El Marco Modérateur

3219 votes

  • Is la blanche

    Jean-Luc Istin, Jacques Lamontagne

    7/10 Suite aux meurtres des moines, la population réclame vengeance, avec des violences à la clef, pendant que l’on remonte dans le passé, vers un groupuscule chargé autrefois de se débarrasser des chrétiens s’écartant de la parole du Saint-Siège, l’Imperium Dei. Même si l’effet de surprise s’est nécessairement dissipé, je reste très attiré par cette série. Cet opus est un peu plus bavard que le précédent, mais il permet à nos deux protagonistes de se rapprocher de la vérité, d’autant que la scène finale, sur un toit, ménage un intéressant suspense.

    20/07/2021 à 23:43 1

  • J'irai où tu iras

    Patricia Lyfoung

    6/10 Guilhem de Landrey vient de révéler à Maud qu’il était le Renard. L’intrigue se met à suivre l’histoire d’un bijou aux pouvoirs fantastiques légués par les Templiers. Toujours aussi plaisant à défaut d’être original ou passionnant, ce troisième tome voit nos deux justiciers combattre ensemble pour la première fois. Une lecture distrayante mais un peu trop enfantine pour moi, même si c’est le lectorat visé par l’auteure/dessinatrice.

    25/10/2022 à 11:20

  • J'irai voir Venise

    Patricia Lyfoung

    6/10 Direction Venise pour nos deux tourtereaux justiciers. Beaucoup moins d’action dans ce quatrième tome, où ce sont les courses-poursuites et autres focus sur le décor vénitien qui prennent le pas sur le reste. Un final où nos héros intègrent le cercle des pirates et rejoignent Istanbul. Sympathique lecture, mais vraiment sans plus à mon goût.

    25/10/2022 à 11:21

  • Je crois que je t'aime

    Patricia Lyfoung

    6/10 Nos héros sont toujours en Turquie à la recherche du fameux trésor. Un cocktail connu d’exotisme/romance/humour/aventure, où Guilhem sera à un moment donné en bien mauvaise posture. La cathédrale dédiée aux Templiers et édifiée en plein désert (certainement inspirée de la cité de Pétra) retient l’attention de même que les pouvoirs qu’elle prodigue (façon Dragon Ball : assez moyen, je trouve, comme trouvaille). Une aimable lecture, juste apte à procurer quelques dizaines de minutes d’une lecture délassante.

    06/11/2022 à 19:21 1

  • Maître Dagélius

    Luigi Critone, France Richemond

    5/10 1698 (soit deux ans après le précédent tome) : Johann poursuit ses travaux. Scènes de cour, nocturnes, de réunion de la société secrète : l’ensemble demeure agréable mais le rythme se met à devenir un peu ronronnant, je trouve. Malgré l’incendie ainsi que la ressuscitation en fin d’ouvrage, ce deuxième tome est assez mou. Dommage.

    11/12/2023 à 20:13 2

  • Ulysse

    Hélène Montardre

    8/10 … ou l’incroyable épopée d’Ulysse, retranscrite ici par Hélène Montardre. Tous les grands événements de son existence y sont narrés : sa rencontre avec Pénélope, lorsqu’il singe la folie, le Cheval de Troie, les Lotophages, Polyphème, l’outre des vents, Calypso, les chants des sirènes, Charybde et Scylla, le retour en Ithaque, quand son chien puis sa nourrice le reconnaissent malgré les oripeaux d’un vieillard sans le sou, l’épreuve de l’arc et la reconquête de son identité, de son trône et du cœur de son épouse. Encore une fois avec les livres de cette collection, j’ai passé un très bon moment de lecture, où les épisodes foisonnent, mettant en relief l’intelligence et l’imagination des auteurs de l’Odyssée. Hélène Montardre colle parfaitement au texte originel et à l’immense légende née de ce récit, la concision ne faisant que mettre en relief la densité humaine, littéraire et aventureuse de cette destinée hors du commun, ainsi que les protagonistes incroyables et inoubliables de ces péripéties. Un grand moment de littérature, rendant hommage avec réflexion et efficacité à un pan mémorable de la mythologie grecque. En outre, le langage s’adapte à la cognition des jeunes lecteurs auxquels se destine en priorité cet ouvrage, mais les adultes peuvent bien évidemment embarquer avec l’astucieux et roublard Ulysse, au gré des mers et des influences des dieux.

