Mémoire de feu

  1. La malédiction de Damien

    Damien Robier n’est encore qu’un enfant quand il manifeste des souvenirs très précis quant à la Seconde Guerre mondiale. Trois décennies plus tard, sa vie a basculé : vétéran, en couple avec Tiphanie, ayant perdu leur enfant Sacha au cours d’un accident dans la cour de récréation, c’est déjà un homme épuisé qui a des envies de meurtre. Quand il participe à une émission de télévision où il se fait hypnotiser, un passé lointain se rappelle à lui, avec de nouvelles évocations sanglantes du conflit. Il va alors suivre une psychothérapie qui va lui révéler d’incroyables secrets.

    Jean-Marc Dhainaut livre ici un thriller de tout premier ordre. En peu de pages (environ 240), au gré d’un rythme cadencé, l’auteur signe une histoire très originale. Le présent se télescope avec le passé, les deux époques se heurtent, parfois se superposent ou se pulvérisent, et notre protagoniste commence une lente immersion dans des phénomènes inexpliqués. La folie est proche, la paranoïa également, mais le lecteur n’est jamais abandonné au cours de ce récit trépidant. Damien se revoit alors en soldat américain, un dénommé Kurt Wilson, vivant la brutalité du Débarquement en Normandie puis les combats contre les nazis. Jean-Marc Dhainaut indique dès son épigraphe qu’un thème apparaîtra, et même qu’il constituera un des moteurs de son intrigue : le comportement brutal voire criminel envers les femmes françaises de certains G.I.’s. Dès lors, un palier après l’autre, Damien va s’immerger dans cette époque antérieure et hautement imparfaite, recueillant les diverses pièces du puzzle avec le dévoilement de la vérité.

    Un ouvrage âpre et dense, au scénario inventif et prenant. Qu’on ne s’y trompe pas : l’écrivain n’a pas tenté par la même occasion de ternir l’honneur des soldats américains venus mourir sur nos plages. Les belles âmes et cœurs valeureux – nombreux – qui émaillent ce livre n’en apparaissent qu’avec davantage d’éclat. Et l’on ne peut que remercier Jean-Marc Dhainaut d’avoir su nous proposer une histoire si atypique qui se mêle avec autant de brio à celle qui ne peut s’écrire qu’avec une majuscule.

    /5