Dodger

471 votes

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    9/10 La première grosse claque polar de l'année 2013 pour moi. Constamment sur le fil, Sandrine Collette fait évoluer l’histoire avec un souci constant de puissance et de rage qui passe par un choix très sûr et économe des mots, des sentiments et des sensations. Ancré dans le corps en déchéance et dans l’esprit bouillonnant de Théo, elle en saisit les variations, les réflexions, les dérives avec une finesse psychologique et une précision qui ne la font jamais dévier de son sujet.
    Une œuvre hyper aboutie, jusqu’à une fin très réussie, à la fois touchante et cruelle. Et comme en plus, c'est un premier roman, doublement chapeau bas !

    01/02/2013 à 17:51 3

  • Différentes Saisons

    Stephen King

    9/10 Stephen King est spécialement bon lorsqu'il fait des nouvelles, brèves ou longues. Ici, c'est simple : quatre textes, trois merveilles devenues des bons films ("le Corps" devenu "Stand by me" ; "Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank" devenu "les Evadés" ; "Un élève doué"). Ca veut tout dire !
    Et le plus fort, c'est que ces nouvelles sont toutes très différentes les unes des autres...

    03/06/2007 à 11:24 2

  • Discount

    Laurent Bonzon, Denis Bretin

    9/10 Fidèles à leurs excellentes habitudes, Denis Bretin et Laurent Bonzon changent une nouvelle fois de style et de perspective, pour signer cette fois un roman court et vif en forme de comédie noire complètement déjantée, cruelle et méchamment drôle. En plantant leur intrigue dans un hypermarché, l'un de ces temples gigantesques et sans âme, érigés à la gloire d'un capitalisme de plus en plus débridé et qui pullulent à la périphérie de nos villes, ils font voler en éclats avec une jubilation manifeste le miroir déformant de notre société de consommation. Transformant chaque article en vente dans les travées du magasin en arme de destruction potentielle - au moins intellectuelle, si ce n'est physique -, ils livrent leurs personnages, hilarante armée de losers et de minables aux rêves étriqués, à un jeu de massacre réjouissant.
    Comme ils aiment à le faire, les deux romanciers en profitent pour s'emparer d'un genre codifié - ici, le récit de prise d'otages - pour mieux s'en jouer et le pervertir. Ils piétinent au passage la médiocrité télévisuelle, incarnée par le miroir aux alouettes de la téléréalité, et servent le tout avec un style plein de punch et hérissé d'un humour mordant, parfois potache mais jamais trop. Sans surprise en ce qui me concerne, voici la confirmation que le duo Bretin & Bonzon figure parmi les auteurs les plus créatifs et singuliers du polar français.

    03/04/2010 à 18:11 4

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    9/10 Avec la trilogie Coste ancrée dans le 93, où il a longuement fait ses armes de policier, Olivier Norek a su imposer un univers et un style, tout en s'entourant d'une zone de confort familière. Avec ce quatrième roman, il prend le risque d'en sortir, et son pari est largement payant.
    Il s’impose clairement comme un auteur incontournable, créateur de suspense virtuose qu’il met au service d’un regard plein d’acuité sur la frénésie, la violence et la cruauté de notre monde, tout en se défendant de ces dernières par une empathie dingue pour des personnages profondément attachants. Un alliage imparable qui tout à la fois cogne et enthousiasme le lecteur, pour le laisser K.O. de bonheur polardesque, et peut-être un peu plus concerné par ce qui l’entoure.

    04/06/2021 à 11:14 9

  • Et ne cherche pas à savoir

    Marc Behm

    9/10 Pour croire à cette intrigue invraisemblable, il suffit de se laisser porter par le style phénoménal et par l'imagination de Marc Behm. Et là, on apprécie sans hésiter ce roman noir et pourtant souvent drôle, blindé de personnages extraordinaires, dont Lucy, la très attachante chasseuse d'âmes (qui réapparaît dans Crabe).