    17/07/2020 à 08:29

  • #Scoop

    Yann Le Poulichet

    6/10 Baptiste Jourdain, journaliste au magazine Scoop, découvre dans les toilettes des bureaux de la revue le corps de Pascal Doumantier, égorgé. Aidé de la désirable commissaire Isabelle, Baptiste va user de ses connaissances du milieu médiatique pour appréhender le criminel.

    Yann Le Poulichet nous livre un cocasse roman policier. Dès le premier paragraphe, la victime du crime est découverte, et le style plein d’allégresse de l’auteur ne faiblit jamais. Fort d’une excellente culture journalistique – l’écrivain publie des articles dans Voici, les réparties risibles sont nombreuses et claquent efficacement. Les situations, portraits vitriolés des mœurs des journaux travaillant dans le people, sont sacrément bien senties, et l’on s’amuse autant que l’on s’instruit au gré des diverses mécaniques et méthodes de travail si particulières. Avec cet ouvrage, vous apprendrez tout des techniques employées : comment les paparazzis planquent, les moyens de payer les informateurs, ainsi que quelques éléments intéressants sur les dessous de la profession. En soi, l’intrigue n’est pas véritablement mémorable, mais Yann Le Poulichet nous régale sur un tout autre domaine : l’humour. L’histoire n’est en fait qu’un prétexte – habilement exploité – pour nous faire découvrir les coulisses de ce business parfois peu reluisant, avec à la clef une sacrée dose de second degré. Malgré cet aspect policier qui passe à l’arrière-plan, on passe un agréable moment aux côtés de ces reporters (souvent) de l’inutile.

    01/04/2017 à 09:41 1

  • ... et tu pris le nom de Caïn

    Chetville, Hervé Richez

    6/10 Sam Lawry a échappé à l’incendie mais sa femme et le fils qu’elle a eue avec le frère de Sam ont été assassinés. Je trouve que la série s’est un peu perdue en quittant le Vietnam et en rejoignant les rives de chez l’Oncle Sam avec cette histoire de complot politique, avec un peu trop de bavardages et d’élément déjà lus ou vus ailleurs. Néanmoins, cette série continue à se laisser lire, et j’ai bien apprécié ce clin d’œil appuyé au film « Taxi Driver ».

    18/06/2023 à 17:52 1

  • 1, 2, 3, nous irons au bois

    Philip Le Roy

    8/10 Fanny, lycéenne adepte des réseaux sociaux, est approchée pour participer, avec neuf autres jeunes, au défi intitulé Ne reviens pas !. Le but : demeurer le dernier des compétiteurs dans une forêt du sud-est de la France sans avoir appelé au secours. Une forêt où l’on prétend que des suicides ont déjà eu lieu et des apparitions inquiétantes également. Sauf que les dés semblent pipés. Et si ce jeu n’était qu’un traquenard ?

    Après le très réussi Dans la maison, Philip Le Roy revient avec un ouvrage très proche du précédent. Un opus destiné à un lectorat plutôt adolescent, même si sa lecture conviendra amplement à des adultes. D’entrée de jeu, le ton est donné : l’auteur va jouer à fond – et avec beaucoup de talent – la carte des émotions fortes. Car rien ne sera épargné à nos joueurs : hallucinations, présence d’animaux féroces, existence de fantômes et autre agresseurs surnaturels, bruits inquiétants, sans compter une étrange maison bâtie au fond des bois. Les rebondissements, incessants, ainsi que les cliffhangers vont se multiplier, faisant passer à une vitesse folle les soixante-quatre chapitres de ce livre étourdissant. Philip Le Roy maîtrise les codes du genre, qu’ils soient littéraires ou cinématographiques, et nul ne doute qu’il saura faire passer, avec ce roman explosif, d’excellents – et anxiogènes – moments à son lectorat. Dans le même ordre d’idée, il a su se mettre à la place de celles et ceux à qui il destine cet opus, notamment au niveau des attitudes et des psychologies : chacun des candidats rappellera nécessairement une connaissance aux lecteurs, et son art consommé pour les punchlines efficaces et humoristiques séduira tout autant. Le final est réussi, avec un enchevêtrement de poupées gigognes, la dernière à être dévoilée étant particulièrement réussie, et offrant une morale intelligente sans pour autant être vaniteuse ni moralisatrice.

