El Marco Modérateur

3262 votes

  • L'Heure du crime

    David Baldacci

    8/10 En Virginie Occidentale, une femme est découverte assassinée, son corps portant la signature du « tueur au Zodiaque », un serial killer qui sévissait à la fin des années soixante. Les deux détectives privés Sean King et Michelle Maxwell vont alors prêter main forte à la police locale tout en enquêtant en parallèle sur un cambriolage chez des notables locaux. Le mystérieux assassin va alors multiplier les mises à mort, reproduisant jusque dans les moindres détails les actes de tueurs en série célèbres.

    David Baldacci signe avec l’Heure du crime un ouvrage convaincant et divertissant. Les personnages sont très nombreux et fouillés, représentant autant d’assassins potentiels pour notre sympathique duo d’enquêteurs. L’écriture est laconique et nerveuse, allant à l’essentiel, mais se préservant quelques instants de calme pour soigner l’humour, notamment dans les dialogues. Par ailleurs, l’intrigue est très bien construite, multipliant les rebondissements et fausses pistes, et ce jusque dans les dernières pages. On peut cependant reprocher à ce livre quelques longueurs ici et là, et une paire de détectives qui se sort de toutes les situations sans une égratignure, ce qui nuit à la vraisemblance du récit.

    Au final, L'heure du crime reste un thriller qui se laisse lire avec un très grand plaisir.

    23/04/2008 à 11:57

  • Le Magicien

    Jean-Marc Souvira

    8/10 Arnaud Lécuyer vient de sortir de prison, enfermé pendant onze années pour l’agression sauvages d’une personne âgée. Ce que tout le monde ignore, c’est qu’il est en fait le Magicien, ce tueur d’enfants qui avait plongé Paris dans l’effroi, et qu’il a assassiné trois codétenus. Pendant ce temps, le commissaire Ludovic Mistral, revenu de stage auprès des profilers du FBI, va progressivement être mis sur la piste de ce prédateur sexuel. Entre eux deux, la lutte sera sans répit, jusqu’à l’affrontement inéluctable.

    Premier roman de Jean-Marc Souvira, Le Magicien est un thriller psychologique de haute volée. Le style direct et sans fioriture, écrit au présent, plonge le lecteur dans les tourments du tueur, sans jugement, en toute objectivité. Par ailleurs, le passé de policier de l’auteur contribue à la véracité de l’ensemble, rendant l’intrigue parfois proche de certains écrits de Laurent Scalese. Pas de scènes d’action rocambolesques ni gores, le roman est avant tout une poursuite mentale âpre et réaliste qui marquera le lecteur bien après avoir refermé le livre.

    15/04/2008 à 18:50 3

  • Le visiteur sans visage

    Serge Brussolo

    6/10 Peggy accepte de devenir la baby-sitter de Nuts, le fils du célèbre Tanner Holt, écrivain de thrillers particulièrement sanglants. Nuts prétend qu’on veut le tuer, et dit à qui veut l’entendre qu’il a un compagnon imaginaire, un certain capitaine Müller, vêtu d’une cape noire et d’un masque à gaz. L’enfant affabule-t-il ? Quand Nuts dit que Müller lui a suggéré de tuer son petit frère, Peggy comprend que la situation ne va pas tarder à basculer dans l’horreur.

    Comme à son habitude, Serge Brussolo démontre son indéniable talent de narrateur. Les personnages sont nombreux et parfaitement rendus, les fausses pistes multiples, et le lecteur est happé par le récit qui introduit des rebondissements à foison. Cependant, le texte se perd dans des longueurs inutiles, et le dénouement, quoique imprévisible, ne parvient pas à gommer le manque de panache dans le dernier tiers du livre. L’auteur a déjà été bien plus inspiré dans le domaine du polar, comme avec Le nuisible.

    Au final, Le visiteur sans visage est un bon polar, sans plus.

