Le Tableau

  1. L’art du crime

    Le corps du peintre Maximilien Schäfer vient d’être découvert dans une usine désaffectée qui a été réhabilitée en pôle peuplé d’artistes en tous genres : il a été lardé de coups de couteau et ses mains ont été tranchées avant d’être déposées au sol. Le cadavre repose devant une toile fantasmagorique où une goule épouvantable a été peinte. Les inspecteurs Ji et Costa mènent l’enquête qui va les conduire à la fois dans le milieu de l’art, des relations ambiguës de la victime avec les membres de sa propre famille, et un réseau d’ordures pédophiles.

    Après Rouge, voici le deuxième ouvrage de la série consacré à l’inspecteur Ji de Claude Robert. On y retrouve la plume épurée de l’auteure, son style si enclin aux ellipses, ce récit qui ne souffre d’aucun temps mort. L’investigation est prenante, et c’est un réel plaisir que de retrouver nos protagonistes, dont Ji dont la compagne Larissa, également policière, est enceinte de cinq mois, Costa qui essaie de vivre sereinement son homosexualité, ou encore Leyvraz et Anna, leur procédurière. Ce qui retient l’attention dans cette histoire, ce sont les connexions tumultueuses avec les membres de la famille de Max ainsi qu’avec les autres artistes, entre détestation, attraction, inspiration et quête de vengeance. D’ailleurs, le dénouement est à cet égard typique de la globalité de ce roman : il s’avère pertinent et très vraisemblable sans pour autant renouveler le genre – cela n’était visiblement pas l’objectif de Claude Robert – ni marquer durablement les esprits.

    Un livre parfaitement maîtrisé, sans véritable frisson ni fièvre hémorragique, d’une belle concision, et qui propose une lecture intéressante : l’écrivaine creuse le sillon de son univers si singulier, souligné par une prose délicate et charpentée autour d’une intrigue crédible.

    /5