    Encore un très bon roman que nous livre Philip Le Roy ; qu’il s’adresse aux adultes ou aux plus jeunes, souhaitons que cet auteur continue de nous divertir et de nous surprendre pendant encore de très longues années.

    30/06/2020 à 21:34 3

  • 10 façons de bouleverser le monde

    Ouvrage collectif

    7/10 Dix auteurs ont relevé le défi de l’uchronie. L’un des grands intérêts de ce recueil est la diversité des sensibilités des écrivains. Certains, comme Pierre Pelot ou Fabrice Colin, ont choisi respectivement un épisode biblique et l’Egypte antique pour deux récits très réussis, où le blanc de la littérature domine. Jean-Marc Ligny s’attache à la rencontre très touchante entre les hommes de Cro-Magnon et ceux de Neandertal. La suite du recueil est bien plus tournée vers l’action. Michel Pagel met en scène un Pierre Corneille qui va jouer un rôle important dans le cours des événements. Johan Heliot imagine un monde où Napoléon a vaincu ses adversaires premiers avant d’envahir les Etats-Unis et de devenir un immonde tyran. Laurent Genefort, Xavier Mauméjean et Chris Debien signent chacun des écrits forts, nerveux et qui, à défaut d’être très originaux, seront peut-être ceux qui marqueront le plus les lecteurs en raison de leur efficacité. En revanche, les histoires de Alain Grousset et de Roland C. Wagner sont atypiques ; cependant, elles marquent un peu le pas par rapport aux autres, notamment en raison du fait qu’elles sont moins percutantes et parleront peut-être moins aux jeunes lecteurs auxquels s’adresse cet ouvrage.

    Riche et varié, entre littérature blanche, noire et fantastique, cet assortiment de nouvelles est un petit régal.

    05/04/2016 à 08:53 3

  • 100 jours en enfer

    John Aggs, Ian Edginton

    8/10 Il était à craindre que l’adaptation en bande dessinée de l’œuvre de Robert Muchamore donne lieu à une simple production commerciale, sans âme ni mérite. Cet ouvrage prouve le contraire : c’est aussi palpitant que la version romanesque, et l’histoire est ici servie par un graphisme expressif et panaché.

    15/10/2012 à 18:26

  • 1275 âmes

    Jim Thompson

    10/10 Nick Corey, shérif en chef du canton de Potts, est un homme que tout accable. Raillé par les uns, maltraité par les autres, sur le point de perdre son mandat, il se noie également dans des relations sentimentales qui ne le comblent pas. Lassé par cette situation déprimante, il se décide enfin à faire le ménage dans sa ville. Ce sera pour lui le début d’une lente reconquête de la commune.

    1275 âmes est sans nul doute un chef-d’œuvre de la littérature policière bien qu’il ait été écrit il y a quarante ans. Les personnages sont tous magnifiquement rendus, l’intrigue est jouissive au possible, cynique et corrosive. Les travers des administrés de Nick Corey sont soulignés en quelques lignes et l’ensemble est parfaitement cohérent. Par ailleurs, Jim Thompson possède un véritable talent de narrateur, mettant en scène des individus qui se perdent dans leurs contradictions et leurs sournoiseries, criblant ses répliques et situations d’un humour ravageur. En cela, il constitue un excellent pendant à Le Démon dans ma peau, sombre et désespéré, achevant de faire de cette lecture une nécessité pour tout amateur de lecture noire.

