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8/10 Carter « Doc » McCoy vient de sortir de prison. Son épouse Carol l’y a aidé grâce à un arrangement avec le juge. Mais ce couple infernal n’est pour autant pas décidé à rentrer dans le droit chemin, et se jette aussitôt dans un cambriolage. Les problèmes s’amoncellent rapidement au-dessus des têtes des criminels, et ces derniers doivent trouver leur salut dans la fuite.
Auteur majeur de la littérature policière américaine, Jim Thompson a marqué les esprits avec des ouvrages majeurs. Rivages a eu récemment l’excellente idée de présenter de nouvelles traductions intégrales de deux de ses œuvres, Le Démon dans ma peau devenu L’Assassin qui est en moi ainsi que Le Lien conjugal qui paraît sous ce titre de L’Échappée. D’emblée, le style séduit : personnages sombres, écriture dénuée de tout jugement, péripéties narrées de manière concise. Les deux protagonistes que sont McCoy et Carol sont presque des archétypes du genre : sans scrupule, calculateurs, et entourés d’amis et complices tout autant glacés que glaçants. On se régale de leur équipée sauvage, au cours de laquelle ils vont être confrontés à une palette d’individus peu recommandables : un juge prêt à se laisser corrompre, un associé aux dents longues et à la peau dure, un voleur malchanceux, une famille de gangsters avec une mère à la poigne forte etc. En deux-cent-trente pages, tout est là : les errances des fugueurs, les liens troubles de l’amour qu’ils nourrissent l’un pour l’autre, les traîtrises et les fidélités. Et la fuite se poursuivra jusqu’au troublant royaume d’El Rey, aussi étrange que fantasmagorique, où les ultimes pages du roman ne cessent d’interpeler le lecteur en raison de leurs divers niveaux d’interprétation et les multiples lectures qui peuvent en être faites.
Sur une partition pourtant très classique, Jim Thompson développe une mélodie imparable, aussi prenante que désespérée. Un délicieux moment de lecture à redécouvrir au travers de cette traduction inédite.13/10/2013 à 09:06 El Marco (3431 votes, 7.2/10 de moyenne)