Dany33

535 votes

  • Sur le ciel effondré

    Colin Niel

    10/10
    C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert ce quatrième tome de la série guyanaise de Colin Niel, avec son héro récurrent le Capitaine Anato. Certes lorsque l’on parle d’une série, il est bien d’avoir fait connaissance avec ses protagonistes en ayant lu les précédents épisodes. Cependant ici, l’intrigue ne pâtit pas si vous choisissez de découvrir la Guyane avec ce volume. Car c’est bien de ce personnage central dont il est question, ce bout de France oublié et malmené par la métropole.
    Angélique, une native récemment revenue de Paris après un acte de bravoure qui lui coûté la moitié du visage, va s’acharner à retrouver le fils de celui dont elle est secrètement amoureuse. Non, point de romance au cours de ces 500 pages, mais une vaste embrouille foncière liée à l’exploitation de l’or et à la spoliation des Amérindiens.
    L’ambiance y est moite, tantôt alcoolisée, tantôt empreinte de chamanisme et de médecine traditionnelle, intrigante. Les jeunes y sont encore plus laissés pour compte que les adultes, otages d’un système éducatif défaillant faute de moyens, forcés pour la plupart à vivre d’expédients, de combines. La Guyane, ce département français où tout n’est pas technologie aérospatiale, prise en étau entre le Suriname et le Brésil a bien de la peine à décliner notre devise républicaine. Sous la plume talentueuse de Colin Niel, la Guyane sait nous émouvoir, nous intriguer, nous surprendre … nous intéresser !
    Une lecture plaisir, dépaysante et … envoûtante !

    05/06/2019 à 15:34 6

  • Tu ne seras plus mon frère

    Christian Blanchard

    10/10 Kasswara et son jeune frère Kamar ont un don pour le tir à la carabine. Dans une Syrie déchirée, ils ne vont pas suivre la même route. Légaliste, Kamar va devancer l’appel sous les drapeaux tandis que Kasswara va partir défendre la démocratie contre le régime en place.
    La famille est partagée, les parents sont divisés quant aux chemins pris par leurs fils. Nous allons plonger dans la psychologie des deux protagonistes, et plus particulièrement dans celle du tireur d’élite : comment passer de la procédure froide et dénuée de sentiment, de la protection de ses compagnons d’armes, au goût de tuer ? Faut-il un mobile, une rancœur pour tuer ou une simple liste légitime l’acte ? Que dire des enfants, véritables bombes à retardement du fait de leur endoctrinement oui, que dire des « lionceaux du califat ».
    Au-delà de l’histoire déchirante des deux frères et de leur famille, c’est la dernière décennie qui nous est narrée par Christian Blanchard, celle de la guerre civile en Syrie et celle des attentats en France. J’ai compris comment les défenseurs de la démocratie se sont vu infiltrés par les extrémistes religieux au point de scinder leur mouvement contre le régime de Bachar pour s’opposer aux radicaux. J’ai conforté mon jugement en constatant l’absence de l’Europe et la présence ambiguë de la Russie. Qu’en est-il du débat qui nous interpelle tous autour de la problématique des enfants de retour de Syrie : victime ou bombes humaines en puissance ?
    Avec un style efficace l’auteur touche sa cible assurément en interpellant le lecteur dans sa zone de confort … Un voyage impliquant et terrifiant à la fois !
    Ajoutons à cela un épilogue (un peu optimiste) qui ne devrait pas déplaire à Ara, la mère de Tomar Khan, le héros de Niko Tackian.
    Enfin, je n’ai pu m’éviter la comparaison avec la guerre d’Espagne, celle qui a nos portes a semé le trouble dans bon nombre de familles comme le chantait Jean Ferrat dans Maria, oui elle aussi avait deux enfants … que dire des déchirements familiaux pendant les heures sombres du gouvernement de Vichy !
    Après cette lecture, retournée je suis mais au fond de moi-même, suis-je vraiment surprise ?