    09/04/2008 à 20:05 1

  • La Proie des ombres

    John Connolly

    9/10 Le détective privé Charlie Parker est engagé par Rebecca Clay, la fille du célèbre pédopsychiatre Daniel Clay, car un inconnu la harcèle en lui demandant des informations sur son père qui a disparu cinq années auparavant. Parker va vite se rendre compte que Daniel Clay avait été mis en cause dans une affaire d’abus sexuels sur mineurs et que l’inconnu, dénommé Merrick, pourrait ainsi chercher des renseignements sur sa fille, elle-même disparue. Pour Parker et ses fidèles acolytes Angel et Louis, ce sera le début d’une lente plongée dans un univers ahurissant sur la trace de violeurs d’enfants.

    Avec ce sixième épisode des enquêtes de son personnage-phare, John Connolly signe une incontestable réussite. Renouant avec les ambiances sombres et glauques, il entraîne rapidement le lecteur dans un monde tourmenté et glacial, avec cette finesse d’écriture si caractéristique. L’auteur a construit une énigme bien plus compliquée qu’il n’y paraît, mettant en relief des personnages monstrueux tels que les hommes oiseaux, les hommes creux ainsi que le Collectionneur, des protagonistes qu’il est difficile d’oublier tant leur envergure dramatique est immense. Le récit flirte par moments avec le fantastique, tout comme dans les précédentes histoires, et toujours avec subtilité. On pourra juste reprocher à John Connolly des descriptions parfois très longues du Maine, tant au niveau géographique qu’historique, mettant cependant en relief son extraordinaire travail de documentation.

    Au final, La Proie des ombres constitue un opus remarquable et laissant augurer dans les dernières pages des prochaines enquêtes de Charlie Parker, un détective privé définitivement porté au panthéon des figures littéraires majeures du thriller.

    30/03/2008 à 20:17 3

  • Le château des poisons

    Serge Brussolo

    8/10 Alors qu’il n’était que simple bûcheron, le jeune Jehan est élevé au rang de chevalier suite à son extraordinaire courage dans une bataille. Pour subvenir à ses besoins, il devient protecteur de voyageurs ; il se voit alors confier la tâche d’escorter le moine Dorius et de précieuses reliques jusqu’au château d’Ornan de Guy. Sur place, la situation va tourner au cauchemar : empoisonnements, murmures de complots, une prétendue bête féroce arpentant le village, procès en sorcellerie… Ce sera à Jehan de mener l’enquête s’il ne veut pas être lui-même conduit au bûcher.

    Après l’excellent L’armure de vengeance, Serge Brussolo s’aventure de nouveau sur les terres du polar médiéval. La langue est toujours aussi belle, mariant avec plaisir le vocabulaire de l’époque aux mots et tournures si caractéristiques de l’auteur. Les personnages, quoique très nombreux, sont tous bien dépeints, et l’intrigue est maîtrisée, multipliant avec réussite les fausses pistes et coups de théâtre. Si ce roman est peut-être un peu moins bon que L’armure de vengeance parce que moins haletant, il demeure cependant très prenant, prouvant une fois de plus les immenses talents de son auteur à décrire des atmosphères angoissantes.

    25/03/2008 à 22:24 1

  • La Protéine du Diable

    Thomas Abercorn

    2/10 Martin Keogh est ingénieur dans une immense entreprise spécialisée dans le domaine des Organismes Génétiquement Modifiés. Dans le vol reliant Londres à New York dans lequel il a pris place, des passagers décèdent de façon violente suite au repas ingéré dans l’avion : du saumon semble être à l’origine de cette catastrophe sanitaire. Martin Keogh dérobe l’une des portions du poisson incriminé : ce sera pour lui le début d’une traque menée par des hommes prêts à tout pour taire le secret d’un saumon aux propriétés mortelles.