    02/10/2007 à 07:47 1

  • Green River

    Tim Willocks

    9/10 Un choc authentique. Puissance du style, violence parfois hallucinante mais toujours maîtrisée, intensité de personnages évoluant tous, toujours, entre ombre et lumière, profondeur de réflexions qui exploitent avec originalité le cadre de l'intrigue : avec ce huis-clos carcéral tenu de bout en bout, Tim Willocks plonge dans le Styx de l'âme humaine avec une noirceur assumée, sans jamais négliger de se montrer nuancé quand il le faut. Univers clos mais pas forcément claustrophobique, Green River est un cadre extraordinaire dont l'auteur exploite chaque recoin avec une maestria narrative qui force le respect.

    13/04/2010 à 19:15 2

  • Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban

    J. K. Rowling

    9/10 Cette fois, la saga franchit un cap ! Foisonnant, captivant, émouvant, plus sombre encore, plus ambigu également, il entraîne Harry à un train d'enfer vers les secrets les plus cruels de son histoire, et l'on vibre avec lui tandis qu'on tourne les pages à toute vitesse. Sans temps mort, plein d'imagination et de mystère, ce troisième tome approfondit les personnages en les complexifiant, en introduit de nouveau absolument essentiels (Sirius Black, Lupin...) Bref, c'est ce volume, lu dans la foulée des deux premiers alors que les suivants n'étaient pas encore parus à l'époque, qui m'a convaincu de la force et de l'originalité de la saga. Et la suite ne m'a pas déçu !

    08/06/2015 à 14:58 3

  • Harry Potter et les Reliques de la Mort

    J. K. Rowling

    9/10 Un dernier tome pour moi souvent sous-estimé, la faute à un rythme assez lent dans la première partie, tandis que le trio des héros erre longuement à travers l'Angleterre en quête d'une mission presque impossible à accomplir. Et pourtant, quelle profondeur dans le traitement des personnages, et encore une fois, dans la manière dont Rowling exploite son sous-sujet de la Seconde Guerre mondiale ! (Il y aurait d'ailleurs un livre à écrire sur le sujet, c'est assez fascinant.)
    La bataille finale est exceptionnelle, la romancière n'hésitant une nouvelle fois pas à faire tomber des personnages très importants, dont la mort brutale ne peut que nous arracher des larmes tant on s'était attaché à eux. La manière inattendue dont elle traite l'affrontement final entre Harry et Voldemort est magistrale, même si elle manque sans doute de spectaculaire pour certains (voir d'ailleurs comment les scénaristes l'ont métamorphosé dans le film correspondant...) En réalité, c'est très fin, très subtil, et d'une logique imparable par rapport au reste de l'oeuvre.
    En revanche, d'accord avec Elo pour regretter un épilogue convenu, dégoulinant de bons sentiments et franchement pas indispensable, qui gâche un peu l'impression finale. En fait, à la relecture, il suffit d'en faire l'économie, et ça va beaucoup mieux ;-)
    Bref, la conclusion épique d'une saga incontournable, celle qui a fait basculer la littérature jeunesse dans la littérature tout court pour le grand public et pour nombre d'éditeurs.

    08/06/2015 à 15:25 3

  • Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte

    Thierry Jonquet

    9/10 Sur un sujet aussi sensible, Jonquet courait le risque de se planter au moindre mot mal placé. Mais comme à son habitude, il maîtrise totalement son sujet. Résultat : non pas un polar mais un roman noir, très noir, pessimiste et sans concession, qui a l'intelligence de ne pas prendre parti pour mieux établir un état des lieux, celui des banlieues françaises aujourd'hui. Intense et passionnant.

    04/03/2007 à 12:40 6

  • Ils vivent la nuit

    Dennis Lehane

    9/10 Un cran en-dessous d'Un pays à l'aube, difficile de dire autre chose tant ce précédent roman était époustouflant. Cela dit, Ils vivent la nuit est un superbe roman de gangsters dans la grande tradition du genre. La maîtrise du romancier en terme de narration et de rythme est remarquable, son sens des dialogues qui tuent intact, son art pour créer des personnages forts, complexes et marquants toujours aussi impressionnant. Entre passages obligés et surprises personnelles à l’auteur, l’histoire déroule son récit avec fluidité, sans temps mort ni baisse de régime, jusqu’à une fin d’une cruauté douce-amère assumée et digne.
    Et on a encore l'impression de lire un classique instantané. Franchement impressionnant !

