Le 17 novembre, un camion-poubelle passe devant le 13, rue des Noyers, comme tous les mardis et vendredis matin. Sauf que ce matin, à cause du brouillard peut-être, il heurte la poubelle. De l'un des sacs renversés sort un poing, un petit poing de nourrisson. Sans doute celui de Yanis, le bébé de Leïla, la mère célibataire du 2e étage. C'est en tout cas ce qu'imagine Lucie, sa voisine du dessus, journaliste free-lance en manque de piges. L'occasion pour elle de vendre enfin quelques articles, même si elle aurait préféré s'en passer.
Depuis son premier roman déjà sympa, La baba-yaga, paru en 2005, Élisa Vix a parcouru du chemin. Elle a gagné en savoir-faire et sans doute en confiance. Il en fallait assurément pour oser se lancer dans un roman policier choral uniquement écrit à la première personne. À la lecture, tout paraît très simple : le style, l'enchaînement des points de vue, l'alternance des temps (avec des flash-back et les notes de Lucie) ainsi que des façons de s'exprimer. Lucie, la pigiste de 28 ans célibataire (depuis 348 jours), ne pense pas comme Marco, le beau gosse dragueur du premier, ni comme Pierre, au rez-de-chaussée, inconsolable depuis le décès de sa femme, ni encore comme Kévin, son fils, l'ado mal dans sa peau qui se réfugie comme il peut dans les jeux vidéos et la haine de ce qui lui reste (son père et l'école). Pourtant, on imagine bien qu'il en faut du travail, et du talent, pour assembler tous ces éléments de telle manière, faire que tout s'imbrique si bien et sonne si juste. On s'identifie assez aux personnages, sauf peut-être à celui de Marco, qui est une belle pourriture dans son genre.
Si l'on prend plaisir à suivre l'évolution des personnages, la conclusion de l'enquête, menée aussi bien par Lucie que par la commissaire Beethoven – « comme le musicien ou le chien, c'est selon » – semble tellement aller de soi que certains lecteurs se diront peut-être en cours de lecture « tout ça pour ça ? ». C'est mal connaître Élisa Vix, qui comme dans le déjà très bon La nuit de l'accident (2012), prend un malin plaisir à achever son lecteur en lui assénant un ultime rebondissement, aussi inattendu que bien trouvé, dans les toutes dernières pages.
Élisa Vix confirme de livre en livre qu'on peut compter sur elle pour écrire de beaux petits polars – ils ne sont jamais très longs, tout juste 200 pages ici – bien écrits, touchants et surprenants. Une auteur trop peu connue qui mérite de l'être davantage. Bonne découverte !
Le 17 novembre, un camion-poubelle passe devant le 13, rue des Noyers, comme tous les mardis et vendredis matin. Sauf que ce matin, à cause du brouillard peut-être, il heurte la poubelle. De l'un des sacs renversés sort un poing, un petit poing de nourrisson. Sans doute celui de Yanis, le bébé de Leïla, la mère célibataire du 2e étage. C'est en tout cas ce qu'imagine Lucie, sa voisine du dessus, journaliste free-lance en manque de piges. L'occasion pour elle de vendre enfin quelques articles, même si elle aurait préféré s'en passer.
Depuis son premier roman déjà sympa, La baba-yaga, paru en 2005, Élisa Vix a parcouru du chemin. Elle a gagné en savoir-faire et sans doute en confiance. Il en fallait assurément pour oser se lancer dans un roman policier choral uniquement écrit à la première personne. À la lecture, tout paraît très simple : le style, l'enchaînement des points de vue, l'alternance des temps (avec des flash-back et les notes de Lucie) ainsi que des façons de s'exprimer. Lucie, la pigiste de 28 ans célibataire (depuis 348 jours), ne pense pas comme Marco, le beau gosse dragueur du premier, ni comme Pierre, au rez-de-chaussée, inconsolable depuis le décès de sa femme, ni encore comme Kévin, son fils, l'ado mal dans sa peau qui se réfugie comme il peut dans les jeux vidéos et la haine de ce qui lui reste (son père et l'école). Pourtant, on imagine bien qu'il en faut du travail, et du talent, pour assembler tous ces éléments de telle manière, faire que tout s'imbrique si bien et sonne si juste. On s'identifie assez aux personnages, sauf peut-être à celui de Marco, qui est une belle pourriture dans son genre.
Si l'on prend plaisir à suivre l'évolution des personnages, la conclusion de l'enquête, menée aussi bien par Lucie que par la commissaire Beethoven – « comme le musicien ou le chien, c'est selon » – semble tellement aller de soi que certains lecteurs se diront peut-être en cours de lecture « tout ça pour ça ? ». C'est mal connaître Élisa Vix, qui comme dans le déjà très bon La nuit de l'accident (2012), prend un malin plaisir à achever son lecteur en lui assénant un ultime rebondissement, aussi inattendu que bien trouvé, dans les toutes dernières pages.
Élisa Vix confirme de livre en livre qu'on peut compter sur elle pour écrire de beaux petits polars – ils ne sont jamais très longs, tout juste 200 pages ici – bien écrits, touchants et surprenants. Une auteur trop peu connue qui mérite de l'être davantage. Bonne découverte !