Le nom des ombres

Sortir de l'enfer concentrationnaire syrien

J’avais peur que l’on m’entende, de le dire même à ma propre femme, car ce que j’avais vécu était si dur. Pas parce que j’avais peur d’elle et qu’elle me dénonce… ou si, peut-être. J’ai vécu dans une paralysie de dire. J’avais l’espoir que les choses changent, mais même le régime tombé, je ressens la même peur viscérale. Je ne sais ni comment la tordre, ni comment la briser. Je ne sais même pas comment la nommer… en fait si. Je le sais. Je crois… oui… Ma peur, c’est celle d’une seule chose. J’ai peur qu’ils reviennent.
Mahmoud al-Salim, rescapé de la prison de Tadmor.

Pendant près d’un demi-siècle, le clan Assad a bâti en Syrie un enfer concentrationnaire pour briser la contestation et ses mots. Un texte, une phrase, un slogan, suffisaient à être envoyé dans des abattoirs humains, où toute parole était proscrite. Les hommes étaient torturés à mort, ou jusqu’à n’être plus que des ombres. Arthur Sarradin a été parmi les premiers journalistes à assister à l’ouverture des prisons syriennes. Dans le chaos des premiers mois de la libération et aux quatre coins de la Syrie, il remonte le fil de cette bureaucratie de la mort, raconte les rouages d’un enfer absurde et implacable, grâce aux témoignages de ceux, venus des marges, qui luttent à présent pour trouver ces mots que le régime leur a arrachés. Anciens détenus, petites mains du régime, poètes, fossoyeurs… témoignent de la réalité des prisons. Une réflexion sur la fabrique du silence, l’héritage de la tyrannie, les mémoires en lutte. Une investigation littéraire où la réhumanisation épouse une quête vertigineuse des mots.

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Soumis le 28/10/2025 par boumkoeur

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