    11/07/2013 à 11:16 5

  • Interception

    Marin Ledun

    9/10 Côté thriller, c'est une réussite, comme d'habitude chez Marin : rythme proche de la tachycardie, écriture pleine d'énergie, personnages campés avec clarté et autorité. On a beau connaître la recette Ledun, elle fait mouche à chaque fois, et il y a des chances pour qu'elle plaise aux jeunes lecteurs. Sur le fond, le romancier élabore une intrigue labyrinthique, dans tous les sens du terme, et tellement riche de possibilités qu'on en a vite le vertige - pour le meilleur. Excellent, tout simplement. Et le mieux, c'est qu'il y aura une suite !

    17/10/2012 à 22:30 2

  • Intérieur nuit

    Marisha Pessl

    9/10 "Intérieur nuit" est de ces bouquins dont on fait durer le plaisir parce que l’on pressent qu’ils vous manqueront une fois refermés pour de bon. Marisha Pessl y manie aussi bien l’humour et l’autodérision que l’art du suspense, de la suggestion et de l’angoisse. Joliment inventif dans sa forme, avec des insertions d'images, de pages de sites Internet et de documents divers qui ajoutent de la crédibilité au monde créé par la romancière et ancrent le livre dans son époque, ce roman est prenant, mystérieux, addictif, c'est de la drogue en mots et en pages. Une plongée vertigineuse dans l'univers d'un cinéaste dont on regrette qu'il n'existe pas ! Et surtout, un roman noir fluide, sorte de version sombre et new yorkaise de "L'Ombre du vent" de Carlos Ruiz Zafon. Je ne peux pas vous dire mieux !

    12/09/2015 à 08:45 7

  • Interrogatoire

    Thomas H. Cook

    9/10 Après avoir adoré "Les feuilles mortes", je retrouve dans ce roman l'art de Thomas H. Cook pour semer le doute, faire monter la tension et petit à petit, presque sans en avoir l'air, transformer des situations apparemment anodines en éléments de suspense... Cet auteur a définitivement quelque chose qui le rend incontournable.

    12/11/2008 à 08:13 3

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Après son immersion bouleversante dans le monde des motards ("Nous rêvions tous de liberté"), Henri Loevenbruck change à nouveau radicalement de registre en abordant le genre du thriller géopolitique. Côté thriller pur, il sait faire, rien à redire. Dynamiques, proportionnés avec soin, les chapitres s'enchaînent avec énergie et fluidité, sans temps fort mais sans précipitation non plus.
    Côté géopolitique, Loevenbruck a puissamment travaillé son sujet - véridique, puisque son héros, renommé Marc Masson pour les besoins de la fiction et les obligations de la confidentialité, a véritablement existé. L'immersion dans les années 1985-88 est totale, détaillée, passionnante - les nombreux attentats en France, les otages au Liban, la cohabitation à partir de 1986... On découvre les dessous crasseux de la politique politicienne (ah, le personnage de Charles Pasqua, quel régal ! On le retrouve tel qu'il était, sans aucun doute, tout comme Mitterrand, Chirac, Roland Dumas, entre autres acteurs réels de cette époque qui jouent leur propre rôle dans le roman.) On en apprend aussi beaucoup sur le fonctionnement des services secrets, de la DGSE, avec un souci du détail qui évoque par exemple la série "Le Bureau des Légendes". On apprécie, enfin, l'éducation militaire, stratégique, mais aussi humaine d'un héros profondément attachant, jusque dans ses accès de violence incontrôlable.
    Bref, la sauce prend à la perfection, et Loevenbruck signe l'un de ses plus grands livres, minutieux, sensible, à l'écoute du monde. Une réussite d'une grande maturité, de la part d'un auteur qui n'a pas fini de nous étonner.

