Ne deviens jamais vieux !

(Don't ever get old)

  1. Oldie but goldie

    Buck Schatz apprend de la bouche d’un ami mourant qu’Heinrich Ziegler, le nazi qui l’avait torturé pendant la guerre, n’est pas mort comme on l’a officiellement cru. Pire : il se serait enfui d’Allemagne en emportant avec lui de nombreux lingots d’or. Si Ziegler est encore en vie, Buck est bien décidé à lui rendre une petite visite qui ne sera pas que de courtoisie.

    Premier ouvrage de Daniel Friedman, ce livre pose les jalons des enquêtes de Buck Schatz. Ancien policier de Memphis, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-sept ans, la vieillesse le contraint, lui et sa femme, à être particulièrement vigilant quant à sa santé. Néanmoins, c’est un personnage sacrément haut en couleur : il continue de fumer comme un sapeur, multiplie les traits d’humour meurtriers, et assène à une grande partie du monde un diagnostic d’un rare cynisme. Son fils est décédé, et il continue de voir son petit-fils, surnommé Tequila mais que Buck afflige bien volontiers d’autres pseudonymes d’inspiration éthylique. Daniel Friedman signe ainsi un roman parcouru d’un humour caustique, dans les réparties comme les situations, et l’on se souviendra par exemple longtemps de ce braquage bien fumeux organisé par Buck et son petit-fils. Parallèlement, l’intrigue, classique, est habilement composée, avec un lot de personnages aussi multiples que suspects, du révérend interlope à sa sculpturale épouse, en passant par un hypothétique agent du Mossad bâti comme un roc et un agent de recouvrement particulièrement zélé. C’est finalement la personne de Buck Schatz qui retient le plus l’attention, à la fois dur à cuire dans son ancien temps au point que Don Siegel l’aurait approché pour lui demander des conseils pour composer L’Inspecteur Harry, et également un homme dévoré par les affres du temps.

    Corrosif et intelligemment mené, voilà un roman policier de très bonne tenue qui s’achève sur une scène marquante où un conseil formulé par Eisenhower va rendre un immense service à notre estimé papy. On a déjà envie de se ruer sur la suite, Ne deviens jamais pauvre !.

    /5