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9/10 Séduit par le Poulpe de Jean-Paul Jody, « Vingt mille vieux sur les nerfs », j’avais envie de poursuivre la lecture des œuvres de cet auteur, je commandai donc ses romans disponibles. Le premier arrivé s’intitule « La position du missionnaire ». Il est sorti en 2004 aux Editions les Contrebandiers.
Kinscoff a pour mission de retrouver un Noir qui écume dans Bruxelles, une femme lui confie une photo sans indication précise. L’enquêteur plonge vite dans une affaire qui dépasse la simple recherche de personne disparue. Très vite, le fil remonte au cœur du génocide ruandais de 1994 et des enjeux colossaux qui tournent autour des richesses naturelles regorgeant dans le sol du continent africain. L’intrigue semble voguer entre implication des services secrets, vengeance personnelle et assassinat. Le cœur du récit ne tient pas dans l’enquête policière, il réside dans la passionnante analyse des causes et conséquences du génocide d’un millions de personnes. Jody allie plume, connaissance de terrain et documentation fouillée et remet à la lumière ce terrible fracas de la fin du XXe siècle perpétré avec le silence complice de nations occidentales, surtout la France, pays dont les présidents savent être complaisants et tolérants avec leurs amis sanguinaires et donneurs de leçons avec d’autres (la Chine par exemple), un poids, deux mesures pour des raisons personnelles, financières et la raison d’Etat si pratique parfois, voir aussi la très bonne radioscopie « Françalgérie, crimes et mensonges d’Etats » de Lounis Argoun et Jean-Baptiste Rivoire qui montre l’attitude affligeante de la France avec ses amis et bourreaux corrompus d’Algérie.
Pour revenir à « La position du missionnaire », Jody donne de nombreux aperçus sur les batailles autour du sol africain, la rapacité des gouvernements locaux et le cynisme des Occidentaux qui peuvent fomenter ou au moins aider guerres et renversements en s’appuyant sur des compagnies privées pilotées par d’anciens dirigeants des services secrets ou policiers, ou encore gendarmes, un certain Paul Barril.
Un excellent récit qui n’oublie pas une dose de suspense et un rebondissement…03/10/2010 à 10:08 xavier (853 votes, 7.8/10 de moyenne) 2
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7/10 L'histoire ressemble à un polar banal, une course poursuite pour retrouver la trace d'un homme. Mais derrière ce prétexte, l'auteur dénonce toutes les exactions qui ont eu lieu au Rwanda en 1994, pendant le génocide. Basé sur une somme importante de sources, que l’on retrouve en annexe du roman, il nous informe sur l’histoire de ce pays, où l’Occident est responsable de beaucoup de maux.
Ce livre n’est pas pour moi un polar. Les personnages ne parlent que de l’histoire du Rwanda, commençant par la « découverte » du pays par les Allemands au 19ème siècle et finissant de nos jours.
Tous les personnages connaissent parfaitement leur sujet, citant des noms, des dates, des lieux, comme des historiens, bien qu’il ne soit que de simple quidam. Cela ne fait plus trop polar, c’est plus un livre d’enquête sur le Rwanda. Il ne plaira certainement pas au mordu de polar basique, ni au fan de thriller.
C’est une plaidoirie contre l’Occident, qui a laissé faire et qui a participé directement ou indirectement à la mort de millions de personnes. Les intérêts financiers prenant le pas sur l’humain. Comme de plus en plus souvent aujourd’hui.
Le livre m’apporte un éclairage nouveau sur ce qui s’est passé au Rwanda. Mon regard sur l’Afrique et tous ses conflits va grandement changer, et m’amener à me poser encore plus de questions sur ce que les médias veulent bien nous laisser lire, voir et entendre.25/08/2008 à 17:02 terramater (305 votes, 6.6/10 de moyenne) 1