    L’idée de base était intéressante et le roman se présentait bien : dès les premières pages, le lecteur assiste au drame de l’intoxication alimentaire. Malheureusement, la suite du récit ne tient pas ses promesses. Les personnages n’ont aucune profondeur, l’intrigue est très poussive et tourne très rapidement en rond, les rebondissements sont quasi inexistants, et le livre est accablé de longueurs parfaitement inutiles. Par ailleurs, La Protéine du diable n’évite que peu de clichés, avec notamment un Martin Keogh seul face à un véritable empire commercial et qui parvient néanmoins à survivre à des attentats ourdis par des tueurs professionnels, quand il n’en tue pas une demi-douzaine de ses propres mains. Il y a bien quelques réflexions intéressantes sur le milieu des OGM et du capitalisme, mettant en valeur le métier de biologiste de Thomas Abercorn, mais ces rares instants ne sauvent pas son livre de l’ennui le plus profond.

    Pour conclure, La Protéine du diable est une vraie déception, sans suspense ni saveur, qui sera oublié aussitôt le livre achevé.

    18/03/2008 à 15:12

  • Un peu de ton sang

    Theodore Sturgeon

    7/10 Deux psychiatres militaires correspondent par lettres quant au cas de George Smith, soldat ayant agressé violemment un officier. Au travers du dossier médical de George et des interrogations de ces deux médecins, va progressivement se dessiner les contours d’un homme profondément singulier : il s’agit d’un vampire.

    En 150 pages, Theodore Sturgeon dresse avec lenteur et patience le portrait d’un soldat brisé lors de son enfance et ayant graduellement chuté dans la folie. Dans ce court récit, pas d’actions spectaculaires ni de scènes monstrueuses : il s’agit avant tout de comprendre comment George Smith a pu devenir un buveur de sang. A cet égard, le lecteur pourra être déçu devant ce manque de panache du récit, mais il faut prendre Un peu de ton sang pour ce qu’il est : un roman noir très court, rivé à la psychologie des personnages, et qui effraie par la justesse du ton, la simplicité de la langue employée et l’aspect minimaliste du récit.



    Ce court roman est suivi d'une nouvelle intitulée "Je répare tout".

    Une femme est retrouvée à moitié morte dans la rue, en partie lacérée à l’arme blanche, et est recueillie par un homme assez quelconque qui n’aura de cesse de la défendre et la soigner, puisque, comme il le dit si bien : « Je répare tout ». Mais cette relation entre la jeune femme et cet homme va lentement basculer dans l’étrange, puis le drame.

    En 40 pages, Theodore Sturgeon installe avec maestria une ambiance lourde et pesante : les longues descriptions de l’homme soignant la jeune femme avec affection, les rapports ambigus entre ces deux êtres, tout concourt à faire de ce huis clos une réussite dans le domaine du roman noir, jusqu’au dénouement, tragique et qui marquera durablement l’esprit du lecteur.

    15/03/2008 à 10:25

  • Un Froid d'enfer

    Joe R. Lansdale

    6/10 Bill Roberts et deux de ses amis attaquent un vendeur de pétards pour lui voler son argent. Malheureusement, l’opération tourne au désastre : le commerçant est tué, leur voiture est victime d’un accident de la route, les deux camarades de Bill trouvent la mort et le shérif qui s’était lancé à leur poursuite se tue accidentellement. Le sort semble décidément s’acharner sur Bill dont le visage est complètement déformé par des piqûres de moustiques. C’est alors qu’il tombe sur un cirque itinérant regroupant des montres de foire ainsi qu’une beauté sculpturale : Gidget.

    Un froid d’enfer est le prototype même du roman noir à l’ancienne, avec ses personnages si particuliers : le criminel raté et malchanceux, la femme fatale, une situation qui échappe complètement aux protagonistes… Sur ce canevas, Joe R Lansdale a bâti un roman très original dans sa forme : le vocabulaire employé par l’auteur est direct et argotique, avec des scènes de sexe décrites de façon très crue. Les personnages des « freaks » sont marquants : l’homme-chien, l’homme des glaces, les siamois, la femme à barbe, exploitant les clichés du genre tout en donnant aux individus de fortes personnalités. L’humour et le cynisme de l’auteur font des merveilles, donnant parfois au récit un ton décalé et parodique qui ravira les fans du genre.