    22/02/2021 à 10:06 4

  • Vertige

    Franck Thilliez

    10/10 déstabilisant et laisse le lecteur en haleine jusqu'à la fin ... et même au-delà !

    01/07/2015 à 17:14 1

  • Yeruldelgger

    Ian Manook

    10/10 Il s’agit là du premier volet d’une série de trois romans qu’il faut lire dans l’ordre.
    Ce flic au nom imprononçable va nous entraîner dans son sillage en Mongolie, état indépendant, limitrophe de la Chine et sous son influence … néfaste.
    Respectueux de la tradition, héritier d’une éducation religieuse et empreint de la philosophie des moines Shaolin, il va avoir fort à faire, aidé (ou pas) par les trois femmes de sa vie, sa fille, sa partenaire et son amie de cœur par ailleurs médecin légiste.
    Un roman riche : à la fois une enquête bien menée et une description de cette région du monde quasi inconnue. L’auteur nous décrit le mode de vie de ces nomades transplantés à la ville, de ces exclus qui habitent les tunnels de la capitale, des Chinois qui achètent tout et des Coréens qui ont trouvé un terrain de jeu … un roman d’ambiance ou il ne manque pas de flics ripoux et de spéculateur foncier !
    Une énorme découverte et … je me rends compte que j’ai lu le tome 3 avant le deuxième … je vais remettre dans l’ordre très vite.

    09/09/2017 à 10:32 7

  • A la place de l'autre

    Guy Rechenmann

    9/10 Parce qu'Anselme fait une étrange découverte au pied d'un blockhaus du Cap Ferret, il s'en suit une recherche dans les multiples archives pour découvrir un événement vieux de plusieurs dizaines d'années. Mêlant l'histoire, notamment celle de la construction du mur de l'Atlantique, à la fiction, Guy Rechenmann avec humour et poésie, en profite nous nous faire partager « son » bassin en hiver, loin des clichés de l'office de tourisme. Ce « polar » est original dans sa construction car certes, le lecteur suit le cours des idées de l'enquêteur et élabore sa propre hypothèse, cependant le point n'est pas fait pendant les incontournables séances de briefing ou conférences de presse à l'américaine, mais c'est la cinquantaine de pages du rapport final d'Anselme qui donne tout son sens à cette énigme, à la fois saga familiale et chronique aquitaine du XXème siècle.
    Même si ce roman n'est pas le premier de la série du flic de papier, il peut se lire isolément … mais il a comme un goût de … je vais sans doute remonter le temps (d'Anselme) … tant les personnages sont attachants … que dire de Lily ?

    15/07/2017 à 15:29 3

  • Adieu Lola

    Simone Gélin

    9/10 Par le développement de l'intrigue qui n'est pas sans rappeler celui de l'affaire Jane de Boy, où l'enquête criminelle cède peu à peu le pas à l'intrigue secondaire, la vraie thématique du roman, le harcèlement moral, la domination s'impose comme sujet central. Simone Gélin nous invite à partager les angoisses de trois femmes. Elles sont toutes trois en quête d'amour après avoir vécu pas mal de disconvenues. Nous avons la victime de la violence à l'état pur, avec qui nous sombrons dans les eaux glacées de l'Atlantique. Puis la jeune professeure, en quête de respect de la part de ses élèves et de reconnaissance par un manuscrit qu'elle a le malheur de montrer à sa mère et … à son amoureux. Enfin une troisième femme, certes plus mure, mais toute autant préoccupée par son reflet car son métier d'avocate, elle l'accomplit comme une mission humanitaire, en s'impliquant peut-être au-delà du raisonnable quand le suspect est un ami d'enfance. Dans leurs histoires personnelles, elles auront chacune à croiser un partenaire toxique. C'est la délicatesse de Simone Gélin qui fait que le lecteur se sent impliqué par ces trois tranches de vie, entraîné dans la chute avec les protagonistes.
    Tout en suggestion, loin du voyeurisme même quand les conditions exigent les détails, la plume de Simone Gélin est encore une fois au service d'un fait de société dérangeant qui nous concerne tous et toutes … il faut en parler car les victimes ne doivent pas rester isolées et se sentir coupables de leur sort.
    Certes le sujet a déjà été traité, l'originalité réside ici dans cette chronologie un peu malmenée et dans ces portraits sans concession où les seconds rôles n'ont rien à envier aux premiers dans la justesse. N'oublions pas non plus que l'action se déroule dans le contexte très actuel du conflit social lié à la fermeture de l'usine Ford à Blanquefort, volet bien documenté.
    Très bon moment de lecture et de réflexion … attention ça peut aussi se passer à côté de chez vous !

