L'Assassin habite au 21

  1. Le mystérieux Mr Smith

    Londres vit dans l’effroi. Un tueur insaisissable s’en est déjà pris à sept personnes avant de les voler. Scotland Yard semble dans l’impuissance de capturer ce criminel qui signe ses méfaits d’un papier signé « Mr Smith » sur les dépouilles de ses proies. Quand un aigrefin indique à la police que l’assassin habite au numéro 21 à Russell Square, les espoirs de la maréchaussée renaissent avant de mourir aussitôt, car à cet endroit, ce n’est pas une personne qui y vit, mais plusieurs, dans une pension de famille. Comment parvenir à identifier ce terrible monstre ?

    En 1939, Stanislas-André Steeman signait ce roman qui devait faire date dans le genre policier. Malgré son âge prononcé, c’est avec régal que l’on peut (re)découvrir ce jalon de la littérature. L’écriture est typique de l’époque, légèrement surannée, et la plume de l’auteur procure un rare bonheur : les personnages, bien que nombreux, sont rapidement identifiables, et les dialogues, malgré la légitime tension qu’apporte la traque de ce tueur machiavélique, ne sont pas exempts d’un humour salvateur. Assez court, le livre se lit avec avidité, et l’on se plait à essayer d’imaginer le fin mot de l’histoire, d’autant que Stanislas-André Steeman s’adresse par deux fois au lecteur en lui indiquant qu’il dispose désormais de toutes les cartes nécessaires à la résolution de l’énigme. C’est d’ailleurs une partie de cartes qui permettra à l’un des protagonistes de comprendre l’identité de Mr Smith.

    Même si le retournement final pourra être imaginé par les amateurs du genre, il faut replacer cet ouvrage dans son contexte : écrit il y a plus de sept décennies, il n’en demeure pas moins prenant et diaboliquement original pour l’époque. Et c’est ressentir une réelle jouissance que de pouvoir, en quelque sorte, converser avec un septuagénaire aussi bien conservé.

    /5