    Pour conclure, Un froid d’enfer est un bon roman noir, un peu trop classique pour ce qui est du fond, mais insolite dans la forme, offrant aux fans du genre un agréable moment de lecture.

    11/03/2008 à 15:15 1

  • Interrogatoire

    Thomas H. Cook

    9/10 En 1952, les deux policiers Jack Pierce et Norman Cohen doivent faire avouer à un SDF le meurtre d’une gamine. Ils ne disposent pour cela que de douze heures, délai après lequel le suspect sera libéré s’il n’a pas avoué. Mais ce qui paraissait de prime abord comme un exercice facile pour les deux collègues rompus aux interrogatoires va se révéler assez vite bien plus complexe que prévu…

    L'Interrogatoire est un ouvrage absolument excellent ! Des personnages multiples et tous très justes, travaillés avec minutie par Thomas H. Cook. Une construction faite de très courts chapitres faisant alterner les protagonistes, avec une écriture à la fois concise et magnifique. Des fausses pistes nombreuses et savamment orchestrées, accaparant l’attention du lecteur jusqu’à la dernière ligne. Un sujet original et brillamment exploité, profondément noir, et d’un brio indéniable. A tous points de vue, l’auteur a réussi un thriller de très haute volée, un ouvrage que tout amateur de polars se doit d’avoir lu.

    06/03/2008 à 11:49 2

  • Phobies

    Judith Kelman

    6/10 Theodore Macklin perd l’équilibre alors qu’il arpentait un pont et se tue. Il était suivi par le docteur Maggie Lyons, spécialiste des phobies. Pendant ce temps, la mort de Macklin n’arrange en rien les affaires du détective privé Sam Bannister qui était à sa poursuite pour meurtre. Lyons et Bannister vont devoir associer leurs talents quand d’autres patients de la clinicienne, tous sujets à des phobies diverses, vont succomber…

    Judith Kelman a écrit avec Phobies un livre à l’intrigue originale et assez accrocheuse. Les personnages sont intéressants, le récit bien mené, et la plume de l’écrivaine agréable à lire, mêlant habilement la psychologie des différents protagonistes et des traits d’humour ravageur. Par ailleurs, les rebondissements quant à l’identité de l’assassin assurent au lecteur un bon moment de suspense.
    Cependant, malgré toutes ces qualités, ce roman ne marquera pas de façon durable les esprits, notamment en raison d’une sous-exploitation de son thème – les peurs primitives –, de quelques clichés et surtout d’un manque d’originalité dans le traitement de l’intrigue.

    Il est à noter que l'idée de départ rappelle furieusement Peur de Thierry Serfaty, mais les deux ouvrages sont vraiment différents : Peur exploite ce thème de façon scientifique pour nourrir l'intrigue, tandis que Phobies n'utilise ces peurs que de façon superficielle.

    02/03/2008 à 11:42

  • Personne n'y échappera

    Romain Sardou

    7/10 Vingt-quatre cadavres sont retrouvés dans un chantier autoroutier, tous tués d’une balle en plein cœur. Nul ne sait qui ils sont ni quelles peuvent bien être les raisons d’un tel massacre. Au même moment, Frank Franklin prend son poste à l’université qui jouxte le charnier. Il découvrira vite que cette dernière abrite de bien étranges groupuscules…

    Après une série de romans médiévaux, Romain Sardou s’attaque ici au thriller, et c’est un essai en bonne partie réussi. L’intrigue part d’une situation très intrigante et l’auteur mène correctement son récit jusqu’au dénouement, palpitant. Cependant, on regrette des longueurs inutiles ainsi que des personnages dépeints de façon très simple, voire simpliste : le lecteur aurait probablement souhaité plus de noirceur et de profondeur. Malgré ces lacunes, Personne n’y échappera n’en reste pas moins un bon roman qui joue habilement sur les faux-semblants et met en scène un tueur atypique.