    09/02/2020 à 13:13 4

  • Alex

    Pierre Lemaitre

    9/10 La trilogie Verhoeven de Pierre Lemaître : 3 volumes à lire dans l’ordre
    2 – Alex : tantôt ange et/ou démon, cette jeune femme dont on connaîtra le secret en fin de roman, déroule sa vengeance en usant de la manipulation de haute volée. Pierre Lemaitre nous secoue tout au long de ce second roman de la « trilogie Verhoeven ». Comment cet enquêteur meurtri s’en sortira-t-il ? Saura-t-il renouer avec les « rescapés » de son ancienne équipe ? Et le lecteur dans tout ça … touché !!!

    01/07/2015 à 14:13 6

  • Angor

    Franck Thilliez

    9/10 Je voulais faire durer cette lecture car le roman annuel de Thilliez est rare et tout ce qui est rare est … précieux. Peine perdue, en y mettant de la bonne volonté le rythme auquel nous entraîne l’auteur nous aspire et fait que l’on ne peut le lâcher facilement. Lucie à nouveau plonge dans l’horreur et son compagnon n’est pas là pour l’aider … sa mère garde les jumeaux. Leur nouvelle copine Camille plonge tout autant dans le glauque en cherchant les origines des nouvelles émotions qu’elle attribue à son donneur de cœur. On y apprend que le don d’organe, parce qu’il est cruellement privé de réglementation attise les convoitises et alimente les marchés souterrains. Du côté masculin ça n’est guère plus brillant un voyage au bout de l’enfer argentin pour Sharko et le scandale des enfants volés de la dictature franquiste. Boris ne rencontrera pas Sharko et Lucie, Leslie collaborera avec Sharko et leur chef Nicolas Bellanger prend de l’ampleur, mais à quel prix.
    En conclusion l’un des meilleurs romans de Thilliez où cohabitent nos enquêteurs préférés. Difficile d’en dire d’avantage sans dévoiler l’énigme à rebondissements qu’il nous propose, d’autant que les précédentes critiques sur ce site sont très représentatives de ce que j’y ai trouvé.
    Nous atteignons l’avant dernier cercle du mal avant la chambre noire … que de promesses pour la suite Monsieur Thilliez !

    01/07/2015 à 14:19 3

  • Après la fin

    Barbara Abel

    9/10 Vive les e-books ... je n'ai attendu que 5 minutes (le temps de 3 clics) pour passer de "derrière la haine" à "après la fin" et je n'ai pas été déçue.
    Un thriller psychologique comme j'en ai rarement lu.
    Les maisons y sont de véritables personnages comme dans le film Psychose et l'ambiance très réaliste remarquablement rendue.
    A ne pas rater et surtout enchaînez les deux à la suite me semble indispensable.
    Bonne lecture avec ce que je note à 5 étoiles !