    27/11/2018 à 22:31 18

  • Jake

    Bryan Reardon

    9/10 Attention, comme mes camarades ayant précédemment voté, énorme coup de cœur !
    Tenant l’ensemble du roman sur un fil fragile, Bryan Reardon creuse le sillon du doute et de la culpabilité d’une manière intime, profonde, avec d’autant plus d’empathie et d’humanité que nous suivons l’histoire du point de vue de Simon, père de Jake et narrateur du drame. Les hésitations, les coups de colère, les atermoiements de Simon sont les nôtres, jusqu’à ce que la vérité soit enfin dévoilée, après plus de 300 pages d’horrible incertitude.
    Alors l’émotion explose enfin, et c’est le regard très flou que j’ai lu les vingt ou trente dernières pages de Jake, profondément bouleversé par la sincérité des sentiments qui irradie de ce final d’une force incroyable.
    Dans la lignée d’un Thomas H. Cook (on pense bien sûr aux Feuilles mortes, dont le sujet est très proche), Bryan Reardon nous offre avec Jake un roman noir extraordinairement juste, sensible et touchant, un condensé d’humanité qui laisse les larmes aux yeux et le cœur un peu plus ouvert. Une sacrée découverte.

    25/11/2018 à 19:39 6

  • Je suis Pilgrim

    Terry Hayes

    9/10 A la fois thriller, roman d'espionnage, polar géopolitique, suspense psychologique, ce pavé dense mais captivant esquisse un portrait du monde post-11 septembre, avec un brio narratif remarquable. Porté par une construction complexe mais qui ne nous égare jamais, on suit avec passion la plongée avec profondeur dans la psyché des deux protagonistes, l'ex-agent de la CIA devenu fantôme pour la société à force de s'en cacher, et le terroriste en formation dont la vie chaotique se construit sur la mort et la destruction.
    Pour son premier roman, le scénariste Terry Hayes signe l'un des polars les plus ambitieux et aboutis de ces dernières années. Impressionnant !

    15/10/2014 à 22:55 5

  • Julius Winsome

    Gerard Donovan

    9/10 Un roman noir sur fond blanc - noirceur dont est capable l'âme humaine, blancheur à l'innocence trompeuse des paysages enneigés du Maine... D'une pureté froide et viscérale, "Julius Winsome" nous fait vivre de l'intérieur la quête de vérité d'un homme que rien n'arrêtera, sans jamais chercher à en expliquer, ni à en justifier les actes. Loin d'y perdre en profondeur, le récit y gagne en puissance brute. Dur et émouvant, violent et magnifique, un roman extrêmement singulier dont les paradoxes font la force. L'une des découvertes de l'année !

    08/07/2009 à 22:27 1

  • L'affaire Jules Bathias

    Patrick Pécherot

    9/10 Deux ans avant l'excellent "Tranchecaille", Pécherot aborde déjà le thème de la Première Guerre mondiale dans cet excellent roman jeunesse, où il prend soin de ne pas (trop) brider son style vivace et argotique. Valentin, le petit héros, est hyper attachant, et l'intrigue riche et captivante de bout en bout. Une franche réussite, à partir de 12 ans.

    15/01/2009 à 20:34 4

  • L'Appât

    Daniel Cole

    9/10 Pour moi qui peine désormais avec les thrillers purs et durs, avoir beaucoup aimé Ragdoll, le premier opus de la série, constituait déjà une énorme surprise. Je m'attendais donc à être déçu par cette suite - pas deux fois le même coup, quand même !
    Et puis non. Au contraire. Je crois que j'ai encore plus apprécié celui-ci, alors qu'il est encore plus dingue, plus improbable, plus violent que le premier. Daniel Cole est follement doué, tout simplement. Maître du rythme, distillateur de rebondissements insoutenables, concepteur de scènes hallucinantes, extrêmement visuelles, le jeune romancier m’a baladé dans tous les coins de son intrigue sans que je trouve seulement le temps de me poser pour protester.
    En ce qui me concerne, c'est tout simplement imparable.

    04/06/2021 à 10:33 4

  • L'Enfant de nulle part

    P.J. Merrill

    9/10 Ce roman noir qui date de 1960 est une excellente surprise, dont le point fort est les personnages, forts et attachants. L'interaction maladroite entre le narrateur, égocentrique notoire, et l'enfant perdu, est particulièrement réussie et touchante. Avec une fin ambiguë, ce roman (toujours disponible en Série Noire) est une jolie découverte, pour les amateurs de curiosités.

    25/03/2008 à 13:09 2