La Petite Fasciste

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  • 8/10 Il y a une erreur dans le résumé présenté qui a son importance, il ne s'agit pas d'un député macroniste mais bien socialiste, comme on peut le voir sur le site de l'éditeur.
    Ce livre est une excellente chronique politique d'une France malade. Dirigée par "Le Dingue", président qui dissout l'assemblée plus vite que son ombre, toute ressemblance avec des personnages et des situations réelles n'est pas une coïncidence, la République vacille. Prise en étau entre le Bloc patriotique de Dorgelle, la fille du vieux (toute ressemblance ...) et les Insurgés de Machincourt (toute ressemblance ... ). Au milieu, un marais regroupant la sociale-démocratie et les libéraux, est totalement dépassé et déboussolé. Dans ce marigot politique et social, Leroy raconte la vie de Francesca, une jeune militante identitaire de 20 ans, sympathique, cultivée, intello, fasciste par tradition familiale et par romantisme plus que par conviction. D'ailleurs, son amoureux est Jugurtha Aït-Ahmed, jeune kabyle fils du leader CGT des dockers du port. Dans l'autre camp, Patrick Bonneval, 60 ans, député socialiste à bout de souffle, qui voudrait bien passer à autre chose. Dans cet été caniculaire, en proie à tous les démons, climatiques, sociaux, politiques, des personnages de l'ombre vont précipiter les drames. L'auteur oriente le regard du lecteur vers ce que la politique peut avoir de plus dégueulasse en terme de machinations, manipulations, pressions, menaces, chantages. En surface, il dépeint avec beaucoup d'humour, une ironie féroce et une dérision assumée les liaisons honteuses entre une droite dure dite dédiabolisée et les franges extrêmes de nervis déjantés (toute ressemblance ... ). Ça démarre en trombe et le rythme ne va quasiment pas baisser. Le ton est vif, alerte, espiègle par moment. Comme dans Le Bloc, Leroy évite les jugements mais n'élude aucune vérité, surtout si elle dérange. C'est le portrait d'une France possible, qui du jour au lendemain pourrait se réveiller avec une sacrée gueule de bois. Le style et le charisme de l'auteur, la concision de l'histoire, 190 pages, les rebondissements et le réalisme des situations, le ton détaché, la description des zones aussi obscures que fangeuses des tractations politiques, loin des programmes électoraux (toute ressemblance ... ) font de ce livre un véritable pamphlet. J'aurai mis 9/10 s'il n'y avait pas un stratagème scénaristique un peu facile, plausible mais sans plus. Il n’altère en rien la qualité du livre.

    10/04/2025 à 09:31 Surcouf (452 votes, 7.3/10 de moyenne) 4