    01/07/2015 à 16:58 3

  • Après la guerre

    Hervé Le Corre

    9/10 Voilà un livre qui ne m’a pas laissée indifférente. L’action se passe à Bordeaux au début des années 60. Les souvenirs de la seconde guerre mondiale et le début de la guerre d’Algérie fournissent la matière de l’intrigue. Tantôt dans la vengeance, tantôt dans la découverte des horreurs que les humains peuvent commettre contre leurs semblables, les héros, nombreux et ambigus, dont ont a fait connaissance pendant le premier tiers du roman, vont se croiser. Tantôt parmi « les bons » tantôt parmi les méchants et immoraux, ils ne nous entraînent dans ce Bordeaux qui avait encore son port en centre-ville, jusqu’à une fin inattendue.
    Certes le style peut surprendre, la syntaxe se veut « populaire » et l’argot est plus parisien qu’occitan. Mais qu’importe : un bon moment de lecture, pas thriller quoique …

    01/07/2015 à 16:41 3

  • Au revoir là-haut

    Pierre Lemaitre

    9/10 Deux destins chamboulés par « la grande guerre »
    vont être unis dans la douleur au cours de ce qu’on appellerait de nos jours leur réinsertion… de cette union contre nature va donner lieu à une vengeance hors normes, à la fois cynique, délirante de pleine de fantaisie. Et comme il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas, une suite de hasards va faire que l’un des héros va pénétrer l’univers de l’autre,  pour le plus grand plaisir des lecteurs.

    L’auteur délaisse ici les thrillers, pour ce roman que l’on peut qualifier d’historique, tant il est documenté et nous plonge dans la France des années 1918 à 1920, avec les douleurs et les deuils, malmenés par
    quelques financiers qui ont vu là le moyens de se faire encore plus d’argent. Heureusement qu’il nous rassure en citant ses sources : tout n’est pas vrai ! Ouf pour nous et merci pour la claque ! Le prix Goncourt était largement mérité. Ce roman est pour moi le coup de cœur de mes lectures de l’été, certes pas polar mais tout aussi palpitant que la trilogie Verhoeven par son suspens inattendu.

    Il semble qu’Albert Dupontel soit en train de préparer une
    adaptation cinématographique en collaboration étroite avec Pierre Lemaître… les paris sont ouverts pour le casting … Sortie annoncée pour 2016. Gros projet,
    gros budget … grosse attente !

    15/08/2015 à 16:22 10

  • Austerlitz 10.5

    Anne-Laure Beatrix, François-Xavier Dillard

    9/10 Une présentation originale mêle l’intrigue aux collections exposées au Louvre. Un pari pour les auteurs qui nous font ainsi parcourir les couloirs et passages secrets, découvrir les maîtres des vestiges antiques inconnus ou plus classiques et oubliés, les regarder sous un angle moins académique, leurs sujets ayant toujours un rapport significatif avec l’action du roman.
    La crue centennale de la Seine a ravagé Paris, cruellement touché sa population et engendré des trafics incroyables et souterrains, au nom de la culture et de l’ambition personnelle de ceux qui fréquentent les antichambres du pouvoir.
    Un flic malchanceux se trouve happé par cette tourmente et tente d’arrêter les agissements d’un tueur en série, par ailleurs narrateur épisodique.
    On retrouve la minutie de la construction des intrigues de François-Xavier Dillard (un vrai jeu d’enfants et Fais-le pour Maman) qui sème le doute chez le lecteur et le secoue émotionnellement tant le réalisme des situations est provocant.
    Que dire de plus sans spolier … l’exercice à quatre mains, s’il a ravi les auteurs, a sans doute ajouté de la difficulté et rendu crédible le tout, pour notre plus grand plaisir.
    Même si l’auteur assure qu’il s’agit d’un pur hasard, je ne peux m’empêcher de penser à Mallock et son « principe de parcimonie » qui lui aussi fait disparaître la Joconde et submerger Paris par une crue centennale … mais c’est bien une autre histoire, autrement traitée. Simplement disons que cette menace n’a jamais été aussi préoccupante. La version que nous en lire Austerlitz dans ses prologues (Scène de déluge et jours 3 à 8) est tout simplement grandiose mais ça c’est la patte Dillard !