    26/02/2008 à 08:30

  • L'Enfant du dragon

    Andy Oakes

    10/10 A Shanghai, les cadavres de plusieurs jeunes femmes sont retrouvés dans le béton des fondations du nouveau stade national olympique. L’affaire est confiée à l’inspecteur Sun Piao, tout juste relâché d’un hôpital psychiatrique utilisé pour « rééduquer » les dissidents. Aidé de son fidèle collègue Yaobang, Sun Piao va alors mener son enquête depuis les maisons closes de Chine jusqu’aux plus hautes sphères politiques du pays, sur les traces d’un secret que tout le monde souhaite taire.

    Remarquable roman que celui de Andy Oakes ! L’écriture est particulièrement belle et intéressante à lire, mélangeant sagesse orientale et ton plus cruel, avec la juste dose d’humour pour contrebalancer l’horreur de certaines scènes. Les personnages sont très bien campés, du premier au dernier rôle. En outre, le sujet est très original, tout autant que le cadre, et le lecteur ne sentira aucun temps mort au cours de sa lecture. Enfin, le livre bénéficie d’une excellente documentation, l’auteur intercalant même de très courts chapitres pour expliciter certains thèmes comme l’armée chinoise, le rapport à la mort, etc.

    Pour résumer, L’Enfant du Dragon est un livre exceptionnel, jouant très habilement sur les registres du thriller et du roman politique. Un ouvrage de très haute volée dont le lecteur ne pourra sortir que comblé et, qui plus est, enrichi.

    19/02/2008 à 21:55

  • Sanglants trophées

    C. J. Box

    8/10 Depuis quelques temps, du bétail est retrouvé atrocement mutilé, les parties génitales découpées et les têtes en partie écorchées. Joe Pickett, garde-chasse, mène l’enquête quand un autre événement inattendu se produit : ce sont deux hommes qui sont retrouvés assassinés et mutilés. Le FBI va alors participer à la procédure tandis qu’une rumeur enfle : des extraterrestres seraient responsables de ces massacres.

    Quatrième épisode de la série de enquêtes de Joe Pickett, Sanglants trophées est assurément un excellent ouvrage. Le lecteur sera heureux de retrouver ce sympathique garde-chasse, le décor merveilleux du Wyoming et la patte si caractéristique de l’auteur. Par ailleurs, le scénario est ici particulièrement soigné, travaillé et dense, avec probablement plus de complexité que dans les romans précédents, une succession de rebondissements dans les dernières dizaines de pages vraiment bien trouvée, et un final qui laisse la part belle à l'imagination. C.J Box poursuit avec cet opus dynamique une série vraiment originale et dépaysante.

    12/02/2008 à 06:58

  • La Sirène rouge

    Maurice G. Dantec

    8/10 La jeune néerlandaise Alice Kristensen découvre un jour que sa mère filme des snuff movies, des films au cours desquels des gens sont torturés puis assassinés. Devant l’impuissance des forces de police à la protéger, elle prend la fuite. Son chemin croise celui d’Hugo Cornelius Toorop – de son vrai nom Berthold Zukor –, mercenaire ayant servi au sein d’une agence au Kosovo pendant la guerre. Ce dernier va alors accepter de la défendre et de l’escorter jusqu’au Portugal où se trouve le père d’Alice.

    Ce livre présente de très nombreuses qualités : l’écriture est intelligente et remarquable, très entraînante et agréable à lire. Le scénario est bien bâti et très structuré, tenant le long des presque 600 pages du roman. Le personnage d’Hugo est très intéressant et atypique, notamment au travers des nombreux flash-back. On en regrette d’autant quelques points tels que certaines longueurs et un petit manque d’épaisseur chez les hommes de main de la mère d’Alice. Néanmoins, La Sirène rouge reste un très bon roman, dépaysant et racé, qui comblera sans difficulté les amateurs du genre.

