Yves, sorti satisfaire une envie pressante, croit entendre des gémissements. Il trouve son voisin Michel allongé dans la boue à côté de son tracteur, assommé, une vilaine plaie à la tête. Pour les deux agriculteurs, pas de doute, il s'agit d'un avertissement des hommes de Raymond Cloarec, le « roi du cochon », président de la « Coopé », qui veut faire main basse sur les terres des deux paysans pour agrandir son empire. Ces derniers ne veulent pas vendre leur ferme familiale et sont bien décidés à résister à tout prix.
Paru en 2001 chez Baleine, ce second roman de Gérard Alle est sous-titré « polar fermier ». Tout un programme. Ajoutez à cela une citation de Victor Hugo mise en exergue (« Le fait est que les Bretons ne comprennent rien à la Bretagne. Quelle perle et quels pourceaux ! ») et un premier chapitre plantant le décor bien comme il faut et on comprend d'emblée dans quelle ambiance on va être plongés. Dans la boue de la Bretagne profonde, celle où les cochons sont plus nombreux que les habitants et où l'agriculture intensive fait les dégâts que l'on sait.
Un habile saut dans le temps nous fait rapidement comprendre que Michel se morfond en prison, sans qu'on ne sache pour quoi. Retour au présent. Hervé, un jeune qui souhaitait s'installer comme agriculteur, a disparu. C'est louche. Michel et Yves vont partir à sa recherche avec l'aide de Joël, un hippie contestataire fort en gueule.
L'intrigue tient la route, les personnages sont attachants, et comme dans un Poulpe – l'auteur en a d'ailleurs écrit un peu après, Babel Ouest, le seul titre bilingue de la collection, moitié français moitié breton – Gérard Alle en profite pour dénoncer. Ici, la cible est le modèle agricole intensif et tout ce qui va avec : les ravages qu'il a provoqués en Bretagne, pour les hommes comme pour la nature, mais aussi les collusions entre les patrons de l'agrobusiness et les édiles locaux. On dépasse les quotas, on pollue à foison, on nourrit les bêtes aux farines animales... mais tant qu'on crache au bassinet, on est couvert par les huiles, au grand dam des écolos.
Si l'ensemble se lit bien, le lecteur pourra peut-être regretter que les dosages ne soient pas les mêmes du début à la fin. Alors que le roman commence comme un roman noir social, les touches d'humour se font de plus en plus présentes et le récit se termine en comédie loufoque, où certaines situations cocasses feront assurément passer un bon moment de rigolade. L'auteur s'amuse avec la langue française, passant sans mal de descriptions plutôt classiques à une gouaille paysanne. Il parvient même à nous faire l'accent québécois par écrit, ce qui n'était pas gagné d'avance.
Paru il y a une douzaine d'années, Il faut buter les patates entre encore étonnamment en résonance avec l'actualité bretonne. Les manifestants du roman arborent des casquettes et non des bonnets rouges mais pour le reste, les choses n'ont guère changé. Les lecteurs de l'Ouest saisiront les clins d’œil adressés par Gérard Alle, tel ce festival de rock ambitieux créé par un certain Tristan Cloarec pour redynamiser le territoire.
Yves, sorti satisfaire une envie pressante, croit entendre des gémissements. Il trouve son voisin Michel allongé dans la boue à côté de son tracteur, assommé, une vilaine plaie à la tête. Pour les deux agriculteurs, pas de doute, il s'agit d'un avertissement des hommes de Raymond Cloarec, le « roi du cochon », président de la « Coopé », qui veut faire main basse sur les terres des deux paysans pour agrandir son empire. Ces derniers ne veulent pas vendre leur ferme familiale et sont bien décidés à résister à tout prix.
Paru en 2001 chez Baleine, ce second roman de Gérard Alle est sous-titré « polar fermier ». Tout un programme. Ajoutez à cela une citation de Victor Hugo mise en exergue (« Le fait est que les Bretons ne comprennent rien à la Bretagne. Quelle perle et quels pourceaux ! ») et un premier chapitre plantant le décor bien comme il faut et on comprend d'emblée dans quelle ambiance on va être plongés. Dans la boue de la Bretagne profonde, celle où les cochons sont plus nombreux que les habitants et où l'agriculture intensive fait les dégâts que l'on sait.
Un habile saut dans le temps nous fait rapidement comprendre que Michel se morfond en prison, sans qu'on ne sache pour quoi. Retour au présent. Hervé, un jeune qui souhaitait s'installer comme agriculteur, a disparu. C'est louche. Michel et Yves vont partir à sa recherche avec l'aide de Joël, un hippie contestataire fort en gueule.
L'intrigue tient la route, les personnages sont attachants, et comme dans un Poulpe – l'auteur en a d'ailleurs écrit un peu après, Babel Ouest, le seul titre bilingue de la collection, moitié français moitié breton – Gérard Alle en profite pour dénoncer. Ici, la cible est le modèle agricole intensif et tout ce qui va avec : les ravages qu'il a provoqués en Bretagne, pour les hommes comme pour la nature, mais aussi les collusions entre les patrons de l'agrobusiness et les édiles locaux. On dépasse les quotas, on pollue à foison, on nourrit les bêtes aux farines animales... mais tant qu'on crache au bassinet, on est couvert par les huiles, au grand dam des écolos.
Si l'ensemble se lit bien, le lecteur pourra peut-être regretter que les dosages ne soient pas les mêmes du début à la fin. Alors que le roman commence comme un roman noir social, les touches d'humour se font de plus en plus présentes et le récit se termine en comédie loufoque, où certaines situations cocasses feront assurément passer un bon moment de rigolade. L'auteur s'amuse avec la langue française, passant sans mal de descriptions plutôt classiques à une gouaille paysanne. Il parvient même à nous faire l'accent québécois par écrit, ce qui n'était pas gagné d'avance.
Paru il y a une douzaine d'années, Il faut buter les patates entre encore étonnamment en résonance avec l'actualité bretonne. Les manifestants du roman arborent des casquettes et non des bonnets rouges mais pour le reste, les choses n'ont guère changé. Les lecteurs de l'Ouest saisiront les clins d’œil adressés par Gérard Alle, tel ce festival de rock ambitieux créé par un certain Tristan Cloarec pour redynamiser le territoire.