    27/05/2008 à 18:34 4

  • 1952

    Alex Maleev , Mike Mignola

    7/10 Bruttenholm et son protégé Hellboy ainsi que quelques soldats s’envolent, direction le Brésil et une étrange citadelle où se déroulent d’étranges phénomènes… Pour moi, le plaisir d’enfin me lancer dans la lecture d’un véritable comics et de retrouver l’inénarrable Hellboy qui a rapidement fort à faire face à une sorte de singe qu’il combat dans l’ancienne église, un crocodile, la découverte de sordides expérimentations, Raspoutine et d’enfiévrés fanatiques nazis, etc. Un sacré cocktail d’action pour une lecture particulièrement divertissante.

    17/05/2023 à 18:58 1

  • 1953

    Mike Mignola, Paolo Rivera

    7/10 Une maison hantée, une main mobile et une créature bien costaude pour commencer ce deuxième opus : on est tout de suite dans le bain. Viennent ensuite de la sorcellerie et des spectres de soldats, un kelpie (un cheval d’eau), un détour par le Wyoming avec les âmes errants de mineurs, une sorte de lévrier afghan qui terrorise une petite ville, etc. De l’humour et de l’action ininterrompus pour un divertissement total !

    22/05/2023 à 20:31 2

  • 1954

    Stephen Green, Mike Mignola

    7/10 Une station dans l’Arctique aux prises avec de mystérieux événements, des phénomènes paranormaux à Baltimore liés à un garçon et à un singe, Hong-Kong et des apparitions de monstres, des revenants et un miroir : même si j’ai moins apprécié la troisième histoire et que la dernière m’a semblé assez faible (à moins qu’elle ne soit volontairement inachevée ?), l’ensemble demeure particulièrement plaisant et réjouissant.

    13/07/2023 à 08:18 1

  • 1955

    Brian Churilla, Mike Mignola

    7/10 Oregon, Îles Marshall, Floride. Revoilà notre Hellboy sur la piste de diverses créatures et autres phénomènes paranormaux (démons, dinosaures, bestiole chimérique, combustion spontanée). De la belle ouvrage, purement récréative et distrayante : même si je ne suis pas spécialement fan du graphisme de Brian Churilla, voilà un très agréable quatrième tome de la série.

    13/01/2024 à 20:21 2

  • 1956

    Paul Grist, Mike Mignola

    7/10 Des carnages au Mexique, et voilà Hellboy qui s’envole là-bas tandis qu’en URSS, une dénommée Varvana, aux allures de gamine blondinette insupportable, fait passer ses caprices avant tout, au grand dam des services secrets soviétiques, quitte à provoquer une combustion spontanée chez celui qui lui tient tête.
    Un graphisme très particulier et réussi, Hellboy qui se poivre bien comme il faut avec des lutteurs mexicains, qui se castagne également avec eux sur le ring et qui apparaît dans un film : un épisode très fun, parfois parodique, qui délasse complètement.

    03/04/2024 à 18:26 2

  • 1991

    Franck Thilliez

    9/10 En 1991, Franck Sharko a tout juste trente ans et a intégré le 36 du Quai des Orfèvres. Encore novice, il va participer à une enquête vertigineuse qui commence par une histoire de lettres anonymes envoyant leur destinataire sur les lieux d’un crime où une femme a été massacrée (organes génitaux brûlés). Mais ce n’est que le début d’un long hiver pour l’équipe de policiers, un enfer graduel qui va les mener à la chasse menée par un prédateur d’un rare machiavélisme.
    Des Franck Thilliez, j’en ai lu un bon paquet, mais celui-ci, indéniablement, est un régal. On y retrouve le style de l’auteur, avec des phrases simples et directes, sans recherche particulière, qui vont à l’essentiel et cognent rapidement. Des descriptions lapidaires, des personnages écorchés, un peu trop souvent reliées à un surnom à mon humble avis, et confrontés à une énigme redoutable. Une fois la dernière page refermée, j’ai essayé de remettre tout à l’endroit et tout se tient : date, processus meurtrier, interactions, charpente narrative. Un extraordinaire travail de documentation, un soubassement scénaristique de premier ordre. Et sur ces fondations, la patte Thilliez : des chapitres courts et véloces (77 en tout), qui s’enchaînent avec maestria, un pur page-turner à la française qui a l’excellent goût de ne rien pomper aux auteurs américains. Je ne parle même pas de la richesse des thèmes abordés (vaudou, magie, expérimentations médicales bien trash, psychés déstructurées, jeu de piste infernal, enfants bousillés, etc.). Difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue, mais, même si l’on retrouve effectivement, comme noté dans d’autres commentaires de mes petits camarades, des éléments déjà présents dans d’autres ouvrages et ainsi « recyclés », ce cocktail m’a littéralement bluffé. Et puis, quelle riche idée de proposer une enquête de Sharko, sa première, où se dessine déjà son caractère fort et sagace, à une époque révolue où les communications étaient si différentes de celles que nous connaissons aujourd’hui (le « mot de la fin » de l’écrivain nous éclaire en peu de mots à ce sujet à propos de son confinement mais avec beaucoup de tact et de justesse). Bref, encore une fois, un excellent thriller de la part de Franck Thilliez : je ne suis pas près d’oublier la scène avec le mamba noir, les références à Houdini, les traitements médico-sexuels sur les gamins ou encore ce qu’est la cryptophasie. Un diamant littéraire brut(al).

