Les Griffes du Gévaudan tome 1

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  • 8/10 C'est une BD très intéressante qui aborde l’énigme de la Bête du Gévaudan. Le dessin réaliste est très agréable, le dessinateur réussit quelques belles vignettes architecturales sur des lieux et des monuments. Peut-être pourrait-on reprocher un ton généralement un peu sombre mais cela doit être pour servir l’ambiance. Il y a beaucoup de détails dans les costumes et sur les décors en général. Il y a par contre une grosse erreur au niveau du rendu des dialogues : en contractant systématiquement quelques voyelles dans le parler des paysans et petites gens, comme not’ Jeanne, vot’ sœur, j’vais la chercher … les auteurs tentent de donner un accent aux personnages qui à rebours de celui des autochtones qui, en Margeride, utilise la langue d’oc. Le scénario tient parfaitement la route. Il y a cependant quelques longueurs avec l’arrivée de François Antoine et de son fils Robert-François. Envoyés par Louis XV après les échecs de Duhamel puis D’Enneval, on suit les Antoine alors que les attaques se poursuivent dans des conditions rendant impossible la culpabilité d’un loup. Il faut attendre plusieurs pages pour saisir le point de vue de François Antoine, plein de pragmatisme car tenant compte de la volonté royale et de la situation de la noblesse locale, alors que son fils épris de justice ne voit que l’évidence de crimes dont l’origine animale est exclue. Les auteurs exposent petit à petit les tenants et aboutissants de l’affaire, on retrouve tous les personnages historiques, y est aussi évoquée une affaire plus ancienne, les grands jours d’Auvergne, série de procès contre des nobles locaux ayant abusés de leurs pouvoirs et autorité pour spolier le petit peuple, avec semble-t-il aussi des enlèvements d’enfants pour pimenter des orgies sexuelles. L’album a donc une approche tout à fait convaincante. Le parti pris des auteurs est d’ailleurs cité plusieurs fois, à savoir que les habitants du Gévaudan connaissaient parfaitement les loups. S’ils avaient eu affaire à l’un d’entre eux, ils ne l’auraient pas appelé « la Bête ». Argument élémentaire souvent occulté par nombre d’auteurs qui ont écrit sur le sujet. Les indigènes reconnaitront avec plaisir la cathédrale de Saint-Flour perchée sur son piton volcanique, la cathédrale de Mende, les portes fortifiées de Marvejols et la tour des anglais de Saugues.

    17/01/2024 à 10:11 Surcouf (411 votes, 7.3/10 de moyenne) 1