    23/03/2016 à 16:09 6

  • Bienvenue à Cotton's Warwick

    Michaël Mention

    9/10 C’est le troisième thriller que je lis de Michaël Mention et je suis encore surprise de sa maîtrise à changer d’environnement. Ici, il nous propulse dans le fin fond de l’Australie (ce qui fait penser au « cul de sac » de Douglas Kennedy) et si vous aimez les outrances des personnages de Tarantino alors vous allez adorer ne pas être le bienvenu dans cette communauté de dix-sept ringards dont une seule femme et un autre, visitée périodiquement par un routier qui rend possible sa survie par le trafic, un tondeur de moutons en side-car et un médecin qui arrive par les airs ! Tout ce ramassis improbable, dans cette région où l’eau est plus rare que la bière, va se déchirer pour le plus grand bonheur du lecteur qui passe du rire au dégoût voire aux larmes. N’est-ce pas en fin de compte une métaphore de ce qui attend l’humanité à trop assouvir la nature ?
    C’est si beau un kookabura mais que dire du Razorback ? Peut-être l’auteur a-t-il été inspiré par un film d'horreur éponyme australien sorti en avril 1984.
    N’en doutez pas un instant … ce roman est à ne pas rater !

    08/01/2017 à 15:42 8

  • Bletchley Park

    Mark Zellweger

    9/10 C’est le deuxième tome de cette trilogie consacrée aux espionnes du Salève, roman d’espionnage qui lève le voile sur le rôle méconnu de la Suisse pendant la dernière guerre mondiale. En effet, déclaré neutre, ce pays central a cependant aidé activement à la lutte clandestine contre le nazisme.
    Le premier tome avait vu se constituer cette équipe féminine cosmopolite au service de la liberté, sous la houlette de Hannah, réfugiée polonaise. Au cours du deuxième épisode (août1941-novembre 1942), ces nouvelles espionnes vont « jouer » sur des terrains aussi différents que la Lybie, la Norvège et bien d’autres… alors qu’en Grande Bretagne les décodeurs souffrent à éclairer les chefs de guerre et s’évertuent à craquer Enigma. Ajoutons à cela les divers services secrets qui se font à peine confiance et le lecteur aura une idée des enjeux et des risques encourus par ces femmes de l’armée des ombres.
    Mark Zellweger, avec la précision qu’on lui connait, décrypte les processus, les méthodes, les faux-semblants nécessaires à la résolution des conflits au bénéfice de l’humanité malmenée. A ce titre il faut souligner cet aspect historique qui va bien au-delà de l’intrigue romanesque et qui donne davantage de profondeur à des personnages attachants.
    Passionnant, ce véritable roman d’aventure, malgré quelques coïncidences improbables, ne se lâche pas avant la fin et … il y a heureusement la perspective d’une tome 3 !

    26/11/2018 à 14:18 2

  • Burn out

    Didier Fossey

    9/10 Troisième tome de la série des enquêtes de Le Guenn.
    Beaucoup plus intime que les deux précédentes, cet opus approche les angoisses et incertitudes des policiers en charge d’une affaire devenue meurtrière « par hasard ».
    Les lecteurs auront de l’empathie pour Guillaume, il serait facile de dire de lui qu’il est coupable de désintérêt pour sa compagne mais en fait nous le voyons très vite, il est victime du système qui en demande toujours plus, n’importe où et n’importe quand ! Quant à ce qu’il fera de la traque de son concurrent : sa réaction est humaine même si ses objectifs sont excessifs.
    L’autre personnage attachant c’est Franck, qui a perdu son coéquipier et ne se complaît pas dans l’attente. Il résume à lui seul toute la rancœur de ceux dont les sentiments ne sont pas écoutés
    L’auteur Didier Fossey a vécu la BAC de nuit bien trop longtemps dit-il pour ne pas en avoir gardé des traces. Ses romans sont autant d’hommages à ses anciens collègues, son écriture sans doute une délivrance, maintenant qu’il peut dire les choses.
    Notons que c’est toujours avec beaucoup de plaisir que le lecteur débusque les clins d’œil d’un auteur à ses confrères de plume. Ici j’ai pu identifier un joailler et un sous-préfet mais il paraît qu’il y en a d’autres cachés.

