournement final ? Non. L’épilogue – ou plus exactement les épilogues – sont à l’image du roman : glauque, sinistre, sans espoir. Mais également exempt d’explications ou de twists. On se plaisait à imaginer une intrigue, peut-être, à la Dix petits nègres d’Agatha Christie. Ce côté émacié, presque famélique, de l’histoire, et son absence de soubresauts décevra probablement certaines personnes. En revanche, le désespoir terminal, achevant cet opus sur ce sombre tocsin, réjouira probablement une autre frange du lectorat. Indéniablement, un ouvrage qui marque et divise, à défaut d’être consensuel et immédiatement séduisant.