Rouge ou mort, c'est l'histoire de Bill Shankly, un homme entier dont la vie entière tourne autour d'une seule chose : sa passion dévorante pour le football. S'il a d'abord été un joueur professionnel de bon niveau (vainqueur de la FA Cup en 1938 avec Preston North End, 5 sélections en équipe d’Écosse) puis entraîneur de plusieurs clubs, c'est surtout à la longue période durant laquelle il a été manager du Liverpool Football Club (1959-1974) que s'intéresse le roman.
David Peace est un styliste du roman, ce qui pourra dérouter plus d'un lecteur le découvrant avec ce titre. Dans Rouge ou mort, il joue de la répétition, ou plutôt de la scansion, d'une manière extrême, allant jusqu'à redonner à lire régulièrement des passages en tout point identiques (les entraînements de début de saison, les systèmes de jeu, etc. ). C'en sera peut-être trop pour certains lecteurs, surtout sur près de 800 pages. Ceux-là ne doivent pas espérer que le style change au cours du roman, il n'en sera rien. Pour les autres, après un moment d'adaptation, où la lecture peut s'avérer un peu pénible sans tenir pour autant du pensum, l'ambitieux procédé littéraire de l'auteur de la tétralogie du Yorkshire (1974, 1977, 1980, 1983) prend. Mieux, il fait des miracles, parvenant à faire se passionner des lecteurs intéressés ni par le football ni par Liverpool à des matches des Reds vieux d'un demi-siècle. Quant aux passionnés du ballon rond, ils y trouveront aussi largement leur compte : ils assisteront aux débuts de joueurs de légende comme Roger Hunt ou Kevin Keegan, s'extasieront devant le jusqu’au-boutisme tactique de Shankly et saisiront sans doute un peu ce qu'est le quotidien d'un manager ne vivant que pour son équipe.
À la lecture de Rouge ou mort, on comprend aisément que Bill Shankly, personnage hors-norme, fidèle au possible, épris de beau jeu, abhorrant la défaite et ayant un respect sans bornes pour les supporters tout en restant profondément humain (il tenait personnellement à prendre la plume pour répondre aux courriers de fans et y passait des heures), ait pu donner l'envie à David Peace de faire de sa vie un roman. On prend donc plaisir à suivre l'ascension de Shankly, d'abord laborieuse, faite de hauts et de bas, puis irrésistible. Puis, peu à peu dévoré par sa passion – plus d'une femme l'aurait quitté en cours de route ; pas la sienne – Shankly reste campé sur ses certitudes, ayant du mal à saisir l'évolution du football, pas tant du jeu que de ses à-côtés. Commence alors une descente inéluctable au bout de laquelle le monde impitoyable du « foot business » que nous connaissons aujourd'hui finira par avoir la peau de cet entraîneur exemplaire, injustement méconnu, y compris des amateurs de football.
Surprenant à plus d'un titre, presque dérangeant dans son écriture, Rouge ou mort est un roman qui s'avère finalement aussi réussi qu'ambitieux, ce qui est peu dire. Certains lecteurs resteront sans doute hermétiques à la démarche littéraire de David Peace. Pour les autres, l'expérience de lecture sera vraisemblablement inoubliable – on en a parfois des frissons. Un tour de force !
Rouge ou mort, c'est l'histoire de Bill Shankly, un homme entier dont la vie entière tourne autour d'une seule chose : sa passion dévorante pour le football. S'il a d'abord été un joueur professionnel de bon niveau (vainqueur de la FA Cup en 1938 avec Preston North End, 5 sélections en équipe d’Écosse) puis entraîneur de plusieurs clubs, c'est surtout à la longue période durant laquelle il a été manager du Liverpool Football Club (1959-1974) que s'intéresse le roman.
David Peace est un styliste du roman, ce qui pourra dérouter plus d'un lecteur le découvrant avec ce titre. Dans Rouge ou mort, il joue de la répétition, ou plutôt de la scansion, d'une manière extrême, allant jusqu'à redonner à lire régulièrement des passages en tout point identiques (les entraînements de début de saison, les systèmes de jeu, etc. ). C'en sera peut-être trop pour certains lecteurs, surtout sur près de 800 pages. Ceux-là ne doivent pas espérer que le style change au cours du roman, il n'en sera rien. Pour les autres, après un moment d'adaptation, où la lecture peut s'avérer un peu pénible sans tenir pour autant du pensum, l'ambitieux procédé littéraire de l'auteur de la tétralogie du Yorkshire (1974, 1977, 1980, 1983) prend. Mieux, il fait des miracles, parvenant à faire se passionner des lecteurs intéressés ni par le football ni par Liverpool à des matches des Reds vieux d'un demi-siècle. Quant aux passionnés du ballon rond, ils y trouveront aussi largement leur compte : ils assisteront aux débuts de joueurs de légende comme Roger Hunt ou Kevin Keegan, s'extasieront devant le jusqu’au-boutisme tactique de Shankly et saisiront sans doute un peu ce qu'est le quotidien d'un manager ne vivant que pour son équipe.
À la lecture de Rouge ou mort, on comprend aisément que Bill Shankly, personnage hors-norme, fidèle au possible, épris de beau jeu, abhorrant la défaite et ayant un respect sans bornes pour les supporters tout en restant profondément humain (il tenait personnellement à prendre la plume pour répondre aux courriers de fans et y passait des heures), ait pu donner l'envie à David Peace de faire de sa vie un roman. On prend donc plaisir à suivre l'ascension de Shankly, d'abord laborieuse, faite de hauts et de bas, puis irrésistible. Puis, peu à peu dévoré par sa passion – plus d'une femme l'aurait quitté en cours de route ; pas la sienne – Shankly reste campé sur ses certitudes, ayant du mal à saisir l'évolution du football, pas tant du jeu que de ses à-côtés. Commence alors une descente inéluctable au bout de laquelle le monde impitoyable du « foot business » que nous connaissons aujourd'hui finira par avoir la peau de cet entraîneur exemplaire, injustement méconnu, y compris des amateurs de football.
Surprenant à plus d'un titre, presque dérangeant dans son écriture, Rouge ou mort est un roman qui s'avère finalement aussi réussi qu'ambitieux, ce qui est peu dire. Certains lecteurs resteront sans doute hermétiques à la démarche littéraire de David Peace. Pour les autres, l'expérience de lecture sera vraisemblablement inoubliable – on en a parfois des frissons. Un tour de force !