    06/02/2008 à 06:51 3

  • La Forêt muette

    Pierre Pelot

    10/10 Dans les forêts des Vosges, à un endroit complètement perdu que l’on surnomme « Le cul de la mort », Charlie et Diên, bûcherons, travaillent en équipe. Depuis qu’ils se connaissent, ils ont connu les pires situations, les engueulades, les soirées arrosées, et la solitude. Dans l’univers angoissant des ces bois isolés, Charlie et Diên vont vivre une expérience absolument inattendue : une belle jeune femme, visiblement esseulée, viendra bouleverser l’équilibre précaire entre les deux manœuvres, générant une explosion de violences dont aucun ne sortira indemne.

    Pierre Pelot a concocté avec La Forêt muette un ouvrage hors du commun. La langue est à la fois belle et sinistre, rendant avec brio l’ambiance inquiétante des bois vosgiens. Les personnages – principalement Charlie et Diën – apparaissent sous un éclairage criant de vérité, dur et cynique. Et le plus marquant dans ce roman d’une noirceur rarement atteinte, c’est la violence des propos et des situations : certains passages sont à la limite du supportable, mettant le lecteur au bord de l’écoeurement, et que certains lecteurs jugeront certainement excessifs. Cette oeuvre n'est donc pas à recommander aux âmes sensibles. Mais il n’empêche que La Forêt muette est un livre hallucinant, fort et marquant, dont un ultime rebondissement achèvera de rendre la lecture indispensable.

    29/01/2008 à 06:52 1

  • La Morsure du Mal

    Julia Wallis Martin

    2/10 Au nord de l’Angleterre, dans l’angoissant manoir de Lyndle Hall, le jeune Nicholas Herrol est victime de morsures dont nul ne connaît l’auteur. Cet événement si énigmatique est d’ailleurs d’autant plus inquiétant que le père de Nicholas a disparu sans raison. Pour essayer de comprendre ce qui harcèle le jeune garçon, la police ainsi qu’un médium américain et une professeur à l’Institut britannique de recherches sur les phénomènes paranormaux vont mener l’enquête.

    Partant d’une idée originale et alléchante, J. Wallis Martin ne parvient pourtant vraiment pas à convaincre. Les personnages, assez nombreux, sont introduits sans réelle description, au point qu’au bout de quelques pages, il est parfois difficile de les resituer. Manque de panache du scénario, de vigueur du récit, de profondeur des protagonistes : certains passages sont beaucoup trop longs, presque soporifiques, tandis que le lecteur aurait souhaité que l’enquête progresse enfin. Mais le plus frustrant reste la construction du roman : l’affrontement des points de vue du médium, de la police ainsi que de la professeur est presque inexistant, et le lecteur n’a finalement droit qu’à une enquête assez classique et décevante sur la disparition du père de Nicholas, laissant cette histoire de morsures à un ixième plan… pour ne plus être abordée qu’en quelques lignes à la toute fin !

    La morsure du mal est donc une immense déception !

    24/01/2008 à 06:55

  • Le Sang de la Mariée

    Laurent Scalese

    8/10 A Paris, un tueur en série défraie la chronique : il enlève de belles femmes avant de leur faire revêtir une robe blanche de mariée, après quoi il les tue. Le commissaire Elie Sagane et son équipe vont alors tout mettre en œuvre pour appréhender ce dément, d’autant que celui que les médias surnomment « le Tueur des mariées » va bientôt s’orienter vers les proches de Sagane.

    Encore une fois, après les excellents L’ombre de Janus et Le baiser de Jason, Laurent Scalese nous gratifie d’un très bon roman. Les policiers sont bien campés, humains et intéressants, le tueur sanguinaire et angoissant, le scénario bien construit et s’appuyant sur une documentation très solide, les rebondissements intelligemment amenés, et l’écriture sèche de l’auteur est toujours aussi agréable à lire : aucun mot de trop, le lecteur plonge vers l’essentiel.

