Dodger

471 votes

  • Shell

    Benoît Virole

    7/10 Ce polar ingénieux est tendu entre la violence du monde réel et celle des univers virtuels, qui plongent les joueurs dans des sociétés revisitées, aux contours à la fois utopistes et ultra-réalistes. Fin spécialiste de ces questions, Benoît Virole entremêle ces deux dimensions dans une intrigue très habile, qui fait de Shell un premier roman ludique et original.

    09/07/2010 à 18:08 1

  • Code 1879

    Dan Waddell

    9/10 Ça vaudrait même un 9,5, tant la surprise est de taille ! Rien que pour l'idée, novatrice, d'utiliser la généalogie comme moteur de l'enquête, ce premier roman vaut le détour. Mais en plus, pas seulement : sans qu'il s'agisse d'un thriller échevelé, le suspense est parfaitement tenu de bout en bout, jusqu'à une fin haletante et parfaitement réussie ; les personnages sont bien construits, intelligents et profonds, et fonctionnent superbement ensemble ; et la double intrigue, partagée entre l'enquête contemporaine et celle sur la série de meurtres de 1879, révèle le talent de l'auteur à nous plonger aussi bien dans l'atmosphère du Londres contemporain que dans celui de la fin du XIXe siècle, s'appuyant sur un travail de recherche historique que l'on devine colossal. De plus, Dan Waddell gère à la perfection temps forts et temps faibles de son intrigue et maîtrise le rythme comme un vieux briscard du polar. Un vrai grand coup de cœur pour ce thriller classe et bluffant.

    08/01/2011 à 13:36 8

  • Depuis le temps de vos pères

    Dan Waddell

    8/10 Dan Waddell conforte son statut d'auteur à suivre avec ce deuxième tome des enquêtes de Nigel Barnes, son héros généalogiste qui aide la police - au premier rang de laquelle l'inspecteur Foster Grant - à denouer les fils complexes d'investigations ne pouvant être résolues qu'en explorant le passé. L'intrigue met un peu plus de temps à se mettre en place et s'avère un peu moins prenante que celle de Code 1879, mais elle est élaborée, solide et au bout du compte, très intéressante.
    Pour le reste, on retrouve avec plaisir les personnages du premier opus, que Waddell approfondit ; et surtout le recours à la généalogie comme moteur de l'enquête, que le romancier pousse encore plus loin en la confrontant aux technologies modernes (notamment à l'ADN).
    Bref, c'est du très bon et j'en redemande !

    12/02/2012 à 00:23 2

  • Argent facile

    Donald Westlake

    8/10 Le point de départ est très bien trouvé, et le talent de Westlake fait le reste sans coup férir. Prenant dès les premières lignes et mené à un train d'enfer qui ne laisse aucun répit jusqu'à la fin.

    28/06/2007 à 21:05 1

  • Évasion

    Benjamin Whitmer

    6/10 Bon sang que c'est noir, noir, noir... Je ne peux pas être surpris, j'avais lu "Pike", le premier roman de Whitmer, qui frappait déjà fort dans ce registre. Crasseux, désespéré, moche : les ingrédients sont à nouveau réunis dans cette histoire d'évasion de prison qui tourne mal, forcément. Le suspense à ce sujet n'est pas forcément ce qui préoccupe le plus le lecteur, l'intérêt réside dans les personnages, dans le portrait de leurs âmes perdues, et dans le style sans concession du romancier. C'est brut, direct comme un uppercut en pleine gueule, du genre qui t'enfonce le nez jusqu'au cerveau.
    Alors, oui, je reconnais que c'est réussi, mais je ne peux pas pour autant noter haut ce roman qui m'a épuisé, assommé, presque dégoûté par tant de noirceur. Il y a quelques années, je supportais volontiers ce genre d'expérience extrême. Plus maintenant. Conséquence de l'âge ou du fait d'être papa, allez savoir...
    Donc, objectivement, c'est bien fait, bien mené, assumé. Subjectivement, il faut aimer se faire mal et se confronter à ce que l'humain peut produire de pire. Pas pour tout le monde, quoi.

    27/11/2018 à 22:55 9

  • Pike

    Benjamin Whitmer

    7/10 Du noir c'est noir il n'y a plus d'espoir dans la plus pure tradition américaine, où même l'humour (oui, il y en a... un tout petit peu !) se fait rude et cruel, et où compte surtout de sonder l'âme sombre de héros en quête de rédemptions impossibles.
    Oui, c'est du noir à 95%, amer et intense, dégueu et étouffant, qui claque des images durables dans la mémoire, du genre qu'on ne lit pas à tout bout de champ et qui ne laisse pas indemne.