    Boris Le Guenn est bien le chef de clan, il paye de sa personne, il couvre ses collègues, son métier déborde sur sa vie familiale au point d’oublier constamment de donner de ses nouvelles. Tout autre (ou presque) que lui serait insupportable mais c’est Le Guenn, alors nous avons de la sympathie pour lui. Le suivre au fil de cette série procure de très bons moments de lecture.

    25/08/2020 à 08:04 2

  • Ça peut pas rater !

    Gilles Legardinier

    9/10 Je globiche grave cette histoire de Marie. Je suis chanceuse car en précommandant la version numérique, elle s’est automatiquement chargée sur ma tablette donc en avant-première ! Je vous promets que si un jour j’ai un chat, je l’appelle « Ibuprofène ». Legardinier pour le quatrième opus comique (il ne faut pas oublier les autres facettes de cet auteur) nous fait suivre Marie, en deuil de sa rupture avec Hugues et en quête, quoi de plus normal, du bonheur. Mais, tous ses coups fumants qui ne devraient pas rater, se transforment en catastrophes, jusqu’au soir où … Allez de ce pas commander votre exemplaire, une super pause sans hémoglobine qui nous incite à nous nourrir de ses souvenirs (plutôt les bons d’ailleurs) au lieu de les fuir. Touchant et jubilatoire, plus léger que « Et soudain tout change » mais quel talent pour cette narration au féminin comme seul Gilles Legardinier en est capable.

    02/07/2015 à 15:39 2

  • Cabale pyramidion

    Samuel Delage

    9/10 C’est un peu par hasard que j’ai décidé de lire ce roman, le troisième de Samuel Delage. J’aime l’archéologie, l’histoire, l’Egypte et Le Caire cette ville « à part ». J’ai donc été gâtée par l’auteur car tous les ingrédients y sont sans oublier une intrigue bien menée. Une affaire de trafic d’œuvres d’art après la révolution de 2011 et la grande rafle sur les objets en dépôt ou en exposition au musée du Caire. Le lecteur est pris très rapidement par les personnages attachants et les autres, bien réalistes avec leurs malversations et manœuvres douteuses pour grimper dans la hiérarchie de la nomenklatura cairote.
    L’auteur nous livre un roman très documenté dans un style efficace avec la petite touche de dépaysement sans quoi le Caire ne serait pas le Caire. Une belle découverte qui engage à lire les autres romans de cet auteur qui annonce une suite à celui-ci …

    02/02/2017 à 16:56 4

  • Celle qui pleurait sous l'eau

    Niko Tackian

    9/10 Niko Tackian, c’est celui qui frappe à votre porte le 2 janvier, rabat les volets mais vous laisse ouvrir les fenêtres… il vous interpelle et vous engage à aller plus loin une fois la lecture de son roman terminée. Oui, vous vous dites 250 pages c’est court mais ces pages ont un effet retard, comme ces médicaments, ces gélules « à libération prolongée ». Vous y repensez forcément pendant plusieurs jours.
    Certes l’auteur nous avait déjà présenté un criminel toxique dans le tome 1 des aventures de Tomar Khan, cette fois compte tenu d’un contexte compliqué c’est son ajointe qui va s’y coller pendant que celui-ci va essayer le se défaire de ses casseroles …Rhonda y va avec pugnacité et intuition, convaincue que le suicide de Clara a été « provoqué ». Les deux protagonistes vont devoir faire enquête « à part »: Tomar se fera accompagner clandestinement par Berthier son mentor, en immersion chez les dealers, pendant que Rhonda endossera les habits de chef de groupe de la crim.
    Dans la famille Khan, j’ai un faible pour Ara, la mère. Elle ne me déçoit aucunement dans cet épisode. Mention particulière pour son courage.
    Le roman est résolument centré sur les violences faites aux femmes et les difficultés qu’elles peuvent avoir à produire des preuves et à faire qualifier le suicide « forcé » en homicide. Les textes évoluent et c’est tant mieux.
    Alors, comme dit le capitaine s’adressant au brigadier sur la scène de crime « On a quoi ? » Un très bon polar, tout en pudeur et retenue, avec deux enquêtes : l’une, en premier plan, menée par Rhonda sur le suicide de Clara et en second plan, en sous marin, la quête de Tomar sur un passé qui lui échappe du fait de son épilepsie cérébrale, sous la coordination de l’ambitieuse et ambiguë Ovidie Metzger, substitue du Procureur. Le tout est servi par des dialogues d’une efficacité rare, on voit bien la patte du scénariste-dialoguiste.
    Et dire qu’il faudra attendre maintenant deux années pour retrouver notre flic Kurde car en 2021, c’est l’auteur qui le dit, ça sera un thriller « one-shot ».