    Au final, Le Sang de la mariée est un très bon ouvrage qui ravira sans difficulté le lecteur et qui réaffirme – si besoin était – les indéniables talents de son auteur.

    18/01/2008 à 06:52

  • Le démon dans ma peau

    Jim Thompson

    10/10 Lou Ford est shérif adjoint à Central City, bourgade perdue en plein cœur du Texas. Mais derrière son insigne et son uniforme se cache un homme d’une rare violence et au cœur meurtri par le passé, prêt à se livrer aux pires atrocités. Quand il est chargé par un notable local de devenir un intermédiaire dans une petite histoire de chantage, son intervention dérape et tourne au massacre. Il sera alors prêt à tout pour dissimuler ses responsabilités, quitte à faire couler le sang.

    Auteur culte du roman noir, Jim Thompson nous a livré il y a quarante ans un véritable bijou littéraire. Personnages fouillés et justes, dialogues courts et criants de vérité, analyse sombre de l’Amérique, excellent scénario aux rouages parfaitement huilés, violence présentée sous sa forme la plus crue et pure, Le Démon dans ma peau est très certainement l’un des plus grands romans noirs jamais écrits ! Une lecture obligatoire pour tous les adeptes d’univers ténébreux, et assurément l’un des meilleurs ouvrages pour découvrir ce genre littéraire !

    10/01/2008 à 06:52 2

  • Mickey Monster

    Laurent Bonzon, Denis Bretin

    7/10 Un dénommé Roger McOrman vient rendre visite au fameux Van Helsing car il a une bien étrange histoire à lui raconter : celle d'une soirée au cours de laquelle il a rencontré un monstre, semblable à un "blob", qui s'en est pris à la ville entière avant que McOrman ne se décide à le combattre avec ses propres armes.

    Mickey Monster est indéniablement un roman original, puisque rares sont les livres faisant revivre avec autant de panache les monstres sales et dévoreurs d'hommes comme on les voyait dans les films d'horreur de série B. Le ton des deux auteurs est très bon, alternant qualité du style et descriptions hideuses du blob, l'histoire est bien racontée, et le lecteur pourra se laisser prendre à ce récit jusqu'aux dernières pages, revivant au travers des mots du narrateur l'attaque du prédateur sur la ville. Cependant, malgré toutes les qualités de Mickey Monster, son histoire si particulière pourra éventuellement dérouter voire laisser de marbre les lecteurs qui ne seraient pas enclin à ce type d'histoire.

    Pour conclure, un livre qui plaira sans nul doute aux adeptes de lectures gores et d'horreur, mais qui laissera peut-être sur leur faim les autres.

    03/01/2008 à 08:57

  • Les 7 Jours du Talion

    Patrick Senécal

    9/10 Bruno Hamel voit sa paisible vie de famille basculer quand sa fille de sept ans, Jasmine, est violée et tuée. Quand le responsable de ce crime est arrêté, Hamel met au point une vengeance monstrueuse : il va enlever le meurtrier et le garder avec lui pendant sept jours afin de le torturer et de lui faire payer le plus cher possible le calvaire de sa fille. Passé ce délai, Hamel prévoit d'exécuter sa victime puis de se rendre à la police.

    Les Sept Jours du Talion est un livre incroyable, percutant, et que le lecteur n'est pas prêt d'oublier. L'écriture sèche et directe de Patrick Sénécal est admirable, le scénario d'une tension extrême, les personnages très bien campés. Qu'il s'agisse de Bruno Hamel, de sa femme, du criminel, des policiers ou des autres personnages, leurs réactions sont toutes très bien senties, miséricordieuses ou impitoyables, humaines ou sévères. Il faut bien mettre en garde le lecteur car certaines scènes de tortures sont très pénibles, et le lecteur, en ces instants difficiles, souffre à la fois pour le criminel devenu proie et la victime devenue prédateur.

    Au final, un livre choc, ahurissant de violence et d'humanité, au style sobre et sans concession. Un roman à lire absolument !

    31/12/2007 à 10:58 1