    20/04/2015 à 20:33 3

  • Green River

    Tim Willocks

    9/10 Un choc authentique. Puissance du style, violence parfois hallucinante mais toujours maîtrisée, intensité de personnages évoluant tous, toujours, entre ombre et lumière, profondeur de réflexions qui exploitent avec originalité le cadre de l'intrigue : avec ce huis-clos carcéral tenu de bout en bout, Tim Willocks plonge dans le Styx de l'âme humaine avec une noirceur assumée, sans jamais négliger de se montrer nuancé quand il le faut. Univers clos mais pas forcément claustrophobique, Green River est un cadre extraordinaire dont l'auteur exploite chaque recoin avec une maestria narrative qui force le respect.

    13/04/2010 à 19:15 2

  • Les Douze enfants de Paris

    Tim Willocks

    10/10 Je mets 10 en sachant très bien que cet avis ne peut pas, et ne sera pas partagé par tout le monde, tant ce nouveau roman de Tim Willocks, par son format gigantesque (940 pages !!!), sa densité et sa violence sidérante, n'est pas à mettre entre toutes les mains. Mais quel monstre de livre ! Comme aucun auteur avant lui sans doute, Willocks donne à voir, à sentir, à toucher, à entendre le Paris médiéval. Ca grouille, ça pue, ça vit, ça court - et ça crie et ça meurt, beaucoup, Saint-Barthélémy oblige. Un événement historique complexe que le romancier, à la différence de Dumas dans "La Reine Margot", donne à voir du côté du peuple et non du côté des puissants, dans les rues et non dans les palais.

    Les Douze Enfants de Paris sont un opéra monumental, perpétuellement tendu entre la vie et la mort, l’horreur et l’espoir, la honte et la bravoure, la trahison et l’amour. Une œuvre grandiose, embrasée par le style enflammé de Tim Willocks, qui ne cède jamais le moindre mot à la facilité – et il faut rendre ici hommage au travail exceptionnel du traducteur Benjamin Legrand, qui a su puiser le meilleur de la langue française pour transposer l’anglais exigeant du romancier britannique.

    Et il y aurait encore tant à dire ! Roman total, qui mêle une reconstitution historique exceptionnelle, d’innombrables références culturelles et philosophiques, une vista cinématographique et une profondeur psychologique époustouflante, des personnages inoubliables, des scènes insoutenables et des moments tendres ou déchirants, Les Douze Enfants de Paris consacrent le talent hors norme de Tim Willocks, immense romancier dont la plume trempe dans le sang pour mieux vibrer d’amour. Une expérience unique, pour lecteurs aguerris au cœur bien accroché.

    26/04/2014 à 09:07 4

  • Cartel

    Don Winslow

    9/10 Aussi puissant, vertigineux, soufflant, intelligent et effroyable que "La Griffe du Chien" qui le précède, Cartel est un roman impitoyable, qui ne laisse aucun répit au lecteur, plaqué au mur par tant de violence et de terrifiante clairvoyance.
    Ce livre a eu un impact physique sur moi durant ma lecture. Entre l’asphyxie et le combat de boxe. Suspense parfaitement maîtrisé, mené à deux cents à l’heure, appuyé sur une structure complexe en raison de ses nombreux personnages suscitant un réseau nerveux d’intrigues complémentaires, ce polar éblouissant est une raclée nécessaire à encaisser. De celles qui font réfléchir et voir plus loin.

    04/06/2021 à 13:19 4

  • Missing : New York

    Don Winslow

    5/10 Un Winslow efficace mais un rien paresseux par son intrigue peu originale, ses personnages et son style, lapidaire (pour ne pas dire expéditif). Une sorte d'épisode de "FBI : portés disparus" revu et corrigé sans trop se fouler, avec des passages caricaturaux, des bons sentiments et une fin énervante. Facile à lire, aussi facile à oublier. Une déception.

    20/04/2015 à 20:23 4

  • Chine, retiens ton souffle

    Qiu Xiaolong

    7/10 Plus affûté que jamais sous ses dehors aimables, Qiu Xiaolong continue de décrypter sans concession la Chine moderne, en s'intéressant cette fois à ses dérives anti-écologiques et à la pollution qui écrase ses villes, avec les problèmes de santé publique que cela implique. La double intrigue qu'il imagine donne une nouvelle fois la part belle à son formidable inspecteur Chen, jamais assez soucieux de son image ou de la sauvegarde de son avenir politique lorsqu'il s'agit de faire triompher la vérité. Un personnage incorruptible d'une grande finesse, poète à ses heures perdues, dont l'éducation, l'empathie et l'intelligence servent de contrepoints délicats à la corruption ou aux manœuvres bassement politiciennes avec lesquelles il doit souvent composer.
    Un polar passionnant, d'une lecture très fluide comme toujours chez Qiu. On connaît la recette mais on en redemande sans hésiter !

    27/11/2018 à 23:03 5