Blackout Baby

3 votes

  • 7/10 Le mythe de Jack l’éventreur revisité avec, en écho, une autre affaire de meurtres durant le Blitz Krieg. Un assassin qui frappe durant le Blackout, des femmes prostituées, des meurtres d'une sauvagerie inouïe. Le contexte historique, très bien rendu, l'ambiance des rues sombres de Londres, le côté tiré d'une "histoire vraie", la qualité d'écriture, font de ce récit un ouvrage de bonne facture. Mais je ne suis pas fan en général des mythes revisités, cela donne un caractère "réchauffé" et du côté de l'histoire, le fait que l'on suive l'enquête en connaissant l'assassin, puisqu'on le suit lui aussi, ne m'a pas emballé. Les états d'âme, des pages et des pages, d'Amelia Pritlowe m'ont, quant à eux, carrément énervé. 6.5

    10/04/2018 à 08:37 Polarbear (783 votes, 7.7/10 de moyenne) 4

  • 9/10 El Marco a tout dit dans sa critique. Le contexte historique est excellemment rendu et l'on se retrouve à revivre les heures noires de la guerre et du couvre-feu à la poursuite d'un tueur impitoyable. A lire !

    05/01/2017 à 20:11 mireille (430 votes, 7.6/10 de moyenne) 2

  • 9/10 Dans le Londres de ce début 1942, la Luftwaffe n’est pas nécessairement l’ennemi le plus angoissant. Un individu, que la presse surnomme déjà le Blackout Ripper, massacre des femmes. Un cabinet réunissant des élites politiques et policières craint qu’il s’agisse de l’œuvre d’une cinquième colonne, de communistes, ou de suppôts nazis, afin de terroriser la population. Un ancien policier, Walter Dew, va rencontrer Amelia Pritlowe, afin qu’elle l’aide à arrêter ce monstre. Car il se pourrait que ce dernier ait déjà en tête un plan bien plus abject et abominable…

    Après Retour à Whitechapel, Michel Moatti signe le deuxième tome de la série consacrée à Amelia Pritlowe. Dans le précédent opus, elle se découvrait être la fille de l’une des victimes de Jack l’Eventreur, et c’est parce qu’elle a réussi à mener à bien sa traque que la police se tourne vers elle pour cette chasse à l’homme. Il est d’ailleurs à noter que les deux ouvrages ne doivent pas particulièrement être pris dans l’ordre, d’autant qu’aucun spoiler ne vient gâcher cette éventuelle lecture désordonnée. Nous avons ici un tueur en série particulièrement sadique et dérangé, dont l’auteur nous restitue avec intelligence la genèse : un être ayant voulu s’élever au-dessus de sa condition en profitant de sa nyctalopie, mais surtout sujet à de fortes céphalées et rabroué par ses contemporains. Sa rédemption, il croit la trouver dans la lecture et l’application des préceptes ésotéristes de l’occultiste Aleister Crowley. Le récit apparaît parfois classique dans sa mise en œuvre – sa rythmique, pourrait-on dire – avec la montée en puissance de l’assassin, la rencontre avec son bien involontaire mentor, les indices qu’il laisse sur les lieux de ses perversions, etc. Néanmoins, Michel Moatti est un écrivain de premier ordre, qui sait donner vie à une multitude de personnages, avec une réelle densité : Amelia, à la fois hésitante à se remettre en service, comme Dew, qui n’est que zones d’ombre, et ayant à se racheter de n’avoir pu arrêter, un demi-siècle plus tôt, Jack L’Eventreur. C’est aussi un portrait saisissant de Londres durant le Blackout, des montées d’angoisse à la pénurie alimentaire, de la gestion des nombreux blessés et mutilés – Amelia officie comme infirmière quotidiennement à leur côté – à la crainte d’une attaque de plus grande envergure. Car, en homme instruit et ayant amplement préparé le terrain de ce livre, Michel Moatti a nettement mis en relief des situations et opérations rappelant le joueur de flûte de Hamelin ou encore le Massacre des Innocents par Hérode. Autre fait troublant tout autant que marquant : Gordon Cummins, le tueur en série, a réellement existé, et dans des conditions particulièrement proches de celles décrites tout au long du livre. Certes, dans sa postface, l’écrivain admet lui-même avoir pris quelques libertés avec l’historicité de certains faits et personnages, mais ces très rares licences littéraires mettent néanmoins bien en avant à quel point le réel et le fictif peuvent se rejoindre dans le sang.

    Voilà donc un thriller historique de premier ordre, qui vaut moins pour certains passages attendus que l’immense qualité de sa narration, le trouble qui naît lorsque l’on sait qu’il est inspiré de faits réels, et qu’il se déroule dans une ambiance singulièrement alarmante ayant peu servi de toile de fond à la littérature policière. Pour l’anecdote, John Lawton s’est servi de ce cadre à la fois historique et géographique dans Black-out, tandis que Jean-Marc Ligny évoque Aleister Crowley dans La Ballade des perdus.

    15/12/2016 à 18:25 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne) 3