Mortel smartphone

  1. Téléphoner tue

    Cherald est adolescent et vit au Congo. Il est à l'école lorsque des hommes armés l'enlèvent, ainsi que tous ses camarades de classe. Les soldats les amènent jusqu'à une mine de coltan où ils doivent travailler dur et sans relâche. Incapables de sortir du camp, réduits à l'esclavage par une bande sans pitié, les jeunes vivent un véritable enfer. Mais Cherald n'est pas du genre à se laisser faire et il compte bien prendre la poudre d'escampette dès que l'occasion se présentera.

    Mortel smartphone est le premier titre de la collection « Les romans de la colère », lancée par Osaka. Son principe, simple, est résumé par l'éditeur en une phrase : « Quand un auteur se met en colère, il en fait un roman. »
    Dans ce titre, Didier Daeninckx, qu'on ne présente plus (on lui doit plus de quatre-vingts romans, principalement policiers), dénonce les conditions dans lesquelles est exploité le coltan, ce minerai rare dont on extrait le tantale. La découverte de ce métal, qui conduit l’électricité sans dégager beaucoup de chaleur, a permis de grandes avancées technologiques en aéronautique et en électronique. C'est grâce aux condensateurs au tantale que les ordinateurs, consoles et autres téléphones ont pu être miniaturisés comme jamais auparavant. Si des gisements sont correctement exploités, en Australie ou en Chine par exemple, une grande partie du coltan mondial provient de mines situées dans des pays africains instables, où des groupes armés profitent du laxisme des autorités pour s'enrichir, en exploitant à l'envi des populations corvéables, et notamment des enfants. Ainsi, on estime que 20% du PIB d'un pays comme le Rwanda provient de l'exploitation mafieuse du coltan. L'auteur, qui se dit par ailleurs fier de ne pas posséder de téléphone portable, a écrit ce texte pour sensibiliser le lecteur européen sur ce sujet ignoré par la plupart des médias et dont n'ont que faire les leaders mondiaux de la téléphonie.
    Grâce à Cherald (le texte est raconté à la première personne), le lecteur suit de manière – peut-être un peu trop – didactique le parcours du coltan, des mines du Congo à notre téléphone.
    Le court roman – une quarantaine de pages – se lit très vite. Il est suivi d'une interview dans laquelle Didier Daeninckx nous explique la genèse de son projet et son intérêt pour cette question du coltan.

    Sans qu'il soit pour autant prohibitif, on pourra peut-être trouver le livre un peu cher eu égard à son modeste nombre de pages. Ceci mis à part, l'on ne peut que saluer l'initiative d'Osaka d'avoir lancé cette intéressante collection, qui compte depuis d'autres titres, signés par Marc Villard, Roger Martin, Zolma ou encore Catherine Fradier, et autant de sujets abordés.

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