    03/04/2023 à 18:11 6

  • 20 pieds sous terre

    Charlotte Erlih

    9/10 Un excellent roman, prenant de bout en bout, avec des pages très belles quant au deuil. Une écriture sobre, sombre et acérée, parfois très proche de la littérature adulte, qui magnifie une histoire intelligente. Une réussite totale, dont je ne regrette que l’épilogue, trop à l’eau de rose à mon goût, quand le récit tout entier baignait dans le noir.

    23/04/2016 à 11:18 3

  • 2030, l'Odyssée de la Poisse

    Antoine Chainas

    8/10 En cette année 2030, la société a souvent recours aux clones, notamment pour des expériences sexuelles pour les individus les plus âgés, et Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe, cède à cette tentation. Or, il se trouve qu'un tueur en série s'en prend aux clones. Georgie l'Omnimorphe est l'un d'entre eux. Puisque que Gabriel s'est servi de lui pour satisfaire les appétits de stupre de Chéryl, sa copine, il décide de voler aux secours de son espèce, honnie par les humains. Le Poulpe a soixante-dix ans ? Tout le monde le croit mort et enterré ? On n'a jamais que l'âge de ses artères, et celles qui parcourent les tentacules du Poulpe ont encore beaucoup de jus libertaire à charrier.

    Deux-cent-soixante-neuvième enquête du Poulpe signée par Antoine Chainas, cet épisode ne déroge pas à la règle. On y retrouve Gabriel Lecouvreur, enquêteur au grand cœur et au goût prononcé pour la justice, avec de belles diatribes contre la société de consommation. Croisant son univers avec celui de l'anticipation, assez proche de Frères de chair de Michael Marshall Smith, Antoine Chainas réussit un opus qui répond parfaitement au cahier des charges, tout en y insufflant une âme propre. On se balade avec plaisir dans cette société où règne le capitalisme et où les clones sont relégués au rang de sous-hommes. D'ailleurs, la clef de l'énigme est une véritable perle, amenant le lecteur à réfléchir à des questions particulièrement profondes comme l'esclavage, quelle qu'en soit la forme, et la conscience de soi et des autres. Celles et ceux qui auront aimé Versus, Anaisthêsia, ou encore le très récent Une histoire d'amour radioactive, retrouveront avec joie la plume d'Antoine Chainas, féroce et crue. Sous l'apparente badinerie de certains propos s'ancrent de très justes préceptes sur la place de l'être humain au sein de la société. Certes, on pourra reprocher à Gabriel d'être un peu plus spectateur qu'acteur, lui-même devenant le jouet d'une machination, mais le ton, l'originalité du contexte temporel choisi pour cette enquête ainsi que l'efficacité de cette dernière achève de faire de 2030, l'odyssée de la poisse une excellente cuvée.

    Au sein de la bibliographie d'Antoine Chainas, cette investigation du Poulpe ne marque pas une pause, encore moins un changement. C'est une sorte de synthèse, concise et incisive, de deux univers : celui du Poulpe et celui d'Antoine Chainas. Une alchimie très aboutie où il serait bien difficile de bouder son plaisir.

    24/10/2010 à 11:30 1