    07/01/2020 à 09:16 3

  • Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance

    Nick Gardel

    9/10 C’est le 16ème roman de Nick Gardel et sans doute à ce jour, le plus abouti. Une intrigue au cordeau qui s’appuie sur des références sociologiques et médicales très documentées, des personnages certes encore barrés (chassez le naturel …) mais à la psychologie sans doute plus fouillée que par le passé et cerise sur le gâteau des dialogues d’une précision haut de gamme, où chaque mot se révèle un élément incontournable de compréhension pour le trip et l’ambiance dans lesquels l’auteur nous emmène. J’ai souri du facétieux duo d’enquêteurs Mondragon-Guérineau mais j’ai tout autant été intéressée par l’enquête et son environnement. L’auteur nous immerge dans un milieu professionnel qu’il connaît bien, fait de progrès à petits pas pour rendre la confiance à des jeunes qui n’ont souvent connu que l’échec et l’humiliation et dont le désarroi est immense, derrière une façade de petit caïd… touchants. C’est sans doute la première fois que dans ses écrits l’auteur se dévoile et avec lui, partageons ses doutes, ses valeurs.
    Ceux qui boivent sont bien présents autour du comptoir et les brèves fusent. La palanquée d’alcoolos n’en finit pas d’avoir un avis sur tous les problèmes de notre société, mettant le lecteur face à ses contradictions ou ses ignorances.
    La narration alternée, tantôt à la première ou à la troisième personne selon le rôle des personnages (suspect ou enquêteur) donne le rythme à l’action et en conforte la fluidité. Un petit bijou a lire sans modération et à relire pour ne rien laisser passer.
    NDLR : Ce roman risque de ne pas rencontrer de distributeur, vous ne pourrez donc probablement pas vous le procurer auprès de votre libraire de proximité préféré. Essayez cependant de le lire, l’absurde et la dérision sont de bons remèdes à la morosité et si en plus vous découvrez un monde inconnu, votre quête d’exotisme sera comblée et vous pourrez ainsi mieux comprendre notre société
    http://nickgardel.e-monsite.com/boutique/romans/ceux-qui-boivent-pour-oublier-sont-pries-de-payer-d-avance.html

    14/06/2021 à 19:03 2

  • Charade

    Laurent Loison

    9/10 Voici un premier roman très prometteur, une intrigue à frémir et très efficace, des descriptions dérangeantes, au comble du réalisme … et au final, après de nombreuses fausses pistes, une claque magistrale. La manipulation n’a pas de limites. Et si dans la vraie vie ce type de personnage existe ?
    Un tueur en série défie le cador du 36 en semant les cadavres assortis des éléments d’une charade. Mais au contraire des tueurs en série « habituels », le mode opératoire change à chacun de ses crimes ... et pourquoi pas une femme … Barga va donc être confronté à la pire enquête de sa carrière, aidé par Emmanuelle nouvelle recrue pistonnée et en compétition avec Cholle son rival. C’est non pas à la guerre des polices à laquelle nous assistons mais bien à la guerre dans la police et plus particulièrement dans la plus prestigieuse de ses unités, la criminelle.
    A lire ces 432 pages sans modération !

    18/07/2016 à 15:40 2